C 3 Textos

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TEXTOS CANTADOS
Christoph Willibald Gluck (versión Berlioz)
Orphée et Eurydice
ACTE PREMIER
La scène représente un bois de lauriers et de cyprès, un séjour agréable mais solitaire
qui est entrecoupé pour former une petite plaine contenant le tombeau d’Eurydice.
Au lever du rideau et pendant la ritournelle du chœur d’entrée, on voit une troupe de
bergers et de nymphes dans la suite d’Orphée et tous portent des couronnes de fleurs
et de myrtes; quelques-uns versent de l’encens dans le feu sacré, enguirlandent le
marbre et couvrent son tombeau de fleurs, pendant que les autres chantent le chœur
suivant qui est interrompu par les plaintes d’Orphée adossé sur le devant contre une
pierre et répétant le nom d’Eurydice d’une voix gémissante.
N.º 1 CHŒUR
CHŒUR
Ah! dans ce bois tranquille et sombre,
Eurydice, si ton ombre
Nous entend, ...
ORPHÉE
Eurydice!
CHŒUR
... Sois sensible à nos alarmes,
Vois nos peines, vois les larmes
Que pour toi l’on répand.
ORPHÉE
Eurydice!
CHŒUR
Ah! prends pitié du malheureux Orphée,
Il soupire, il gémit,
Il plaint sa destinée.
ORPHÉE
Eurydice!
TEXTOS CANTADOS
CHŒUR
L’amoureuse tourterelle,
Toujours tendre, toujours fidèle,
Ainsi soupire et meurt
De douleur.
ORPHÉE
Vos plaintes, vos regrets augmentent mon supplice!
Aux mânes sacrés d’Eurydice
Rendez les suprêmes honneurs,
Et couvrez son tombeau de fleurs.
N.º 2 PANTOMIME ET CHŒUR
CHŒUR
Ah! Dans ce bois lugubre et sombre,
Eurydice, si ton ombre
Nous entend,
Sois sensible à nos alarmes,
Vois nos peines, vois les larmes
Que pour toi l’on répand.
ORPHÉE
Éloignez-vous; ce lieu convient à ma douleur,
Et je veux sans témoins y répandre des pleurs.
(Les bergers et les nymphes se dispersent dans le bois.)
Euridice, Euridice ombre chère,
Entends-moi. D’ un tendre époux entends la plainte amère.
Il invoque les dieux dans son cruel émoi,
Mais l’ écho sans pitié répond à sa prière.
N.º 3 ROMANCE ET RÉCITATIF
ORPHÉE
Objet de mon amour,
Je te demande au jour
Avant l’aurore;
Et quand le jour s’enfuit,
Ma voix pendant la nuit
T’appelle encore.
TEXTOS CANTADOS
Eurydice, Eurydice! De ce doux nom
Tout retentit, ces bois, ces rochers, ce vallon.
Sur ces troncs dépouillés, sur l’écorce naissante,
On lit ce mot gravé par une main tremblante.
Eurydice n’est plus, et je respire encore!
Dieux, rendez-lui la vie, ou donnez-moi la mort!
Accablé de regrets,
Je parcours des forêts
La vaste enceinte.
Touché de mon destin,
Écho répète en vain
Ma triste plainte.
Divinités de l’Achéron,
Ministres redoutés de l’empire des ombres,
Vous qui dans les demeures sombres
Faites exécuter les arrêts de Pluton,
Vous que n’attendrit point la beauté, la jeunesse,
Vous m’avez enlevé l’objet de ma tendresse.
Oh, cruel souvenir!
Eh quoi! Les grâces de son âge
Du sort le plus affreux n’ont pu la garantir?
Implacables tyrans, je veux vous la ravir!
Je saurai pénétrer jusqu’au sombre rivage,
Mes accents douloureux fléchiront vos rigueurs;
Je me sens assez de courage
Pour braver toutes vos fureurs!
L’AMOUR
L’amour vient au secours de l’amant le plus tendre.
Rassure-toi, les dieux sont touchés de ton sort.
Dans les enfers tu peux te rendre;
Va trouver Eurydice au séjour de la mort.
TEXTOS CANTADOS
N.º 4 ARIETTE
L’AMOUR
Si les doux accords de ta lyre,
Si tes accents mélodieux
Apaisent la fureur des tyrans de ces lieux,
Tu la ramèneras du ténébreux empire.
ORPHÉE
Dieux! Je la reverrais!
L’AMOUR
Si les doux accords de ta lyre […]
ORPHÉE
Dieux! Je la reverrais!
L’AMOUR
Oui; mais pour l’obtenir
Il faut te résoudre à remplir
L’ordre que je vais te prescrire.
ORPHÉE
Ah! qui pourrait me retenir?
À tout mon âme est préparée.
L’AMOUR
Apprends la volonté des dieux:
Sur cette amante adorée
Garde-toi de porter un regard curieux,
Ou de toi pour jamais tu la vois séparée.
Tels sont de Jupiter les suprêmes décrets.
Rends-toi digne de ses bienfaits!
N.º 5 AIR
L’AMOUR
Soumis au silence,
Contrains ton désir,
Fais-toi violence,
Bientôt à ce prix tes tourments vont finir.
