ANEXOS 1 Anexos ÍNDICE DE ANEXOS Anexo 1: Traducciones de Le Spleen de Paris ..................................................................5 Anexo 2: Orden de la edición póstuma de Banville y Asselineau.....................................6 Anexo 3: Orden cronológico seguido por Alain Verjat.....................................................8 Anexo 4: Dedicatoria a Arsène Houssaye (1862) ...........................................................10 Anexo 5: Índice de la edición de Pedro Vances (1910?).................................................11 Anexo 6: Traducciones de Julián del Casal (1890) en La discusión ...............................12 Anexo 7: Traducción de Holguín (1954) del poema en prosa XXXV..............................22 Anexo 8: Traducciones de Ricardo Baeza (1913) de los poemas en prosa XXXVI, XXXVII y XLI .......................................................................................23 Anexo 9: Traducciones de Manuel Álvarez Ortega (1913) de los poemas en prosa I, VIII y XXXIII ....................................................................................25 Anexo 10: Recuerdo de infancia – Félix Grande (Badajoz, 1937-) ................................27 Anexo 11: Índice onomástico de personajes reales que aparecen en EP ........................28 Anexo 12: Traducciones de XXIX – Le Joueur généreux................................................33 Anexo 13: Traducciones espacializadas de XXXIII – Enivrez-vous !..............................67 Anexo 14: Traducciones espacializadas de XXXII – Le Thyrse ......................................89 Anexo 15: Traducciones de XVIII – L’Invitation au voyage.........................................156 3 Anexos ANEXO 1: TRADUCCIONES DE LE SPLEEN DE PARIS AÑO TRADUCTOR/A LUGAR EDITORIAL 1905 Eusebio Heras Barcelona B. Castellá 1918 José Francés Madrid Mateu 1920 Enrique Díez-Canedo Madrid Calpe ¿...? Madrid Compañía Ibero-americana de Publicaciones 1942 Agustín Esclasans Barcelona María M. Borrat 1973 Vicente Gil-Vilache Barcelona Bruguera 1975 Alain Verjat Barcelona Bosch 1979 Emilio Olcina Aya Barcelona Fontamara 1985 Jaime Uribe Madrid Club Internacional del Libro 1986 José Antonio Millán Alba Madrid Cátedra 1989 Enrique López Castellón Madrid Edimat 1990 Margarita Michelena México D.F. Papeles Privados 1993 Pedro Gandía Buleo Altea Aitana 1995 Mercedes Sala Leclerc Barcelona Edicomunicación 1997 Joaquín Negrón Madrid Visor 1999 Francisco Torres Monreal Madrid Alianza 2008 Pablo Oyarzún Santiago (Chile) LOM 2009 Manuel Neila Sevilla Espuela de Plata 1930/1 5 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire ANEXO 2: ORDEN DE LA EDICIÓN PÓSTUMA DE BANVILLE Y ASSELINEAU Nº TÍTULO DE LA PIEZA PRIMERA PUBLICACIÓN À Arsène Houssaye 1862 I L'Étranger 1862 II Le Désespoir de le vieille 1862 III Le Confiteor de l'artiste 1862 IV Un plaisant 1862 V La Chambre double 1862 VI Chacun sa chimère 1862 VII Le Fou et la Vénus 1862 VIII Le Chien et le flacon 1862 IX Le Mauvais Vitrier 1862 X À une heure du matin 1862 XI La Femme sauvage et la petite-maîtresse 1862 XII Les Foules 1861 XIII Les Veuves 1861 XIV Le Vieux Saltimbanqui 1861 XV Le Gâteau 1862 XVI L'Horloge 1857 XVII Un hémisphère dans une chevelure 1857 XVIII L'Invitation au voyage 1857 XIX Le Joujou du pauvre 1862 XX Les Dons des fées 1862 XXI Les Tentations ou Éros, Plutus et la gloire 1863 XXII Le Crépuscule du soir 1855 XXIII La Solitude 1855 XXIV Les Projets 1857 XXV La Belle Dorothée 1864 XXVI Les Yeux des pauvres 1864 XXVII Une mort héroïque 1863 XXVIII La Fausse Monnaie 1864 XXIX Le Joueur Généreux 1864 6 Anexos XXX La Corde 1864 XXXI Les Vocations 1864 XXXII Le Thyrse 1863 XXXIII Enivrez-vous 1864 XXXIV Déjà ! 1863 XXXV Les Fenêtres 1863 XXXVI Le Désir de peindre 1863 XXXVII Les Bienfaits de la Lune 1863 XXXVIII Laquelle est la vraie ? 1863 IXL Un cheval de race 1865 XL Le miroir 1864 XLI Le Port 1864 XLII Portraits de maîtresses 1869 XLIII Le Galant Tireur 1869 XLIV La Soupe et les nuages 1869 XLV Le Tir et le cimetière 1867 XLVI Perte d'auréole 1869 XLVII Mademoiselle Bistouri 1869 XLVIII Any where out of the world 1867 Assommons les pauvres 1869 Les Bons Chiens 1865 Épilogue 1869 XLIX L 7 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire ANEXO 3: ORDEN CRONOLÓGICO SEGUIDO POR ALAIN VERJAT (1975) Nº I TÍTULO PUBLICACIÓN Le Crépuscule du soir – Atardecer crepuscular 1855 (escritos 1855 II hacia La solitude – La soledad 1851- homenaje a Fontainebleau 1852) III 1857 1861 hemisferio en una cabellera IV L’Invitation au voyage – Invitación a viajar V Les Projets – Los proyectos VI L’Horloge – El reloj VII Les Foules – Las muchedumbres VIII IX 1862 Un Hémisphère dans une chevelure – Un X XI XII XIII Le Vieux saltimbanque – El viejo saltimbanqui La Femme sauvage et la petite-maîtresse – La mujer salvaje y la petimetra A une heure du matin – A la una de la Le Désespoir de la vieille – La desesperación de la vieja Le Chien et le flacon – El perro y el frasco XVI Le Mauvais vitrier – El mal vidriero XX XXI 27/08 L’Étranger – El extraño XV XIX La Revue Fantaisiste La Presse madrugada Le Fou et la Vénus – El bufón y la Venus XVIII 01/11 Le Présent Les Veuves – Las viudas XIV XVII 24/08 Le Confiteor de l’artiste – El Confiteor del 28/08 artista Un Plaisant – Un gracioso La Chambre double – La habitación desdoblada Chacun sa chimère – Cada cual con su quimera Les Dons des fées – Los Dones de las Hadas 8 24/09 Anexos XXII Le Gateau – El pastel XXIII Le Joujou du pauvre – El juguete del pobre XXIV Laquelle est la vraie - ¿Cuál es la verdadera? XXV XXVI 1863 Le Thyrse – El Tirso Le Désir de peindre – El deseo de pintar XXX Les Fenêtres – Las ventanas XXXI Déjà ! – ¡Ya! XXXII Enivrez-vous – ¡Embriagaos! XXXIII Le Joueur généreux – El jugador generoso I XXXV II XXXV III OS 10/10 10/12 07/02 La Corde – La cuerda Les Vocations – Las vocaciones Le Figaro 14/02 La Belle Dorothée – La bella Dorotea Les Yeux des pauvres – Los ojos de los 02/07 La Vie Parisienne 01/11 L’artiste pobres La Fausse monnaie – La moneda falsa Le Miroir – El espejo XL Le Port – El puerto XLI Les Bons chiens – Los buenos perros 21/06 L’indépendance XLII Un Cheval de race – Un pura sangre 25/12 belge XLIII Portraits de maîtresses – Amantes retratadas 21/09 XLIV XLVI TUM 20/06 IXL XLV PÓS Le Boulevard La Revue Nationale XXIX XXXV 1867 Las Tentaciones, o Eros, Pluto y la Gloria XXVIII XXXV 1865 Les Tentations ou Éros, Plutus et la Gloire – Une Mort héroïque – Muerte heroica V 14/06 Luna XXVII XXXI 1864 Les Bienfaits de la lune –Los favores de la 25/12 Any where out of the world – En cualquier sitio fuera del mundo Le Tir et le cimetière – El tiro y el cementerio pobres! Mademoiselle Bistouri – La señorita Bisturí XLVIII Perte d’auréole – Aureola perdida L de Paris La Revue Nationale 12/10 Assomons les pauvres - ¡A porrazos con los XLVII XLIX 28/09 La Nouvelle revue Le Galant tireur – El tirador galante La Soupe et les nuages – La sopa y las nubes 9 1869 (rechazados por La Revue Nationale en 1865) La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire ANEXO 4: DEDICATORIA A ARSÈNE HOUSSAYE (1862) À ARSÈNE HOUSSAYE Mon cher ami, je vous envoie un petit ouvrage dont on ne pourrait pas dire, sans injustice, qu'il n'a ni queue ni tête, puisque tout, au contraire, y est à la fois tête et queue, alternativement et réciproquement. Considérez, je vous prie, quelles admirables commodités cette combinaison nous offre à tous, à vous, à moi et au lecteur. Nous pouvons couper où nous voulons, moi ma rêverie, vous le manuscrit, le lecteur sa lecture; car je ne suspends pas la volonté rétive de celui-ci au fil interminable d'une intrigue superflue. Enlevez une vertèbre, et les deux morceaux de cette tortueuse fantaisie se rejoindront sans peine. Hachez-la en nombreux fragments, et vous verrez que chacun peut exister à part. Dans l'espérance que quelques-uns de ces tronçons seront assez vivants pour vous plaire et vous amuser, j'ose vous dédier le serpent tout entier. J'ai une petite confession à vous faire. C'est en feuilletant, pour la vingtième fois au moins, le fameux Gaspard de la Nuit, d'Aloysius Bertrand (un livre connu de vous, de moi et de quelques-uns de nos amis, n'a-t-il pas tous les droits à être appelé fameux) que l'idée m'est venue de tenter quelque chose d'analogue, et d'appliquer à la description de la vie moderne, ou plutôt d'une vie moderne et plus abstraite, le procédé qu'il avait appliqué à la peinture de la vie ancienne, si étrangement pittoresque. Quel est celui de nous qui n'a pas, dans ses jours d'ambition, rêvé le miracle d'une prose poétique, musicale sans rythme et sans rime, assez souple et assez heurtée pour s'adapter aux mouvements lyriques de l'âme, aux ondulations de la rêverie, aux soubresauts de la conscience? C'est surtout de la fréquentation des villes énormes, c'est du croisement de leurs innombrables rapports que naît cet idéal obsédant. Vous-même, mon cher ami, n'avez-vous pas tenté de traduire en une chanson le cri strident du Vitrier, et d'exprimer dans une prose lyrique toutes les désolantes suggestions que ce cri envoie jusqu'aux mansardes, à travers les plus hautes brumes de la rue? Mais, pour dire le vrai, je crains que ma jalousie ne m'ait pas porté bonheur. Sitôt que j'eus commencé le travail, je m'aperçus que non seulement je restais bien loin de mon mystérieux et brillant modèle, mais encore que je faisais quelque chose (si cela peut s'appeler quelque chose) de singulièrement différent, accident dont tout autre que moi s'enorgueillirait sans doute, mais qui ne peut qu'humilier profondément un esprit qui regarde comme le plus grand honneur du poète d'accomplir juste ce qu'il a projeté de faire. Votre bien affectionné, C. B. 10 Anexos ANEXO 5: ÍNDICE DE LA EDICIÓN DE PEDRO VANCES (1910?) TO ORDEN VANCES I I – El extranjero II II – La desesperación de la anciana III III – El «confiteor» del artista VI IV – Cada uno con su quimera X V – A la una de la madrugada XII VI – Las muchedumbres XIII VII – Las viudas XVII VIII – Un mundo en una cabellera XVIII IX – La invitación al viaje XIX X – El juguete del pobre XXII XI – El crepúsculo vespertino XXIII XII – La soledad XXIV XIII – Los proyectos XXV XIV – La hermosa Dorotea XXVI XV – Los ojos de los pobres XXVIII XVI – La moneda falsa XXXI XVII – Las vocaciones XXXII XVIII – El tirso XXXIII XIX – Embriagaos XXXIV XX – ¡Ya! XXXVI XXI – El deseo de pintar XXXVII XXII – Los favores de la luna XXXVIII XXIII – ¿Cuál es la verdadera? XXXIX XXIV – Un caballo de raza XLV XXV – El campo de tiro y el camposanto XLVI XXVI – Pérdida de aureola XLVIII XLIX L XXVII – «Any where out of the world». Fuera del mundo, no importa dónde XXVIII – Atropellemos a los pobres XXIX – Los buenos perros 11 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire ANEXO 6: TRADUCCIONES DE JULIÁN DEL CASAL (1890) EN LA DISCUSIÓN La discusión, diario político (La Habana), lunes, 28 de abril de 1890: Poemas en prosa. (DE CARLOS BAUDELAIRE) La Desesperación de la Vieja. La viejecilla, encojida [sic.] y arrugada, se sintió contenta al ver un lindo niño, á quien todo el mundo deseaba agradar, un lindo ser, tan frágil como ella, ya viejecilla, y, como ella también, sin dientes y sin cabellos. Y se aproximó á él, queriendo hacerle caricias y gestos agradables. Pero el niño, espantado, se debatía bajo las caricias de la buena mujer decrépita, y aturdía la casa con sus chillidos. Entonces la viejecilla se retiró á su soledad eterna, y, llorando en un rincón, decía: –«¡Oh! para nosotros, [sic.] desgraciadas hembras viejas, ha pasado la edad de agradar, hasta los inocentes; y horrorizamos á los niñitos que queremos amar!» EL CONFITEOR DEL ARTISTA. ¡Cuán penetrantes son los últimos momentos de los días otoñales! ¡Ay! penetrantes hasta producir el dolor! porque hay ciertas sensaciones deliciosas cuya vaguedad no excluye la intensidad; y no hay punta más acerada que la de lo Infinito. ¡Gran delicia produce la inmersión de la mirada en la inmensidad del cielo y de la mar! Soledad, silencio, castidad incomparable del azul! una vela pequeña estremeciéndose en el horizonte y que, por su pequeñez y su aislamiento imita mi irremediable existencia, melodía monótona de la marea, todas esas cosas piensan por mí, ó pienso por ellas (porque en la grandeza del ensueño, el yo se pierde pronto); piensan, digo, pero musical y pintorescamente, sin argucias, sin silogismos y sin deducciones. Algunas veces, esos pensamientos, ya salgan de mí ó se desprendan de las cosas, se vuelven pronto demasiado intensos. La energía en la voluptuosidad crea un malestar y un sufrimiento positivos. Mis nervios demasiado tensos no dan más que vibraciones agudas y dolorosas. Y ahora la profundidad del cielo me consterna; su limpidez me exaspera. La insensibilidad de la mar, la inmutabilidad del espectáculo, me sublevan... ¡Ay! es preciso sufrir eternamente ó huir eternamente de lo bello? Naturaleza, encantadora impía, rival siempre victoriosa, déjame. ¡No tientes más 12 Anexos mis deseos y mi orgullo! El estudio de lo bello es un duelo en que el artista lanza un grito de miedo antes de estar vencido. EL PERRO Y EL FRASCO. –«Mi buen perro, mi bello perro, mi querido perrito, aproxímate y ven á respirar un perfume excelente que he comprado en casa del mejor perfumista de la ciudad.» Y el perro, moviendo la cola, señal que corresponde en esos seres, creo yo, á la risa y á la sonrisa, se aproxima y pone curiosamente su nariz húmeda sobre el frasco destapado; después, retrocediendo repentinamente con asombro, me arroja un ladrido á manera de reproche. –¡O! miserable perro; si te hubiera ofrecido un paquete de excrementos, lo hubieras olfateado con gusto y quizás devorado. Por eso, tu mismo, indigno compañero de mi triste vida, te pareces á la muchedumbre, á quien no se debe presentar jamás perfumes delicados que lo exasperan, sino inmundicias cuidadosamente escojidas. HERNANI. La discusión, diario político (La Habana), martes, 29 de abril de 1890: Poemas en prosa. (DE CARLOS BAUDELAIRE) Un hemisferio en una cabellera. Déjame respirar largo tiempo, muy largo tiempo, el olor de tus cabellos, sumerjir [sic.] allí todo mi rostro, como un hombre sediento en el agua de una fuente, y agitarlos con mi mano como un pañuelo oloroso, para sacudir recuerdos en el aire. ¡Si pudieses saber todo lo que veo, todo lo que siento y todo lo que oigo en tus cabellos! Mi alma viaja sobre el perfume, como el alma de los otros hombres sobre la música. Tus cabellos contienen un ensueño, lleno de velámenes y de arboladuras; contienen grandes mares, cuyos monzones me llevan hacia encantadores climas, donde el espacio es más azul y más profundo, donde la atmósfera está perfumada por los frutos, por las hojas y por la piel humana. En el océano de tu cabellera, entreveo un puerto hormigueante de cantos melancólicos, de hombres vigorosos de todas las naciones y navíos de todas las formas, recortando sus figuras finas y complicadas sobre un cielo inmenso donde se pavonea el calor eterno. En las caricias de tu cabellera vuelvo á encontrar las languideces de largas horas pasadas en el camarote de un buen navío, mecidas por el vaivén imperceptible del puerto, entre vasos de flores y aguamaniles helados. 13 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire En la chimenea ardiente de tu cabellera, respiro el olor del tabaco mezclado al opio y al azúcar; en la noche de tu cabellera, veo resplandecer lo infinito del azul tropical; en las márgenes vellosas de tu cabellera me enervo con los olores combinados del alquitrán, del musgo y del aceite de coco. Déjame morder largo tiempo tus trenzas pesadas y negras. Cuando mordisqueo tus cabellos elásticos y negros me parece que como recuerdos. LOS BENEFICIOS DE LA LUNA La luna, que es el mismo capricho, miró por la ventana mientras dormías en tu cuna, y se dijo: «Esta niña me gusta». Y descendió suavemente por su escalera de nubes y pasó, sin hacer ruido, á través de los vidrios. Después se tendió encima de tí con la dulce ternura de una madre y depuso sus colores en tu faz. Tus pupilas han permanecido verdes y tus mejillas extraordinariamente pálidas. De tanto contemplar á esa visitadora tus ojos se han ensanchado extrañamente; y ella te ha apretado tan tiernamente la garganta que, desde entonces, has conservado siempre el deseo de llorar. Sin embargo, en la expansión de su alegría, la luna llenaba todo el cuarto como una atmósfera fosfórica, como un veneno luminoso; y toda su luz viviente, pensaba y decía: «Tú sufrirás eternamente la influencia de mi beso. Serás bella á mi manera. Te gustará lo que me gusta y á quien le gusto: el agua, las nubes, el silencio y la noche; la mar inmensa y verde; el agua informe y multiforme; el lugar en que no estés; el amante que no conozcas; las flores monstruosas; los perfumes que hacen delirar; los gatos que se desmayan sobre los pianos y gimen y comen como las mujeres, con voz ronca y dulce. Y tú serás amada por mis amantes, cortejada por mis cortesanos. Serás la reina de los hombres de ojos verdes, cuya garganta he apretado también con mis caricias nocturnas; de los que aman la mar, la mar inmensa, tumultuosa y verde, el agua informe y multiforme, el lugar en que no están, la mujer que no conocen, las flores siniestras que parecen incensarios de una religión desconocida, los perfumes que perturban la voluntad y los animales salvajes y voluptuosos que son los emblemas de la locura». Y, por eso, maldita y querida niña mimada, estoy ahora acostado á tus pies, buscando en toda tu persona el reflejo de la temible Divinidad, de la fatídica madrina, de la nodriza, envenenadora de todos los lunáticos. HERNANI La discusión, diario político (La Habana), viernes, 2 de mayo de 1890: Poemas en prosa. (DE CARLOS BAUDELAIRE) El Extranjero. 14 Anexos –¿A quién amas más, hombre enigmático, dí, á tu padre, á tu madre, á tu hermana ó á tu hermano? –No tengo ni padre, ni madre, ni hermana, ni hermano. –¿A tus amigos? –Usa usted una palabra cuyo sentido desconocía hasta hoy. –¿A tu patria? –Ignoro bajo que latitud está situada. ¿A la belleza? [sic.] –La amaría con gusto, si fuese diosa é inmortal. –¿Al oro? –Lo odio tanto como usted odia á Dios. –¿Y á quien amas, pues, extraordinario extranjero? –Amo las nubes... las nubes que pasan... por allá abajo... las maravillosas nubes. A la una de la madrugada. ¡Al fin, solo! No se oye mas que el rodar de los coches detenidos y derrengados. Durante algunas horas, poseeremos el silencio, si no el reposo. Al fin la tiranía de la faz humana ha desaparecido y no sufriré más que por mi mismo. Al fin me será permitido sumerjirme [sic.] en un baño de tinieblas. Demos primero una vuelta doble á la cerradura. Me parece que la segunda amentará [sic.] mi soledad y fortificará las barricadas que me separan actualmente del mundo. ¡Horrible vida! ¡Horrible ciudad! Recapitulemos lo hecho en un dia; haber visto muchos literatos, uno de los cuales me ha preguntado si se podía ir á Rusia por tierra (tomaba sin duda á la Rusia por una isla); haber disputado generosamente contra el director de una revista, quien, á cada objeción, respondía: –Este es el periódico de las gentes honradas, lo cual indica que los otros diarios están redactados por canallas; haber saludado veinte personas, de las cuales quince, me son desconocidas; haber distribuido apretones de manos en la misma proporción y sin haber tomado la precaución de comprar guantes; haber subido, por matar el tiempo, durante una llovizna, á casa de una bailarina que me pidió un modelo de traje de Venustria; haber hecho la corte á un director de teatro, quien me decía echándome á la calle: –Haríais bien en dirigiros á Z...; es el más pesado, el mas tonto y el mas célebre de todos mis autores; con él podríais obtener alguna cosa. Habladle y luego nos veremos; haberme vanagloriado (¿por qué?) de muchos actos sucios que no he cometido jamás y haber negado cobardemente algunas fechorías que he cometido con alegría, delito de fanfarronería y crímen [sic.] de respeto humano; haber negado á un amigo un favor fácil y haber dado una carta de recomendación á un perfecto pillo: ¡puf! ¿he acabado ya? Descontento de todos y de mí mismo, quisiera rescatarme y enorgullecerme un poco en el silencio y la oscuridad de la noche. Almas de los que he amado, almas de los que he cantado; fortificadme, sostenedme, apartad de mí la mentira y los miasmas corruptores del mundo; y vos, Señor, Dios mio, concédeme la gracia de producir algunos buenos versos que me prueben á mi mismo, que no soy el último de los hombres, que no soy inferior á los que desprecio. 15 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire HERNANI La discusión, diario político (La Habana), jueves, 8 de mayo de 1890: Poemas en prosa. (DE CARLOS BAUDELAIRE) El Puerto. Un puerto es un asilo encantador para un alma fatigada de las luchas de la vida. La amplitud del cielo, la arquitectura movil de las nubes, las coloraciones cambiantes de la mar y el relampagueo de los faros, son un prisma maravillosamente propio para divertir los ojos sin cansarlos jamás. Las formas salientes de los navíos, de aparejos complicados, á los cuales la marea imprime oscilaciones armoniosas, sirven para mantener en el alma el gusto del ritmo y la belleza. Y después, sobre todo, hay una especie de placer misterioso y aristocrático para el que no siente ya ni curiosidad ni ambición, en contemplar, acostado en una azotea ó de codos en el muelle, todos esos movimientos de los que parten y de los que vuelven, de los que tienen todavía la fuerza de querer, el deseo de viajar ó de enriquecerse. EL LOCO Y LA VENUS ¡Qué admirable día! El vasto parque se desmaya bajo la mirada ardiente del sol, como la juventud bajo el dominio del Amor! El éxtasis universal de las cosas no se expresa por ningún ruido; las aguas mismas están como adormecidas. Al revés de las fiestas humanas, la orgía es aquí silenciosa. Parece que una luz siempre creciente hace brillar cada vez más los objetos; que las flores excitadas arden en deseos de rivalizar con el azul del cielo por la energía de los colores y que el calor, haciendo visibles los perfumes, los hace subir hacia el astro como si fueran humo. Sin embargo, en medio de esta alegría universal, he notado un ser afligido. A los piés de una Venus colosal, uno de esos locos artificiales, bufones encargados de hacer reir á los reyees cuando el Remordimiento ó el Hastío los obseden, embozado en un traje chillón y ridículo, coronado de cuernos y de campanillas, acurrucado contra el pedestal, levanta los ojos llenos de lágrimas hacia la Diosa inmortal. Y sus miradas dicen: –«Soy el último y el más solitario de los humanos, privado de amor y de amistad, y bien inferior en eso al más imperfecto de los animales. Apesar [sic.] de esto, estoy hecho también para comprender y sentir la Belleza inmortal! [sic.] ¡Oh Diosa! tened piedad de mi tristeza y de mi delirio!» Pero la implacable Venus mira á lo lejos no sé qué cosa con sus ojos de mármol. 