Museo del Romanticismo

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Museo del
Romanticismo
Parcours
Museo del
Romanticismo
L
Il s’agit d’une demeure-musée qui, à ce titre, nous donne la
possibilité de découvrir certains aspects du romantisme en tant
que société et période artistique située en Espagne sous le règne
d’Isabel II (1833-1868), tout en évoquant la vie quotidienne de
l’époque: les goûts, les tendances décoratives, la mode, les croyances, les hiérarchies sociales, les loisirs, les progrès technologiques, etc. L’exposition propose différents types d’information
à travers deux itinéraires principaux. Le premier, basé sur un
critère thématique, aborde des aspects artistiques, mais aussi historiques et politiques. Le second, qui évoque l’ambiance de la
maison, est axé en particulier sur les éléments décoratifs et sur
le déroulement de la vie quotidienne à cette époque.
Sa rénovation a concerné aussi bien le bâtiment que le projet
d’exposition, les itinéraires internes, les services et même son
nom. En effet, le Museo Romántico a été rebaptisé Museo del
Romanticismo, afin de mettre en relief son caractère de lieu
public entièrement consacré à l’étude d’une époque selon les
nouveaux préceptes historiographiques et muséologiques.
Le fondateur du musée, Benigno Vega-Inclán (Valladolid 1858Madrid 1942), fut l’instigateur d’innombrables projets culturels. En 1924, avec le soutien d’éminents intellectuels comme
Ortega y Gasset, il inaugura le Museo Romántico. Formé initialement par sa collection personnelle, il abritait non seulement des peintures, mais aussi des objets de mobilier et d’arts
décoratifs.
e Museo del Romanticismo se trouve dans un palais
de style néoclassique édifié en 1776, sous la direction
de l’architecte Manuel Rodríguez. Il est consacré à un
mouvement culturel et politique postulant une nouvelle conception du monde, qui parvint à son apogée en Europe lors des
premières décennies du XIXe siècle.
Le Museo
del Romanticismo
PARCOURS
De part et d’autre de l’escalier, les grands acteurs de cette histoire nous
souhaitent la bienvenue: les nouvelles classes aisées, représentées par
deux portraits imposants grandeur nature, œuvre du peintre de Cadix
Ángel María Cortellini, qui nous donnent un aperçu de la richesse de
l’intérieur du palais –comme nous aurons l’occasion de le contempler
durant notre visite du Musée–. Désireuse d’émuler la noblesse, de faire
montre de sa situation florissante et de s’ériger en une nouvelle élite,
la bourgeoisie se
mit à commander
des portraits et à
acheter des œuvres
d’art pour décorer
ses demeures, attester sa distinction
sociale et cultiver
ses goûts.
La demeure était un univers isolé, où seuls quelques privilégiés
pouvaient pénétrer et où se matérialisaient toutes les ambitions de
pouvoir: les objets, le mobilier et la décoration étaient disposés afin
d’être contemplés et toujours accumulés en grand nombre, formant un
ensemble très dense où ne subsistaient que très peu d’espaces libres.
D
ans le hall, un escalier mène à l’étage noble du bâtiment, doté
d’une tribune centrale qui permettait d’observer les musiciens
de l’orchestre qui animait le bal lors des soirées de gala.
L'Escalier
Sur le plan thématique, nous expliquerons le problème posé par le droit
de succession au trône de la reine, qui n’avait que trois ans lorsque son
père, Fernando VII, mourut et que son règne commença sous la régence de sa mère, la Reina María Cristina. A cet effet, le roi avait dû abroger la loi salique, qui empêchait les femmes d’accéder au trône. Cette
irrégularité dans le mode de succession fut le détonateur des guerres
carlistes menées par Carlos María Isidro, frère du monarque décédé,
qui s’estimait plus en droit que sa nièce de monter sur le trône.
La demeure fut également un lieu de loisirs, de conversation et
d’intrigues, de musique et de jeu, imposant tout un rituel aux visiteurs.
La décoration de cet espace est sobre et le mobilier intègre déjà bon
nombre de traits caractéristiques de la période romantique: sièges, guéridon, pendule, etc.
L
e vestibule est un espace d’accueil
qui s’ouvre sur la partie noble de la
demeure. S’agissant de la première
pièce que rencontre le visiteur, nous avons
souhaité donner un aperçu de certaines
nouveautés et caractéristiques des maisons
de l’époque d’Isabel II. On peut y observer
des changements importants par rapport au
style de décoration du passé: une profusion
accrue d’objets et d’éléments décoratifs, un
effet de «décontraction» dû au capitonnage
des meubles et à l’abondance d’éléments
textiles, ainsi qu’un éclectisme mêlant sans
distinction des styles anciens, des modèles
étrangers et des tendances esthétiques très
diverses.
Le Vestibule
I
L
L’antichambre s’ouvre sur la partie la plus noble de la demeure,
qui se compose d’une grande salle
de bal flanquée de deux salons, où
les meubles et les éléments décoratifs les plus somptueux sont mis en valeur: murs entoilés, lustres en
verre, rideaux agrémentés de passementerie et de damas, porcelaines
dorées et grands miroirs qui reflètent la lumière des lampes et multiplient les images, donnant l’impression d’un espace encore plus vaste
et ouvert. Ici, les apparences primaient sur l’intimité, et chaque pièce
s’ouvrait donc directement sur la suivante, sans couloir. Cette disposition en enfilade permettait d’embrasser la maison d’un seul regard sur
toute sa longueur.