Tu sais qu’un amant
TEXTOS CANTADOS
Discret et fidèle,
Muet et tremblant
Auprès de sa belle,
En est plus touchant.
(L’Amour s’éloigne.)
N.º 6 RÉCITATIF ET AIR
ORPHÉE
Qu’entends-je? Qu’a-t-il dit?
Eurydice vivra! Mon Eurydice!
Un dieu clément, un dieu propice
Me la rendra!
Mais quoi! Je ne pourrai,
Revenant à la vie,
La presser sur mon sein?
Ô mon amie, quelle faveur,
Et quel ordre inhumain!
Je prévois ses soupçons,
Je prévois ma terreur,
Et la seule pensée
D’une épreuve insensée
D’effroi glace mon cœur.
Oui, je le pourrai!
Je le veux, je le jure!
Amour, amour, j’espère en toi
Dans les maux que j’endure.
Douter de ton bienfait
Serait te faire injure.
C’en est fait, dieux puissants,
J’accepte votre loi.
Amour, viens rendre à mon âme
Ta plus ardente flamme;
Pour celle qui m’enflamme,
Je vais braver le trépas.
L’enfer en vain nous sépare,
Les monstres du Tartare
Ne m’épouvantent pas.
Je sens croître ma flamme,
Je vais braver le trépas.
TEXTOS CANTADOS
L’amour vient rendre à mon âme
Sa plus ardente flamme;
L’amour accroît ma flamme;
Je vais braver le trépas.
L’enfer en vain nous sépare, etc.
ACTE DEUXIÈME
PREMIER TABLEAU
Une contrée épouvantable, hérisée de rochers, au delà du Styx; au loin s’élève
une fumée épaisse, sombre, les flammes y jaillissent de temps en temps. Les
spectres et les esprits commencent une danse qu’Orphée interrompt par
l’harmonie de sa lyre; à la vue d’Orphée toute la troupe entonne le premier
chœur qui suit.
N.º 7 SCÉNE, CHŒUR, AIR
CHŒUR
Quel est l’audacieux
Qui dans ces sombres lieux
Ose porter ses pas,
Et devant le trépas
Ne frémit pas?
(Les esprits dansent autour d’Orphée pour l’effrayer.)
Pantomime des furies
Que la peur, la terreur
S’emparent de son cœur
À l’affreux hurlement
Du Cerbère écumant
Et rugissant!
ORPHÉE
Laissez-vous toucher par mes pleurs,
Spectres, ...
CHŒUR
Non!
TEXTOS CANTADOS
ORPHÉE
... larves, ...
CHŒUR
Non!
ORPHÉE
... ombres terribles!
CHŒUR
Non!
ORPHÉE
Soyez, soyez sensibles
À l’excès de mes malheurs!
CHŒUR
Non! Non! Non!
ORPHÉE
Laissez-vous toucher par mes pleurs, etc.
(Le chœur apaisé répond à Orphée avec un peu plus de pitié dans l’expression.)
CHŒUR
Qui t’amène en ces lieux,
Mortel présomptueux?
C’est le séjour affreux
Des remords dévorants
Et des gémissements
Et des tourments.
ORPHÉE
Ah! La flamme qui me dévore,
Est cent fois plus cruelle encore;
L’enfer n’a point de tourments
Pareils à ceux que je ressens.
TEXTOS CANTADOS
CHŒUR (encore plus apaisé)
Par quels puissants accords,
Dans le séjour des morts,
Malgré nos vains efforts
Il calme la fureur de nos transports?
ORPHÉE
La tendresse
Qui me presse,
Calmera votre fureur,
Oui, mes larmes,
Mes alarmes
Fléchiront votre rigueur.
CHŒUR (encore plus doux)
Quels chants doux et touchants
Quels accords ravissants!
De si tendres accents
Ont su nous désarmer
Et nous charmer.
Qu’il descende aux enfers!
Les chemins sont ouverts.
Tout cède à la douceur
De son art enchanteur,
Il est vainqueur.
ACTE TROISIÈME
N.º 8 PANTOMIME
N.º 9 AIR ET CHŒUR
EURYDICE
Cet asile
Aimable et tranquille
Par le bonheur est habité,
C’est le riant séjour de la felicité.
Nul objet ici n’enflamme
L’âme,
Une douce ivresse
TEXTOS CANTADOS
Laisse
Un calme heureux dans tous les sens;
Et la sombre tristesse
Cesse
Dans ces lieux innocents.
EURYDICE ET CHŒUR
Cet asile aimable et tranquille, etc.
(Pendant le postlude du chœur disparaissent Eurydice et les esprits bienheureux. Orphée est perdu dans l’admiration.)
N.º 10 RÉCIT ET CHŒUR
ORPHÉE
Quel nouveau ciel pare ces lieux!
Un jour plus doux s’offre à mes yeux.
Quels sons harmonieux!
J’entends retentir ce bocage
Du ramage
Des oiseaux,
Du murmure des ruisseaux
Et des soupirs de zéphire.
On goûte en ce séjour un eternel repos.
Mais le calme qu’on y respire
Ne saurait adoucir mes maux.
Ô toi, doux objet de ma flamme,
Toi seule y peux calmer le trouble de mon âme!