16 Anexos HERNANI La discusión, diario político (La Habana), sábado, 31 de mayo de 1890: Poemas en prosa. (Imitados de Baudelaire) LAS QUIMERAS Bajo un cielo obscuro, en ancha llanura polvorosa, sin caminos, sin yerba, sin un cardo, sin una ortiga, encontré muchos hombres que marchaban encorbados. [sic.] Cada uno llevaba sobre su espalda una Quimera enorme, tan pesada como un saco de harina ó de carbón ó la cartuchera de un soldado romano. Pero la monstruosa bestia, lejos de ser un peso inerte, envolvía y oprimía al hombre con sus músculos elásticos y potentes; se afianzaba con sus dos garras largas al pecho de su cabalgadura y su cabeza fabulosa coronaba la frente del hombre como uno de esos cascos horribles con los cuales los generosos antiguos inspiraban más terror á sus enemigos. Llamé á uno de aquellos hombres y le pregunté adonde iban así. Respondióme que no sabía nada, ni él, ni los otros; pero que evidentemente iban á alguna parte, puesto que estaban dominados por una necesidad invencible de andar. Y, cosa curiosa para el observador, ninguno de aquellos viajeros tenía el aire irritado contra la bestia feroz colgada á su cuello y pegada á su espalda; hubierase dicho que lo consideraba como una parte de sí propio. Todas aquellas caras fatigadas y serias no demostraban ninguna desesperación; bajo la cúpula sombría del firmamento con los piés hundidos en el polvo de un suelo tan desolado como aquel cielo, caminaban con la fisonomía resignada de los que están condenados á esperar siempre. Y el cortejo pasó al lado mio y se hundió en la atmósfera del horizonte, en el lugar en que la superficie redonda del planeta se oculta á la curiosidad de la mirada humana. Y durante algunos momentos me obstiné en comprender aquel misterio; pero bien pronto la irresistible indiferencia se desplomó sobre mí y me sentí más abrumado que aquellos hombres por sus aplastantes quimeras. ¿CUÁL ES LA VERDADERA? Yo conocí á una mujer llamada Beatriz, que llenaba la atmósfera de ideal y cuyos ojos esparcían el deseo de la grandeza, de la belleza, de la gloria y de todo lo que hace creer en la inmortalidad. Pero esa criatura milagrosa era demasiado bella para vivir mucho tiempo; murió á los pocos días de conocerla y la enterré, un día que la primavera agitaba su incensario hasta en los cementerios. Sí, yo mismo la enterré, después de haberla clavado bien en un ataud de madera perfumada é incorruptible como en los cofres de la India. 17 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire Y como mis ojos permanecieron fijos en el sitio en que escondí mi tesoro, ví súbitamente á una personilla que se parecía extraordinariamente á la difunta, y que, hateando sobre la tierra fresca, con violencia histérica y rara, decía echándose á reir: «¡Soy la verdadera Beatriz! ¡Soy una famosa canalla! Y en castigo de tu locura y de tu ceguera, me amarás tal como soy!» Pero, lleno de rabia, le respondí: ¡Nó, nó, nó! Y para acentuar mejor mi negativa, pegué tan fuerte golpe en la tierra con el pié que mi pierna se hundió hasta la rodilla en la sepultura reciente y permanezco unido, como un lobo á la trampa, tal vez para siempre, á la fosa de mi Ideal. HERNANI La discusión, diario político (La Habana), miércoles, 11 de junio de 1890: Caprichos y Fantasías. La invitación al viaje (IMITACIÓN DE BAUDELAIRE.) Hay un país soberbio, según dicen, un país desconocido, que yo sueño visitar con una vieja amiga. Es un país singular, ahogado en las brumas del Norte, y que se podría llamar el Oriente del Occidente o la China de Europa, porque allí ha vivido solo la ardiente y caprichosa fantasía, ilustrándola tenaz y pacientemente con sus hermosas y delicadas vegetaciones. Es un país magnífico, donde todo es bello, rico, tranquilo; donde el lujo se complace en mirarse en el orden; donde la vida es sana y suave de respirar; donde el desórden, la turbulencia y lo improvisto están excluidos; donde la dicha está casada con el silencio; donde la cocina misma es poética y excitante á la vez; donde todo se te parece, mi querido ángel. ¿Conoces esa enfermedad febril que se apodera de nosotros en los dias de miseria, esa nostalgia del país que se desconoce, esa angustia de la curiosidad? Hay una comarca que se te parece, donde todo es bello, rico y tranquilo, donde la fantasía ha construido y decorado una China occidental, donde la vida es dulce de respirar, donde la dicha está casada con el silencio. Allá es preciso que vayamos á vivir, allá es preciso que vayamos á morir. Sí, en esa atmósfera sería bueno vivir, allá abajo, donde las horas más lentas contienen más pensamientos, donde los relojes tocan la hora del goce con más profunda y significativa solemnidad. Sobre testeros lucientes, ó sobre cueros dorados y de riqueza sombría, viven discretamente figuras beatíficas, tranquilas y misteriosas, como las almas de los artistas que las crearon. Los reflejos del poniente, que coloran tan ricamente la sala de comer ó el salón, entran tamizados por telas hermosas ó por esas altas ventanas caladas que el plomo divide en numerosos compartimientos. Los muebles son anchos, curiosos, extraños, armados de cerraduras y de secretos como almas de seres refinados. Los espejos, los metales, las cortinas, la orfebrería y las porcelanas tocan para los ojos 18 Anexos una sinfonía muda y misteriosa; y de todas las cosas, de todos los ángulos, de todas las fisuras de las gabetas [sic.] y de los pliegues de las telas se escapa un perfume singular, que es como el alma de la estancia. Es un país magnífico, te digo, donde todo es rico, limpio y luciente, como una buena conciencia, como una excelente batería de cocina, como una espléndida joyería, como una quincallería abigarrada. Allí afluyen los tesoros del mundo, como á la casa de un hombre laborioso y que ha merecido bien del mundo entero. Es un país singular, superior á los otros, como el Arte lo es á la Naturaleza, donde ésta está reformada por el ensueño, donde está corregida, embellecida, refundida. ¡Que busquen, que busquen todavía, que acorten sin cesar los límites de la felicidad los alquimistas de la horticultura! ¡Que propongan premio de sesenta y cien mil florines al que resuelva sus ambiciosos problemas! Ya he encontrado mi tulipán negro y mi dalia azul. Flor incomparable, tulipán hallado, alegórica dalia ¿no es verdad que en ese país hermoso, tan tranquilo y tan soñador, es preciso ir á vivir y á florecer? ¿No estarías allí encuadrada en tu analogía y no te podrías mirar, para hablar como los místicos, en tu propia correspondencia? ¡Ah! ¡sueños! siempre sueños! [sic.] y cuanto más ambiciosa y delicada en el alma, [sic.] tanto más lejos de lo posible la apartan los ensueños. [sic.] Cada hombre lleva en sí su dosis de opio natural, incesantemente segregada y renovada, y desde el nacimiento á la muerte ¿cuántas horas contamos de goce positivo, de acción cumplida y saboreada? ¿Viviremos algún, dia, [sic.] pasaremos por ese cuadro que ha pintado mi espíritu, por ese cuadro que se te parece? Esos tesoros, esos muebles, ese lujo, ese orden, esas flores milagrosas, esos perfumes, todo eso eres tú. Tambien eres esos grandes rios y esos canales tranquilos. Y esos enormes navios que chirrian, cargados de riquezas, y de los que ascienden los cantos monótonos de la maniobra, son mis pensamientos que duermen ó medan [sic.] sobre tu seno. Tu los conduces suavemente hacia la mar que es lo Infinito, reflejando las profundidades del cielo en la limpidez de tu alma bella:–y cuando fatigados por la marea y abrumados por los productos del Oriente, vuelven á entrar en el puerto natal, son todavía mis pensamientos enriquecidos que retornan de lo Infinito hacia tí. HERNANI La discusión, diario político (La Habana), lunes, 16 de junio de 1890: La Cámara Doble. (IMITACIÓN DE BAUDELAIRE.) Es una cámara semejante á una fantasía, una cámara verdaderamente espiritual, donde la atmósfera estancada está lijeramente [sic.] teñida de rosa y azul. Allí toma el alma un baño de pereza, perfumado por el pesar y el deseo. Es una cosa que tiene algo de crepuscular, de azulado y de rosáceo; un ensueño voluptuoso durante un eclipse. 19 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire Los muebles tienen formas prolongadas, dolientes, abatidas. Parecen que sueñan, [sic.] que están dotados de vida sonambólica [sic.] como el mineral y el vegetal. Las cortinas hablan una lengua muda, como las flores, como los cielos, como los soles ponientes. No hay una sola abominación artística en las paredes. Relativamente al ensueño puro, á la impresión no analizada, el arte definido, el arte positivo es una blasfemia. Todo tiene aquí la suficiente claridad y la deliciosa obscuridad de la armonía. Un olor infinitesimal, elegido por gusto exquisito, al cual se mezcla una humedad muy ligera, nada en esta atmósfera, donde el espíritu soñoliento está mecido por sensaciones de invernadero cálido. La muselina llueve copiosamente ante las ventanas y ante el lecho, desarrollándose en torrentes nevados. Sobre ese lecho está acostado el Idolo, la soberana de los ensueños. Pero ¿cómo está aquí? ¿quién la ha traido? ¿qué poder mágico la ha instalado en ese trono fantástico y voluptuoso? ¿Qué importa? aquí está: reconozco. Ahí están sus ojos, cuya llama atraviesa al crepúsculo; esos sutiles y servibles espejillos que reconozco por su espantosa malicia. Ellos atraen, subyugan y devoran la mirada del imprudente que los contempla. Muchas veces he estudiado esas estrellas negras que imponen la curiosidad y la admiración. ¿A qué demonio benévolo debo el estar así, rodeado de misterio, de silencio, de paz y de perfumes? ¡Oh beatitud! Lo que nombramos generalmente la vida, hasta en su espansión mas feliz, no tiene nada de común con esta vida suprema que conozco ahora y saboreo minuto por minuto, segundo por segundo! ¡Nó! no hay minutos, no hay segundos! El tiempo ha desaparecido y la Eternidad reina, una eternidad de delicias! Pero un golpe terrible, fuerte, ha resonado en la puerta y, como en los ensueños infernales, me ha parecido que recibía un azadonazo en el estómago. Y un Espectro ha entrado después. Es un alguacil que viene á torturarme en nombre de la ley; una infame abandonada que viene á llorarme miserias y á añadir las trivialidades de su vida á los dolores de la mia ó bien el director de un diario que reclama la continuación del manuscrito. La cámara paradisiaca, el ídolo, la soberana de los ensueños, la sílfide, como decía el gran René, toda esa magia ha desaparecido al oir el golpe brutal del Espectro. ¡Horror! yo me acuerdo! yo me acuerdo! sí; esa estancia, ese albergue del estío eterno, es el mio. Mirad los muebles vulgares, empolvados, rotos; las tristes ventanas en que la lluvia abrió surcos en el polvo; los manuscritos raspados é incompletos; el almanaque donde el lapiz ha señalado fechas siniestras. Y ese perfume de otro mundo que enervaba mi perfeccionada sensibilidad ¡ay! está reemplazado por fétido olor de tabaco mezclado á no sé que nauseabunda podredumbre. Aquí se respira ahora lo rancio de la desolación. En este mundo estrecho, pero tan lleno de asco, un solo objeto conocido me sonríe: la redoma de láudano, una vieja y terrible amiga y, como todas las amigas, ¡ay! fecunda en caricias y traiciones. Sí! sí! el Tiempo ha reaparecido: el Tiempo reina ahora como soberano; y con el horrible viejo ha vuelto su endemoniado cortejo de Recuerdos, de Pesares, de Espasmos, de Miedos, de Angustias, de Pesadillas, de Cóleras y de Neurosis. 20 Anexos Os aseguro que los segundos se acusan ahora fuerte y, solemnemente, y cada uno, al brotar del péndulo, dice:–«Soy la Vida, la insoportable, la implacable Vida!» No hay más que un segundo en la vida humana que tenga la misión de anunciar una buena noticia, la buena noticia que causa á cada uno inexplicable miedo. Sí; el Tiempo reina; ha vuelto á tomar su brutal dictadura. Y me empuja, como si fuese un buey, con su doble aguijón, diciéndome:–«¡Arre, borrico! ¡Suda, esclavo! ¡Vive condenado!» HERNANI 21 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire ANEXO 7: TRADUCCIÓN DE HOLGUÍN (1954) DEL POEMA EN PROSA XXXV LAS VENTANAS El que mira desde afuera a través de una ventana abierta no ve nunca tantas cosas como aquel que contempla una ventana cerrada. No hay objeto más profundo y misterioso, más oscuro y fecundo, más deslumbrante que una ventana iluminada por una candela. Lo que puede verse a pleno sol es siempre menos interesante que lo vislumbrado detrás de un ventanal. En ese hueco, negro o luminoso, vive la vida, sueña la vida, sufre la vida. Más allá del oleaje de los techos, alcanzo a ver una mujer, ya madura, ajada y pobre, inclinada siempre sobre algún objeto, una mujer que no sale jamás. Con su rostro, con su vestido, con su gesto, casi con nada, reconstruyo la historia de aquella mujer, o, más bien, su leyenda, y a menudo me la cuento a mí mismo, llorando. Si se tratara de un pobre anciano, yo reconstruiría su leyenda con la misma facilidad. Y me acuesto luego, satisfecho de haber vivido y de haber sufrido en un ser distinto de mí mismo, o en otros muchos seres. Me dirás, acaso: «¿Estás seguro de que esa leyenda es la verdadera?» Pero, ¿qué importa lo que pueda ser la realidad situada fuera de mí, si esa leyenda me ayuda a vivir, a sentir que existo, a sentir lo que soy? 22 Anexos ANEXO 8: TRADUCCIONES DE RICARDO BAEZA (1913) DE LOS POEMAS EN PROSA XXXVI, XXXVII Y XLI EL DESEO DE PINTAR ¡Desgraciado quizás el hombre, pero feliz el artista a quien el deseo desgarra! Yo ardo en deseos de pintar a la que se apareció tan extrañamente y huyó tan aprisa, como una bella cosa que añorar tras el viajero arrastrado por la noche. ¡Cuánto tiempo hace ya que desapareció! Es bella, y más que bella; es sorprendente. En ella lo negro abunda: y todo lo que inspira es nocturno y profundo. Sus ojos son dos astros en que centellea vagamente el misterio, y su mirada ilumina como el relámpago: es una explosión en las tinieblas. La compararía a un sol negro, si se pudiese concebir un astro negro vertiendo la luz y la dicha. Pero más bien hace pensar en la luna, que sin duda la ha marcado con su temible influencia; no la luna blanca de los idilios, que parece una fría desposada, sino la luna siniestra y embriagadora, colgada en el fondo de una noche tempestuosa y atropellada por las nubes que corren; no la luna apacible y discreta visitando el sueño de los hombres puros, sino la luna arrancada del cielo, vencida y rebelde, que las hechiceras tesalias obligan duramente a danzar sobre la hierba aterrorizada. En su frente breve habitan la voluntad tenaz y el amor de la presa. Sin embargo, en la parte inferior de este rostro inquietante, donde la nariz móvil aspira lo desconocido y lo imposible, estalla, con una gracia inexpresable, la risa de una gran boca, roja y blanca, y deliciosa, que hace soñar en el milagro de una soberbia flor abierta en un terreno volcánico. Hay mujeres que inspiran el deseo de vencerlas y de gozar de ellas; pero ésta sugiere el deseo de morir lentamente bajo su mirada. LOS BENEFICIOS DE LA LUNA La Luna, que es el mismo capricho, miró por la ventana mientras dormías en tu cuna, y se dijo: “Esta niñ me gusta”. Y descendió muellemente su escalera de nubes y pasó sin ruido a través de los cristales. Luego se extendió sobre ti con la ternura suave de una madre, y depositó sobre tu rostro sus colores. Tus pupilas han quedado verdes, y tus mejillas extraordinariamente pálidas. Por contemplar a esta visitante tus ojos se han ensanchado tan singularmente; y con tanta dulzura te apretó la garganta que conservaste para siempre el deseo de llorar. 23 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire Mientras tanto, en la expansión de su alegría, la Luna llenaba toda la estancia como una atmósfera fosfórica, como un veneno luminoso; y toda esta luz viva pensaba y decía: “Tú sufrirás eternamente la influencia de mi beso. Tú serás bella a mi manera. Tú amarás de lo que yo amo y me ama: el agua, las nubes, el silencio y la noche; el mar inmenso y verde; el agua informe y multiforme; el lugar en que no estés; el amante que no conozcas; las flores monstruosas; los perfumes que hacen delirar; los gatos que se extasían sobre los pianos y gimen como las mujeres, con una voz ronca y dulce. “Y serás amada por mis amantes, cortejada por mis cortesanos. Serás la reina de los hombres de ojos verdes cuya garganta apreté también en mis caricias nocturnas; de los que aman el mar, el mar inmenso, tumultuoso y verde, el agua informe y multiforme, el lugar en que no están, a la mujer que no conocen, las flores siniestras que semejan incensarios de una religión desconocida, los perfumes que turban la voluntad, y los animales salvajes y voluptuosos que son los emblemas de su locura.” Y por esto, maldita niña mimada, estoy ahora echado a tus pies, buscando en toda tu persona el reflejo de la temible Divinidad, de la fatídica madrina, de la nodriza emponzoñadora de todos los lunáticos. EL PUERTO Un puerto es una residencia encantadora para un alma fatigada de las luchas de la vida. La amplitud del cielo, la arquitectura móvil de las nubes, las coloraciones cambiantes del mar, el centelleo de los faros, son un prisma maravillosamente propio para distraer los ojos sin cansarlos nunca. Las formas esbeltas de los navíos, de aparejo complicado, a los cuales la marea imprime oscilaciones armoniosas, sirven para mantener en el alma el gusto del ritmo y de la belleza. Y luego, sobre todo, hay una especie de placer misterioso y aristocrático para el que ya no tiene ni curiosidad ni ambición, en contemplar, echado en la azotea o de codos sobre el muelle, todos esos movimientos de los que parten y de los que vuelven, de los que todavía tienen la fuerza de querer, el deseo de viajar o de enriquecerse. 24 Anexos ANEXO 9: TRADUCCIONES DE MANUEL ÁLVAREZ ORTEGA (1913) DE LOS POEMAS EN PROSA I, VIII Y XXXIII EL EXTRANJERO —Hombre enigmático, di, ¿a quién amas más: a tu padre, a tu madre, a tu hermana o a tu hermano? —No tengo padre, ni madre, ni hermana, ni hermano. —¿A tus amigos? —Te sirves de una palabra cuyo significado hasta ahora no he comprendido. —¿A tu patria? —Ignoro en qué latitud se encuentra. —¿A la belleza? —La amaría con gusto, diosa e inmortal. —¿Al oro? —Lo odio como odias a Dios. —¿Qué amas entonces, extraordinario extranjero? —Amo a las nubes... a las nubes que pasan a lo lejos... a las maravillosas nubes. EL PERRO Y EL FRASCO —Precioso perro, buen perro, querido chucho, acércate y ven a respirar un perfume excelente comprado al mejor perfumista de la ciudad. Y el perro, moviendo la cola, signo, yo creo, que en estos pobres seres corresponde a la risa y a la sonrisa, se acerca y coloca curioso su húmeda nariz en el frasco destapado; después, retrocediendo repentinamente con temor, me ladra a manera de reproche. —Ah, miserable perro, si te hubiera ofrecido un montón de excrementos los hubieras olfateado con placer y acaso los hubieras devorado. Así tú, indigno compañero de mi triste vida, te asemejas a la gente, a quien nunca se ha de ofrecer perfumes delicados que le irrite [sic], sino basura cuidadosamente escogida. EMBRIAGAOS 25 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire Es preciso estar siempre ebrio. Esto es todo: la única cuestión. Para no sentir la horrible carga del tiempo que desgarra vuestros hombros y os inclina sobre la tierra, es preciso embriagarse sin tregua. Pero ¿de qué? De vino, de poesía o de virtud, como os parezca. Pero embriagaos. Y si alguna vez, en las escaleras de un palacio, en la verde hierba de una zanja, en la triste soledad de vuestro cuarto, os despertáis, disminuida o desaparecida ya la embriaguez, preguntadle al viento, a la ola, a la estrella, al pájaro, al reloj, a todo lo que huye, a todo lo que gime, a todo lo que rueda, a todo lo que canta, a todo lo que habla, preguntadle qué hora es, y el viento, la ola, la estrella, el pájaro y el reloj os responderán: «¡Es la hora de embriagarse! ¡Para no ser martirizados, esclavos del tiempo, embriagaos, embriagaos sin cesar! De vino, de poesía o de virtud, como os parezca». 26 Anexos ANEXO 10: RECUERDO DE INFANCIA – FÉLIX GRANDE (Badajoz, 1937-) RECUERDO DE INFANCIA Hoy el periódico traía sangre igual que de costumbre venía chorreando como la tráquea de un ternero sacrificado he visto chotos cabras vacas durante su degüello bajo el agujero del cuello una orza se va llenando de sangre los animales se contraen en sacudidas cada vez más nimias de pronto ya no respiran ni por la nariz ni por la boca sino por la abertura que la navaja hizo en la tráquea en la cual aparecen burbujas a cada nueva respiración a menudo parece que están completamente muertos y no obstante aún se agitan una o dos veces suavemente ahora sus ojos ya no miran tienen como una niebla un teloncillo de color indeterminado que recuerda al ceniza entonces el carnicero se incorpora con las manos manchadas y procede a desollar y trocear el animal cadáver para después pesarlo venderlo en porciones hacer su negocio hoy el periódico traía sangre lo mismo que otros días acaso unos cuantos estertores más que de hábito pero cómo saberlo hay países que no especifican por ejemplo el departamento de estado no da las cifras de las bajas únicamente les agrega apellidos bajas insignificantes bajas ligeras bajas moderadas hoy el periódico traía sangre en volumen considerable y mientras leo pacientemente civilizadamente el intento de justificación de esos destrozos escrito de sutil manera recuerdo vacas chotos la gran orza en el suelo y recuerdo imagino pienso que unos cuantos carniceros continúan desollando troceando pesando en sus básculas haciendo su negocio mediante esos pobres animales sacrificados. 27 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire ANEXO 11: ÍNDICE ONOMÁSTICO DE PERSONAJES REALES QUE APARECEN EN EP1 ARETINO, PIETRO (1492-1556). [L] Poeta, escritor y dramaturgo italiano, escribió textos que acompañaron las obras de su amigo Tiziano, así como poesía de carácter licencioso y satírico. Protegido por poderosos que acaso temieran sufrir el castigo de su pluma, sus escritos le obligaron a exiliarse, primero de su Arezzo natal y luego de Roma, y murió en Venecia probablemente a causa de un ataque cerebral. BERTRAND, ALOYSIUS (1807-1841). [A Arsène Houssaye] Considerado el padre del poema en prosa, Bertrand escribió una única obra que pasaría a la posteridad, Gaspard de la Noche, publicada con prefacio de SAINTE-BEUVE por David Angers y Victor Pavie, que lo calificaría de «uno de los mayores desastres de la librería». ARSÈNE HOUSSAYE citaría a Bertrand en su libro Voyage à ma fenêtre (1851). El subtítulo de la obra de Bertrand, Fantasías a la manera de Rembrandt y Callot, remite sus poemas, y por analogía los poemas en prosa de Baudelaire, al ut pictura poesis de HORACIO. BUFFON, GEORGES LOUIS LECLERC CONDE DE (1707-1788). [L] Ilustrado autor de una Historia Natural en 36 tomos que aparecerían entre 1749 y 1789, donde la zoología ocuparía un lugar central. Según Robert Kopp, Baudelaire consideraba al académico «un maestro en materia de lengua y estilo» a la altura de LA BRUYÈRE, CHATEAUBRIAND o Gautier. EPICURO DE SAMOS (341-270 a.C.). [XLV] Filósofo griego cuyo pensamiento promulgaba el placer en la medida en que este condujera a la felicidad y alejara al hombre del sufrimiento (hedonismo racional). HORACIO FLACO, QUINTO (65-8 a.C). [XLV] Poeta del carpe diem, al que se refiere Baudelaire en este poema, también acuñó en el verso 361 de su Arte poética la 1 Destacado entre corchetes el poema en el que se halla la referencia. 