Du point de vue thématique, cette salle est consacrée à Isabel II à
l’âge de la majorité. On admirera
en particulier le remarquable Portrait de la Reine Isabel II, de Charles Porion, qui la dépeint en chef
des armées –accompagnée de ses
généraux et de son époux Don
Francisco de Asís– en train de
passer les troupes en revue.
’antichambre est «le miroir de la maison», car elle doit montrer
au visiteur l’importance du statut social et économique de ses
propriétaires. Le plafond peint, imitant le pavillon d’un kiosque oriental, provient du Casino de la Reina, petit palais que la Ville de
Madrid offrit à la Reine María Isabel de Portugal.
Du point de vue thématique, nous expliquerons
dans cette salle les antécédents historiques et politiques du romantisme espagnol, en nous arrêtant
notamment sur la Guerre
d’indépendance, la Constitution de 1812 et le retour à l’absolutisme de
Fernando VII.
Le mobilier est de style dit fernandino, une réinterprétation du style
Empire français, qui parvint très tard en Espagne en raison de la Guerre d’indépendance. On remarquera en particulier le canapé aux lignes
très élégantes, assorti aux petites chaises dotées d’une assise circulaire
et de pieds terminés en griffes de lion –symbole de pouvoir– ainsi que
la coiffeuse masculine en acajou. Un magnifique piano en bois de palissandre et en marqueterie,
qui remporta la médaille
d’or à l’exposition de Paris en 1844, témoigne de
l’importance de la musique lors des soirées romantiques.
e premier antisalon, qui communique en enfilade avec la grande
salle de bal, est magnifiquement décoré. L’extraordinaire plafond peint, qui a la même origine que celui de l’antichambre,
représente une Allégorie de la Nuit.
L
L'Antisalon
L'Antichambre
(antichambre du salon)
III
II
C
Quant à la peinture, le genre qui prédomine dans cette salle est celui
du portrait, très en vogue durant le Romantisme. Les portraits féminins représentent généralement une femme distinguée, forte de son
statut social ou de la position acquise grâce à son mariage. Cependant,
les sujets masculins sont plutôt représentés en train de se livrer à des
tâches intellectuelles ou se disposant à sortir de chez eux, ce qui traduit
leur caractère essentiellement public. Le portrait de famille a changé
par rapport au passé. Désormais, l’important est de souligner les liens
d’affection existant entre les membres de la famille. En revanche, sur
Les sièges de style isabelino en acajou appartinrent au ministre Antonio María Fabié, qui organisait dans ses salons des tertulias (réunionsdébats) typiquement romantiques, auxquelles participaient Gustavo Adolfo Bécquer ou la Avellaneda, entre autres. Les consoles, les
petites tables et le rebord de la cheminée sont des supports idéaux
pour accumuler les petits objets et autres bibelots –porcelaines, lanternes, boîtes à musique, horloges, etc.– qui constituent, en réalité, la
«mémoire» de la famille. La musique est omniprésente dans cette salle:
la harpe, fabriquée par Sebastián Erard, est typiquement romantique,
avec une décoration néogothique. Le piano, portant l’écusson royal
sur le couvercle, fut construit spécialement pour la Reine Isabel II par
la maison Pleyel de Paris, tandis que le piano-forte, ancêtre du piano
vertical, est un bel exemplaire anglais.
’était habituellement la pièce la plus spacieuse de la maison,
celle que l’on mettait le plus en valeur, puisqu’elle était exclusivement destinée aux réceptions. Le luxe et l’ostentation
sont ses caractéristiques les plus manifestes. De l’or et de la soie brillent
sur les grands miroirs accrochés aux murs. L’éclat des deux lustres de
style fernandino rehausse le plafond extraordinaire, du même auteur
et de la même origine que ceux des salles précédentes, qui représente
une Allégorie de l’Aurore.
La Salle de Bal
IV
les portraits de la royauté, l’essentiel est de montrer la continuité de
la ligne dynastique, alliée à certains symboles tels que la couronne ou
le sceptre.
L
Du point de vue thématique,
cette salle est consacrée à des aspects plus graves, en rapport avec
les événements politiques et les
conflits sous le règne d’Isabel II:
les guerres carlistes et la guerre
d’Afrique. On observera notamment, sur le mur frontal, un tableau d’Antonio María Esquivel
intitulé Portrait équestre du général
Prim. Il est dédié à un héros militaire de ces deux guerres, partisan
du progressisme antidynastique,
qui prit la direction de la Glorieuse, surnom donné au soulèvement qui mit fin en 1868 au règne
d’Isabel II.