Tes accents
Tendres et touchants,
Tes regards séduisants,
Ton doux sourire
Sont les seuls biens que je désire.
(Attirés par le chant d’Orphée, les esprits bienheureux se sont rapprochés. Orphée regarde autour de lui, le chœur s’en approche.)
TEXTOS CANTADOS
CHŒUR
Viens dans ce séjour paisible,
Époux tendre, amant sensible,
Viens bannir tes justes regrets.
Eurydice va paraître,
Eurydice va renaître
Avec de nouveaux attraits.
Pantomime
ORPHÉE
Ô vous, ombres que j’implore,
Hâtez-vous de la rendre à mes embrassements.
Ah! Si vous ressentiez le feu qui me dévore,
Si vous étiez aussi de fidèles amants,
J’aurais déjà revu la beauté que j’adore!
Hâtez-vous de me rendre heureux!
CHŒUR
Le destin répond à tes vœux.
(Eurydice est introduite par une partie du chœur.)
Près du tendre object qu’on aime
On jouit du bien suprême,
Goûtez le sort plus doux.
Va renaître pour Orphée,
On retrouve l’Elysée
Auprès d’un si tendre époux.
(Eurydice est ramenée à Orphée par le chœur; sans la regarder, il saisit sa
main et l’emmène. Le rideau se baisse lentement.)
ACTE QUATRIÈME
N.º 11 SCÈNE ET RÉCIT
ORPHÉE
Viens, viens, Eurydice, suis-moi,
Unique et doux objet de l’amour plus tendre.
TEXTOS CANTADOS
EURYDICE
C’est toi? Je te vois?
Ciel! devais-je m’attendre?
ORPHÉE
Oui, tu vois ton époux. J’ai voulu vivre encore,
Et je viens t’arracher au séjour de la mort!
Touché de mon ardeur fidèle,
Jupiter au jour te rappelle.
EURYDICE
Quoi! Je vis, et pour toi?
Ah, grands dieux, quel bonheur!
ORPHÉE
Eurydice, suis-moi,
Profitons sans retard de la faveur céleste;
Sortons, fuyons ce lieu funeste.
Non, tu n’es plus une ombre,
Et le dieu des amours
Va nous réunir pour toujours.
EURYDICE
Qu’entends-je? Ah! Se peut-il?
Heureuse destinée!
Eh quoi, nous pourrons resserrer
D’amour la chaîne fortunée?
ORPHÉE
Oui, suis mes pas sans différer.
EURYDICE
Mais, par ta main ma main n’est plus pressée!
Quoi! Tu fuis ces regards que tu chérissais tant!
Ton cœur pour Eurydice est-il indifférent?
La fraîcheur de mes traits serait-elle effacée?
TEXTOS CANTADOS
ORPHÉE (à part)
Oh dieux! quelle contrainte!
(haut)
Eurydice, suis-moi,
Fuyons de ces lieux, le temps presse;
Je voudrais t’exprimer l’excès de ma tendresse;
(à part)
Mais je ne puis, oh! trop funeste loi!
EURYDICE
Un seul de tes regards ...
ORPHÉE
Tu me glaces d’effroi!
EURYDICE
Ah! barbare!
Sont-ce là les douceurs que ton cœur me prépare?
Est-ce donc là le prix de mon amour?
Oh fortune jalouse!
Orphée, hélas! Se refuse en ce jour
Aux transports innocents de sa fidèle épouse.
ORPHÉE (sent qu’elle est près de lui, il saisait sa main voulant l’emmener)
Par tes soupçons, cesse de m’outrager.
EURYDICE (indignée retire sa main)
Tu me rends à la vie, et c’est pour m’affliger!
Dieux, reprenez un bienfait que j’abhore!
Ah! cruel époux, laisse-moi!
N.º 12 SCÊNE ET AIR
ORPHÉE
Viens! Suis un époux qui t’adore.
EURYDICE
Non, ingrat, je préfère encore
La mort qui m’éloigne de toi.
TEXTOS CANTADOS
ORPHÉE
Vois ma peine!
EURYDICE
Laisse Eurydice!
ORPHÉE
Ah! Cruelle! Quelle injusice!
Ah viens! Je t’implore, suis mes pas!
EURYDICE
Parle, réponds, je t’en supplie!
ORPHÉE
Dût-il m’en coûter la vie,
Non, je ne parlerai pas.
ENSEMBLE
Dieux, soyez-moi favorables!
Voyez mes pleurs,
Dieux secourables!
Quels tourments insupportables!
Quelles rigueurs
Mêlez-vous à vos faveurs?
(Chacun d’eux se dirige vers un autre côté de la scène où ils restent adossés à
un arbre ou à un rocher.)
EURYDICE
Mais d’où vient qu’il persiste à garder le silence?
Quels secrets veut-il me cacher?
Au séjour du repos devait-il m’arracher
Pour m’accabler de son indifférence?
Oh destin rigoureux!
Ma force m’abandonne,
Le voile de la mort retombe sur mes yeux!
Je frémis, je languis,
Je frissonne, je tremble, je pâlis,
Mon cœur palpite,
Un trouble secret m’agite,
Tous mes sens sont saisis d’horreur
Et je succombe à ma douleur.