28 Anexos expresión ut pictura poesis, «la poesía es como la pintura». A este respecto, podemos remitirnos a la sección Cuadros parisinos de Las Flores del mal, amén de a los propios poemas en prosa, auténtica ékfrasis poética de retablos de la gran urbe, figurados o no (para Robert Kopp, [VI] podría inspirarse en un capricho de Goya, Tú que no puedes; ver también más abajo la nota sobre JOSEPH STEVENS). HOUSSAYE, ARSÈNE (1815-1896). Hombre de letras que dirigía La Presse cuando Baudelaire publicó en dicho periódico Le Spleen de Paris, que el poeta le dedicó en un texto [A Arsène Houssaye] empleado por Banville y Asselineau como encabezamiento de la totalidad de poemas en la edición póstuma de 1869 (ver también la introducción a esta edición). Arsène Houssaye escribirá un poema en prosa titulado La canción del vidriero; «grito estridente», dirá Baudelaire en su dedicatoria, que contestará además su «exaltación fraternitaria» –en palabras de Murphy– en [IX] El mal vidriero). LA BRUYÈRE, JEAN DE (1645-1696). [XXIII] Moralista francés, «maestro inimitable» (El pintor de la vida moderna), escribió en su obra principal Les caractères (1688): «Todo nuestro mal viene de no poder estar solos: de ahí el juego, el lujo, la disipación, el vino, las mujeres, la ignorancia, el infundio, la envidia, el olvido de sí mismo y de Dios». LÉLUT, LOUIS FRANÇOIS (1804-1877); BAILLARGER, JULES GABRIEL FRANÇOIS (18091890). [XLIX] Médicos alienistas que aplicaron en varias obras la ciencia psicológica a la ciencia histórica con la intención de probar que el daimon socrático demostraba que el filósofo griego estaba loco. LISZT, FRANZ (1811-1886). [XXXII] Baudelaire y el célebre compositor se conocen en 1861 e intercambian respectivamente sendas copias dedicadas de Los paraísos artificiales (1860) y De los bohemios y su música en Hungría (1859). Según Robert Kopp, esta obra inspiraría al poeta Las vocaciones [XXXI]. MANET, ÉDOUARD (1832-1883). [XXX] Robert Kopp apunta que Manet, a quien Baudelaire dedica La cuerda, sería asimismo el narrador de este «cuento cruel» que se basaría en un hecho real: así, su desdichado protagonista sería un muchacho de nombre Alexandre que sirvió de modelo para el cuadro El niño de las cerezas (1858/1859) y el 29 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire grabado El chico y el perro (1861/1862), y que acabaría ahorcándose en el estudio del pintor. MAURIN, NICOLAS (1799-1850). [XLVII] Grabador que expuso en el Salón de 1833 a 1835, en El pintor de la vida moderna, ensayo dedicado a otro grabador, Constantin Guys, Baudelaire lo llama «historiador de las gracias fraudulentas de la Restauración». PASCAL, BLAISE (1623-1662). [XXIII] En Pensamientos, obra publicada en 1670 a partir de notas y aforismos encontrados en diversos manuscritos, el sabio mantiene que «toda la infelicidad de los hombres viene de una sola cosa, que es no saber quedarse reposando en una habitación». PROUDHON, PIERRE-JOSEPH (1809-1865). Filósofo y escritor anarquista autor, entre otras muchas, de un ensayo sobre la propiedad (a la cual equiparaba al robo) y de una Filosofía de la miseria publicada en 1846, y a la que su hasta entonces amigo Karl Marx respondería un año más tarde con su Miseria de la filosofía. El manuscrito del poema [XLIX] acaba con la irónica frase (aparte): «¿Qué te parece, ciudadano Proudhon?», lo que incita a relacionar los libros criticados al principio del poema con la obra del filósofo. Por lo demás, la pieza, rechazada por La Revue nationale en 1865, fue probablemente escrita a la muerte de Proudhon, al que Courbet, que había pintado a un Baudelaire lector en 1847, dedicaría también un retrato el año de su deceso. RÉGNIER, MATHURIN (1573-1613). [XLVII] Poeta de carácter satírico que al decir de Asselineau influyó en el joven Baudelaire. La pluma de Victor Hugo quiere en Los miserables que Régnier se emborrachara en la misma mesa de la misma taberna que el pintor Charles-Joseph Natoire (1700-1777). RENÉ (CHATEAUBRIAND, FRANÇOIS RENÉ DE. 1768-1848). [V] La «Sílfide» es una referencia a la mujer ideal que puebla como un fantasma constante su Memorias de ultratumba (1848), autobiografía que también aparecería en forma de folletín en La Presse. Entre sus notas publicadas de forma póstuma, Baudelaire consideraba en un nuevo ejercicio de correspondencia a Chateaubriand, junto con Alphonse Rabbe y Edgar A. Poe, como «la nota eterna, el estilo eterno y cosmopolita». 30 Anexos ROQUEPLAN, NESTOR (1805-1870). [L] Director de ópera y teatro, escritor, periodista y, ante todo, dandi, un folletín de Roqueplan publicado por primera vez el 16 de mayo de 1857 en La Presse serviría, por decirlo de algún modo, de cantera de imágenes a Los buenos perros. SAINTE-BEUVE, CHARLES-AUGUSTIN (1804-1869). [L] Considerado el padre de la crítica moderna, fue también folletinista y escribió acerca de la obra de [5] CHATEAUBRIAND y [XLIX] PIERRE-JOSEPH PROUDHON. [A Arsène Houssaye] En 1842, prologó la primera edición, póstuma, del Gaspard de la Noche de ALOYSIUS BERTRAND. SANTERRE, ANTOINE-JOSEPH (1752-1809). [XXIII] General de la Guardia Nacional que ordenó que redoblaran los tambores antes de la ejecución de Luis XVI para evitar que el pueblo oyera las últimas palabras del Borbón. STERNE, LAURENCE (1713-1768). [L] Más conocido por su Tristram Shandy, publicó en 1768 Viaje sentimental por Francia e Italia. Baudelaire hace referencia al capítulo «Nampont: el asno muerto» de esta última obra. También en su Salón de 1859 comparará este episodio a la visión de un «niño grotescamente vestido que retuerce con torpeza su gorra en el templos de Dios» en el cuadro El Ángelus (1859) de Alphonse Legros. STEVENS, JOSEPH (1819-1892). [L] Pintor belga de la miseria a través de los perros; según la nota que acompañaba al poema Los buenos perros en su primera publicación en L’Indépendance belge, y que sería confirmado por Poulet-Malassis, antiguo editor de Baudelaire, el poema se basaría en un hecho real: durante su estancia en Bélgica, Baudelaire se encaprichó por un chaleco de Stevens que consideraba sugestivo y el pintor se lo regaló con la condición de que el poeta escribiera algunas líneas en honor a los perros de los pobres. Baudelaire tomaría inspiración en el cuadro de Stevens Interior de saltimbanqui, expuesto en el Salón de 1857, que había podido contemplar en la colección Crabbe de Bruselas. SWEDENBORG, EMANUEL (1688-1772). [XVIII] Autor de Del cielo y sus maravillas y del infierno y del Tratado de las representaciones y de las correspondencias, donde 31 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire define la famosa teoría que dará nombre al celebérrimo poema Correspondencias de Las Flores del Mal. TEÓCRITO (310-260 a.C.) [L] Poeta griego, padre de la poesía bucólica autor de los Idilios, donde celebra la vida campesina mayormente mediante diálogos entre pastores. VAUVENARGUES, LUC DE CLAPIERS MARQUÉS DE (1715-1747) [XIII]. Baudelaire se remite al pasaje «Sobre las miserias ocultas» de las Reflexiones y máximas (1746) de este moralista: [...] no hay día que al entrar al Luxemburgo o a cualquier otro jardín público no me vea rodeado de todas las miserias sordas que acucian a los hombres[. E]n las alamedas apartadas encuentro miserables que rehuyen la vista de los felices, viejos que ocultan la vergüenza de su pobreza, jóvenes que el error de la gloria mantiene alejados de sus quimeras; mujeres condenadas al oprobio por la ley de la necesidad, ambiciosos que acaso concierten temeridades inútiles para salir de la oscuridad. VIRGILIO MARÓN, PUBLIO (70-19 a.C.). [L] Autor de Las bucólicas, poemas que imitaban la manera pastoril de los Idilios del griego TEÓCRITO. Virgilio guía a Dante en su Divina Comedia a través de los círculos del Infierno y el Purgatorio, y así lo representarían numerosos artistas del XIX como Delacroix, cuyo Dante y Virgilio (1822) fascinaba a Baudelaire. 32 Anexos ANEXO 12: TRADUCCIONES DE XXIX – LE JOUEUR GÉNÉREUX 1905: EUSEBIO HERAS XXIX – EL JUGADOR GENEROSO Ayer, á través de la muchedumbre del bulevar, me sentí codeado por un Ser misterioso á quien había siempre querido conocer, y á quien reconocí en seguida, aun cuando jamás le hubiera visto. Había, sin duda, en él, con respecto á mí, un deseo análogo, porque, al pasar, hízome un guiño significativo, al cual me apresuré yo á obedecer. Le seguí atentamente, y pronto bajé detrás de él á una morada subterránea, deslumbrante, en la cual reinaba un lujo de que no hubieran dado ejemplo aproximado las más elegantes habitaciones de París. Me pareció singularísimo haber podido pasar tantas veces junto á aquella prestigiosa guarida sin adivinar su entrada. Reinaba allí una atmósfera exquisita, aunque embriagadora, que hacía olvidar casi instantáneamente todos los fastidiosos horrores de la vida; respirábase una sombría beatitud, análoga á la que debieron experimentar los comedores de Loto cuando, al desembarcar en una isla encantada, alumbrada por los fulgores de una eterna tarde, sintieron nacer en sí, bajo los sonidos adormecedores de las melodiosas cascadas, el deseo de no volver á ver nunca sus casas, sus mujeres, sus hijos, y de no volver á viajar nunca por la superficie del mar. Había allí rostros extraños de hombres y de mujeres, marcados por una belleza fatal, que me parecía haber visto ya en épocas y en países de los cuales me era imposible acordarme exactamente, y que me inspiraban más bien una simpatía fraternal que aquel temor que nace ordinariamente en presencia de un desconocido. Si quisiera tratar de definir de un modo cualquiera la expresión singular de sus miradas, diría que nunca ví ojos en que brillasen más enérgicamente el horror del fastidio y el deseo inmortal de sentirse vivir. Al sentarnos, mi anfitrión y yo éramos ya viejos y buenos amigos. Comimos, bebimos con exceso de toda clase de vinos extraordinarios, y, cosa no menos extraordinaria, me parecía, al cabo de algunas horas, que no estaba más borracho que él. Mientras tanto el juego, ese placer sobrehumano, había cortado á ratos nuestras frecuentes libaciones, y debo decir que yo había jugado y perdido mi alma, en empeñada partida, con una despreocupación y una ligereza heroicas. El alma es una cosa tan impalpable, inútil con tanta frecuencia y á veces tan fastidiosa, que vine á experimentar, en lo que á pérdida tal respecta, una emoción algo menor que si hubiese perdido dando un paseo mi tarjeta de visita. Fumamos largamente algunos cigarros cuyo sabor y perfume incomparables daban al alma la nostalgia de un país y de dichas desconocidas, y, embriagado con delicias tantas, me atreví en un acceso 33 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire de familiaridad que no pareció desagradarle, á exclamar, apoderándome de una copa llena hasta los bordes: “¡A la inmortal salud de usted, viejo Macho cabrío!” Hablamos también del universo, de su creación y de su futura destrucción; de la gran idea del siglo, es decir, del progreso y de la perfectibilidad, y, en general, de todas las formas de la fatuidad humana. Acerca de este punto, Su Alteza no escaseaba las bromas ligeras é irrefutables; y se expresaba con una suavidad de dicción y una tranquilidad en la bufonada que no he encontrado en ninguno de los más célebres decidores de la humanidad. Me explicó lo absurdo de las distintas filosofías que hasta entonces habían tomado posesión del cerebro humano, y hasta se dignó hablarme confidencialmente de algunos principios fundamentales, de los cuales no me conviene compartir los beneficios y la propiedad con nadie. No se quejó en manera alguna de la mala reputación de que goza en todas partes, asegurándome que era la persona más interesada en la destrucción de la superstición, y me confesó que no había tenido miedo, con respecto á su propio poder, más que una vez, cierto día que oyó á un predicador, más sutil que sus colegas, exclamar desde el púlpito: “Mis queridos hermanos, no olvidéis nunca, cuando oigáis alabar el progreso de las luces, que la más bella de las farsas del diablo es persuadiros de que no existe.” El recuerdo de este célebre orador nos condujo naturalmente al asunto de las academias; y mi extraño anfitrión me aseguró que no le sabía mal, en muchos casos, inspirar la pluma, la palabra y la conciencia de los pedagogos, y que asistía casi siempre en persona, aunque invisible, á todas las sesiones académicas. Animado por tantas bondades, le pedí noticias de Dios, y le pregunté si le había visto recientemente. Me respondió con una indiferencia en que se veía cierta tristeza: “Nos saludamos cuando nos encontramos; pero como dos hidalgos en quienes una cortesía innata no puede extinguir por completo el recuerdo de antiguos rencores”. Dudoso es que Su Alteza haya nunca dado tan larga audiencia á un simple mortal, y temía estar abusando. Por último, como el alba temblorosa blanquease ya los vidrios, aquel célebre personaje, cantado por tantos poetas y servido por tantos filósofos, que sin saberlo trabajan para su gloria, me dijo: “Quiero que conserve usted de mí buen recuerdo, y probarle que yo, que tan mal tratado soy, soy á veces buen diablo, sirviéndome de una de las locuciones vulgares de ustedes. A fin de compensar la irremediable pérdida que ha tenido usted de su alma, le doy el premio que hubiese usted ganado si la suerte le hubiera sido propicia, es decir, la posibilidad de aliviar y vencer, durante su vida, la chocante afección del Aburrimiento, que es la fuente de todas las enfermedades y todos los miserables progresos de ustedes. Nunca tendrá usted un deseo que yo no le ayude á realizar; reinará usted sobre sus vulgares semejantes; será usted halagado y hasta adorado; el dinero, el oro, los brillantes, los palacios fantásticos, les buscarán á usted y le rogarán los acepte, sin que haya usted hecho un esfuerzo para ganarlos; cambiará como usted de patria y de comarca tan á menudo como su fantasía se lo ordene; se hartará usted de voluptuosidades, sin cansarse nunca, en países encantadores en que hace siempre calor y donde las mujeres huelen tan bien como las flores... Etcétera, etcétera”, añadió levantándose y despidiéndome con una sonrisa. 34 Anexos Si no hubiera sido por el temor de humillarme ante tan numerosa asamblea, de buena gana hubiese caído de rodillas á los pies de aquel generoso jugador para darle las gracias por su inusitada munificencia. Pero poco á poco, luego de separarme de él, la incurable desconfianza volvió a mi pecho; no me atreví á creer en tan prodigiosa dicha; y, al acostarme, haciendo aún mi oración por un resto de costumbre imbécil, repetía en un ensueño: “¡Dios mío! ¡Señor, Dios mío! ¡haced que el diablo cumpla su palabra!” 1918: JOSÉ FRANCÉS XXIX EL JUGADOR GENEROSO Ayer, en medio de la muchedumbre del bulevar, sentí que me rozaba un ser misterioso al que siempre había deseado conocer, y al que reconocí en seguida, aunque no le había visto nunca. Seguramente sentía, respecto de mí, un deseo análogo, porque al pasar me guiñó el ojo de un modo significativo que me obligó a seguirle. Bien pronto descendí detrás de él en una mansión subterránea y deslumbradora donde resplandecía un lujo del que ninguno de los salones principales de París podía ofrecer un ejemplo aproximado. Me pareció singular que hubiese podido pasar tantas veces al lado de aquel prestigioso refugio sin adivinar su entrada. Reinaba allí una atmósfera exquisita y capitosa que hacía olvidar instantáneamente todos los fastidiosos horrores de la vida. Se respiraba allí una sombría beatitud análoga a la que deben sentir los comedores de lotos cuando, desembarcando en una isla encantada, iluminada por los fulgores de una tarde eterna, sienten nacer en ellos, al son adormecedor de gloriosas cascadas, el deseo de no ver nunca más sus penates, sus mujeres, sus hijos, de no remontar nunca las altas olas del mar. Había allí rostros extraños de hombres y de mujeres, maculados de una belleza fatal, y que me parecía haberles visto ya en épocas y en países de los cuales me era imposible acordarme exactamente; rostros que me inspiraban una simpatía fraternal en vez de ese temor que brota ordinariamente frente a un desconocido. Si quisiera definir la expresión singular de sus miradas, diría que nunca he visto brillar en los ojos más enérgicamente el horror del fastidio y el deseo inmortal de sentirse vivir. Mi huésped y yo nos habíamos ya hecho viejos y perfectos amigos. Comimos y bebimos exageradamente de toda clase de vinos extraordinarios, y —lo que es más extraordinario todavía— me pareció después de muchas horas, que yo no estaba más borracho que él. Mientras tanto el juego, ese placer sobrehumano, había cortado, con diversos intervalos, nuestras frecuentes privaciones. Y debo decir que había jugado y perdido mi alma con una inconsciencia y una ligereza heroicas. El alma es una cosa tan impalpable, tan inútil a veces y casi siempre molesta, que no sentí al perderla más emoción que si hubiera perdido durante un paseo una tarjeta de visita. 35 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire Fumamos mucho tiempo algunos cigarros cuyo sabor y perfume incomparable producían la nostalgia de países y dichas desconocidas. Enervado de todas estas delicias me atreví, en un acceso de familiaridad que no pareció desagradarle mucho, exclamar levantando una copa llena hasta el borde: —¡A vuestra inmortal salud, viejo Macho cabrío! Hablamos también del universo, de su creación y de su destrucción futura, de la gran idea del siglo, es decir, del progreso y de la perfectibilidad y, en general, de todas las formas del enfautamiento [sic] humano. Sobre este punto su alteza empleaba bromas ligeras e irrefutables, y se expresaba con una suavidad de dicción y una tranquilidad zumbona que no he encontrado en ninguno de los más célebres conversadores de la humanidad. Me explicó lo absurdo de las diferentes filosofías que habían hasta entonces tomado posesión del cerebro humano y se dignó hacerme la confidencia de algunos principios fundamentales, de los cuales no me conviene compartir los beneficios y la propiedad con el primero que se presente. No se quejó de ningún modo de la mala reputación que tiene en todas las partes del mundo, y me aseguró que era precisamente el más interesado en destruir la superstición, confesándome que la única vez en que tuvo miedo de perder su poderío, fue oyendo decir a un predicador más sutil que sus compañeros, desde el púlpito: «No olvidéis, queridos hermanos, cuando oigáis elogiar el progreso de las luces, que la mayor astucia del diablo es la de pesuadirnos [sic] que [sic] no existe». El recuerdo de este célebre orador nos llevó, naturalmente, a hablar de las academias, y mi extraño anfitrión me afirmó que en muchos casos no desdeñaba inspirar la pluma, la palabra y la conciencia e los pedagogos, y que asistía casi siempre en persona, aunque invisible, a todas las sesiones académicas. Animado por tantas bondades le pedí noticias de Dios y le pregunté si le había visto recientemente. Me contestó con una despreocupación no exenta de cierta tristeza. Cuando nos encontramos nos saludamos ceremoniosamente como dos viejos gentiles hombres en quienes la innata cortesía no logra extinguir por completo el recuerdo de antiguos rencores. Dudo que nunca haya concedido su alteza una audiencia tan larga a un simple mortal. No me atreví, por lo tanto, a abusar por más tiempo. Y cuando el alba temblorosa blanqueaba ya los cristales, el célebre personaje, cantado ya por tantos poetas y servido por tantos filósofos que trabajan para su gloria sin darse cuenta de ello, me dijo: —Quiero que conserve usted de mí un buen recuerdo y probarle que yo, de quien se han dicho tantas cosas malas, soy a veces un pobre diablo, como dice una de vuestras vulgares frases. A fin de compensar la pérdida irreparable de su alma, le concedo a usted la puesta que hubiese ganado si la suerte le hubiera sido favorable; es decir, la posibilidad de aliviar y de vencer durante toda su vida ese extraño afecto del hastío que es la fuente de todas sus enfermedades y de todos los miserables progresos. Nunca sentirá usted un deseo sin que yo le ayude a realizarlo; reinará sobre la vulgaridad de sus semejantes; le adularán e incluso le prestarán adoración; la plata, el oro, los diamantes, los palacios fabulosos, vendrán a buscarle sin que haga el menor esfuerzo para conseguirlo; cambiará de patria y de comarca cuantas veces lo desee; se embriagará de voluptuosidades sin cansarse nunca, en países encantadores donde hace 36 Anexos siempre calor y donde las mujeres huelen tan bien como las flores, y etc., etc., etc. —añadió levantándose y despidiéndose con afable sonrisa. Si no hubiera sido por el temor de humillarme delante de aquella asamblea, me hubiese arrojado de muy buena gana a los pies de aquel jugador generoso para agradecerle su inaudita munificencia. Pero más tarde, cuando me separé de él, volví a sentir la incurable desconfianza. No me atreví a creer en una felicidad tan prodigiosa, y al acostarme repitiendo mis oraciones por una costumbre imbécil, repetí entre sueños: —Dios mío, ¡oh Señor!, haced que el diablo me cumpla su palabra. 