Du point de vue thématique, toute cette partie (salles VI à VIII) est consacrée au costumbrismo, vision «pittoresque» de la vie populaire destinée à une clientèle d’étrangers attirés par les stéréotypes espagnols, et
à une bourgeoisie nationale désireuse de fuir la véritable réalité sociale
de l’époque. Sur le plan pictural, le costumbrismo de l’école andalouse
cultivait une image idéalisée et adoucie du peuple et de ses coutumes,
éloignée de la réalité, sous l’influence évidente de Murillo. L’un des
éléments d’exotisme les plus appréciés résidait dans l’originalité et la
diversité de l’habillement en Espagne. Ainsi, le thème des «genres et
des costumes» acquit une grande importance. Quant aux festivités et
aux loisirs, les scènes dépeignant l’ambiance des tavernes et des auberges étaient également très courantes.
L’atmosphère qui y est recréée évoque
un statut social inférieur, éloigné de
l’affectation de la nouvelle bourgeoisie.
La décoration y est donc moins formelle. Les chaises paillées en noyer
sont une déclinaison populaire du style Empire, montrant clairement
une influence anglaise (type Sheraton). A cette époque, les expositions
universelles donnèrent une forte impulsion à la fabrication de meubles
en série, tels que les chaises dites «de Vitoria», un modèle léger à la
structure en bois tourné et à l’assise paillée.
A
près avoir parcouru les parties
les plus nobles de la demeure,
nous arrivons dans un espace plus
privé, plus intime, auquel les visiteurs les
plus proches avaient également accès. Les
pièces étaient divisées non seulement selon leur fonction, mais aussi selon les personnes auxquelles elles étaient destinées.
La Salle des Costumbristas
Andalous
L'Antisalon
e dernier salon noble est décoré de façon à créer une atmosphère appropriée aux réunions sociales plus informelles et aux
tertulias. L’intérieur de la maison devint de plus en plus attrayant et son aménagement évolua à mesure que le concept de confort
gagnait de l’importance. Le mobilier, précédemment inamovible, fut
alors remplacé par d’autres meubles plus légers, tels que les chaises
dites «volantes», placées le long des murs de la salle et pouvant être
déplacées à l’endroit des débats. Celles-ci, en acajou, ont appartenu
à l’écrivain et poète Juan Ramón Jiménez. Elles s’ajoutent à d’autres
meubles mobiles, disposés de façon informelle autour d’une table de
jeu, pour favoriser les conversations plus intimes. Enfin, le piano, construit en 1827 par le madrilène José Colmenarejo, est orné d’écussons
et d’instruments de musique.
VI
V
Ces peintres furent largement décriés par
les courants les plus puristes, pour plusieurs raisons: l’importance qu’ils accordaient à l’imagination, voire à l’invention,
considérées peu sérieuses et dignes de peintres de second ordre, et l’emploi d’une
facture décomposée et d’une texture inachevée, proche de l’esquisse, qui, alliée
à leur vitesse d’exécution, étaient jugée
presque «indécente».
Du point de vue thématique, d’autres aspects du costumbrismo andalou sont ici représentés. L’un de ses personnages les plus typiques était
le bandit de grand chemin et contrebandier, une légende également
alimentée par les voyageurs étrangers, qui considéraient ce phénomène sous l’angle excessif de la «couleur locale». De même que les majos
(jeunes madrilènes aux habits voyants), les bandits et les contrebandiers, le torero et le picador figuraient parmi les personnages les plus
souvent considérés comme typiquement espagnols. Le torero le plus
romantique fut assurément Francisco Montes «Paquiro», qui écrivit en
1836 l’une des premières règles de la tauromachie.
Bon nombre de ces «défauts» trouvaient
leur origine chez Goya lui-même. Ces peintres reprirent également
dans une large mesure les thèmes de prédilection du génie aragonais,
montrant la face cachée de l’Espagne, un monde chaotique où tout
s’entremêle, ainsi que l’absurdité du comportement d’êtres apparemment rationnels. Les sujets les plus souvent abordés furent l’inégalité
dans le mariage, les horreurs de l’Inquisition, les Scènes de banditisme,
les Masques de bal et la conduite «animalisée» de l’être humain, visible
dans certains tableaux d’Alenza tels que le Mono ermitaño (Singe ermite)
et La crítica (La critique). La salle est complétée par la représentation
de rues de Madrid dans une série d’estampes des Caprichos (Caprices)
d’Alenza et de Francisco Lameyer, illustrant crûment la médiocrité et
la pauvreté de la vie quotidienne, dont tous deux furent les témoins et
les chroniqueurs.
ans cette petite salle sont exposés quelques exemples de
l’école dite des costumbristas madrilènes, dont les membres
–Eugenio Lucas, Francisco Lameyer et Leonardo Alenza– cultivèrent un genre rappelant la peinture de Goya, plus authentique et plus
rude que le folklorisme sentimental de l’école romantique andalouse.
D
La Petite Salle des
Costumbristas Madrilènes
La Salle des Costumbristas
Andalous
oujours dans l’esprit de la salle précédente, cette pièce est
meublée d’un fauteuil paillé confortable et de chaises assorties. A noter les deux vitrines contenant une remarquable collection de statuettes d’argile représentant des personnages populaires,
provenant d’ateliers de Grenade, de Malaga et de Murcie.