TEXTOS CANTADOS
N.º 13 AIR
EURYDICE
Fortune ennemie,
Quelle barbarie!
Ne me rends-tu la vie
Que pour les tourments?
N.º 14 SCÈNE ET AIR
EURYDICE
Je goûtais les charmes
D’un repos sans alarmes.
ORPHÉE
Ses injustes soupçons
Redoublent mes tourments.
Que dire? Que faire?
Elle me désespère,
EURYDICE
Le trouble, les larmes
Remplissent aujourd’hui
Mes malheureux moments.
ORPHÉE
Ne pourrai-je calmer
Le trouble de mes sens?
Que mon sort est à plaindre!
Je ne puis me contraindre!
EURYDICE
Je frissonne, je tremble.
Fortune ennemie, […]
ORPHÉE (à part)
Quelle épreuve cruelle!
TEXTOS CANTADOS
EURYDICE
Tu m’abandonnes, cher Orphée!
En ce moment ton épouse désolée
Implore en vain tes secours;
Ô dieux! À vous seuls j’ai recours.
Dois-je finir mes jours
Sans un regard de ce que j’aime?
ORPHÉE (à part)
Je sens mon courage expirer,
Et ma raison se perd
Dans mon amour extrême;
J’oublie et la défense, Eurydice et moi même.
(Il fait un mouvement pour se retourner et tout à fait se retient.)
Ciel!
EURYDICE
Cher époux, je puis à peine respirer.
(Elle tombe sur un rocher.)
ORPHÉE (fort)
Rassure-toi, je vais tout dire ...
Apprends ...
(à part)
Que fais-je! ... Justes dieux,
Quand finirez-vous mon martyre?
EURYDICE
Reçois donc mes derniers adieux,
Et souviens-toi d’Eurydice ...
ORPHÉE (à part)
Où suis-je? Je ne puis résister à ses pleurs.
(fort)
Non, le ciel ne veut pas un plus grand sacrifice.
(Il se retourne avec impétuosité et regarde Eurydice.)
Oh ma chère Eurydice ...
EURYDICE
(Fait un effort de se lever, et meurt.)
Orphée! Ô ciel! je meurs ...
TEXTOS CANTADOS
ORPHÉE
Malheureux, qu’ai-je fait?
Et dans quel précipice
M’a plongé mon funeste amour?
Chère épouse! Eurydice!
Eurydice! Chère épouse!
Elle ne m’entend plus, je la perds sans retour!
C’est moi qui lui ravis le jour!
Loi fatale!
Cruel remords!
Ma peine est sans égale.
Dans ce moment funeste
Le désespoir, la mort
Est tout ce qui me reste.
N.º 15 AIR
ORPHÉE
J’ai perdu mon Eurydice,
Rien n’égale mon malheur;
Sort cruel! Quelle rigueur!
Rien n’égale mon malheur!
Je succombe à ma douleur!
Eurydice, Eurydice,
Réponds, quel supplice!
Réponds-moi!
C’est ton époux fidèle;
Entends ma voix qui t’appelle.
Eurydice, Eurydice!
Mortel silence! Vaine espérance!
Quelle souffrance!
Quel tourment déchire mon cœur!
Ah! puisse ma douleur finir avec ma vie!
Je ne survivrai pas à ce dernier revers.
Je touche encore aux portes des enfers,
J’aurai bientôt rejoint mon épouse chérie.
Oui, je te suis, tendre objet de ma foi,
Je te suis, attends-moi!
Tu ne me seras plus ravie,
Et la mort pour jamais va m’unir avec toi.
(Lorsqu’il est sur le point de se tuer, l’Amour apparaît.)
TEXTOS CANTADOS
L’AMOUR (lui arrache le poignard)
Arrête, Orphée!
ORPHÉE
Ô ciel! Qui pourrait en ce jour
Retenir le transport de mon âme égarée?
L’AMOUR
Calme ta fureur insensée;
Arrête, et reconnais l’Amour
Qui veille sur ta destinée.
ORPHÉE
Qu’exigez-vous de moi?
L’AMOUR
Tu viens de me prouver ta constance et ta foi;
Je vais faire cesser ton martyre.
(Il touche Eurydice et la ranime.)
Eurydice! Respire!
Du plus fidèle époux viens couronner les feux.
ORPHÉE
Mon Eurydice!
EURYDICE
Orphée!
ORPHÉE
Ah! Justes dieux!
Quelle est notre reconnaissance!
L’AMOUR
Ne doutez plus de ma puissance!
Je viens vous retirer de cet affreux séjour,
Jouissez désormais des plaisirs de l’amour.
TEXTOS CANTADOS
N.º 16 CHŒUR FINAL
CHŒUR
Le Dieu de Paphos et de Gnide
Anime seul tout l’univers.
Au haut des airs
Il atteint l’oiseau rapide ;
Il embrasse la Néréide
Jusque dans le sein des mers.
Il embellit la jeunesse,
Il réunit la grâce à la beauté.
C’est lui qui pare la sagesse
Des attraits de la volupté.
C’est encore lui qui nous console
Lorsque nous perdons ses faveurs :
Ce dieu charmant, lorsqu’il s’envole,
Nous laisse l’amitié pour essuyer nos pleurs.