1920: ENRIQUE DÍEZ-CANEDO XXIX EL JUGADOR GENEROSO Ayer, entre la muchedumbre del bulevar, sentí que me rozaba un ser misterioso que siempre tuve deseo de conocer, y a quien reconocí en seguida, aunque no le hubiese visto jamás. Había, sin duda, en él para conmigo un deseo análogo, porque al pasar me lanzó significativamente un guiño, al que me di prisa por obedecer. Le seguí con atención, y pronto bajé detrás de él a una mansión subterránea deslumbradora, en que brillaba un lujo del cual ninguna de las habitaciones superiores de París podría ofrecer ejemplo aproximado. Parecíame raro que hubiese podido yo pasar tan a menudo cerca de aquel misterioso cobijo sin adivinar su entrada. Reinaba allí una atmósfera exquisita, aunque de mareo, que casi hacía olvidar instantáneamente todos los fastidiosos horrores de la vida; respirábase allí una sombría beatitud, análoga a la que debieron de sentir los comedores de loto cuando, al desembarcar en una isla encantada, iluminada por los resplandores de una eterna prima tarde, sintieron nacer dentro de sí el sonido adormecedor de las cascadas melodiosas, el deseo de no volver a ver nunca a sus penates, a sus mujeres, a sus hijos, y de no tornar nunca a mecerse en las altas olas del mar. Había allí rastros [sic] extraños de hombres y de mujeres, señalados por una hermosura fatal, que me parecía haber ya visto en épocas y en países que no podía recordar exactamente, y antes me inspirataban fraternal simpatía que ese temor nacido de ordinario al aspecto de lo desconocido. Si intentara definir de un modo cualquiera la expresión singular de sus miradas, diría que nunca vi ojos en que más enérgicamente brillara el horror del hastío y el deseo inmortal de sentirse vivir. Mi huésped y yo éramos ya, cuando nos sentamos, antiguos y perfectos amigos. Comimos y bebimos sin tasa toda clase de vinos extraordinarios, y lo que es más extraordinario aún, me pareció, después de varias horas, que yo no estaba más borracho que él. Sin embargo, el juego, placer sobrehumano, había interrumpido con diversos intervalos nuestras libaciones frecuentes, y tengo que deciros que me había jugado y perdido el alma, mano a mano, con una despreocupación y una ligereza heroicas. El alma es cosa tan impalpable, tan inútil a menudo, y en ocasiones tan molesta que al perderla, 37 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire no sentí más que una emoción algo menor que si se me hubiera extraviado, yendo de paseo, una tarjeta de visita. Fumamos largamente algunos cigarros cuyo sabor y aroma incomparables daban al alma la nostalgia de países y de venturas desconocidos, y embriagados de tantas delicias, me atreví, en un acceso de familiaridad que no me pareció desagradable, a exclamar, echando mano a una copa llena hasta el borde: «¡A vuestra salud, inmortal viejo Chivo!» Hablamos también del Universo, de su creación y de su destrucción futura; de la idea grande del siglo, es decir, del progreso y de la perfectibilidad y, en general, de todas las formas de la infatuación humana. Tratándose de esto, su alteza no agotaba las chanzas ligeras e irrefutables, expresándose con una suavidad de dicción y una tranquilidad en la chacota que no he visto nunca en ninguno de los más célebres conversadores de la Humanidad. Me explicó lo absurdo de las diferentes filosofías que se habían posesionado hasta entonces del cerebro humano, y hasta se dignó declararme, en confianza, algunos principios fundamentales cuyos beneficios y propiedad no me conviene compartir con nadie. No se quejó en lo más mínimo de la mala reputación de que goza en todas las partes del mundo; me aseguró que él, en persona, era el mayor interesado en destruir la superstición, y llegó a confesarme que no había temido por su propio poder más que una vez sola, el día en que oyó decir desde el púlpito a un predicador más listo que sus cofrades: «Queridos hermanos, no olvidéis nunca, cuando oigáis elogiar el progreso de las luces, que la más bonita astucia del diablo está en persuadiros de que no existe.» El recuerdo de aquel célebre orador nos llevó naturalmente al asunto de las academias; mi extraño huésped me afirmó que no tenía a menos, en muchos casos, inspirar la pluma, la palabra, la conciencia de los pedagogos, y que asistía siempre en persona, aunque invisible, a todas las sesiones académicas. Animado por tantas bondades, le pedí noticias de Dios y le pregunté si le había visto recientemente. Me contestó con un despego matizado de alguna tristeza: «Nos saludamos si nos vemos, pero como dos caballeros ancianos que no hubieran conseguido apagar del todo el recuerdo de pasadas rencillas en una cortesía innata.» Es dudoso que su alteza haya dado jamás audiencia tan larga a un simple mortal, y yo temía estar abusando. Por fin, cuando la trémula aurora blanqueaba los cristales, aquel famoso personaje, cantado por tantos poetas y servido por tantos filósofos que, sin saberlo, trabajan por su gloria, me dijo: «Quiero que tenga buen recuerdo de mí, y voy a demostrarle que yo, de quien tan mal se habla, soy algunas veces un buen diablo, para servirme de una locución vulgar. En compensación por la pérdida irremediable de su alma, le doy la puesta que hubiese ganado si la suerte se hubiera declarado a favor suyo, es decir, la posibilidad de aliviar y de vencer, durante toda la vida, esa rara afección del hastío, fuente de todas vuestras enfermedades y de todos vuestros miserables progresos. Nunca formulará deseo que yo no le ayude a realizar; reinará sobre todos sus vulgares semejantes; tendrá buena provisión de halagos y aun de adoraciones; la plata, el oro, los diamantes, los palacios de magia saldrán a buscarle, y le rogarán que los acepte, sin que haya necesidad de esfuerzo para guardarlos; cambiará de patria y de país tan a menudo como su fantasía se lo ordene; se emborrachará de placeres, sin cansancio, en países encantadores donde siempre hace calor y donde las mujeres huelen tan bien como las flores, etc., etc…», añadió levantándose y despidiéndome con amable sonrisa. 38 Anexos Si no hubiera sido por temor a humillarme delante de tan numerosa asamblea, de buena gana hubiese yo caído a los pies del generoso jugador, para darle las gracias por su munificencia inaudita. Pero poco a poco, luego que le hube dejado, fue volviendo a mi seno la desconfianza incurable; no me atreví ya a creer en felicidad tan prodigiosa, y mientras me acostaba, rezando una vez más por un resto de costumbre imbécil, repetíame medio dormido: «¡Dios mío! ¡Señor Dios mío! ¡Haced que el diablo me cumpla su palabra!» 1942: AGUSTÍN ESCLASANS XXIX – EL JUGADOR GENEROSO Ayer, a través de la multitud del Boulevard, me sentí rozado por un Ser misterioso, que siempre había deseado conocer, y que reconocí en seguida, aunque no lo hubiese visto nunca. Había, sin duda, en él, relativamente a mí, un deseo análogo, pues al pasar me guiñó un ojo de un modo significativo, y yo me apresuré a obedecer. Le seguí atentamente, y pronto bajé con él a un subterráneo, una habitación deslumbrante, en la que estallaba un lujo que no encontraríamos en ninguna de las más bellas habitaciones de París. Me pareció curioso que yo hubiese podido pasar tan a menudo por el lado de ese prestigioso refugio sin adivinar su entrada. Allí reinaba una atmósfera exquisita, aunque algo corrupta, que hacía olvidar casi instantáneamente todos los fastidiosos horrores de la vida; se respiraba allí una beatitud sombría, análoga a la que debieron experimentar los comedores de loto cuando, al desembarcar en una isla encantada, iluminada por la claridad de una tarde eterna, sintieron nacer en ellos, a los sones enervantes de las melodiosas cascadas, el deseo de no volver a ver jamás sus penates, sus mujeres, sus hijos, y de no aparecer nuevamente en las altas olas del mar. Había allí rostros extraños de hombres y de mujeres, marcados por una belleza fatal, que ya me parecía haber visto en épocas pasadas y en países de los que me era imposible acordarme exactamente, y que me inspiraban más bien una simpatía fraterna que no ese temor que nace ordinariamente ante el aspecto de lo desconocido. Si yo quisiese definir, de algún modo, la expresión singular de sus miradas, diría que jamás vi ojos que brillasen más enérgicamente con el horror del tedio y el deseo inmortal de sentirse vivir. Mi huésped y yo, al sentarnos, ya éramos viejos y perfectos amigos. Comimos y bebimos, a nuestro placer, toda clase de vinos extraordinarios, y me pareció, después de muchas horas, que yo no estaba más ebrio que él. Sin embargo, el juego, ese placer sobrehumano, había cortado, a diversos intervalos, nuestras frecuentes libaciones, y debo decir que yo había jugado y perdido mi alma, en partida recia, con una despreocupación y una inconciencia heroica. El alma es una cosa tan impalpable, y a menudo tan inútil, y a veces tan molesta, que ante esa pérdida no experimenté más emoción que si hubiese perdido, en un paseo, mi tarjeta de visita. Fumamos tranquilamente algunos cigarros, cuyo sabor y perfume incomparables daban al alma la nostalgia de países y felicidades desconocidas, y embriagado por todas esas delicias, me atreví, en un 39 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire exceso de familiaridad que no pareció desagradable, a exclamar, tomando una copa llena hasta el borde: «¡A vuestra salud, inmortal viejo macho cabrío!» Hablamos también del universo: de su creación y de su futura destrucción; de la gran idea del siglo, es decir, del progreso y e la perfectabilidad, y, en general, de todas las formas de la infatuación humana. Sobre este asunto, Su Alteza no dejaba de bromear, con ironías leves e irrefutables, y se expresaba con una suavidad de dicción y una tranquilidad en la burla que no he encontrado en ninguno de los más célebres conversadores de la humanidad. Me explicó la absurdidad de las diferentes filosofías que hasta ahora han tomado posesión del cerebro humano, y hasta se dignó confiarme algunos principios fundamentales, cuyos beneficios y propiedad no me conviene compartir con nadie. No se quejó, en manera alguna, de la mala reputación de que disfruta en todas las partes del mundo; y me aseguró que ella misma era la persona más interesada en la destrucción de la superstición; y me confesó que sólo había sentido miedo, respecto a su propio poder, una sola vez, el día que escuchó a un predicador, más sutil que sus colegas, que decía entre otras cosas: «¡Mis queridos hermanos, no olvidéis nunca, cuando escuchéis alabar el progreso y eso que llaman las luces, que la más bella de las artimañas del diablo consiste en persuadiros de que él no existe!» El recuerdo de ese célebre orador nos condujo naturalmente hacia la cuestión de las academias, y mi extraño convidado me afirmó que no desdeñaba, en muchos casos, inspirar la pluma, la palabra y la conciencia de los pedagogos y que asistía casi siempre en persona, aunque invisible, a todas las sesiones académicas. Animado por tantas bondades, le pedí noticias de Dios, y le pregunté si hacía tiempo que lo había visto. Me contestó, con una indiferencia velada por cierta tristeza: «Nos saludamos cuando nos encontramos, pero como dos viejos gentileshombres, en los que una educación innata no basta para extinguir del todo el recuerdo de antiguos rencores». Es dudoso que Su Alteza haya dado nunca una audiencia a un simple mortal, y temí abusar. En fin, como que ya la aurora temblorosa emblanquecía los cristales, ese célebre personaje, cantado por tantos poetas y servido por tantos filósofos, que trabajan en favor de su gloria sin saberlo, me dijo: «Quiero que guardeis de mí un buen recuerdo, y probaros que Yo, del que se dice tanto mal, soy a veces un buen diablo, para servirme de una de vuestras locuciones vulgares. Con el fin de compensaros la pérdida irremediabe de vuestra fama, yo apuesto a que habríais ganado, si la suerte os hubiese favorecido, esto es, obtenido la posibilidad de domar y vencer, durante toda vuestra vida, esa extraña afección que se llama Tedio, fuente de todas vuestras enfermedades y de todos vuestros miserables progresos. Jamás formularéis un deseo, sin que yo os ayude a realizarlo; reinaréis sobre vuestros vulgares semejantes; obtendréis halagos, y hasta adoraciones; la plata, el oro, los diamantes, los palacios encantados, vendrán hacia vos, y os rogarán que los aceptéis, sin que debáis hacer ningún esfuerzo para ganarlos; cambiaréis de patria y de lugar tan a menudo como vuestra fantasía os lo ordene; os saturaréis de voluptuosidades, sin cansaros nunca, en países deliciosos, en los que siempre hace calor, y donde las mujeres huelen tan bien como las flores»—etcétera, etcétera... añadió él, levantándose y despidiéndome con una buena sonrisa. Si no hubiese temido humillarme ante una tan grande asamblea, habría caído a los pies de aquel jugador generoso, para darle gracias por su inusitada munificencia. Pero, poco a poco, cuando le hube 40 Anexos dejado, la incurable desconfianza penetró en mi pecho; no me atrevía a creer en tan prodigiosa felicidad, y al acostarme, haciendo otra vez mi plegaria cotidiana, repetí ya medio dormido: «¡Dios mío! ¡Señor! ¡Dios mío! ¡Haced que el diablo cumpla su palabra! » 1973: VICENTE GIL VILACHE XXIX EL JUGADOR GENEROSO Ayer, entre la muchedumbre del bulevar, me sentí rozado por un Ser misterioso que siempre había deseado conocer y que reconocí en seguida, aunque nunca lo había visto. Tenía sin duda con relación a mí, el mismo deseo, pues al pasar me hizo un guiño significativo al que yo me apresuré a obedecer. Le seguí atentamente y pronto bajé detrás de él a una estancia subterránea, deslumbradora, donde resplandecía un lujo con el que no podía competir el de ninguna de las habitaciones superiores de París. Me parecía extraño que yo hubiese pasado tan a menudo cerca de aquella prestigiosa guarida sin advertir su entrada. Allí reinaba una atmósfera exquisita, aunque mareante, que hacía olvidar casi al momento todos los fastidiosos horrores de la vida; se respiraba una beatitud sombría semejante a la que debieron experimentar los comedores de loto cuando al desembarcar en una isla encantada, iluminada por los fulgores de un eterno mediodía, sintieron nacer en ellos, a los sones adormecedores de las melodiosas cascadas, el deseo de no volver a ver nunca más sus hogares, sus mujeres, sus hijos, y de no volver nunca más a mecerse en las altas olas del mar. Había allí rostros extraños de hombres y mujeres marcados con una belleza fatal, que me parecía haber ya visto en otras épocas y en otros países de los que me era imposible acordarme exactamente, y que me inspiraban más bien una simpatía fraternal que ese temor que nace ordinariamente a la vista de lo desconocido. Si quisiese intentar definir de cualquier forma la expresión singular de sus miradas diría que nunca vi ojos en que brillase con más fuerza el horror al hastío y el deseo inmortal de sentirse vivir. Al sentarnos, mi huésped y yo éramos ya viejos y perfectos amigos. Comimos, bebimos sin restricción toda clase de vinos extraordinarios, y, cosa no menos extraordinaria, después de varias horas me parecía que yo no estaba más borracho que él. Sin embargo, el juego, ese placer sobrehumano, había cortado con diversos intervalos nuestras frecuentes libaciones, y tengo que decir que había jugado y perdido mi alma, mano a mano, con una indiferencia y una ligereza heroicas. El alma es una cosa tan impalpable, tan a menudo inútil y algunas veces tan molesta, que, al perderla, sentí un poco menos de emoción que si hubiese extraviado, paseándome, una tarjeta de visita. Fumamos lentamente algunos cigarros cuyo sabor y perfume incomparables daban al alma la nostalgia de países y de dichas desconocidas, y embriagado de todas aquellas delicias me atreví, en un acceso de familiaridad que no pareció desagradarle, a gritarle, amparándome en una copa llena hasta el borde. «¡A su salud, viejo Chivo!» 41 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire Hablamos también del universo, de su creación y de su futura destrucción; de la gran idea del siglo, es decir, del progreso y del perfeccionamiento, y en general, de todas las formas de la infatuación humana. Sobre este sujeto, Su Alteza no agotaba las bromas ligeras e irrefutables, y se explicaba con una suavidad de dicción y una tranquilidad tal en las cosas grotescas que yo nunca he encontrado en ninguno de los grandes conversadores de la humanidad. Me explicó lo absurdo de las diferentes filosofías que hasta entonces habían tomado posesión del cerebro humano, y hasta se dignó hacerme confidente de algunos principios fundamentales cuyos beneficios y propiedad no me conviene compartir con quien quiera. No se lamentó de ninguna forma de la mala reputación que gozaba en todas las partes del mundo; me aseguró que él mismo era la persona más interesada en la destrucción de la superstición, y me confesó que solamente una vez había tenido miedo por su propio poder, fue el día que escuchó a un predicador, más sutil que sus cofrades, gritar desde el púlpito: «Queridos hermanos, no olvidéis nunca cuando oigais [sic] alabar los progresos de las luces, que la más bella astucia del diablo es la de persuadiros de que él no existe». El recuerdo de aquel célebre orador nos condujo naturalmente hacia el tema de las academias, y mi extraño huésped me afirmó que no desdeñaba en muchos casos inspirar la pluma, la palabra y la conciencia de los pedagogos, y que asistía casi siempre en persona aunque invisible, a todas las sesiones académicas. Alentado por tantas bondades, le pedí noticias de Dios y le pregunté si le había visto recientemente. Me respondió con una indiferencia matizada de cierta tristeza: «Nos saludamos cuando nos encontramos, pero como dos viejos caballeros en los que la cortesía innata no ha sabido apagar del todo el recuerdo de antiguos rencores». Es dudoso que Su Alteza haya dado alguna vez una audiencia tan larga a un simple mortal, y yo temía abusar. Al fin, cuando la aurora estremecida blanqueaba los cristales, aquel célebre personaje, cantado por tantos poetas y servido por tantos filósofos que trabajan por su gloria sin saberlo, me dijo: «Quiero que guardes de mí un buen recuerdo y probarte que yo, de quien tanto malo se dice, soy alguna vez buen diablo, para servirme de una de vuestras locuciones vulgares. A fin de recompensarte por la pérdida irremediable de tu alma, te concedo la apuesta que hubieses ganado si la suerte hubiera estado de tu parte; es decir, la posibilidad de aliviar y de vencer durante toda tu vida, esa extraña afección del Hastío que es la fuente de todas vuestras enfermedades y de todos vuestros miserables progresos. Todos los deseos que formules te ayudaré a realizarlos; reinarás sobre tus vulgares semejantes; estarás lleno de agasajos y hasta de adoraciones; la plata, el oro, los diamantes, los palacios feéricos, vendrán a buscarte y te rogarán que los aceptes sin que tengas que hacer ningún esfuerzo para ganarlos; cambiarás de patria y de lugar tan a menudo como tu fantasía te lo ordene; te embriagarás de voluptuosidades, sin cansancio, en países encantadores donde siempre hace calor y donde las mujeres huelen tan bien como las flores, y etc., etc.», añadió levantándose y despidiéndose con una amable sonrisa. Si no hubiese sido por el temor de humillarme ante tan gran asamblea, gustoso hubiera caído a los pies de aquel jugador generoso para agradecerle su largueza inaudita. Pero, poco a poco, después que le hube dejado, volvió a mí la incurable desconfianza; ya no me atrevía a creer en una dicha tan prodigiosa, y al acostarme, rezando mi plegaria como siempre por una costumbre estúpida, repetía medio dormido: «¡Dios mío, Señor, Dios mío, haz que el diablo cumpla su palabra!» 42 Anexos 1975: ALAIN VERJAT XXXIII EL JUGADOR GENEROSO Ayer, en medio de la multitud del bulevar, sentí que me rozaba un ser misterioso que siempre había deseado conocer y al que reconocí en seguida, aunque no le había visto nunca. Él debía desear lo mismo respecto a mí porque al pasar, me guiñó el ojo de manera significativa en una invitación a la que me apresuré a corresponder. Le seguí con atención, y al cabo de poco tiempo bajaba tras él a una mansión subterránea, deslumbrante, donde se manifestaba un lujo al que no se acerca ninguna de las casas superiores de París. Me resultó extraño haber podido pasar tantas veces al lado de la entrada de esta guarida sin verla. Allí reinaba un ambiente delicioso, aunque embriagador, que hacía olvidar de inmediato todos los fastidiosos horrores de la vida; se respiraba una sombría beatitud, semejante a la que experimentaron los comedores de lotos cuando, al desembarcar en una isla encantada, iluminada por la luz de un eterno atardecer, sintieron nacer en ellos, al son adormecedor de las melodiosas cascadas, el deseo de no volver a ver nunca sus lares, sus mujeres, sus hijos, y de no volver a viajar por el alto oleaje del mar. Allí había extraños rostros de hombres y mujeres, marcados por una belleza fatal que me parecía haber visto ya en unas épocas y países que no conseguía recordar exactamente y que, más bien, me inspiraban una simpatía fraternal que aquel temor que suele nacer cuando se contempla lo desconocido. Si quisiera tratar de definir de alguna manera la singular expresión de sus miradas, diría que nunca vi brillar ojos tan enérgicamente por el horror del tedio y las inmortales ganas de sentirse vivir. Al sentarnos, mi huésped y yo, ya éramos viejos y perfectos amigos. Comimos, bebimos más de la cuenta toda suerte de vinos extraordinarios y, detalle no menos extraordinario, al cabo de varias horas, me parecía que no estaba más ebrio que él. Sin embargo, el juego, placer sobrehumano, habiá interrumpido en varias ocasiones nuestras frecuentes libaciones y debo decir que había jugado y perdido mi alma en una apuesta, con una displicencia y una ligereza heroicas. El alma es algo tan impalpable, tantas veces inútil y en ocasiones tan molesto, que, en lo que atañe a esta pérdida, no sentía más emoción que si hubiese perdido mi tarjeta de visita durante un paseo. Durante largo rato estuvimos fumando algunos puros, cuyo sabor y aroma incomparables inspiraban al alma la nostalgia de países y dichas desconocidos y, ebrios de todas estas delicias, me atreví, en un arrebato de familiaridad que no pareció resultarle desagradable, a exclamar cogiendo una copa llena hasta el borde: «¡A tu salud, viejo Cabrón!» Charlamos también del universo, de su creación y de su futura destrucción; de la gran idea del siglo, es decir, del progreso y de la perfectabilidad [sic] y, de una manera general, de todas las formas del engreimiento humano. Sobre este tema, su Alteza no paraba de contar bromas ligeras e irrefutables, y se expresaba con una flexibilidad de dicción y una serenidad en lo cómico que no encontré en ninguno de 43 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire los más famosos conversadores de la humanidad. Me explicó la absurdidad de las diversas filosofías que, hasta el momento, se habían adueñado del cerebro humano e incluso se dignó decirme confidencialmente algunos principios fundamentales cuyo beneficio no me conviene compartir con nadie. No se quejó en modo alguno de la mala fama que tiene en todo el mundo, se aseguró que era la persona que más interés tenía en la destrucción de la superstición, y me confesó que no había tenido [sic] por su poder personal más que una vez, el día en que había oído a un predicador, más sutil que sus colegas, exclamar desde el púlpito: «Queridos hermanos, cuando oigan pregonar el progreso de las luces, ¡no olviden que la mejor astucia del diablo consiste en convencerles de que no existe!» El recuerdo de este célebre orador nos llevó naturalmente al tema de las academias y mi extraño huésped me afirmó que no le repugnaba, en más de una ocasión, inspirar la pluma, la palabra y la conciencia de los pedagogos, y que presenciaba casi siempre, aunque permanecía invisible, las sesiones académicas. Animado por tantas bondades, le pedí noticias de Dios, y le pregunté si lo había visto recientemente. Me contestó con displicencia matizada de cierta tristeza: «Nos saludamos cuando nos encontramos, pero como dos viejos gentilhombres en quienes la cortesía innata no consigue borrar del todo el recuerdo de antiguas diferencias.» Es poco probable que su Alteza haya concedido nunca tan larga audiencia a un simple mortal y temía abusar. Por fin, como la trémula alba coloreaba las ventanas, el famoso personaje, celebrado por tantos poetas y servido por tantos filósofos que contribuyen a su mayor gloria sin saberlo, me dijo: «Quiero que conserve un buen recuerdo de mí, quiero demostrarle que Yo, de quien a veces dicen tantas cosas malas, soy de vez en cuando un buen diablo, para utilizar una de sus expresiones vulgares. Para compensar la irremediable pérdida de su alma, le daré lo que hubiese ganado si la muerte [sic] le hubiese favorecido, es decir, la posibilidad de vencer, durante toda su vida, esta rara dolencia del Tedio, que es la fuente de todas sus enfermedades y de todos sus despreciables progresos. No formulará nunca un deseo sin que yo le ayude a realizarlo; reinará sobre sus semejantes vulgares; no le faltarán loanzas e incluso adoradores; el dinero, el oro, los diamantes, los palacios de ensueño, le vendrán a buscar y le suplicarán que los acepte, sin que haya hecho un solo esfuerzo para ganarlos; cambiará de patria y de país tantas veces como su fantasía se lo ordene; se embriagará con voluptuosidades, sin hastiarse nunca, en países encantadores donde siempre hace calor y donde las mujeres huelen tan bien como las flores; — et coetera, et coetera [sic]…» — añadió levantándose y despidiéndome con una amable sonrisa. Si no hubiese sido por temor a humillarme ante tan numerosa asamblea, a gusto hubiese caído a los pies de este jugador generoso para agradecerle su inaudita esplendidez. Pero poco a poco, después de dejarle, la incurable desconfianza se fue deslizando en mi corazón; ya no me atrevía a creer en tan prodigiosa dicha y, al acostarme, volviendo a decir mis oraciones en un resto de estúpida costumbre, iba repitiendo entre despierto y dormido: «¡Dios mío! ¡Señor Dios mío! ¡Haz que el demonio cumpla con su palabra!» 