T
VIII
VII
L
Le parcours thématique est axé sur le genre du paysage et des représentations architecturales. Soulignons en particulier la maestria de Jenaro Pérez Villaamil (1807-1854) qui, sous l’inspiration des toiles de
peintres anglais tels que David Roberts, qui dépeignaient une Espagne
brumeuse, à l’atmosphère dense et suggestive, fut sans aucun doute le
plus brillant peintre espagnol de paysages. Il publia un ouvrage très célèbre intitulé España artística y monumental (L’Espagne artistique et monumentale), parrainé par Gaspar de Remisa (dont nous pouvons observer
le portrait dans la salle XXII). D’autres peintures, suivant le modèle
des énormes livres de voyage superbement illustrés, furent consacrées
aux travaux publics réalisés par la monarchie, offrant l’un des premiers
exemples de propagande politique dirigée.
’utilisation d’une ou plusieurs pièces comme lieu de réunion
pour toute la famille traduisait le besoin de disposer dans la
maison d’un endroit moins strict et formel. Le terme «cuarto
de estar» (salle de séjour) devint ainsi courant au milieu du siècle. Les
lourds rideaux de soie peinte en bleu foncé suspendus aux fenêtres
pourraient indiquer que les habitants de la maison craignaient que la lumière excessive n’endommage les meubles ou ne mettent à découvert
leurs sentiments les plus secrets. Sur les murs frontaux, deux vitrines
encastrées contiennent une belle collection d’éventails, accessoire féminin éminemment romantique, et un ensemble très intéressant de lithophanies (plaques de porcelaine moulées, ornées de thèmes picturaux
qui, observés à contre-jour, se détachent en clair-obscur).
Le Petit Salon
IX
D
Du point de vue thématique, dans la continuité de la salle précédente,
nous trouvons ici un sujet étroitement lié au paysage: les ruines. Les
monuments de l’art médiéval sont désormais utilisés pour évoquer un
monde spirituel ancien et perdu, mais évoquent également le caractère
mortel de l’être humain.
À gauche, on peut observer la trousse de voyage de Fernando VII et un
joli nécessaire de beauté en bois de la même origine, une petite coiffeuse et plusieurs étuis et objets d’hygiène (Dépôt du Musée National des
Arts Décoratifs, Madrid), qui nous donnent une idée assez précise du
déroulement du rituel de la toilette masculine.
Dans la vitrine de droite, on peut observer la chaise d’aisance de Fernando VII, installée à l’origine dans une petite pièce réservée à l’hygiène
intime du monarque dans le Musée du Prado lui-même –dans la salle
39, où sont actuellement exposées des œuvres de Goya–. Elle se compose d’un grand fauteuil central en acajou, dont l’assise est percée d’un
orifice pour l’évacuation des eaux fécales. Les différences de classes
étaient moins marquées pour ces aspects intimes: la chaise d’aisance
du roi était un meuble de luxe, imposant et capitonné, mais il exigeait également la fameuse «évacuation» qui s’effectuait à la main, en
recueillant les excréments dans des récipients disposés à cet effet. La
fétidité devait donc également envahir les appartements royaux, parvenant à l’élégant Salon del Prado, si admiré.
ivers objets destinés à l’hygiène masculine intime sont exposés dans cette pièce (ce thème est complété dans la salle
XXI). La bourgeoisie n’étant guère intéressée par la possibilité de disposer d’une salle spécifique pour la toilette, il était donc habituel d’utiliser une cuvette pour se laver dans n’importe quelle pièce
de la maison, ou bien de vider les pots de chambre pour qu’ils soient
utilisés par les hommes après le passage des dames.
Le Couloir
X
Quant au parcours
thématique, la quasitotalité des peintures
religieuses du musée se
trouve dans cette pièce
et dans l’oratoire. Ce
thème fut abordé de
deux manières différentes: sous l’influence de
la peinture baroque espagnole du XVIIe siècle
–sur le modèle de Murillo ou de peintres plus
ténébristes, adeptes des
forts contrastes de lumière– ou bien à partir
de l’observation de la
réalité contemporaine, mais sous l’angle du costumbrismo, qui visait à
immortaliser tout ce que l’on considérait de plus intéressant et authentique dans la vie populaire espagnole.
C
Le plafond, de la même origine que les
précédents, est orné des blasons des provinces espagnoles et éclairé par un superbe lustre en verre de La Granja (Segovia).
Quant au mobilier, on trouve l’inévitable
cheminée de marbre, la table –sur laquelle le général Primo de Rivera offrit un dîner au Conseil de la Société des Nations– la console ou buffet, les meubles d’angle, les chaises légères et les dessertes. Le mobilier, de même
que la vaisselle (ici en porcelaine de Paris) et ainsi que les rituels et les
coutumes suivis dans la salle à manger, étaient habituellement inspirés
de modèles étrangers, en particulier français.
Du point de vue thématique, cette pièce est décorée par des natures
mortes, un genre pictural souvent présent dans les salles à manger bourgeoises. Sur le mur opposé, au-dessus d’un miroir, on remarquera l’un
des tableaux les plus emblématiques de tout le Romantisme espagnol:
La familia de Don Jorge Flaquer (La famille de Don Jorge Flaquer) du catalán
Joaquín Espalter y Rull. Ce portrait des ancêtres du fondateur du Musée
est un des plus beaux documents existant sur le déroulement de la vie
familiale, domestique et privée de la bourgeoisie de l’époque.
ette petite pièce fait office d’antichambre de l’oratoire, et
permet de contempler le magnifique Goya présidant ce dernier. Elle était également utilisée comme un petit salon. Le
mobilier se distingue par un divan superbe et sobre, assorti aux chaises.