FIN DE L’OPÉRA
Livret français de Pierre-Louis Moline d’après le livret italien de Ranieri de’
Calzabigi
TEXTOS CANTADOS
Christoph Willibald Gluck (versión Berlioz)
Orfeo y Eurídice
PRIMER ACTO
El escenario representa un bosque de laureles y cipreses, lugar ameno aunque
solitario, talado en parte para dejar una planicie pequeña donde está la tumba de
Eurídice. Al levantarse el telón y durante el ritornelo del coro inicial, vemos que
un tropel de pastores y ninfas llegan en pos de Orfeo, llevando todos coronas de
flores y arrayanes; unos arrojan incienso al fuego sagrado, adornan el mármol con
guirnaldas y cubren la tumba de flores en tanto que otros cantan el siguiente coro que
interrumpen los lamentos de Orfeo, quien, en el proscenio, con la espalda apoyada en
una piedra, repite el nombre de Eurídice con voz gemebunda.
N.º 1 CORO
CORO
¡Ay! En este bosque apacible y umbrío,
Eurídice, si tu sombra
nos oye,...
ORFEO
¡Eurídice!
CORO
... a nuestras angustias atiende,
ve nuestro dolor y estas lágrimas
que por ti derramamos.
ORFEO
¡Eurídice!
CHŒUR
Compadécete, ay, del desdichado Orfeo
que suspira y que gime
y de su destino se queja.
ORFEO
¡Eurídice!
TEXTOS CANTADOS
CORO
La enamorada tórtola,
siempre fiel, siempre amante,
así suspira y muere
de dolor.
ORFEO
¡Vuestros ayes y quejas mi tormento incrementan!
A los manes sagrados de Eurídice
rendid los honores supremos
y cubrid su tumba de flores.
N.º 2 PANTOMIMA Y CORO
CORO
¡Ay! En este bosque apacible y umbrío,
Eurídice, si tu sombra
nos oye,
a nuestros angustias atiende,
ve nuestro dolor y estas lágrimas
que por ti derramamos..
ORFEO
Retiraos; conviene el lugar a mis penas
y quiero sin testigos llorar aquí a mis anchas.
(Los pastores y las ninfas se dispersan por el bosque.)
Eurídice, Eurídice, cara sombra,
atiende. De un tierno esposo oye la queja amarga.
A los dioses invoca, presa de cruel anhelo,
y el eco despiadado a su ruego responde.
N.º 3 ROMANZA Y RECITATIVO
ORFEO
Objeto de mi amor,
te reclamo a la luz
antes de que amanezca;
y cuando la luz huye,
mi voz en plena noche
aún te sigue llamando.
TEXTOS CANTADOS
¡Eurídice, Eurídice! Con ese dulce nombre
todo retumba, el bosque, las rocas, este valle.
En los troncos desnudos, en la corteza nueva,
una trémula mano lo ha dejado grabado.
¡Eurídice está muerta y yo respiro aún!
¡Devolvedle la vida, dioses, o a mí matadme !
Me agobia la nostalgia
y el recinto anchuroso
de los bosques recorro.
Mi suerte compadece
el eco, que repite
mi triste queja en vano.
Dioses del Aqueronte,
muy temidos ministros del reino de las sombras,
que en la región oscura
tenéis a vuestro cargo lo que ordena Plutón,
a los que no enternecen juventud o hermosura,
me habéis arrebatado a quien tanto quería.
¡Ay, recuerdo cruel!
¡Cómo! De su edad los encantos,
¿del destino más trágico no pudieron librarla?
¡Tiranos implacables, yo he de arrebatárosla!
Yo sabré penetrar hasta la orilla oscura,
mis doloridas voces habrán de enterneceros;
¡Noto en mí coraje bastante
para desafiar todos vuestros furores!
EL AMOR
El amor va a ayudar al amante más tierno.
No temas, pues tu suerte enterneció a los dioses.
Puedes bajar a los Infiernos;
Vete a buscar a Eurídice al país de la muerte.
N.º 4 ARIETTA
EL AMOR
Si los acentos dulces de tu lira,
si tus acentos melodiosos
consiguen aplacar la saña de esos dioses,
podrá regresar contigo de la comarca de las sombras.
TEXTOS CANTADOS
ORFEO
¡Volvería a verla, oh, dioses!
EL AMOR
Si los acentos dulces de tu lira […]
ORFEO
¡Volvería a verla, oh, dioses!
EL AMOR
Así es, pero para ello
tendrás que allanarte a cumplir
esta orden que voy a darte.
ORFEO
¡Ay! ¿Quién podría detenerme?
Tengo el alma dispuesta a todo.
El AMOR
Oye qué disponen los dioses:
a esa amante adorada
no has de echarle siquiera una ojeada curiosa,
o estará para siempre separada de ti.
De Júpiter son éstos los designios supremos .
¡Has de merecerte sus dones!
N.º 5 ARIA
EL AMOR
Sometido al silencio,
refrena tu deseo,
esfuérzate,
y a cambio no han durar tus males.
Bien sabes que un amante
que sea fiel y discreto,
que, mudo y tembloroso
esté ante su adorada,
mucho más enternece.