1979: EMILIO OLCINA HAYA 44 Anexos XXIX EL JUGADOR GENEROSO Ayer, en medio de la muchedumbre de la avenida, sentí que me rozaba un Ser misterioso que yo siempre había deseado conocer, y que enseguida reconocí pese a no haberlo visto nunca. Existía en él, sin duda, respecto a mí, un deseo análogo, ya que, al pasar, me hizo un guiño significativo al que me apresuré a obedecer. Le seguí atentamente, y no tardé en bajar tras él a una morada subterránea, deslumbrante, en la que brillaba un lujo del que ninguna de las mejores mansiones de París podría dar un ejemplo aproximado. Me pareció singular el que yo hubiera podido pasar tan a menudo junto a esta prestigiosa guarida sin adivinar su entrada. Reinaba allí una atmósfera exquisita, aunque espiritosa, que hacía olvidar casi instantáneamente todos los fastidiosos horrores de la vida; se respiraba una sombría beatitud, análoga a la que debieron sentir los comedores de loto cuando, al desembarcar en una isla encantada, iluminada por las luces de un eterno atardecer, sintieron nacer en ellos, entre los sonidos adormecedores de las cascadas melodiosas, el deseo de jamás volver a ver sus penates, sus mujeres, sus hijos, y jamás volver a montar sobre las altas olas de la mar. Había allí rostros extraños de hombres y de mujeres, marcados por una fatal belleza, que me parecía haber visto anteriormente en épocas y en países de los que me era imposible acordarme exactamente, y que me inspiraban más bien una simpatía fraterna que no ese temor que nace ordinariamente cuando se contempla lo desconocido. Si pretendiera tratar de definir de alguna manera la expresión singular de sus miradas, diría que nunca había visto ojos que brillaran más enérgicamente con el horror al aburrimiento y con el deseo inmortal de sentirse vivir. Mi huésped y yo éramos ya, al sentarnos, viejos y excelentes amigos. Comimos, bebimos en exceso toda clase de vinos extraordinarios, y, cosa no menos extraordinaria, al cabo de varias horas me parecía que ni él ni yo estábamos borrachos. Entre tanto, el juego, ese placer sobrehumano, había interrumpido a distintos intervalos, nuestras frecuentes libaciones, y he de decir que había jugado y perdido mi alma, en partidas ligadas, con una despreocupación y una ligereza heroicas. El alma es una cosa tan impalpable, tan frecuentemente inútil y algunas veces tan molesta, que sólo experimenté, ante su pérdida, una turbación algo menor que si hubiera perdido, en un paseo, mi tarjeta de visita. Estuvimos fumando durante largo rato algunos cigarros cuyo sabor y perfume incomparables infundían al alma la nostalgia de países y dichas desconocidas, y, embriagado por todas esas delicias, me atreví, en un acceso de familiaridad que no pareció disgustarle, a exclamar, levantando una copa llena hasta el borde: «¡A su inmortal salud, viejo Chivo!» Charlamos también sobre el universo, su creación y su futura destrucción; sobre la gran idea del siglo, es decir, el progreso y la perfectibilidad, y, en general, sobre todas las formas de la infatuación humana. En este tema, Su Alteza era inagotable en cuanto a bromas ligeras e irrefutables, y se expresaba con una suavidad de dicción y una tranquilidad en la sorna como no las he encontrado en ninguno de los conversadores célebres de la humanidad. Me explicó lo absurdo de las distintas filosofías que hasta el momento habían tomado posesión del cerebro humano, y se dignó incluso hacerme confidencia de algunos principios fundamentales cuyos beneficios y cuya propiedad no me conviene compartir con 45 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire absolutamente nadie. No se lamentó en absoluto de la mala reputación de que goza en todas las partes del mundo, me aseguró que ella misma era la persona más interesada en la destrucción de la superstición, y me confesó que, en lo que se refería a su propio poder, no había sentido miedo más que en una ocasión, y fue el día en que oyó a un predicador, más sutil que sus colegas, exclamar desde el púlpito: «Mis queridos hermanos, ¡no olvidéis nunca, cuando oigáis elogiar el progreso de las luces, que la mejor de las astucias del diablo consiste en persuadirnos de que no existe!» El recuerdo de ese célebre orador nos condujo con toda naturalidad al tema de las academias, y mi extraño huésped me afirmó que, en muchos casos, no desdeñaba inspirar la pluma, la palabra y la conciencia de los pedagogos, y que asistía casi siempre, en persona, aunque invisible, a todas las sesiones académicas. Alentado por tantas bondades, le pedí nuevas de Dios, y le pregunté si le había visto recientemente. Me respondió, con una despreocupación matizada por cierta tristeza: «Nos saludamos cuando nos encontramos, pero como lo harían dos viejos gentileshombres en los que una cortesía innata no pudiera apagar por completo el recuerdo de viejos rencores.» Cabría dudar que Su Alteza hubiera jamás concedido una audiencia tan larga a un simple mortal, y yo temía abusar. Finalmente, cuando ya el alba temblorosa blanqueaba los cristales, ese célebre personaje, cantado por tantos poetas y servido por tantos filósofos que trabajan para su gloria sin saberlo, me dijo: «Quiero que conserve de mí un buen recuerdo, y demostrarle que pese a que se habla de Mí tan mal soy a veces un buen diablo, por emplear una de vuestras locuciones vulgares. Para compensar la pérdida irremediable de su alma, le doy la puesta [sic] que hubiera ganado si hubiera tenido la suerte de su lado, es decir, la posibilidad de aliviar y de vencer, durante toda su vida, esa extraña dolencia del Aburrimiento, fuente de todas vuestras enfermedades y de todos vuestros miserables progresos. Cada vez que forme usted un deseo, cuente con que yo le ayudaré a realizarlo; reinará sobre sus vulgares semejantes; se verá cubierto de halagos, e incluso de adoraciones; la plata, el oro, los diamantes, los palacios de fantasía, vendrán a buscarle y le rogarán que los acepte, sin que haya hecho usted ningún esfuerzo por conseguirlos; cambiará de patria y de país tan a menudo como se lo ordene su capricho; se verá saciado de voluptuosidades, sin cansancio, en los países encantadores en los que siempre hace calor y en los que las mujeres huelen tan bien como las flores, etcétera, etcétera...», añadió, poniéndose en pie y despidiéndome con una amable sonrisa. Si no hubiera sido por temor a humillarme ante tan ilustre asamblea, de buena gana me hubiera dejado caer de rodillas ante aquel jugador generoso, para darle las gracias por su inaudita munificiencia [sic]. Sin embargo, poco a poco, tras haberlo dejado, la incurable desconfianza volvió a mi pecho; no me atrevía ya a creer en una felicidad tan prodigiosa, y, al acostarme, mientras hacía una vez más mis rezos por un imbécil resto de costumbre, iba repitiendo, semidormido: «¡Dios mío! ¡Señor, Dios mío! ¡Haz que el diablo me cumpla su palabra!» 1985: JAIME URIBE 46 Anexos XXIX EL JUGADOR GENEROSO Ayer, entre la multitud del bulevar, sentí que me rozaba un Ser misterioso al que siempre deseé conocer y a quien reconocí en seguida, aunque jamás lo había visto. Sin duda él albergaba, con respecto a mí, un deseo análogo, porque, al pasar, me guiñó el ojo significativamente y me apresuré a obedecerle. Le seguí atentamente y pronto bajé tras él a una morada subterránea, deslumbrante, donde resplandecía un lujo del que ninguna de las habitaciones altas de París podía dar un ejemplo aproximado. Me pareció singular que yo hubiese podido pasar tan a menudo junto a aquella prestigiosa madriguera sin adivinar la entrada. Reinaba en ella una atmósfera exquisita, aunque embriagadora, que hacía olvidar casi al instante todos los fastidiosos horrores de la vida; se respiraba allí una beatitud sombría, análoga a la que debieron experimentar los comedores de lotos cuando, al desembarcar en una isla encantada, alumbrada por los resplandores de una eterna siesta, sintieron nacer en ellos, a los sones adormecedores de melodiosas cascadas, el deseo de no volver a ver jamás a sus penates, sus mujeres, sus hijos y de no remontarse jamás sobre las altas olas del mar. Había allí rostros extraños de hombres y mujeres, marcados por una belleza fatal, que me parecía haber visto ya en épocas y países de los que me resultaba imposible acordarme exactamente y que me inspiraban más una simpatía fraternal que el temor que surge corrientemente ante lo desconocido. Si quisiera intentar definir de alguna manera la expresión de sus miradas, diría que jamás he visto ojos donde brillara con más fuerza el horror por el hastío y el deseo inmortal de sentirse vivir. Cuando mi huésped y yo nos sentamos, ya éramos viejos y perfectos amigos. Comimos y bebimos sin mesura toda clase de vinos extraordinarios y, cosa no menos extraordinaria, me pareció, después de varias horas, que no estaba yo más borracho que él. Sin embargo, el juego, ese placer sobrehumano, había cortado a intervalos nuestras frecuentes libaciones y debo decir que yo había jugado y perdido mi alma, en parte hipotecada, con una despreocupación y una ligereza heroicas. El alma es algo tan impalpable, con frecuencia inútil y a veces tan molesta, que, al perderla, no experimenté más emoción que si hubiese extraviado mi tarjeta de vista durante un paseo. Fumamos largamente algunos cigarros de sabor y perfume incomparables que traían al espíritu la nostalgia de países y dichas desconocidas y, embriagado con todas aquellas delicias, me atreví, en un acceso de familiaridad que no pareció molestarle, a exclamar, apoderándome de una copa llena hasta el borde: «¡A tu inmortal salud, viejo Cabrón!» Hablamos también del universo, de su creación y de su futura destrucción; de la gran idea del siglo, es decir, del progreso y de la perfectibilidad y, en general, de todas las formas del engreimiento humano. Sobre este punto, Su Alteza no escatimó bromas ligeras e irrefutables, expresándose con una suavidad de dicción y una gracia tranquila como nunca he encontrado en ninguno de los más célebres charlistas de la humanidad. Me explicó el absurdo de las diferentes filosofías que hasta el presente se habían apoderado del cerebro humano y hasta se dignó confiarme algunos principios fundamentales cuyos beneficios y propiedad no me conviene compartir con nadie. De ningún modo se quejó de la mala reputación de que goza en todo el mundo y me aseguró que él mismo era la persona más interesada en destruir la superstición. Me confesó que, respecto a su propio poder, sólo una vez había sentido miedo; un 47 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire día en que oyó a un predicador, más sutil que sus colegas, exclamar desde el púlpito: «¡Mis queridos hermanos, no olvidéis nunca, cuando oigáis elogiar el progreso de las luces, que la mejor artimaña del diablo es persuadiros de que no existe!» El recuerdo de este célebre orador nos llevó naturalmente al tema de las academias, y mi extraño huésped afirmó que no desdeñaba, en muchos casos, inspirar la pluma, la palabra y la conciencia de los pedagogos, y que asistía casi siempre en persona, aunque invisible, a todas las sesiones académicas. Estimulado por tantas bondades, le pregunté si tenía noticias de Dios y si le había visto recientemente. Me respondió con despreocupación matizada de cierta tristeza: «Nos saludamos cuando nos encontramos, pero como dos viejos caballeros cuya cortesía innata no logra extinguir del todo el recuerdo de antiguos rencores.» Dudo que Su Alteza haya concedido nunca una audiencia tan larga a un simple mortal y temí abusar. Por fin, cuando la temblorosa aurora blanqueaba los cristales, el célebre personaje, cantado por tantos poetas y servido por tantos filósofos que trabajan para su gloria sin saberlo, me dijo: «Quiero que guardes de mí un buen recuerdo y quiero demostrarte que Yo, de quien se habla tan mal, soy a veces un pobre diablo, para utilizar una de vuestras expresiones vulgares. Para compensarte de la pérdida irremediable de tu alma, te concedo la baza que hubieras ganado si la suerte hubiese estado de tu parte: la posibilidad de aliviar y vencer, durante toda tu vida, esa extraña afección que es el Hastío, fuente de todas vuestras enfermedades y de todos vuestros miserables progresos. Nunca formularás un deseo que yo no te ayude a realizar, reinarás sobre tus vulgares semejantes; recibirás halagos e incluso adoración; el dinero, el oro, los diamantes, los palacios mágicos, vendrán a buscarte y te rogarán que los aceptes, sin que hayas hecho ningún esfuerzo por ganarlos; cambiarás de patria y de comarca con tanta frecuencia como tu fantasía te lo ordene; te embriagarás de voluptuosidades sin cansancio, en países encantadores donde siempre hace calor y donde las mujeres huelen tan bien como las flores…, etcétera, etcétera…», añadió levantándose y despidiéndome con una amplia sonrisa. De no haber temido humillarle ante tan gran asamblea, hubiera caído con gusto a los pies de aquel generoso jugador para agradecerle su inaudita munificencia. Pero poco a poco, tras haberme separado de él, la incurable desconfianza volvió a mi seno; ya no me atrevía a creer tan prodigiosa dicha y, cuando me acosté, diciendo una vez más mi oración por un resto de costumbre imbécil, repetía medio dormido: «¡Dios mío! ¡Señor! ¡Dios mío! ¡Haz que el diablo cumpla su palabra!» 1986: JOSÉ ANTONIO MILLÁN ALBA 29 EL JUGADOR GENEROSO Ayer, entre la muchedumbre del bulevar, me sentí rozado por un Ser misterioso al que siempre había deseado conocer y al que reconocí inmediatamente aunque no lo hubiese visto nunca. Sin duda se daba en él un deseo análogo respecto de mí, pues al pasar me hizo un significativo guiño de ojos al que 48 Anexos me apresuré a obedecer. Le seguí atentamente y pronto bajé, tras de él, a una morada subterránea, deslumbrante, donde brillaba un lujo del que ninguna de las habitaciones superiores de París podría suministrar un ejemplo aproximado. Me resultó cosa singular que hubiese podido pasar tan a menudo al lado de aquel prestigioso refugio sin haber adivinado su entrada. Reinaba allí una atmósfera exquisita, aunque embriagadora, que hacía olvidar casi instantáneamente todos los fastidiosos horrores de la vida; respirábase allí una sombría beatitud, análoga a la que debieron experimentar los comedores de loto cuando, al desembarcar en una isla encantada, iluminada por las luces un eterno atardecer, sintieron nacer en ellos, al son adormecedor de melodiosas cascadas, el deseo de no volver a ver nunca sus penates, sus mujeres, sus hijos, así como de no remontar nunca las altas olas del mar. Había allí extraños rostros de hombres y mujeres, señalados por una belleza fatal, que me parecía haber visto ya en épocas y países de los que me era imposible acordarme exactamente y que, más que ese miedo nacido de ordinario ante el aspecto de lo desconocido, me inspiraban, más bien, sentimientos de fraternidad. Si quisiera intentar definir de alguna manera la singular expresión de sus miradas, diría que nunca vi ojos que brillasen más enérgicamente por el horror del aburrimiento y por el inmortal deseo de sentirse vivir. Cuando nos sentamos, mi anfitrión y yo éramos ya viejos y perfectos amigos. Comimos y bebimos, más de lo conveniente, de toda clase de vinos extraordinarios y, cosa no menos extraordinaria, me parecía, después de varias horas, que yo no estaba más ebrio que él. Sin embargo, el juego, ese placer sobrehumano, había cortado con diversas pausas nuestras frecuentes libaciones, y debo decir que había jugado y perdido mi alma, en parte atada, con una despreocupación y una ligereza heroicas. El alma es algo tan impalpable, tan frecuentemente inútil y tan molesta en ocasiones, que sólo experimenté, respecto de esta pérdida, una emoción menos intensa que si durante un paseo hubiese perdido mi tarjeta de visita. Fumamos largamente algunos cigarros cuyo sabor y perfume incomparables hacían sentir al alma la nostalgia de países y felicidades desconocidos, y embriagado de todos estos deleites, en un acceso de familiaridad que no pareció desagradarle, osé gritar adueñándome de una copa llena hasta los bordes: «¡A vuestra inmortal salud, viejo Chivo!» Hablamos también del universo, de su creación y de su destrucción futura; de la gran idea del siglo, es decir, del progreso y la perfectibilidad y, en general, de todas las formas de enfatuación humana. Sobre este tema, Su Alteza no agotaba las bromas ligeras e irrefutables, y se expresaba con una suavidad en la dicción y una tranquilidad en la ironía que no he vuelto a encontrar en ninguno de los más célebres conversadores de la humanidad. Me explicó lo absurdo de las distintas filosofías que habían tomado posesión, hasta el presente, del cerebro humano, e incluso se dignó hacerme confidente de algunos principios fundamentales cuyos beneficios y propiedad no me conviene compartir con nadie. No se quejó en modo alguno de la mala reputación de la que goza en cualquier parte del mundo; me aseguró que él mismo era la persona más interesada en la destrucción de la superstición, y me confesó que, en lo referente a su propio poder, sólo había tenido miedo en una única ocasión, el día en que había oído a un predicador, más sutil que sus cofrades, exclamar desde el púlpito: «¡Mis queridos hermanos, no olvidéis nunca, cuando oigáis pregonar el progreso de las luces, que, de las trampas del diablo, la más lograda es persuadiros de que no existe!» 49 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire El recuerdo de este célebre orador nos condujo de forma natural hacia el tema de las academias; mi extraño huésped me afirmó que no desdeñaba, en muchos casos, inspirar la pluma, la palabra y la conciencia de los pedagogos, y que casi siempre asistía en persona, aunque invisible, a todas las sesiones académicas. Animado por tantas bondades, le pedí noticias de Dios, y si le había visto recientemente. Me respondió con una indiferencia matizada por cierta tristeza: «Nos saludamos cuando nos encontramos, pero como dos viejos gentilhombres, en quienes una innata cortesía no podría apagar enteramente el recuerdo de antiguos rencores.» Parece dudoso que Su Alteza haya concedido nunca tan larga audiencia a un simple mortal, y temí estar abusando. Finalmente, como el trémulo amanecer blanqueaba los cristales, este célebre personaje, cantado por tantos poetas y servido por tantos filósofos que trabajan para gloria de él sin saberlo, me dijo: «Quiero que guardéis un buen recuerdo de mí, y probaros que Yo, de quien se ha hablado tan mal, soy en ocasiones un buen diablo, por servirme de una de vuestras locuciones vulgares. Para compensar la irremediable pérdida de vuestra alma, os doy la apuesta que hubieseis ganado si hubieseis tenido la suerte con vos, es decir, la posibilidad de aliviar y de vender, durante toda vuestra vida, esa extraña afección del Hastío, fuente de todas vuestras enfermedades y de todos vuestros miserables progresos. Nunca habrá un deseo formulado por vos que yo no acuda a cumplirlo; reinaréis sobre vuestros vulgares semejantes; estaréis bien surtido de halagos y hasta de adoraciones; el dinero, el oro, los diamantes, los palacios mágicos vendrán a buscaros y os rogarán que los aceptéis, sin que hayáis hecho ningún esfuerzo por conseguirlos; cambiaréis de patria y de región tan a menudo como vuestra fantasía os lo ordene; os embriagaréis de voluptuosidades, sin cansaros, en encantadores países siempre cálidos y en los que las mujeres huelen tan bien como las flores, etcétera, etcétera…», añadió levantándose y despidiéndose con una bella sonrisa. Si no hubiese sido por el temor a humillarme ante tan numerosa asamblea, hubiese caído voluntariamente a los pies de este generoso jugador para agradecerle su inaudita munificencia. Pero, después de haberle dejado, fue entrando poco a poco en mi seno la incurable desconfianza; no me atreví a seguir creyendo en tan prodigiosa felicidad y, al acostarme rezando una vez más por un resto de estúpida costumbre, repetía medio dormido: «¡Dios mío, Señor mío, haced que el diablo mantenga su palabra!». 