Au centre, un guéridon circulaire très original, reprenant la mode du
gothique médiéval, dont le panneau en marbre blanc est une dalle sépulcrale de l’époque.
ette pièce se distingue à l’époque d’Isabel II comme un nouvel
espace spécifique dans la maison. La salle à manger commune
était surtout employée pour le dîner, les autres repas étant pris
dans des salles plus petites –appelées pièces à déjeuner–. Après les repas, on se reposait généralement dans une pièce séparée, ou au boudoir.
La salle à manger était soumise à une stricte étiquette et constituait le
centre de réunion familial.
C
L'Anteoratorio
La Salle à Manger
(antichambre de l'oratoire)
XII
XI
Au centre, au-dessus de l’autel, se trouve la magnifique toile de Francisco de Goya intitulée San Gregorio Magno (Saint Grégoire), provenant des
biens successoraux du fondateur du Musée, qui sut prévoir l’importance
de ce peintre aragonais de génie parmi les précurseurs du romantisme. Il est accompagné d’une série de peintures espagnoles baroques,
de la même provenance, ainsi que des toiles d’artistes pleinement romantiques, mais également inspirées du baroque, sur les modèles de
Francisco Ribera, caractérisés par les clairs-obscurs très marqués, les
formes bien construites et le sens de la réalité, ou de Murillo, comme
l’attestent les couleurs délicates, la prédominance des tons chauds et la
beauté des figures féminines, à l’expression aimable et douce.
Le goût néoclassique pour les moulures
en plâtre et la géométrie noble du dallage
épousent les règles décoratives caractéristiques de la fin du XVIIIe siècle. Tout ici invite au recueillement, que ce soit les meubles –notamment le superbe prie– Dieu en acajou, tapissé en velours, qui appartint
à Isabel II –les sculptures en argile représentant des scènes religieuses–,
ou encore les divers objets liturgiques.
’Oratoire, qui était bien celui
de la maison à l’époque, selon
d’anciens témoignages, était un
espace destiné aussi bien aux cérémonies religieuses à caractère intime qu’à
l’organisation d’événements sociaux.
Nous savons que les propriétaires du palais durant cette période, les comtes de
la Puebla del Maestre, embellirent et décorèrent cette pièce où eut lieu la veillée
funèbre du marquis de Bacares, leur fils
aîné, le 24 avril 1816.
L
L
La Salle de Jeux des Enfants
L'Oratoire
Les portraits d’enfants connurent beaucoup de succès durant la période
romantique, en consonance avec
l’attention particulière consacrée
aux enfants. Ce genre nous permet
également de découvrir d’autres
aspects de la vie quotidienne des
plus petits à l’époque: les jeux et
le divertissement, les études, la
mode, les animaux de compagnie,
les passe-temps, etc. Parmi les autres thèmes, citons également la
relation affectueuse entre la mère
et la fille ou la mort d’enfants, malheureusement fréquente à l’époque
en raison des maladies et des connaissances médicales limitées, et
touchant même la royauté.
Le domaine d’influence féminin est étroitement lié aux pièces réservées à la propriétaire de la demeure. Le mobilier y est moins formel,
et divers objets et jouets sont dispersés dans tout l’espace et dans les
vitrines. Les murs peints en jaune ôtent tout aspect cérémonial à cette
salle, devenue un endroit gai et pratique.
a présence accrue des enfants dans la demeure produisit un
changement en termes d’intimité: la mère pouvait partager sa
chambre avec les jeunes enfants, mais les plus âgés dormaient
déjà dans des chambres séparées. La chambre d’enfant pouvait également faire office de salle de jeux et devait être accessible au moyen
d’un itinéraire spécifique, de façon à ne pas perturber les activités des
adultes.
XIV
XIII
C
Quant au parcours thématique,
certains stéréotypes les plus caractéristiques de l’idéal romantique féminin sont présentés ici:
leur condition de mère et leur
relation avec les enfants; le nu,
genre peu fréquent et limité
essentiellement au monde des
estampes, de même que le thème de la séduction; et certains
portraits féminins qui évoquent
avec maestria l’idéal de beauté
fragile, éthérée et élégante propre à cette époque.
Sous l’influence des nouveautés venant de Paris, toute dame qui se
voulait élégante devait disposer de cette pièce intime, réservée exclusivement à son usage personnel et à ses visiteurs les plus proches. Elle
pouvait ici lire, écrire, coudre ou recevoir ses amis de façon informelle. Le désordre et l’accumulation qui régnaient dans le boudoir,
qui regorgeait de beaux et précieux objets, étaient un symptôme de
l’irrationalité de la femme et de son état d’esprit changeant et capricieux : les vitrines sont pleines de jolis accessoires et bibelots.
Quant au parcours thématique, nous avons rassemblé dans cette salle
des pièces portant sur la famille et la relation mère-enfant, notamment
le thème de la «bonne mère», le mariage et les noces.