(Sale el Amor.)
TEXTOS CANTADOS
N.º 6 RECITATIVO Y ARIA
ORFEO
¿Qué oigo? ¿Qué me ha dicho?
¡Ha de vivir Eurídice, mi Eurídice!
¡Un dios clemente y propicio
me la devolverá!
¿Más qué? ¿No he de poder
cuando vuelva la vida
estrecharla en los brazos?
¡Oh, amada, qué favor
y qué orden inhumana!
Preveo sus sospechas
y mi terror preveo.
Tan sólo con pensar
en ese desatino
el corazón se espanta.
¡Mas podré hacerlo, sí!
¡Lo quiero y lo juro!
Amor, amor, en ti espero
en estos males que padezco.
Dudar de tus bondades
sería ofenderte.
Sí, dioses poderosos,
acepto vuestra orden.
Ven, amor, devuelve a mi alma
tu llama más ardorosa;
por esa por quien me consumo
desafiaré a la muerte.
Nos separa en vano el Infierno;
No me atemorizan los monstruos
que en el Tártaro se alojan.
Noto que crece mi pasión,
y desafiaré a la muerte.
Me ha devuelto el amor al alma
la llama más ardorosa;
noto que crece mi pasión
y desafiaré a la muerte.
Nos separa en vano el infierno, etc.
TEXTOS CANTADOS
SEGUNDO ACTO
CUADRO PRIMERO
Una región espantosa y erizada de rocas, allende la Estigia; se alza a lo lejos una
humareda densa y oscura de la que brotan llamas de vez en cuando. Los espectros y
los espíritus empiezan a bailar, pero los interrumpe Orfeo con la armonía de su lira;
al verlo, todo el grupo entona el primer coro, que viene a continuación.
N.º 7 CORO Y ARIA
CORO
¿Quién es el atrevido
que esta oscura comarca
osa hollar con sus pasos,
y al verse ante la muerte
no tiembla?
(Los espíritus bailan alrededor de Orfeo para amedrentarlo.)
Pantomima de las furias.
¡Que el temor y el espanto
el corazón le opriman
ante el horrible aullido
del Cerbero espumeante
y atronador!
ORFEO
¡Dejad que os conmueva mi llanto,
espectros, ...
CORO
¡No!
ORFEO
... larvas, ...
CORO
¡No!
ORFEO
... sombras horrendas!
TEXTOS CANTADOS
CORO
¡No!
ORFEO
¡No seáis, no seáis insensibles
al exceso de mis desdichas!
CORO
¡No! ¡No! ¡No!
ORFEO
Dejad que os conmueva mi llanto, etc.
(El coro, apaciguado, responde a Orfeo de forma algo más compasiva.)
CORO
¿Quién te ha traído a esta comarca,
mortal presuntuoso?
Es la morada espantosa
del remordimiento acuciante
y de los ayes
y los tormentos.
ORFEO
¡Ay, la llama que me devora,
es cien veces más despiadada!
¡No hay en el Infierno tormentos
como estos que a mí me aquejan!
CORO (cada vez más apaciguado)
¿Con qué concierto poderoso
en la morada de los muertos,
y por más esfuerzos que hagamos,
calma nuestra arrebatada rabia?
ORFEO
El cariño
que me impulsa
vuestra ira aplacará.
Sí, mis lágrimas,
mis miedos
calmarán vuestro rigor.
TEXTOS CANTADOS
CORO (con mayor mansedumbre aún)
¡Qué tiernos y suaves cánticos,
qué acordes deliciosos!
Unos acentos tan tiernos
han sabido desarmarnos,
dejarnos embelesados.
¡Qué descienda a los Infiernos!
Francos están los caminos.
Todo cede a la dulzura
de su arte encantadora.
Triunfado ha.
TERCER ACTO
N.º 8 PANTOMIMA
N.º 9 ARIA Y CORO
EURÍDICE
En este asilo
grato y apacible
vive la felicidad,
es la risueña morada de la dicha.
Nada hay aquí que inflame
el alma.
Una embriaguez suave
deja
en venturosa calma los sentidos;
y la sombría tristeza
se extingue
en esta comarca inocente.
EURÍDICE Y CORO
En este asilo grato y apacible, etc.
(Durante el postludio del coro salen Eurídice y los espíritus bienaventurados. A
Orfeo lo embarga la admiración.)
TEXTOS CANTADOS
N.º 10 RECITATIVO Y CORO
ORFEO
¿Qué nuevo cielo orna estos lugares?
Más suave es la luz que ahora veo.
¡Qué sonidos tan armoniosos!
Oigo cómo retumba el soto
con el gorjeo
de las aves,
el susurrar de los arroyos
y con los suspiros del céfiro
se goza en este sitio de un eterno descanso.
Pero el sosiego que en él reina
no podría aplacar mis males.
¡Oh, tú, oh dulce objeto de mi pasión,
tú sola puedes calmarme la inquietud del alma!
Tu voz tierna, que inmuta;
tus ojos seductores;
tu sonrisa, tan dulce:
sólo ansío esos bienes.
(Atraídos por el canto de Orfeo, se han ido acercando los espíritus
bienaventurados. Orfeo mira en torno; el coro se le acerca.)