1989: ENRIQUE LÓPEZ CASTELLÓN 29 EL JUGADOR GENEROSO Ayer, en medio de la multitud del bulevar, sentí que me rozaba un ser misterioso a quien siempre había deseado conocer, y al que reconocí en seguida, a pesar de no haberle visto jamás. Sin duda él deseaba lo mismo respecto a mí, pues, al pasar, me guiñó significativamente un ojo, a lo que me apresuré a obedecer. Le seguí atentamente, y de pronto descendí tras él a una mansión subterránea, deslumbrante, 50 Anexos donde se ostentaba un lujo que no cabría encontrar en ninguna de las casas superiores de París. Me resultó curioso que hubiese podido pasar tan a menudo junto a aquella prestigiosa guarida sin percatarme de su entrada. Reinaba allí una atmósfera exquisita, aunque sofocante, que hacía olvidar casi al instante todos los fastidiosos horrores de la vida; se respiraba una beatitud sombría, semejante a la que debieron experimentar los comedores de loto cuando, al desembarcar en una isla encantada, iluminada por los resplandores de una tarde eterna, sintieron nacer en ellos, con los sones adormecedores de melodiosas cascadas, el deseo de no volver a ver nunca más sus penates, a sus mujeres ni a sus hijos, y de no volver a escalar las altas olas del mar. Había allí hombres y mujeres de rostro extraño, marcados por una belleza fatal, que me parecía haber visto ya en épocas y países que no conseguía recordar con exactitud, y que me inspiraban una simpatía fraterna y no ese temor que suele sentirse ante lo desconocido. Si pretendiera definir de algún modo la expresión singular de sus miradas, diría que nunca había visto unos ojos en los que brillara con más fuerza el horror al aburrimiento y el deseo inmortal de sentirse vivo. Cuando nos sentamos, mi anfitrión y yo éramos ya viejos y excelentes amigos. Comimos, bebimos más de la cuenta toda clase de vinos extraordinarios y, lo que no es menos extraordinario, al cabo de varias horas, me pareció que ninguno de los dos estábamos borrachos. Mientras tanto, el placer sobrehumano del juego había interrumpido con diversos intervalos nuestras frecuentes libaciones, y debo decir que me había jugado y que había perdido mi alma en una apuesta cruzada, con una despreocupación y una ligereza heoicas [sic]. El alma es algo tan impalpable, tantas veces inútil y en ocasiones molesta, que, cuando la perdí, lo sentí menos que si hubiera extraviado mi tarjeta de visita durante un paseo. Estuvimos durante largo rato fumándonos unos cigarros puros cuyo sabor y aroma incomparables infundían en el alma la nostalgia de países y dichas desconocidos, y, embriagado por todas estas delicias, me atreví, en un acceso de familiaridad que no pareció molestarle, a exclamar cogiendo una rebosante copa: «¡A vuestra salud, viejo chivo.!». Hablamos también del universo, de su creación y de su futura destrucción; de esa gran idea de nuestro siglo que es el progreso, de la posibilidad de perfeccionamiento y, en general, de todas las formas del engreimiento humano. Sobre este tema su alteza no acababa nunca de contar anécdotas graciosas, frívolas e incontestables, y se expresaba con una dicción suave y una sorna que yo no había visto nunca en ninguno de los conversadores más célebres de la humanidad. Me explicó el carácter absurdo de las distintas filosofías que hasta hoy se han adueñado del cerebro humano e incluso se dignó decirme confidencialmente algunos principios fundamentales cuyos beneficios y cuya propiedad no me conviene compartir con nadie. No se quejó en modo alguno de la mala reputación que tiene en todo el mundo, me aseguró que él era la persona más interesada en destruir la superstición y me confesó que, en lo relativo a su propio poder, no había tenido miedo más que en una ocasión y fue el día en que oyó a un predicador, más sutil que sus colegas, exclamar desde el púlpito: «¡Queridos hermanos míos, cuando oigáis alabar el progreso de las luces, no olvidéis nunca que la mayor astucia del diablo consiste en persuadirnos de que no existe!» El recuerdo de este célebre orador nos llevó naturalmente al tema de las academias, y mi extraño anfitrión me aseguró que, en muchos casos, no desdeñaba inspirar la pluma, la palabra y la conciencia de 51 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire los pedagogos, y que asistía casi siempre personalmente, aunque invisible, a todas las sesiones académicas. Animado por tantas bondades, le pedí noticias de Dios y le pregunté si le había visto recientemente. Me contestó, con despreocupación teñida de cierta tristeza: «Nos saludamos cuando nos encontramos, pero como dos viejos caballeros en quienes una cortesía innata no puede borrar del todo el recuerdo de antiguos rencores.» Es dudoso que su alteza haya concedido nunca una audiencia tan larga a un simple mortal, y yo temía abusar. Finalmente, cuando ya la aurora blanqueaba, aterida, los cristales, el célebre personaje, cantado por tantos poetas y servido por tantos filósofos que trabajan para su gloria sin saberlo, me dijo: «Quiero que conserves un buen recuerdo de mí y deseo demostrarte que yo, de quien dicen tantas cosas malas, soy a veces un buen diablo, por emplear una de vuestras expresiones corrientes. Para compensar la pérdida irremediable de tu alma que has sufrido, te regalo lo que hubieras ganado en el juego si te hubiera favorecido la suerte, es decir, la posibilidad de aliviar y de vencer, durante toda tu vida, esa extraña dolencia que es el aburrimiento, la cual constituye la causa de todas tus enfermedades y de la pobreza de tus progresos. Jamás formularás un deseo sin que yo te ayude a realizarlo; reinarás sobre tus vulgares semejantes; te verás colmado de adulaciones y hasta de adoraciones; irán en tu busca la plata, el oro, los diamantes, los palacios de ensueño y te rogarán que los aceptes, sin que hayas hecho esfuerzo alguno por conseguirlos; cambiarás de patria y de país tan a menudo como te lo ordene tu fantasía; te hartarás de voluptuosidades sin cansarte, en esos países encantadores donde siempre hace calor y las mujeres huelen tan bien como las flores, etc., etc...», añadió, levantándose y despidiéndose con una amable sonrisa. De no haber sido porque temía humillarme ante tanta gente, me habría arrojado de buena gana a los pies de aquel generoso jugador para darle las gracias por su insólita esplendidez. Pero cuando le hube dejado, fue volviendo poco a poco a mi pecho la incurable desconfianza; ya no me atrevía a creer en una felicidad tan maravillosa, y, al acostarme, mientras decía una vez más mis oraciones por una estúpida costumbre que tengo arraigada, iba repitiendo medio dormido: «¡Señor mío y Dios mío! ¡Haz que el diablo me cumpla su palabra!» 1990: MARGARITA MICHELENA XXIX EL JUGADOR GENEROSO Ayer, a través de la multitud del bulevar, me sentí rozado por un Ser misterioso al que siempre había yo deseado conocer y al que reconocí en seguida aunque no lo había visto jamás. Tenía a mi respecto un deseo análogo porque, al pasar, me hizo un guiño significativo, que me apresuré a obedecer. Le seguí atentamente y muy pronto descendí detrás de él a una morada subterránea, deslumbradora, donde brillaba un lujo del cual ninguna de las habitaciones superiores de París podría suministrar un ejemplo aproximado. Me pareció singular que yo hubiera podido pasar tan a menudo cerca de sitio tan 52 Anexos prestigioso sin adivinar la entrada. Allí reinaba una atmósfera exquisita aunque capitosa que hacía olvidar casi instantáneamente los fastidiosos horrores de la vida; allí se respiraba una beatitud sombría, análoga a la que debieron experimentar los comedores de lotos cuando, al desembocar en una isla encantada, iluminada por las luces de un eterno atardecer, sintieron nacer en sí, a los sones adormecedores de melodiosas cascadas, el deseo de no ver nunca más sus lares, ni a sus esposas, ni a sus hijos, y de no remontar jamás las altas olas de la mar. Había allí rostros extraños de hombres y mujeres marcados con una belleza fatal, que me parecían ya vistos en épocas y países que me eran difíciles de recordar exactamente y que me inspiraban más una simpatía fraternal que ese temor que nace ordinariamente ante el aspecto de lo desconocido. Si tratara yo de definir de un modo cualquiera la singularidad de sus miradas, diría que nunca he visto ojos brillar más enérgicamente por el horror al tedio y el deseo inmortal de sentirse vivir. Mi huésped y yo éramos, al sentarnos, viejos y perfectos amigos. Comimos, bebimos en exceso toda suerte de vinos extraordinarios y, cosa no menos extraordinaria, me parecía, después de muchas horas, que no estaba yo más ebrio que él. Entretanto el juego, ese placer sobrehumano, había cortado, en diversos intervalos, nuestras frecuentes libaciones, y debo decir que había yo jugado y perdido mi alma con despreocupación y ligereza heroicas. El alma es una cosa tan impalpable, tan a menudo inútil y a veces tan estorbosa, que yo no experimentaba, en cuanto a tal pérdida, sino tan poco emoción como si hubiera extraviado, en un paseo, mi tarjeta de visita. Fumamos largamente algunos cigarros cuyo sabor y perfume incomparables daban al alma la nostalgia de unos países y unas dichas desconocidos y, embriagado por todas estas delicias, osé, en un acceso de familiaridad que me pareció no disgustarle, exclamar al apoderarme de una copa llena hasta los bordes: “¡A vuestra inmortal salud, viejo Chivo!” Charlamos también del universo, de su creación y su futura destrucción y, en general, de todas las formas del engreimiento humano. Sobre este tema, Su Alteza no agotaba sus chanzas ligeras e irrefutables y se explicaba con una suavidad de dicción y una tranquilidad en la extravagancia que no he encontrado en ninguno de los más célebres charlistas de la humanidad. Me explicó lo absurdo de las diferentes filosofías que han tomado posesión, hasta el presente, del cerebro humano, y aun se dignó hacerme la confidencia de algunos principios fundamentales de los que no me conviene compartir los beneficios y la propiedad con el que sea. No se quejaba Su Alteza, en modo alguno, de la mala reputación de que goza en cualquier parte del mundo, y me aseguró él mismo que era la persona más interesada en destruir la superstición y me confesó que no había temido por su propio poder sino una sola vez, el día en que escuchó a un predicador, más sutil que sus cofrades, exclamar desde el púlpito: “Queridos hermanos, no olvidéis jamás, cuando oigáis que se alaba al progreso de las luces, que la mejor de las tretas del diablo es persuadiros de que no existe”. El recuerdo de ese célebre orador nos condujo naturalmente al tema de los académicos, y mi extraño comensal me aseguró que no desdeñaba, en muchos casos, inspirar la pluma, la palabra y la conciencia de los pedagogos y que asistía, casi siempre en persona, a todas las sesiones de los académicos. Alentado por tantas bondades, le pedí noticias de Dios y le pregunté si lo había visto recientemente. Y me respondió con una despreocupación matizada de cierta tristeza: “Nos saludamos al 53 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire encontrarnos, pero como dos viejos gentileshombres en quienes una innata cortesía no podría extinguir del todo el recuerdo de viejos rencores”. Es dudoso que Su Alteza haya dado nunca una tan larga audiencia a un mortal, y yo temía abusar. Y como, al fin, el alba temblorosa blanqueaba ya los vidrios, el célebre personaje, cantado por tantos poetas y servido por tantos filósofos que trabajan por su gloria sin saberlo, me dijo: “Quiero que guardes de mí un buen recuerdo y probarte que yo, de quien se habla tan mal, soy a veces un buen diablo, para servirme de una de vuestras locuciones vulgares. A fin de compensarte por la pérdida irremediable de tu alma, te doy la prenda que habrías ganado si la suerte hubiera estado contigo; es decir, la posibilidad de aliviar y vencer, durante toda tu vida, esa extraña enfermedad del Tedio que es el origen de todos tus males y todos tus míseros progresos. Jamás sentirás un deseo sin que yo te ayude a realizarlo; reinarás sobre tus vulgares semejantes; tendrás halagos y hasta admiración; la plata, el oro, los diamantes, los placeres frenéticos, vendrán a buscarte suplicándote que los aceptes, sin que hagas ningún esfuerzo por ganarlos; cambiarás de patria y de comarca tan a menudo como tu fantasía te lo ordene; te embriagarás de voluptuosidades sin fatiga en los países encantadores donde siempre hace calor y las mujeres huelen como las flores, etcétera, etcétera…”, añadió levantándose y despidiéndome con una gran sonrisa. Si no hubiera sido por el temor de humillarlo delante de una tan grande asamblea, de buena gana habría caído a los pies de aquel generoso jugador para agradecerle su inaudita munificencia. Pero poco a poco, después de que le dejé, la incurable desconfianza volvió a mi seno; no osaba ya creer en tan prodigiosa dicha, y al acostarme, haciendo todavía mis oraciones por un resto de costumbre imbécil, repetía yo en un semisueño: “¡Dios mío! ¡Señor, Dios mío, haz que el diablo me cumpla su palabra!” 1993: PEDRO GANDÍA BULEO XXIX EL JUGADOR GENEROSO Ayer, en medio de la muchedumbre del bulevar, sentí que me rozaba un ser misterioso al que siempre había deseado conocer, y al que reconocí de inmediato, aunque no lo hubiera visto jamás. Se daba en él, sin duda, respecto a mí, un deseo análogo, pues, al pasar, me guiñó el ojo de un modo significativo, y me apresuré a obedecerlo. Lo seguí con atención, y pronto descendí tras él a una deslumbrante morada subterránea, donde brillaba un lujo del que ninguna de las habitaciones superiores de París podría ofrecer un ejemplo aproximado. Me resultó singular que hubiera podido yo pasar tan a menudo al lado de aquel prestigioso refugio sin adivinar su entrada. Reinaba allí una atmósfera exquisita, aunque enajenante, que hacía olvidar casi instantáneamente todos los fastidiosos horrores de la vida; se respiraba allí una satisfacción sombría, análoga a la que debieron experimentar los comedores e loto cuando, al desembarcar en una isla encantada, iluminada por las luces de una eterna tarde, sintieron nacer en ellos, a los sones adormecedores de las melodiosas cascadas, el deseo de no volver a ver jamás a sus penates, a sus mujeres, a sus hijos, y de no remontar nunca las altas olas del mar. 54 Anexos Había allí extraños rostros de hombres y mueres, marcados por una belleza fatal, que me parecía haber visto ya en épocas y países de los que me resultaba imposible acordarme exactamente, y que me inspiraban más bien una simpatía fraternal que ese temor que nace de ordinario ante el aspecto de lo desconocido. Si pretendiera definir de algún modo la singular expresión de sus miradas, diría que jamás vi ojos que brillaran más enérgicamente por el horror del aburrimiento y el deseo inmortal de sentirse vivir. Mi anfitrión y yo eramos [sic] ya, cuando nos sentamos, viejos y perfectos amigos. Comimos y bebimos sin medida de toda clase de vinos extraordinarios, y, cosa no menos extraordinaria, me parecía, después de algunas horas, que yo no estaba más borracho que él. Mientras tanto, el juego, ese placer sobrehumano, había irrumpido, a diversos intervalos, nuestras frecuentes libaciones, y debo decir que me había jugado el alma y la había perdido, en partidas ligadas, con una despreocupación y una ligereza heroicas. El alma es algo tan impalpable, tan inútil a menudo y a veces tan molesto, que no sentí, al perderla, más que una emoción algo menos que si hubiera extraviado, en un paseo, mi tarjeta de visito. Nos fumamos durante largo rato algunos cigarros cuyo sabor y perfume incomparables infundían al alma la nostalgia de países y dichas desconocidos, y, embriagado de todas aquellas delicias, me atreví a exclamar, en un acceso de familiaridad que no pareció desagradarle, tomando una copa llena hasta el borde: «¡A vuestra inmortal salud, viejo Chivo!» Charlamos también del universo, de su creación y de su futura destrucción; de la gran idea del siglo, es decir, del progreso y de la perfectibilidad, y, en general, de todas las clases de fatuidad humana. Sobre aquel tema, Su Alteza no agotaba las bromas ligeras e irrefutables, y se expresaba con una suavidad de dicción y una tranquilidad en la ironía como no he vuelto a encontrar en ninguno de los más célebres conversadores de la humanidad. Me explicó lo absurdo de las distintas filosofías que, hasta el presente, se habían apoderado del cerebro humano y se dignó, incluso, en hacerme confidencias de algunos principios fundamentales cuyos beneficios y propiedad no me convienen [sic] compartir con nadie. No se quejó en absoluto de la mala reputación de que goza en el mundo entero, me aseguró que él mismo era la persona más interesada en destruir la superstición, y me confesó que no había temido por su propio poder más que una sola vez, el día en que había oído a un predicador, más sutil que sus colegas, exclamar desde el púlpito: «¡Mis queridos hermanos, no olvidéis jamás, cuando oigáis ensalzar el progreso de las luces, que la astucia más lograda del diablo consiste en persuadirlos de que no existe!» El recuerdo aquel célebre orador nos condujo naturalmente hacia el tema de las academias; mi extraño convidado me afirmó que no desdeñaba, en muchos caso, [sic] inspirar la pluma, la palabra y la conciencia de los pedagogos, y que asistía casi siempre en persona, aunque invisible, a todas las sesiones académicas. Animado por tantos favores, le pedí noticias de Dios, y si lo había visto recientemente. Me respondió, con una indiferencia matizada por cierta tristeza: «Nos saludamos cuando nos encontramos, pero como dos viejos caballeros en quienes una innata cortesía no hubiera sabido apagar por completo el recuerdo de antiguos rencores». Es dudoso que Su Alteza haya jamás concedido una audiencia tan larga a un simple mortal, y temí estar abusando. Finalmente, como el alba trémula blanqueara los cristales, aquel célebre personaje cantado por tantos poetas y servido por tantos filósofos que trabajan para gloria de él sin saberlo, me dijo: 55 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire «Quiero que guarde un buen recuerdo de mí, y demostrarle que yo, de quien tan mal se ha hablado, soy a veces un buen diablo, por servirme de una de su [sic] locuciones vulgares. A fin de compensar la pérdida irremediable de su alma, le doy la apuesta que hubiera ganado si la suerte hubiese estado de su parte, es decir, la posibilidad de aliviar y de vender, durante toda su vida, esa extraña afección del aburrimiento, fuente de todas sus enfermedades y de todos sus miserables progresos. Jamás formulará un deseo de que [sic] yo no le ayude a realizar; reinará sobre sus vulgares semejantes; estará surtido de halagos e, incluso, de adoraciones; la plata, el oro, los diamantes, los palacios mágicos vendrán a buscarlo y le rogarán que los acepte, sin que haya hecho esfuerzo alguno para ganarlos; cambiará de patria y de país tan a menudo como su fantasía se lo ordene; se embriagará de voluptuosidades, sin cansarse, en países encantadores donde siempre hace calor y las mujeres huelen tan bien como las flores, etcétera, etcétera...», añadió, poniéndose en pie y despidiéndose con una amable sonrisa. Si no hubiese sido por el temor a humillarme ante tan numerosa asamblea, hubiera caído de buena gana de rodillas ante aquel jugador generoso, para darle las gracias por su inaudita munificencia. Pero, después de haberlo dejado, fue entrando poco a poco en mi pecho la incurable desconfianza; ya no osaba creer en tan prodigiosa felicidad, y, al acostarme, rezando una vez más por un resto de imbécil costumbre, repetía medio en sueños: «¡Dios mío! ¡Señor Dios, mío! [sic] ¡Haced que el diablo me mantenga su palabra!» 1995: MERCEDES SALA LECLERC XXIX EL JUGADOR GENEROSO Ayer, entre el gentío del bulevar, sentí que me rozaba un ser misterioso que siempre sentí deseos de conocer, y a quien reconocí rápidamente, aunque no le hubiese visto jamás. Había, sin duda, en él para conmigo un deseo semejante, porque al pasar me lanzó significativamente un guiño, al que enseguida obedecí. Le seguí atentamente, y pronto bajé detrás de él a una mansión subterránea alucinante, en que brillaba un lujo del cual ninguna de las casas superiores de París podría ofrecer ejemplo parecido. Me parecía extraño que hubiese podido yo pasar con tanta frecuencia cerca de aquel misterioso escondite sin descubrir su entrada. Reinaba allí un clima selecto, aunque sofocante, que casi hacía olvidar al momento todos los desagradables horrores de la vida; respirábase allí una beatitud sombría, semejante a la que debieron sentir los comedores de loto cuando, al desembarcar en una isla encantada, iluminada por los resplandores de una tarde eterna, sintieron nacer en su interior el sonido adormecedor de las cascadas melodiosas, el deseo de no volver a ver nunca sus penates, a sus mujeres, a sus hijos, y de no tornar nunca a mecerse en las altas olas del mar. Había allí hombres y mujeres de rostros extraños, marcados por una belleza fatal, que me parecía haber ya visto en épocas y en países que no podía recordar exactamente, y que me inspiraban fraternal simpatía y no ese temor nacido de ordinario ante lo desconocido. Si intentara definir de un modo 56 Anexos cualquiera la expresión singular de sus miradas, diría que nunca vi ojos en que más vigorosamente brillara el horror del descubrimiento y el deseo inmortal de sentirse vivir. Mi huésped y yo éramos ya, cuando nos sentamos, antiguos y perfectos amigos. Comimos y bebimos sin control toda clase de vinos maravillosos y, lo que es más excepcional aún, me pareció, después de varias horas, que yo no estaba más borracho que él. Sin embargo, el juego, placer sobrehumano, había interrumpido con diversos intervalos nuestras libaciones frecuentes, y tengo que comunicaros que me había jugado y perdido el alma, mano a mano, con una despreocupación y una ligereza heroicas. El alma es cosa tan intangible, tan inútil a menudo, y a veces tan molesta, que, al perderla, no sentí más que una emoción algo menor que si me hubiera perdido, yendo de paseo, una tarjeta de visita. Fumamos largamente algunos cigarros cuyo sabor y aroma incomparables infundían al alma la nostalgia de países y de venturas desconocidos, y embriagado de tantas delicias, osé, en un ataque de familiaridad que no le pareció desagradable, a exclamar, cogiendo una copa llena hasta el borde: —¡A vuestra salud, inmortal viejo Chivo! Hablamos también del Universo, de su origen y de su destrucción futura; de la idea grande del siglo, es decir, del progreso y de la perfectibilidad, y, en general, de todas las formas de la desgracia humana. Tratándose de esto, su alteza no agotaba las bromas ligeras e irrefutables, expresándose con una suavidad de palabra y una tranquilidad en el bullicio que no he visto nunca en ninguno de los más famosas [sic] conversadores de la humanidad. Me explicó lo absurdo de las distintas filosofías que se habían posesionado hasta entonces del cerebro humano, y hasta se dignó declararme, en confianza, algunos principios fundamentales cuyos beneficios y propiedad no me conviene compartir con nadie. No se quejó en absoluto de la mala reputación de que goza en todas las partes del mundo; me aseguró que él, en persona, era el mayor interesado en acabar con la superstición, y llegó a confesarme que no había tenido miedo por su propio poder más que en una única ocasión, el día en que oyó decir desde el púlpito a un predicador más listo que sus devotos: —Queridos hermanos, no olvidéis nunca, cuando oigáis ensalzar el progreso de las luces, que la más bella astucia del diablo está en persuadirnos de que no existe. El recuerdo de aquel famoso predicador nos llevó naturalmente al asunto de las academias; mi extraño huésped me afirmó que no tenía a menos, en muchos casos, inspirar la pluma, la palabra, la conciencia de los pedagogos, y que asistía siempre en persona, aunque invisible, a todas las sesiones académicas. Alentado por tantas bondades, le solicité noticias de Dios y le pregunté si le había visto recientemente. Me respondió con un desapego matizado de alguna tristeza: —Nos saludamos si nos vemos; pero como dos caballeros ancianos que no hubieran logrado apagar del todo el recuerdo de pasadas disputas por medio de una cortesía innata. Es dudoso que su alteza haya dado jamás audiencia tan larga a un simple mortal, y yo temía estar abusando. Por fin, cuando la trémula aurora blanqueaba los cristales, ¡que! famoso personaje, cantado por tantos poetas y servido por tantos filósofos, que, sin saberlo, trabajan por su gloria, me dijo: —Deseo que tenga buen recuerdo de mí, y voy a demostrarle que yo, de quien tan mal se habla, soy en ocasiones un buen demonio, para servirme de un dicho popular. Para resarcir la pérdida 57 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire irremediable de su alma, le doy la puesta [sic] que hubiese ganado si la suerte se hubiera inclinado en favor suyo, es decir, la probabilidad de aliviar y de vencer, durante toda la vida, esa extraña afección del hastío, origen de todas vuestras enfermedades y de todos vuestros miserables progresos. Nunca formulará un deseo que yo no le ayude a realizar; reinará sobre todos sus vulgares semejantes; tendrá buena provisión de halagos y aun de adoraciones; la plata, el oro, los diamantes, los palacios de ensueño saldrán a buscarle, y le rogarán que los acepte, sin que haya necesidad de esfuerzo para guardarlos; cambiará de patria y de país con tanta frecuencia como su fantasía se lo ordene; se embriagará de placeres sin agotamiento, en países maravillosos donde siempre hace calor y donde las mujeres huelen tan bien como las flores, etcétera, etc... —añadió levantándose y despidiéndome con amable sonrisa. Si no hubiera sido por miedo a humillarme delante de tan concurrida reunión, de buena gana hubiese yo caído a los pies del desinteresado jugador, para darle gracias por su generosidad inaudita. Pero, poco a poco, después de que le hube dejado, fue volviendo a mi pecho el recelo incurable, no me atrevía a creer en felicidad tan extraordinaria, y mientras me acostaba, rezando una vez más, por un resto de costumbre imbécil, repetíame medio dormido: —¡Dios mío! ¡Señor Dios mío! ¡Haced que el diablo me cumpla su palabra! 