Dans ce refuge des souvenirs et des grands
et petits secrets, certains objets sont incontournables: l’écritoire portatif de table,
la coiffeuse, avec ses multiples flacons de
soins pour la peau ou de parfum, le nécessaire de couture, le valet de
chambre –miroir doté d’un pied haut et d’une tablette où poser les
ustensiles de la coiffeuse– et le somno ou table de chevet, munie d’une
porte frontale pour ranger le pot de chambre. Le lit, du type bateau,
est inspiré de modèles du style Empire et recouvert d’un large ciel de
lit, élément textile contribuant à conserver le plus possible la chaleur.
L’omniprésence du tissu fait de cette chambre un refuge douillet. A
côté du lit, un petit berceau, également de style fernandino, et un endroit de recueillement et de prière, avec un petit prie-Dieu en noyer et
divers éléments ornementaux de valeur symbolique et émotionnelle.
L
a chambre à coucher féminine acquit
une force symbolique particulière,
car c’était l’endroit où la femme
était le plus libre, où elle pouvait réaliser
toutes ses «activités mystérieuses», par
exemple ranger une lettre d’amour ou un
souvenir particulier, lire ou faire sa toilette. Le fait de disposer d’une chambre personnelle témoignait d’une conscience plus
poussée de leur individualisme, de leur vie
personnelle, ainsi que du besoin d’exprimer
matériellement cet individualisme.
La Chambre à Coucher
Féminine
Le Boudoir
’est ici que commence notre visite des pièces féminines. La
femme devient ici la reine de la maison et donne à celle-ci un
l’aspect accueillant d’un lieu de tendresse et de rencontres
sentimentales, un refuge spirituel à l’écart du public.
XVI
XV
L
Le thème de la mort est toujours présent dans la littérature romantique,
en particulier l’idée du suicide. Cependant, cette «mode» funèbre avait
également ses détracteurs, en particulier Leonardo Alenza, comme on
peut l’observer dans ses deux petits tableaux intitulés Sátiras del suicidio
romántico (Satires du suicide romantique), qui sont certainement les images les plus emblématiques de l’ensemble du Romantisme espagnol.
Ce petit cabinet est consacré à un personnage emblématique, l’écrivain Mariano José de
Larra. Également connu sous les pseudonymes de «Figaro» et «El Pobrecito Hablador», il fut assurément l’homme de lettres
et le journaliste le plus brillant de l’époque
romantique. Son tempérament sarcastique
et son découragement face à la situation espagnole, ainsi que ses amours mouvementées avec Dolores Armijo, furent les causes
de son suicide. Outre des tableaux et divers objets ayant appartenu à
Larra, mis en dépôt depuis 1924 par ses descendants, les autres thèmes
représentés ici sont la littérature (complétée dans la salle suivante), le
journal et la presse, ainsi que le suicide et la mort prématurée de ce
génie.
L
Le parcours thématique est axé sur la
littérature et le théâtre et illustré par le
genre pictural du portrait. Les réunions et
l’amitié entre des artistes pratiquant des
disciplines diverses furent très courantes lors du Romantisme, car ce courant
prônait l’élimination des cloisons traditionnelles entre les arts. L’écrivain acquit
alors une nouvelle sensibilité visuelle qui,
chez certains auteurs romantiques comme le Duc de Rivas (salle IV) ou Bécquer
(sala V), s’ajoute à une connaissance technique et expérimentale de la peinture. De même, les thèmes littéraires tels que la mort, la pucelle ou le diable exercèrent une influence
décisive sur les arts plastiques.
La magnifique commode ayant appartenu à la poétesse Carolina Coronado est d’ailleurs résolument féminine. À cette époque, un changement de statut timide s’opéra pour la femme et même si l’écriture, la
lecture ou la pensée étaient jugées inaccessibles au genre féminin, il y
eut des exceptions à la règle.
es objets sont empreints de valeurs affectives et de sentiments:
ils font partie des relations entre les habitants de la maison et
tissent avec eux un lien presque psychologique. Le meuble possède également une fonction symbolique. En fonction du lieu et de
sa disposition, il révèle plusieurs degrés de cérémonie et modes de
conduite. Le fait que certains meubles étaient considérés masculins et
d’autres féminins est révélateur d’une réalité sociale également visible
dans l’habillement et les coutumes.
La Salle de la Littérature
et du Théâtre
Le Cabinet de Larra
es activités propres à chaque sexe se déroulaient dans des pièces
différentes. Nous pénétrons ici dans la partie masculine de la
maison, décorée de façon plus sérieuse et spartiate: un fauteuil
sobre, conservant sa tapisserie originelle, de style fernandino, deux
commodes à tiroirs, datant d’environ 1830, ayant une fonction spécifiquement masculine et au centre, un petit guéridon austère d’inspiration
médiévale.
XVIII
XVII
L
Du point de vue thématique, cette salle nous offre une merveilleuse occasion de montrer l’influence exercée par l’orientalisme et l’exotisme
sur le mouvement romantique. L’Egypte, le Maroc et même l’ancien héritage oriental et musulman de l’Espagne devinrent alors à la mode dans
toute l’Europe, provoquant un déferlement de voyageurs étrangers, très
attirés par ce monde illusoire, à mi-chemin entre le médiévisme et le
romanesque, qu’ils pensaient trouver en Espagne.