CORO
Ven a esta morada apacible,
Esposo amante, tierno enamorado,
Desecha tus justos lamentos.
Va a aparecer Eurídice,
va a renacer Eurídice
con nuevos atractivos.
Pantomima
ORFEO
¡Oh, sombras a quienes imploro,
devolvedla a mis brazos con la mayor premura!
¡Ay, si os consumierais como yo me consumo,
y si fuerais tan fieles amantes como yo,
ya habría vuelto a ver a esa beldad a quien amo!
¡Devolvedme la dicha con la mayor premura!
TEXTOS CANTADOS
CORO
Responde el destino a tus votos.
(Parte de los componentes del coro trae a Eurídice.)
Junto al tierno ser adorado
se goza de dicha suprema.
Gustad el destino más dulce.
Ve y renace para Orfeo;
es recuperar el Elíseo
estar junto a tan tierno esposo.
(El coro lleva a Eurídice hasta Orfeo, quien, sin mirarla, la toma de la mano y se la
lleva. El telón baja despacio.)
CUARTO ACTO
N.º 11 DÚO Y RECITATIVO
ORFEO
Ven, ven y sígueme, Eurídice,
único y dulce objeto del amor más devoto.
EURÍDICE
¿Eres tú? ¿Te veo?
¡Cielos! ¿Podía esperarlo?
ORFEO
Sí, estás viendo a tu esposo, ¡quise seguir viviendo
y he venido a sacarte del reino de la muerte!
Mi amor fiel enterneció a Júpiter,
que a la luz vuelve a llamarte.
EURÍDICE
¿Cómo? ¿Por ti estoy viva?
¡Ah, dioses, qué gran dicha!
TEXTOS CANTADOS
ORFEO
Ven tras de mí, Eurídice,
sin tardar apuremos los favores del cielo;
vámonos y huyamos de este lugar funesto.
No, no eres ya una sombra,
y el dios de los amores
nos reúne para siempre.
EURÍDICE
¿Qué oigo? ¿Será, ay, posible?
¡Cuán dichoso destino!
¿Podremos, pues, hacer más fuerte
la feliz cadena amorosa?
ORFEO
Sí, sígueme sin más tardanza.
EURÍDICE
¡Pero tu mano ahora la mía ya no oprime!
¡Cómo! ¡Rehúyes mis ojos cuya mirada amabas!
¿Tu corazón es ya indiferente a Eurídice?
¿Quizá sin lozanía se han quedado mis rasgos?
ORFEO (aparte)
¡Oh, dioses, qué mandato!
(en voz alta)
Ven tras de mí, Eurídice,
huyamos de este sitio pues corre prisa hacerlo;
querría manifestarte mi extremoso cariño,
(aparte)
pero no puedo hacerlo. ¡Ay, qué ley tan funesta!
EURÍDICE
Una mirada sólo...
ORFEO
¡Transido estoy de espanto!
TEXTOS CANTADOS
EURÍDICE
¡Ah, insensible!
¿Tu corazón me apresta deleites como éstos?
¿Es acaso ése el precio que pagará mi amor?
¡Ay, fortuna celosa!
Orfeo por desdicha rechaza en este día
el cándido arrebato de su devota esposa.
ORFEO (nota que la tiene al lado, la coge de la mano y pretende llevársela)
No me ofendas ya más y deja esas sospechas.
EURÍDICE (retira la mano, indignada)
¡Me devuelves la vida y es para afligirme!
¡Dioses, yo os devuelvo un favor que aborrezco!
!Ay, déjame, cruel esposo!
N.º 12 DÚO Y ARIA
ORFEO
¡Ven! Sigue al esposo que te adora.
EURÍDICE
No, ingrato, que mejor quiero
la muerte, que de ti me aleja.
ORFEO
¡Ve mi dolor!
EURÍDICE
¡Deja a Eurídice!
ORFEO
¡Ah, cruel, cuánta injusticia!
¡Ven y sígueme, te lo imploro!
EURÍDICE
¡Habla, responde, te lo ruego!
ORFEO
Aunque me costara la vida,
no, no he de hablar.
TEXTOS CANTADOS
LOS DOS
¡Sedme favorables, oh, dioses!
¡Ved mi llanto,
dioses piadosos!
¡Qué tormentos insoportables,
qué inclemencias
mezcláis con vuestros favores!
(Se van ambos hacia lados opuestos del escenario y allí se quedan, con la espalda
apoyada en un árbol o en una roca.)
EURÍDICE
Pero ¿por qué persiste en seguir en silencio?
¿Qué secretos quiere ocultarme?
¿Del reino del reposo debía acaso sacarme
si iba a castigarme con esta indiferencia?
¡Ay, qué cruel destino!
¡Las fuerzas me abandonan,
y me vuelve a los ojos el velo de la muerte!
Tiemblo y desfallezco,
tirito, me estremezco y se me va el color.
El corazón me late,
me altera un turbio secreto,
el horror se apodera de todos mis sentidos
y a un dolor tan grande sucumbo.
N.º 13 ARIA
EURÍDICE
¡Fortuna enemiga,
qué crueldad espantosa!
¿Me devuelves la vida sólo
para que sufra este suplicio?