1997: JOAQUÍN NEGRÓN XXIX EL JUGADOR GENEROSO Ayer, entre el gentío que atestaba el bulevar, sentí el roce de un Ser misterioso a quien siempre había deseado conocer y que reconocí de inmediato pese a no haberlo visto jamás. Sin duda, él debía de sentir un deseo análogo al mío, puesto que, al cruzarse conmigo, me hizo un significativo guiñó que me apresté a obedecer. Lo seguí sin perderlo de vista y al poco bajé tras él hasta una morada subterránea, deslumbrante, que ostentaba un lujo sin parangón posible con ninguna de las mansiones del París exterior. No dejaba de sorprenderme que hubiese podido pasar en multitud de ocasiones ante tan prestigioso garito sin reparar siquiera en la entrada. Reinaba allí una atmósfera tan exquisita como embriagadora, que hacía olvidar casi al instante todo cuanto de fastidioso y horrible hay en la vida; se respiraba una placidez insidiosa, análoga a la que debieron de experimentar los comedores de lotos cuando, al desembarcar en una isla encantada, iluminada por los fulgores de una tarde eterna, sintieron nacer en ellos, al son adormecedor de las melodiosas cascadas, el deseo de no volver a ver jamás a sus penates, a sus mujeres y a sus hijos y de no regresar nunca a las altas olas del mar. Veíanse allí extraños rostros de hombres y mujeres marcados por una belleza fatal, a quienes tenía la impresión de haber visto ya en épocas y países que me resultaba imposible recordar con exactitud, y que me inspiraban más una simpatía fraterna que ese temor que nace de ordinario ante lo desconocido. Si quisiera tratar de definir de algún modo la inenarrable expresión de sus miradas, diría que en mi vida 58 Anexos había visto ojos en los que brillara con más intensidad el horror del hastío a la par que el deseo inmortal de sentirse vivo. Nada más sentarnos, mi anfitrión y yo éramos ya como viejos y buenos amigos. Comimos, bebimos hasta la saciedad toda clase de vinos extraordinarios, y no menos extraordinario se me hacía que, después de varias horas, no me sintiera más borracho que él. Entretanto, el juego, ese placer sobrehumano, había interrumpido a intervalos diversos nuestras frecuentes libaciones, y he de decir que, en una partida al mejor de varias manos, aposté mi alma y la perdí, con una indiferencia y una ligereza heroicas. El alma es algo tan impalpable, tantas veces inútil y tan engorrosa en ocasiones, que su pérdida apenas me causó mayor emoción que si hubiese extraviado mi tarjeta de visita dando un paseo. Fumamos pausadamente cigarros cuyo aroma y sabor incomparables infundían en el alma la nostalgia de países y dichas ignorados, y, embriagado por tanta delicia, en un acceso de familiaridad que no pareció desagradarle, me atreví a exclamar, alzando mi copa llena hasta el borde: «¡A vuestra salud inmortal, viejo Macho Cabrío!». Charlamos entre otras cosas del universo, de su creación y de su futura destrucción; de la sublime idea que obsesiona a este siglo, es decir, del progreso y la perfectibilidad, y en general, de todas las formas que adopta la infatuación humana. A este respecto, Su Alteza encadenaba broma tras broma, tan sutiles como irrefutables todas ellas, y se expresaba con una suavidad de dicción y una sorna flemática como no he hallado en ninguno de los más afamados conversadores de la humanidad. Me explicó lo absurdo de las diferentes filosofías que hasta entonces habían atormentado al cerebro humano e incluso se dignó revelarme en confianza algunos principios fundamentales cuyos beneficios y exclusividad no me conviene compartir con nadie. En modo alguno se quejó de la mala reputación de que goza en el mundo entero, me aseguró que él mismo era el primer interesado en que desapareciera toda superstición y me confesó que solamente una vez sintió peligrar su poder, y fue el día en que escuchó a un predicador, más sutil que sus colegas, exclamar desde el púlpito: «¡Queridos hermanos, no olvidéis nunca, cuando oigáis ponderar los logros del progreso humano, que el más astuto ardid del diablo consiste en persuadiros de que no existe!». La evocación de tan ilustre orador guió nuestra conversación, como cabría esperar, hacia el tema de las academias, y mi extraño acompañante me afirmó que no desdeñaba, en multitud de casos, inspirar la pluma, las palabras y la conciencia de los pedagogos, y que asistía casi siempre en persona, aunque de modo invisible, a todas las sesiones académicas. Enardecido por tantas bondades, llegué a preguntarle por Dios, y si no hacía mucho que se habían visto, a lo que él me respondió, con una indiferencia levemente impregnada de tristeza: «Cuando nos cruzamos el uno con el otro nos saludamos, pero como dos viejos caballeros cuya cortesía innata no sabría encubrir del todo el recuerdo de antiguas rencillas». Dudo que Su Alteza hubiese concedido nunca una audiencia tan larga a un simple mortal, así que no quise abusar más de su tiempo. Para concluir, cuando el alba trémula emblanquecía ya los cristales, este insigne personaje, cantado por tantos poetas y servido por tantos filósofos que con sus obras contribuyen inconscientemente a glorificarlo, me dijo: «Quisiera que guardaseis un buen recuerdo de mí y demostraros que, pese a lo que digan las malas lenguas, no es tan malo el diablo como lo pintan, por citar una de vuestras locuciones vulgares. Para compensar la irremediable pérdida de vuestra alma, os concedo 59 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire la apuesta que habríais ganado si la suerte se hubiese decantado a vuestro favor, o sea, la posibilidad de mitigar y vencer de por vida esa extraña afección del Hastío, fuente de todos vuestros males, así como de todos vuestros miserables progresos. No habrá deseo que formuléis que no os ayude yo a realizar; reinaréis sobre vuestros vulgares semejantes; se os colmará de halagos, de adoraciones incluso; el dinero, el oro, los diamantes, los palacios de fábula, irán a vuestro encuentro y os rogarán que los aceptéis, sin que tengáis que hacer el menor esfuerzo para merecerlos; cambiaréis de país y de patria cuantas veces se le antoje a vuestra fantasía; os embriagaréis de placeres sin que el tedio os asalte jamás, en países maravillosos de climas eternamente cálidos y en donde las mujeres huelen tan bien como flores, etcétera, etcétera…». Y dichas estas palabras, se levantó y se despidió de mí con una amable sonrisa. De no ser porque temía ponerme en ridículo humillándome ante todos los allí presentes, gustoso me habría postrado a los pies de aquel jugador generoso para agradecerle su inaudita munificencia. Mas, a poco de habernos separado, la incurable desconfianza volvió a instalarse paulatinamente en mi ser; me resistía a creer que tan prodigiosa dicha fuera posible, y al acostarme, mientras rezaba mis oraciones como reminiscencia de una vieja y estúpida costumbre, no dejaba de repetirme semidormido: «¡Dios mío!, ¡Señor mi Dios!, ¡haz que el diablo mantenga su palabra!». 1999: FRANCISCO TORRES MONREAL XXIX. EL JUGADOR GENEROSO Ayer, en medio de la muchedumbre del bulevar, me sentí rozado por un Ser misterioso al que siempre había deseado conocer, y que reconocí al instante, pese a no haberlo visto nunca. Probablemente había un deseo análogo de él hacia mí, porque al pasar me hizo un significativo guiño de ojos al que me apresuré a obedecer. Lo seguí con atención, y pronto descendí tras él a una estancia subterránea, deslumbrante, en la que resplandecía un lujo al que ninguna de las mansiones superiores de París podría ofrecer un ejemplo comparable. Me pareció extraño que hubiera yo podido pasar con tanta frecuencia cerca de este prestigioso refugio sin reparar en su entrada. Reinaba en él una atmósfera exquisita, aunque enajenante, que hacía olvidar casi de modo instantáneo todos los enojosos horrores de la vida; se respiraba una beatitud sombría, análoga a la que debieron experimentar los consumidores de loto cuando, desembarcando en una isla encantada iluminada por los fulgores de una tarde eterna, sintieron que les nacía, a los sones adormecedores de melodiosas cascadas, el deseo de no volver a ver más sus penates, ni a sus mujeres, ni a sus hijos, y de no volver a cabalgar sobre las altas olas del mar. Había allí rostros extraños de hombres y mujeres marcados por una belleza fatal, que me parecía haber visto ya en épocas y en países de los que me era imposible acordarme con exactitud, y que, más que ese temor que nace de ordinario ante la visión de lo desconocido, me inspiraban una simpatía fraternal. De querer intentar definir de algún modo la expresión singular de sus miradas, diría que no vi nunca unos ojos que brillaran con tanta fuerza de horror al hastío y del deseo inmortal de sentirse vivir. 60 Anexos Mi huésped y yo éramos, nada más sentarnos, viejos y perfectos amigos. Comimos, bebimos sin medida toda clase de vinos extraordinarios, y, lo que no deja de ser menos extraordinario, me parecía, al cabo de varios horas, que no andaba yo más borracho que él. Pero, el juego, placer sobrehumano, había interrumpido en diversos intervalos nuestras frecuentes libaciones, y debo decir que aposté a un número fijo de jugadas y perdí mi alma con una ligereza y un desprendimiento heroicos. El alma es algo tan impalpable, tan frecuentemente inútil y, algunas veces, tan molesto, que sólo sentí, por lo que atañe a esta pérdida, una emoción un punto menor que si hubiera perdido, en un paseo, mi tarjeta de visita. Fumamos despaciosamente algunos cigarros cuyo sabor y perfume incomparables procuraban al alma la nostalgia de países y de dichas desconocidas, y, embriagados de todas estas delicias, osé, en un acceso de familiaridad que no pareció desagradarle, gritar, apoderándome de una copa llena hasta los bordes: «¡A vuestra inmortal salud, viejo chivo!». Hablamos también del universo, de su creación y de su futura destrucción; de la gran idea del siglo, es decir, del progreso y de la perfectibilidad, y, en general, de todas las formas de la infatuación humana. En este punto, su Alteza no le veía el final a sus bromas ligeras e irrefutables, y se expresaba con una suavidad de dicción y una tranquilidad en la burla como no he hallado semejante en ninguno de los más célebres conversadores de la humanidad. Me explicó lo absurdo de las diferentes filosofías que hasta la fecha se habían adueñado del cerebro humano, y se dignó incluso hacerme confidente de algunos principios fundamentales cuyos beneficios y propiedad no es conveniente comparta con nadie. No se quejó, en modo alguno, de la mala reputación de que goza por todas partes en el mundo; me aseguró que era él la persona más interesada en la destrucción de la superstición, y me confesó que sólo había tenido miedo, en lo que concierne a su propio poder, en una ocasión, el día en el que oyó a un predicador, más sutil que sus cofrades, gritar desde el púlpito: «Queridos hermanos, no olvidéis jamás, cuando oigáis ensalzar el progreso de las luces, que el más bello de los engaños del Diablo es el de persuadiros de que no existe». El recuerdo de este célebre orador nos condujo con toda naturalidad a un tema de las academias, y mi extraño comensal me aseguró que él no despreciaba, en muchos casos, inspirar la pluma, la palabra y la conciencia de los pedagogos, y que asistía casi siempre, en persona aunque invisible, a todas las sesiones académicas. Animado por tal cúmulo de bondades, le pedí noticias de Dios y le pregunté si no lo había visto recientemente. Me respondió con un desinterés matizado de cierta tristeza: «Nos saludamos cuando nos encontramos, aunque al modo de los viejos amigos gentileshombres, para quienes la cortesía innata no sabría apagar por entero el recuerdo de viejos rencores». Dudo que Su Alteza haya concedido nunca tan prolongada audiencia a un simple mortal, y, así, temí abusar. Finalmente, como el alba temblorosa blanqueara ya los cristales, este célebre personaje, cantado por tantos poetas y servido por tantos filósofos que trabajan para su gloria sin saberlo, me dijo: «Quiero que guarde un buen recuerdo de mí, y quiero probarle que Yo, de quien tanto y tan malo se cuenta, soy a veces un buen diablo, para echar mano de una de sus locuciones vulgares. En compensación por la pérdida irremediable de su alma, le concederé cuanto habría ganado de tener la suerte de su lado; es decir, le concederé la posibilidad de aliviar y de vencer, durante toda su vida, esa rara afección del Hastío, que es la fuente de todas sus enfermedades y de todos sus miserables progresos. En adelante, no habrá 61 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire deseo que formule que no le ayude yo a llevar a cabo; reinará sobre sus vulgares semejantes; estará bien provisto de halagos e incluso de adoraciones; el dinero, el oro, los diamantes, los palacios encantados vendrán en su búsqueda y le suplicarán que los acepte, sin que por su parte haya hecho el menor esfuerzo por merecerlos; cambiará de patria y de región con tanta frecuencia como su fantasía se lo ordene; se embriagará de voluptuosidades, sin desmayo, en países encantadores en los que siempre hace calor y en donde las mujeres huelen tan bien como las flores, – etcétera, etcétera», añadió levantándose y despidiéndose con una amable sonrisa. De no haber temido sentirse humillado ante tan magna asamblea, me habría postrado de buen grado a los pies de mi generoso jugador, para darle las gracias por su inaudita liberalidad. Mas poco a poco, luego de haberlo dejado, la incurable desconfianza volvió a entrar en mi pecho; no me atreví a creer en tan prodigiosa felicidad, y, al acostarme, haciendo aún mis rezos, por un resto de estúpida costumbre, repetía aún en duermevela: «¡Dios mío! ¡Señor y Dios mío! Haced que el demonio cumpla su palabra». 2008: PABLO OYARZÚN XXIX EL JUGADOR GENEROSO Ayer, entre la multitud del bulevar, me sentí rozado por un ser misterioso que siempre había deseado conocer, y que reconocí de inmediato, aunque jamás lo había visto. Sin duda había en él un deseo análogo respecto de mí, pues al pasar me hizo un guiño significativo que me apresuré a obedecer. Lo seguí con atención, y muy pronto descendí tras él a una morada subterránea, deslumbrante, donde fulguraba un lujo del cual ninguna de las habitaciones superiores de París podría suministrar un ejemplo aproximado. Me pareció curioso que hubiese podido pasar tan a menudo al lado de esta prestigiosa guarida sin adivinar la entrada. Reinaba allí una atmósfera exquisita, pero embriagadora, que hacía olvidar casi instantáneamente todos los fastidiosos horrores de la vida; se respiraba una beatitud sombría, análoga a la que debieron experimentar los lotófagos cuando, al desembarcar en una isla encantada, iluminada por los resplandores de una tarde eterna, sintieron nacer en ellos, a los sones adormecedores de melodiosas cascadas, el deseo de no volver a ver jamás sus penates, sus mujeres, sus hijos, y de no remontar nunca las algas olas de la mar. Había allí rostros extraños de hombres y de mujeres, marcados por una belleza fatal, que me parecía haber visto ya en épocas y países que me era imposible recordar exatamente, y que me inspiraban más una simpatía fraterna que ese temor que ordinariamente nace del aspecto de lo desconocido. Si tratara de definir de alguna manera la singular expresión de sus miradas, diría que jamás vi ojos que brillasen más enérgicamente con el horror del hastío y el deseo inmortal de sentirse vivir. Cuando nos sentamos, mi huésped y yo éramos ya viejos y perfectos amigos. Comimos, bebimos sin medida toda suerte de vinos extraordinarios, y, cosa no menos extraordinaria, después de varias horas, me parecía que yo no estaba más ebrio que él. Entre tanto, el juego, ese placer sobrehumano, había 62 Anexos cortado a intervalos diversos nuestras frecuentes libaciones, y debo decir que había jugado y perdido mi alma, en apuesta de prendas, con despreocupación y ligereza heroicas. El alma es una cosa tan impalpable, tan a menudo inútil y en ocasiones tan molesta, que cuando la perdí solo sentí un poco menos de emoción que si hubiese extraviado, en un paseo, mi tarjeta de visita. Fumamos largamente algunos cigarros cuyo sabor y perfume incomparables daban al alma la nostalgia de países y dichas desconocidas, y, borracho de todas estas delicias, al coger una copa colmada hasta el borde, osé exclamar, en un acceso de familiaridad que no pareció disgustarle: “¡A vuestra salud inmortal, viejo Chivo!” Charlamos también del universo, de su creación y de su destrucción futura; de la gran idea del siglo, es decir, del progreso y la perfectibilidad, y, en general, de todas las formas de la infatuación humana. Sobre este asunto, Su Alteza no cesaba de emitir chanzas ligeras e irrefutables, y se expresaba con una suavidad de dicción y una tranquilidad en la sorna que no he encontrado en ninguno de los conversadores más célebres de la humanidad. Me explicó el absurdo de las diferentes filosofías que hasta el presente habían tomado posesión del cerebro humano, e incluso se dignó a hacerme confidencia de algunos principios fundamentales cuyos beneficios y cuya propiedad no me conviene compartir con nadie. No se quejó en manera alguna de la mala reputación de que goza en todas partes del mundo, me aseguró que él mismo era la persona más interesada en destruir la superstición, y me confesó que solo había temido por su poder una sola vez, el día que escuchó a un predicador, más sutil que sus cofrades, exclamar desde el púlpito: “¡Queridos hermanos míos, jamás olvidéis, cuando oigáis ponderar el progreso de las luces, que la más hermosa de las tretas del diablo es persuadiros de que no existe!” El recuerdo de este célebre orador nos condujo naturalmente al tema de las academias, y mi extraño huésped me afirmó que en muchos casos no desdeñaba inspirar la pluma, la palabra y la conciencia de los pedagogos, y que asistía casi siempre en persona, bien que invisible, a todas las reuniones académicas. Alentado por tantas bondades, le pedí noticias de Dios, y si no lo había visto recientemente. Me respondió, con una despreocupación matizada de cierta trsiteza [sic]: “Nos saludamos cuando nos encontramos, pero como dos viejos caballeros, en quienes una cortesía innata no podría extinguir enteramente el recuerdo de antiguos rencores”. Es dudoso que Su Alteza haya dado jamás una audiencia tan prolongada a un simple mortal, y yo temía estar abusando. Por fin, como el alba temblorosa blanqueaba los cristales, este célebre personaje, cantado por tantos poetas y servido por tantos filósofos que trabajan para su gloria sin saberlo, me dijo: “Quiero que guardes de mí un buen recuerdo, y probarte que Yo, de quien se dice tanta cosa mala, soy a veces un buen diablo, por servirme de una de vuestras locuciones vulgares. A fin de compensar la pérdida irremediable de tu alma en que has incurrido, te doy la prenda que habrías ganado si la suerte hubiese estado de tu parte, es decir, la posibilidad de aliviar y de vencer, a lo largo de toda tu vida, esta singular afección del Hastío, que es la fuente de todos tus males y de todos tus míseros progresos. Nunca formularás un deseo que yo no te ayude a realizar; reinarás sobre tus vulgares semejantes; se te proporcionarán halagos e incluso adoraciones; la plata, el oro, los diamantes, los palacios feéricos saldrán a tu busca y te rogaran [sic] que los aceptes, sin que hayas hecho ningún esfuerzo por ganarlos; cambiarás de patria y de región con tanta frecuencia como te lo ordene tu fantasía; te hartarás de voluptuosidades, 63 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire sin fatiga, en países encantadores donde siempre hace calor y las mujeres huelen tan bien como las flores, etcétera, etcétera...”, agregó, levantándose y despidiéndome con una amable sonrisa. Si no hubiera sido por el temor de humillarme ante una asamblea tan grande, gustosamente me habría arrojado a los pies de este jugador generoso para agradecerle su inaudita munificencia. Pero poco a poco, después de haberlo dejado, la desconfianza incurable volvió a mi seno; ya no me atreví a creer en una dicha tan prodigiosa y, al acostarme, mientras hacía una vez más mis oraciones por un resabio de estúpida costumbre, repetía en un semisueño: “¡Dios mío! ¡Señor mi Dios! ¡Haz que el diablo me cumpla su palabra!” 2009: MANUEL NEILA XXIX EL JUGADOR GENEROSO Ayer, en medio de la muchedumbre del bulevar, sentí que me rozaba un Ser misterioso al que siempre había deseado conocer, y al que reconocí enseguida, aunque no lo hubiera visto nunca. Sin duda, él debía albergar un deseo análogo respecto a mí, pues al pasar me hizo un guiño de ojos significativo al que me sometí con premura. Le seguí atentamente, y pronto bajé tras él a una morada subterránea, deslumbradora, donde brillaba un lujo que ninguna de las viviendas superiores de París podría emular con su ejemplo. Me resultó extraño haber podido pasar tantas veces al lado de este prestigioso habitáculo sin descubrir su entrada. Reinaba allí un ambiente delicioso, aunque embriagador, que hacía olvidar casi de inmediato todos los fastidiosos horrores de la vida. Respirábase allí una sombría beatitud, análoga a la que debieron experimentar los comedores de loto cuando, al desembarcar en una isla encantada, iluminada por las luces de un sempiterno atardecer, sintieron nacer en ellos, al son adormecedor de melodiosas cascadas, el deseo de no volver a ver nunca a sus penates, a sus mujeres, a sus hijos, y de no volver a viajar nunca sobre las altas olas del mar. Había allí extraños rostros de hombres y mujeres, marcados por una belleza fatal, que me parecía haber visto ya en épocas y países cuyo recuerdo me resultaba imposible precisar con exactitud, y que más bien me inspiraban una simpatía fraternal que ese temor nacido de ordinario ante lo desconocido. Si pretendiera definir de alguna manera la singular expresión de sus miradas, diría que nunca vi ojos en que brillara más enérgicamente el horror del hastío y el deseo inmortal de sentirse vivir. Cuando nos sentamos, mi hospedero y yo éramos ya viejos y perfectos amigos. Comimos y bebimos, sin mesura, toda suerte de vinos extraordinarios y, detalle no menos extraordinario, me parecía, después de varias horas, que no estaba más ebrio que él. Sin embargo, el juego, ese placer sobrehumano, había interrumpido a pausas nuestras frecuentes libaciones, y debo decir que había jugado y perdido mi alma, mano a mano, con una despreocupación y una ligereza heroicas. El alma es algo tan impalpable, tan inútil con frecuencia y tan molesta en ocasiones, sólo experimenté respecto de esa pérdida, una emoción menos intensa que si hubiera perdido durante un paseo mi tarjeta de visita. 