Le fumoir fut créé pour que le
père de famille dispose d’un
espace à l’atmosphère moins rigide, sinon propice à la rêverie
et au délassement. C’était un
lieu invitant au repos, où l’on se
retirait pour fumer. Cet espace
privé était limité aux visiteurs les
plus intimes. Sa décoration était
généralement inspirée du monde oriental, en particulier arabe.
La restauration de l’Alhambra
de Grenade dans les années
1860-70 contribua à affirmer la
mode du cabinet arabe dans les
demeures privées bourgeoises.
Quant à l’itinéraire thématique, il poursuit le discours entamé dans les
salles XVII et XVIII –consacrées à l’artiste sous sa facette littéraire– et
montre à cette occasion l’image de l’artiste plastique, sa nouvelle vision du monde et le concept de génie. Celui-ci, imitant le bourgeois,
s’affirme également dans la pratique du portrait et de l’autoportrait, où
il se définit lui-même et révèle comment il veut être vu par les autres.
On commence alors à entrevoir l’idée selon laquelle la grandeur de
l’homme repose seulement sur ses qualités et sur les bienfaits de ses
actions pour l’ensemble de la société, le concept du mérite prenant dès
lors le pas sur celui de la naissance.
D
ans la partie masculine de la
maison, le cabinet était en réalité un salon de réception. La
mode de l’époque était d’accumuler des
meubles de divers styles et fonctions.
Dans ce «temple» de la conversation et
des veillées intimes, le piano-forte, instrument de divertissement par excellence, était incontournable. Les petites tables et les guéridons occupaient déjà une
place centrale dans la pièce, accompagnées de petites chaises légères, sans bras,
ainsi que de la chaise «voyeuse», où l’on s’asseyait à califourchon, afin
d’observer une partie de cartes, un jeu de hasard ou un concert de
musique. Le confident, en forme de S à deux places opposées, était
considéré comme le fauteuil des secrets et recevait également le nom
évocateur de «vis-à-vis». Les chaises semblent imiter les modèles laqués orientaux, sous l’influence du mobilier philippin, très à la mode
sous le règne d’Isabelle II, que l’on retrouve dans le guéridon et les
trois jolies consoles.
Le Cabinet
Le Fumoir
e tabac conquit peu à peu durant cette période les espaces publics
et privés, s’affirmant comme le témoin et le symbole de la masculinisation des relations sociales. Rappelons que certains médecins
attribuaient encore des vertus à la fumée.
XX
XIX
L
Des portraits masculins sont accrochés dans cette partie de la maison, constituant une petite galerie de divers personnages typiques de
l’époque: le «rebelle» romantique, proche du bandit noble, formant
avec les artistes une grande famille spirituelle de visionnaires qui, conscients
de leurs dons, faisaient de leur propre vie une aventure singulière; le
marin, symbole de la liberté et du risque, d’une vie en marge des conventions et de la routine; le lechuguino (snob) et le dandy, obsédés par la
mode; et les «officiers», ayant un certain rang politique et social.
Les meubles sont moins élégants
et plus pratiques: lit de style Carlos IV, commode coiffeuse ou
lavabo, qui permettait de gagner de l’espace en occultant sa
fonction hygiénique lorsqu’on
la fermait; coiffeuse masculine pour ranger les instruments
de toilettes, pot de chambre ou
"Don Pedro", table de chevet,
sur laquelle on posait la bouteille et un nécessaire de beauté en
bois, ainsi qu’un grand psyché
permettant de se voir en entier,
muni de deux chandeliers pour
placer des bougies, ce qui permettait de l’utiliser de nuit.
Le parcours thématique prolonge la galerie humaine commencée dans
la salle antérieure, au travers de divers personnages associés aux stéréotypes de l’époque: militaires, banquiers ou «nouveaux riches». Parmi
ceux-ci, on retrouvait souvent le bourgeois aisé, homme d’affaires ou
exerçant une importante fonction officielle. En général, c’était également un intellectuel, souvent collectionneur, sensible et attentif à la
culture du moment. Son haut rang social trouvait son reflet dans son
atmosphère environnante.
On remarquera l’imposant bureau en acajou de style fernandino, muni de cinq tiroirs frontaux ornés de marqueterie autour de la serrure et de deux tiroirs secrets latéraux. Il appartint
au marquis de la Remisa et est exposé à côté du portrait sur lequel il est
également représenté, et fut acheté à Isabel Regoyos, veuve du peintre
et Directeur du Musée du Prado, Aureliano de Beruete.
L
e bureau était la pièce de travail,
dont la décoration était donc très
austère et sérieuse. Les murs sont
recouverts d’un papier peint de style très
anglais, avec des motifs sobres, et les meubles conjuguent le style fernandino, simple et ascétique, avec le style isabelino,
aux caractéristiques pleinement opposées
puisqu’il privilégie le confort, avec des
meubles bien rembourrés et moelleux,
alliés à une certaine ostentation, qui ne
masque cependant pas l’appauvrissement
progressif des matériaux et des techniques.