N.º 14 DÚO Y ARIA
EURÍDICE
Gustaba de los encantos
de un descanso sin cuidados.
TEXTOS CANTADOS
ORFEO
Sus injustas sospechas
aún más me hacen sufrir.
¿Qué diré? ¿Qué haré?
¡Qué desesperación!
EURÍDICE
De turbación y lágrimas
se colman este día
mis horas desdichadas.
ORFEO
¿No podré sosegar
mis sentidos turbados?
¡Cuán aciaga es mi suerte!
¡No puedo refrenarme!
EURÍDICE
Tirito y me estremezco.
Fortuna enemiga […]
ORFEO (aparte)
¡Qué prueba tan cruel!
EURÍDICE
¡Me abandonas, querido Orfeo!
Ahora mismo tu esposa afligida
está implorando en vano tu socorro;
¡Oh, dioses, sois mi único recurso!
¿Debo acabar mis días
sin que me mire el ser amado?
ORFEO (aparte)
Noto que me expira el valor
y que la razón se me pierde.
Es mi amor tan extremo
que olvido defenderme; de mí me olvido, y de ella.
(Hace ademán de volverse, pero se contiene.)
¡Cielos!
TEXTOS CANTADOS
EURÍDICE
Querido esposo, ni respirar puedo.
(Se desploma encima de una roca.)
ORFEO (muy alto)
Sosiégate, lo diré todo…
Has de saber…
(aparte)
¡Qué hago!… ¡Oh, dioses…
¿Cuándo detendréis mi martirio?
EURÍDICE
Recibe, pues, mi último adiós,
y de Eurídice no te olvides…
ORFEO (aparte)
¿Dónde estoy? No es posible resistir a su llanto.
(muy alto)
No, el cielo no quiere tamaño sacrificio.
(Se vuelve impetuosamente y mira a Eurídice.)
Ah, mi querida Eurídice...
EURÍDICE
(Hace un esfuerzo para incorporarse y muere.)
¡Orfeo! ¡Ay, cielos, muero!...
ORFEO
¿Qué he hecho? ¡Desventurado!
¿Y en qué precipicio
me ha sumido mi amor funesto?
¡Amada esposa! ¡Eurídice!
¡Eurídice! !Esposa amada!
¡Ha dejado de oírme, la pierdo sin remedio!
¡Y yo le he robado la vida!
¡Ley fatal!
¡Remordimiento cruel!
Nada hay que iguale mi pena.
En este funesto momento,
muerte y desesperación
es todo cuanto me queda.
TEXTOS CANTADOS
N.º 15 ARIA
ORFEO
He perdido a mi Eurídice,
Nada iguala mi desdicha;
¡Suerte cruel! ¡Rigor extremo!
¡Nada iguala mi desdicha!
¡Sucumbo a tanto dolor!
¡Eurídice, Eurídice!
¡Contéstame! ¡Qué suplicio!
¡Contéstame!
Soy tu fiel esposo;
oye mi voz que te llama.
¡Eurídice, Eurídice!
¡Silencio mortal! ¡Vana esperanza!
¡Qué sufrimiento!
¡Qué tormento me desgarra el corazón!
¡Ay, ojalá el dolor acabe con mi vida!
No sobreviviré a esta última desgracia.
Tengo aún aquí al lado la puerta del Infierno,
no tardaré en reunirme con mi esposa querida.
Sí, voy en pos de ti, objeto de mi fe.
¡Espérame, te sigo!
No volveré a perderte.
La muerte para siempre contigo ha de reunirme.
(Cuanto está a punto de matarse aparece el Amor.)
EL AMOR (arrancándole el puñal)
¡Detente, Orfeo!
ORFEO
¡Oh, cielos! ¿Quién podría ya
refrenar el impulso de mi alma extraviada?
EL AMOR
Calma tu furor insensato;
detente, al Amor reconoce,
que vela por tu destino.
TEXTOS CANTADOS
ORFEO
¿Y qué exiges de mí?
EL AMOR
Acabas de probarme tu constancia y tu fe;
voy a acabar con tu martirio.
(Toca a Eurídice y la reanima.)
¡Eurídice! ¡Respira!
Del esposo más fiel responde a la pasión.
ORFEO
¡Mi Eurídice!
EURíDICE
¡Orfeo!
ORFEO
¡Ah, justos dioses!
¡Y qué extremado es nuestro agradecimiento!
EL AMOR
¡No volváis a dudar nunca de mi poder!
Acabo de sacaros de esta comarca horrible.
Gustad en delante los gozos del amor.
N.º 16 CORO FINAL
CORO
El dios de Pafos y de Cnido
da vida él solo al universo.
Por las alturas
alcanza al ave veloz;
va a besar a la nereida
a lo hondo de los mares.
La juventud embellece;
y aúna la gracia y la hermosura.
Él es quien adorna el recato
con voluptuosos atractivos.
TEXTOS CANTADOS
También es él quien nos consuela
cuando perdemos sus favores:
si alza el vuelo, ese dios amable
nos deja la amistad para el llanto enjugar.
FIN DE LA ÓPERA
Libreto francés de Pierre-Louis Moline según el libreto italiano de Raniero di
Calzabigi
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