Le Bureau
La Chambre à Coucher
Masculine
a chambre à coucher masculine revêt une apparence plus grave, plus stricte. Les murs sont ornés d’un large soubassement
peint imitant d’autres modèles plus luxueux en bois, comme le
révèlent les échantillonnages effectués dans le mur.
XXII
XXI
Dans cet espace de divertissement exclusivement masculin, les murs
étaient très souvent ornés –voire presque entièrement tapissés– de
portraits uniquement féminins (ce qui nous offre une occasion remarquable d’exposer une galerie de ce genre si typiquement romantique).
C’est une opportunité unique d’observer le développement des modes, des coiffures et des accessoires, ainsi que l’évolution de l’idéal de
beauté au long du siècle.
Les sièges, composés d’un canapé, d’un fauteuil et de chaises, sont
typiquement de style isabelino, datant d’environ 1860. Celui-ci se caractérise par des courbes douces, symboles de la nouvelle religion du
«confort», qui semblent envelopper discrètement ceux qui y prennent
place. On a ainsi l’impression que la courbe a été tracée exprès, suivant
cette idée d’amabilité accueillante.
n autre espace caractéristique
des relations sociales masculines était la salle de billard, qui
devait être située près des salons nobles
et de la salle à manger –on jouait généralement après le repas, pour faire «descendre» les aliments, ou lors des interminables après-midi d’oisiveté–. Le billard
moderne, arrivé en Espagne avec la dynastie des Bourbon, était un jeu associé à
l’aristocratie. La table de billard était appelée ici table à trucs; celle-ci
fut construite par l’un des fabricants les plus célèbres de l’époque, Francisco Amorós, à Barcelone, qui écrivit en outre un important ouvrage
sur ce thème, Memoria sobre la construcción de mesas de billar (Mémoire sur
la construction de tables de billard). Plusieurs accessoires l’accompagnent,
tels que le porte-queue, un chevalet et plusieurs jeux de queue, ainsi
qu’un boulier pour compter les points.
Dans la vitrine de gauche
sont exposées de délicates
pièces d’opaline, verre translucide à l’aspect légèrement
laiteux, de la Real Fábrica de La Granja de Segovia
(Dépôt du Musée National
des Arts Décoratifs, Madrid). Dans celle de droite,
on trouve de très originales
pièces de vaisselle en céramique estampée, selon
une technique industrielle
d’origine anglaise en vogue
à cette époque, réalisées dans les fabriques de Cartagena, Sargadelos,
Pickmann, etc. La décoration est complétée par de jolies porcelaines
orientales et de petites banquettes coquettes d’influence française.
e goût des plantes et de la nature fut très caractéristique de la
période romantique. Cet éloge de la vie à la campagne, évidemment formulé depuis les villes, fut le premier mouvement
de contestation du mode de vie urbain moderne. Pour cette raison, la
serre, ou jardin d’hiver, devint très vite à la mode. Elle était destinée
à tout type de plantes, notamment les plantes exotiques, qui faisaient
les délices des curieux et constituaient un élément de prestige pour la
demeure. De plus, son caractère privé et cloîtré était une promesse de
refuge face à l’effervescence du monde extérieur.
L
La Serre
La Salle de Billard
U
XXIV
XXIII
P
Dans la zone des combles ou du dernier étage se trouvaient généralement
les chambres des domestiques, les pièces de repassage et de couture. La
zone de service de la maison était réellement «l’espace occulte», car les
domestiques et les dépendances où ils travaillaient ne devaient pas être
vus. Normalement, on comptait au moins, pour chaque membre de la
famille, une dizaine de personnes consacrées au service, souvent accompagnées de leur famille respective. Les étages étaient reliés par deux escaliers: l’escalier principal, qui faisait communiquer le rez-de-chaussée
avec la partie noble de la demeure, et l’escalier de service, à l’autre bout
de la cour, qui reliait toutes les dépendances, du sous-sol aux combles.
À l’étage principal se trouvaient les pièces les plus importantes, que l’on
peut classer dans trois catégories différentes: les pièces d’apparat ou de
réception, les pièces formelles et les pièces de commodité, destinées à
l’usage privé du ou de la propriétaire de la maison. L’espace public est
ici représenté dans la salle de bal et la salle à manger en tant qu’espace
semi-public ou formel.
our terminer, contemplons cette grande maquette reproduisant
le bâtiment du Musée. A travers les fenêtres, nous pourrons «espionner» le déroulement de la vie quotidienne à l’époque dans
certaines pièces. La maison est habituellement divisée en territoires, avec
une séparation par étage, de sorte que les activités sont structurées verticalement. On accédait au rez-de-chaussée par un vaste hall muni d’un
grand portail pour le passage des attelages, comme on peut le voir sur
cette reproduction. Le rez-de-chaussée était généralement destiné aux
dépendances, telles que la cuisine, le garde-manger, la cave, les salles à
manger des domestiques, les buanderies, le bûcher, la sellerie, etc.
La Salle Interactive
et le Petit Théâtre
XXV et XXVI
Textes: Begoña Torres González
Illustrations: Estudio G_cero
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