64 Anexos Fumamos durante largo tiempo algunos cigarros cuyo sabor y aroma incomparables procuraban al alma la nostalgia de países y dichas desconocidos, y embriagado de todas estas delicias, en un arrebato de familiaridad que no pareció desagradarle, me atreví a exclamar, echando mano a una copa llena hasta los bordes: «¡A tu inmortal salud, viejo Chivo!» Charlamos también del universo, de su creación y de su futura destrucción; de la gran idea del siglo, es decir, del progreso y la perfectibilidad y, en general, de todas las formas de infatuación humana. Sobre este tema, Su Alteza no agotaba las chanzas ligeras e irrefutables, y se expresaba con una suavidad de dicción y una tranquilidad dentro de la extravagancia que no encontré en ninguno de los más célebres conversadores de la humanidad. Me explicó lo absurdo de las distintas filosofías que, hasta el presente, se habían adueñado de la mente humana, e incluso se dignó hacerme confidente de algunos principios fundamentales cuyos beneficios y propiedad no me conviene compartir con nadie. No se quejó en modo alguno de la mala reputación de que goza en todas las partes del mundo, me aseguró que era la persona más interesada en destruir la superstición, y me confesó que no había temido por su poder personal más que una vez, el día en que había oído a un predicador, más sutil que sus cofrades, exclamar desde el púlpito: «¡Mis queridos hermanos, no lo olvidéis nunca, cuando oigáis pregonar el progreso de las luces, que la mejor astucia del diablo consiste en convenceros de que no existe!» El recuerdo de este célebre orador nos condujo naturalmente hacia el tema de las academias, y mi extraño hospedero afirmó que no desdeñaba, en muchos casos, inspirar la pluma, la palabra y la conciencia de los pedagogos, y que casi siempre asistía en persona, aunque invisible, a todas las sesiones académicas. Animado por tantas bondades, le pedí noticias de Dios, y le pregunté si lo había visto recientemente. Me respondió con una indiferencia matizada por cierta tristeza: «Nos saludamos cuando nos encontramos, pero como dos viejos gentileshombres, en quienes una innata cortesía no podría borrar enteramente el recuerdo de antiguos rencores.» Parece dudoso que Su Alteza haya concedido nunca tan larga audiencia a un simple mortal, y temí estar abusando. Al fin, como la trémula aurora blanqueaba los cristales, este célebre personaje, cantado por tantos poetas y servido por tantos filósofos que contribuyen a su gloria sin saberlo, me dijo: «Quiero que conserve un buen recuerdo de mí, quiero demostrarle que Yo, de quien se ha hablado tan mal, soy en ocasiones un buen diablo, por servirme de una de vuestras locuciones vulgares. Para compensar la irremediable pérdida de su alma, le concedo la apuesta que habría ganado si hubiera tenido la suerte a favor suyo, es decir, la posibilidad de aliviar y vencer, durante toda su vida, esa extraña afección del Hastío, que es el origen de todas sus enfermedades y de todos sus miserables progresos. No formulará nunca un deseo que no le ayude a realizar; reinará sobre sus semejantes; no le faltarán halagos e incluso adoraciones; el dinero, el oro, los diamantes, los palacios de ensueño saldrán a su encuentro y le suplicarán que los acepte, sin que haya hecho ningún esfuerzo por conseguirlos; cambiará de patria y de región tan a menudo como su fantasía se lo pida; se embriagará de voluptuosidades, sin hastiarse nunca, en países encantadores donde siempre hace calor y donde las mujeres huelen tan bien como las flores, et caetera, et caetera…», añadió levantándose y despidiéndome con una amable sonrisa. Si no hubiera sido por temor a humillarme ante tan magna asamblea, habría caído de buena gana a los pies de este generoso jugador para agradecerle su inaudita munificencia. Pero poco a poco, después 65 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire de haberlo dejado, la incurable desconfianza fue volviendo a mi seno; ya no me atrevía a creer en tan prodigiosa dicha y, al acostarme, rezando una vez más por un rescoldo de estúpida costumbre, iba repitiendo en duermevela: «¡Dios mío, Señor mío, haced que el diablo mantenga su palabra!» 66 Anexos ANEXO 13: TRADUCCIONES ESPACIALIZADAS DE XXXIII – ENIVREZVOUS ! 6.2.4.1. 1905: EUSEBIO HERAS Embriagaos Se ha de estar siempre ebrio. Todo en eso consiste: he ahí la única cuestión. Para no sentir el horrible peso del Tiempo, que quiebra vuestros hombros y os inclina hacia la tierra, es menester que sin tregua os embriaguéis. ¿Con qué? Con vino, poesía ó virtud, á vuestra guisa. Pero embriagaos. Y si, alguna vez, en la escalera de un palacio, sobre la verde hierba de un foso, en la lúgubre soledad de vuestro aposento, llegáis á despertar, la embriaguez ya disminuída ó desaparecida, preguntad al viento, á la ola, á la estrella, al ave, al reloj, á todo lo que huye, á todo lo que gime, á todo lo que rueda, á todo lo que canta, á todo lo que habla, preguntad qué hora es; y el viento, la ola, la estrella, el ave, el reloj, os responderán: “¡Es hora de embriagarse! Para no ser los esclavos martirizados del Tiempo, embriagaos, ¡embriagaos sin cesar! Con vino, poesía o virtud, á vuestra guisa.” Y si, alguna vez, en la escalera de un palacio, sobre la verde hierba de un foso, en la lúgubre soledad de vuestro aposento, llegáis á despertar, la embriaguez ya disminuída ó desaparecida, preguntad al viento, á la ola, á la estrella, al ave, al reloj, á todo lo que huye, á todo lo que gime, á todo lo que rueda, 67 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire á todo lo que canta, á todo lo que habla, preguntad qué hora es; y el viento, la ola, la estrella, el ave, el reloj, os responderán 6.2.4.2. 1910?: PEDRO VANCES EMBRIAGAOS Es preciso estar siempre ebrio. A esto se reduce todo. Y no hay más. Para no sentir la horrible carga del Tiempo, que abruma vuestros hombros y encorva vuestras espaldas, es preciso embriagarse sin tregua. Y ¿con qué? Con vino, con poesía o con virtud, como gustéis. Pero embriagaos. Y si alguna vez, en la escalinata de un palacio, en la verde hierba de una zanja o en la melancólica soledad de vuestro cuarto, despertáis desvanecida o disminuída ya la embriaguez, preguntadle al viento, a la ola, a la estrella, al pájaro, al reloj, a todo lo que huye, a todo lo que murmura, a todo lo que rueda, a todo lo que canta, a todo lo que habla, preguntadle qué hora es, y el viento, y la ola, y la estrella, y el pájaro, y el reloj, os dirán: «¡La hora e embriagarse! ¡Para no ser los martirizados esclavos del Tiempo, embriagaos sin cesar! Con vino, con poesía o con virtud, como gustéis.» Y si alguna vez, en la escalinata de un palacio, en la verde hierba de una zanja o en la melancólica soledad de vuestro cuarto, despertáis desvanecida o disminuída ya la embriaguez, preguntadle al viento, a la ola, a la estrella, al pájaro, al reloj, 68 Anexos a todo lo que huye, a todo lo que murmura, a todo lo que rueda, a todo lo que canta, a todo lo que habla, preguntadle qué hora es, y el viento, y la ola, y la estrella, y el pájaro, y el reloj os dirán 6.2.4.3. 1913: MANUEL ÁLVAREZ ORTEGA EMBRIAGAOS Es preciso estar siempre ebrio. Esto es todo: la única cuestión. Para no sentir la horrible carga del tiempo que desgarra vuestros hombros y os inclina sobre la tierra, es preciso embriagarse sin tregua. Pero ¿de qué? De vino, de poesía o de virtud, como os parezca. Pero embriagaos. Y si alguna vez, en las escaleras de un palacio, en la verde hierba de una zanja, en la triste soledad de vuestro cuarto, os despertáis, disminuida o desaparecida ya la embriaguez, preguntadle al viento, a la ola, a la estrella, al pájaro, al reloj, a todo lo que huye, a todo lo que gime, a todo lo que rueda, a todo lo que canta, a todo lo que habla, preguntadle qué hora es, y el viento, la ola, la estrella, el pájaro y el reloj os responderán: «¡Es la hora de embriagarse! ¡Para no ser martirizados, esclavos del tiempo, embriagaos, embriagaos sin cesar! De vino, de poesía o de virtud, como os parezca». Y si alguna vez, en las escaleras de un palacio, en la verde hierba de una zanja, en la triste soledad de vuestro cuarto, os despertáis, disminuida o desaparecida ya la embriaguez, preguntadle 69 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire al viento, a la ola, a la estrella, al pájaro, al reloj, a todo lo que huye, a todo lo que gime, a todo lo que rueda, a todo lo que canta, a todo lo que habla, preguntadle qué hora es, y el viento, la ola, la estrella, el pájaro y el reloj os responderán 6.2.4.4. 1918: JOSÉ FRANCÉS EMBRIAGAOS Hay que estar siempre ebrio. Eso es lo único. Para no sentir el horrible fardo del tiempo que rompe vuestros hombros y os inclina hacia la tierra, hay que emborracharse sin tregua. ¿De qué? De vino, de poesía o de virtud, como gustéis. Pero embriagaos. Y si alguna vez, en la escalera de un palacio, o en el borde de un foso, o en la soledad melancólica de vuestro cuarto despertáis ya disminuida o desaparecida la embriaguez, pedidle al viento, a la ola, a la estrella, al pájaro, al reloj, a todo lo que huye, a todo lo que gime, a todo lo que rueda, a todo lo que canta, a todo lo que habla, preguntadle qué hora es. Y el viento, la ola, la estrella, el pájaro, el reloj, os contestarán: «Es la hora de embriagarse. Para no ser los esclavos martirizados por el tiempo, embriagaos constantemente. De vino, de poesía o de virtud, como gustéis.» Y si alguna vez, en la escalera de un palacio, 70 Anexos o en el borde de un foso, o en la soledad melancólica de vuestro cuarto despertáis ya disminuida o desaparecida la embriaguez, pedidle al viento, a la ola, a la estrella, al pájaro, al reloj, a todo lo que huye, a todo lo que gime, a todo lo que rueda, a todo lo que canta, a todo lo que habla, preguntadle qué hora es. Y el viento, la ola, la estrella, el pájaro, el reloj, os contestarán 6.2.4.5. 1920: ENRIQUE DÍEZ-CANEDO EMBRIAGAOS Hay que estar siempre borracho. Todo consiste en eso: es la única cuestión. Para no sentir la carga horrible del Tiempo, que os rompe los hombros y os inclina hacia el suelo, tenéis que embriagaros sin tregua. Pero ¿de qué? De vino, de poesía o de virtud, de lo que queráis. Pero embriagaos. 71 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire Y si alguna vez, en las gradas de un palacio, sobre la hierba verde de un foso, en la tristona soledad de vuestro cuarto, os despertáis, disminuida ya o disipada la embriaguez, preguntad al viento, a la ola, a la estrella, al ave, al reloj, a cuanto huye, a todo lo que gime, a lo que rueda, a cuanto canta, a todo lo que habla, preguntadle la hora que es; y el viento, la ola, la estrella, el ave, el reloj, os contestarán: «¡Es hora de emborracharse! Para no ser esclavos y mártires del Tiempo, embriagaos, embriagaos sin cesar. De vino, de poesía o de virtud; de lo que queráis.» Y si alguna vez, en las gradas de un palacio, sobre la hierba verde de un foso, en la tristona soledad de vuestro cuarto, os despertáis, disminuida ya o disipada la embriaguez, preguntad al viento, a la ola, a la estrella, al ave, al reloj, a cuanto huye, a todo lo que gime, a lo que rueda, a cuanto canta, a todo lo que habla, preguntadle la hora que es; y el viento, la ola, la estrella, el ave, el reloj, os contestarán 6.2.4.6. 1942: AGUSTÍN ESCLASANS 72 Anexos EMBRIAGAOS Hay que estar siempre ebrio. Todo consiste en eso; es la única cuestión. Para no sentir el horrible fardo del Tiempo, que pesa sobre vuestras espaldas y os hace inclinar hacia la tierra, hay que embriagarse sin cesar. ¿Pero de qué? De vino, de poesía o de virtud, a vuestro gusto. Pero embriagaos. Y si, a veces, en los peldaños de un palacio, sobre la hierba verde de un foso, en la soledad melancólica de vuestra habitación, os despertáis, con la embriaguez ya disminuída o desaparecida, preguntad al viento, a la ola, a la estrella, al pájaro, al reloj, a cuanto huye, a cuanto gime, a cuanto rueda, a cuanto canta, a cuanto habla, preguntad qué hora es: y el viento, la ola, la estrella, el pájaro, el reloj, os contestarán: «¡Es la hora de embriagarse! ¡Para no ver a los esclavos martirizados del Tiempo, embriagaos, embriagaos sin cesar! ¡De vino, de poesía o de virtud, a vuestro gusto!» Y si, a veces, en los peldaños de un palacio, sobre la hierba verde de un foso, en la soledad melancólica de vuestra habitación, os despertáis, con la embriaguez ya disminuída o desaparecida, preguntad al viento, a la ola, a la estrella, al pájaro, al reloj, a cuanto huye, a cuanto gime, a cuanto rueda, a cuanto canta, a cuanto habla, preguntad qué hora es: y el viento, la ola, la estrella, el pájaro, el reloj, os contestarán 73 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire 6.2.4.7. 1973: VICENTE GIL-VILACHE EMBRIAGAOS Hay que estar siempre embriagado. Ese es el secreto; ésa es la única cuestión. Para no sentir la horrible carga del Tiempo que rompe vuestros hombros y os inclina hacia la tierra, tenéis que embriagaros sin tregua. ¿Pero de qué? De vino, de poesía o de virtud, a vuestro gusto. Pero embriagaos. Y si alguna vez, en las escalinatas de un palacio, sobre la yerba verde de un foso, en la lúgubre soledad de vuestro cuarto, os despertáis con la embriaguez ya disminuida o desaparecida, preguntad al viento, a la ola, a la estrella, al pájaro, al reloj, a todo lo que huye, a todo lo que gime, a todo lo que rueda, a todo lo que canta, a todo lo que habla, preguntad qué hora es; y el viento, la ola, la estrella, el pájaro, el reloj, os responderán: «¡Es la hora de emborracharse! ¡Para no ser los martirizados esclavos del Tiempo, embriagaos, embriagaos sin cesar! De vino, de poesía o de virtud, a vuestro gusto.» Y si alguna vez, en las escalinatas de un palacio, sobre la yerba verde de un foso, en la lúgubre soledad de vuestro cuarto, os despertáis con la embriaguez ya disminuida o desaparecida, preguntad al viento, a la ola, a la estrella, al pájaro, al reloj, a todo lo que huye, a todo lo que gime, a todo lo que rueda, a todo lo que canta, a todo lo que habla, preguntad qué hora es; y el viento, la ola, 74 Anexos la estrella, el pájaro, el reloj, os responderán 6.2.4.8. 1975: ALAIN VERJAT ¡EMBRIAGAOS! Siempre hay que estar ebrio. Es lo importante: la única cuestión. Para no sentir el horrible fardo del Tiempo que destroza el hombro y os doblega hacia el suelo, os tenéis que embriagar siempre. Pero ¿con qué? Con vino, con poesía o virtud, como queráis. Pero embriagaos. Y si a veces, en la escalinata de un palacio, en la verde hierba de un foso, en la triste soledad de vuestra habitación os despertáis, la embriaguez amainada ya o desaparecida, preguntad al viento, a las olas, a las estrellas, a los pájaros, al reloj, a todo cuanto huye, a todo cuanto solloza y da vueltas, a todo cuanto canta y habla, preguntad qué horas; y el viento, las olas, las estrellas, los pájaros, el reloj os contestarán: ¡es hora de embriagarse! Para no ser los esclavos martirizados del Tiempo, embriagaos; ¡embriagaos sin parar! ¡Con vino, poesía o virtud, como queráis! Y si a veces, en la escalinata de un palacio, en la verde hierba de un foso, en la triste soledad de vuestra habitación os despertáis, la embriaguez amainada ya o desaparecida, preguntad al viento, a las olas, a las estrellas, a los pájaros, al reloj, a todo cuanto huye, a todo cuanto solloza y da vueltas, a todo cuanto canta y habla, 75 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire preguntad qué horas; y el viento, las olas, las estrellas, los pájaros, el reloj os contestarán 6.2.4.9. 1979: EMILIO OLCINA AYA EMBRIAGAOS Hay que estar siempre ebrio. Nada más: ése es todo el asunto. Para no sentir el horrible peso del Tiempo que os fatiga la espalda y os inclina hacia la tierra, tenéis que embriagaros sin tregua. Pero ¿de qué? De vino, de poesía o de virtud, como queráis. Pero embriagaos. Y si alguna vez, en las escalinatas de un palacio, sobre la hierba verde de una cuneta, en la lúgubre soledad de vuestra habitación, os despertáis, habiendo disminuido o desaparecido la embriaguez, preguntad al viento, a la ola, a la estrella, al pájaro, al reloj, a todo lo que huye, a todo lo que gime, a todo lo que rueda, a todo lo que canta, a todo lo que habla, preguntad qué hora es, y el viento, la ola, la estrella, el pájaro, el reloj, os contestarán: «¡Es la hora de embriagarse! ¡Para no ser los esclavos martirizados del Tiempo, embriagaos; embriagaos sin cesar! De vino, de poesía o de virtud, como queráis.» Y si alguna vez, en las escalinatas de un palacio, sobre la hierba verde de una cuneta, en la lúgubre soledad de vuestra habitación, os despertáis, habiendo disminuido o desaparecido la embriaguez, preguntad al viento, a la ola, a la estrella, al pájaro, al reloj, a todo lo que huye, 76 Anexos a todo lo que gime, a todo lo que rueda, a todo lo que canta, a todo lo que habla, preguntad qué hora es, y el viento, la ola, la estrella, el pájaro, el reloj, os contestarán 6.2.4.10. 1985: JAIME URIBE EMBRIAGAOS Hay que estar siempre ebrio. Ahí está todo: es la única cuestión. Para no sentir el horrible fardo del Tiempo que rompe vuestros hombros y os inclina hacia la tierra, es preciso que os embriaguéis sin tregua. Pero, ¿de qué? De vino, de poesía o de virtud, a vuestro gusto. Pero embriagaos. Y si alguna vez, en las gradas de un palacio, en la hierba verde de una cuneta, en la soledad melancólica de vuestra habitación, os despertáis y la embriaguez ha disminuido o desaparecido, preguntad al viento, a la ola, a la estrella, al pájaro, al reloj, a todo lo que huye, a todo lo que gime, a todo lo que rueda, a todo lo que canta o lo que habla, preguntadle qué hora es; y el viento, la ola, la estrella, el pájaro, el reloj os responderán: «¡Es la hora de embriagarse! Para no ser los esclavos martirizados del Tiempo, embriagaos; ¡embriagaos sin cesar! De vino, de poesía o de virtud, de lo que queráis.» Y si alguna vez, en las gradas de un palacio, en la hierba verde de una cuneta, en la soledad melancólica de vuestra habitación, os despertáis y la embriaguez ha disminuido o desaparecido, preguntad al viento, a la ola, a la estrella, 77 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire al pájaro, al reloj, a todo lo que huye, a todo lo que gime, a todo lo que rueda, a todo lo que canta o lo que habla, preguntadle qué hora es; y el viento, la ola, la estrella, el pájaro, el reloj os responderán 6.2.4.11. 1986: JOSÉ ANTONIO MILLÁN ALBA EMBRIAGAOS HAY que estar siempre borracho. Todo radica ahí: es la única cuestión. Para no sentir el horrible fardo del Tiempo, que destroza vuestras espaldas y os inclina hacia el suelo, es preciso emborracharse sin tregua. ¿Y de qué? De vino, de poesía o de virtud, a vuestro antojo, pero emborrachaos. Y si alguna vez os despertáis en la escalinata de un palacio, en la verde hierba de un foso, en la mustia soledad de vuestro cuarto, habiendo disminuido o desaparecido la embriaguez, preguntad al viento, a la ola, a la estrella, al pájaro, al reloj, a todo lo que huye, gime, rueda, canta y habla, preguntadle qué hora es; y el viento, la ola, la estrella, el reloj os responderán: «¡Es hora de emborracharse! Para no ser esclavos martirizados por el Tiempo, emborrachaos, emborrachaos constantemente! [sic] De vino, de poesía o de virtud, a vuestro antojo». Y si alguna vez os despertáis en la escalinata de un palacio, en la verde hierba de un foso, en la mustia soledad de vuestro cuarto, habiendo disminuido o desaparecido la embriaguez, preguntad al viento, 78 Anexos a la ola, a la estrella, al pájaro, al reloj, a todo lo que huye, gime, rueda, canta y habla, preguntadle qué hora es; y el viento, la ola, la estrella, el reloj os responderán 6.2.4.12. 1989: ENRIQUE LÓPEZ CASTELLÓN EMBRIAGAOS Hay que estar siempre ebrio. Nada más: ésa es toda la cuestión. Para no sentir el peso horrible del tiempo, que os quiebra la espalda y os inclina hacia el suelo, tenéis que embriagaros sin parar. ¿De qué? De vino, de poesía o de virtud, como queráis. Pero embriagaos. Y si alguna vez, en las escaleras de un palacio, en la verde hierba de una zanja, en la soledad sombría de vuestro cuarto, os despertáis, porque ha disminuido o ha desaparecido vuestra embriaguez, preguntad al viento, a las olas, a las estrellas, a los pájaros, al reloj, a todo lo que huye, a todo lo que gime, a todo lo que gira, a todo lo que canta, a todo lo que habla, preguntadle qué hora es, y el viento, las olas, las estrellas, los pájaros, el reloj, os contestarán: «¡Es la hora de embriagarse!» Para no ser los esclavos martirizados del tiempo, embriagaos; embriagaos sin cesar. De vino, de poesía o de virtud, como queráis. Y si alguna vez, en las escaleras de un palacio, en la verde hierba de una zanja, en la soledad sombría de vuestro cuarto, 79 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire os despertáis, porque ha disminuido o ha desaparecido vuestra embriaguez, preguntad al viento, a las olas, a las estrellas, a los pájaros, al reloj, a todo lo que huye, a todo lo que gime, a todo lo que gira, a todo lo que canta, a todo lo que habla, preguntadle qué hora es, y el viento, las olas, las estrellas, los pájaros, el reloj, os contestarán 6.2.4.13. 1990: MARGARITA MICHELENA EMBRIAGAOS HAY QUE ESTAR SIEMPRE EBRIO. Todo está allí: es la única cuestión. Para no sentir el horrible fardo del Tiempo, que rompe vuestros hombros y os inclina hacia la tierra, hay que embriagarse sin cesar. ¿Pero de qué? De vino, de poesía o de virtud, a vuestra guisa. Y si alguna vez, sobre las gradas de un palacio, sobre la hierba verde de un foso, en la soledad melancólica de vuestra alcoba, os despertáis, la embriaguez ya atenuada o desaparecida, pedid al viento, a la ola, a la estrella, al pájaro, al reloj y a todo lo que huye, a todo lo que gime, a todo lo que rueda, a todo lo que canta, a todo lo que habla, preguntadle qué hora es; y el viento, la ola, la estrella, el pájaro y el reloj os responderán: “¡Es la hora de embriagarse! Para no ser los esclavos martirizados del Tiempo, embriagaos, embriagaos sin cesar. De vino, de poesía o de virtud, a vuestra guisa”. 80 Anexos Y si alguna vez, sobre las gradas de un palacio, sobre la hierba verde de un foso, en la soledad melancólica de vuestra alcoba, os despertáis, la embriaguez ya atenuada o desaparecida, pedid al viento, a la ola, a la estrella, al pájaro, al reloj y a todo lo que huye, a todo lo que gime, a todo lo que rueda, a todo lo que canta, a todo lo que habla, preguntadle qué hora es; y el viento, la ola, la estrella, el pájaro y el reloj os responderán 6.2.4.14. 1993: PEDRO GANDÍA BULEO EMBRIAGAOS Hay que estar siempre ebrio. Todo radica ahí: ése es todo el asunto. Para no sentir la horrible carga del Tiempo que os destroza las espaldas y os inclina hacia tierra, tenéis que embriagaros sin tregua. Pero ¿de qué? De vino, de poesía o de virtud, a vuestro gusto. Pero embriagaos. Y si alguna vez, en las gradas de un palacio, en la hierba verde de una cuneta, en la triste soledad de vuestra habitación, os despertáis, disminuida o aparecida ya la embriaguez, preguntad al viento, a la ola, a la estrella, al pájaro, al reloj, a todo lo que huye, a todo lo que gime, a todo lo que rueda, a todo lo que canta, a todo lo que habla, preguntadle qué hora es; y el viento, la ola, la estrella, el pájaro y el reloj 81 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire os responderán: «¡Es hora de embriagarse! Para no ser esclavos martirizados por el Tiempo, embriagaos, embriagaos sin cesar. De vino, de poesía o de virtud, a vuestro gusto». Y si alguna vez, en las gradas de un palacio, en la hierba verde de una cuneta, en la triste soledad de vuestra habitación, os despertáis, disminuida o aparecida ya la embriaguez, preguntad al viento, a la ola, a la estrella, al pájaro, al reloj, a todo lo que huye, a todo lo que gime, a todo lo que rueda, a todo lo que canta, a todo lo que habla, preguntadle qué hora es; y el viento, la ola, la estrella, el pájaro y el reloj os responderán: 6.2.4.15. 1997: JOAQUÍN NEGRÓN EMBRIAGAOS Hay que estar siempre ebrio. Todo se reduce a eso; es la única cuestión. Para no sentir el horrible peso del Tiempo, que os destroza los hombros doblegándoos hacia el suelo, debéis embriagaros sin cesar. Pero, ¿de qué? De vino, de poesía o de virtud, como os plazca. Pero embriagaos. 82 Anexos Y si alguna vez os despertáis en la escalinata de un palacio, tumbados sobre la verde hierba de una cuneta o en la lóbrega soledad de vuestro cuarto, menguada o disipada ya la embriaguez, preguntadle al viento, a la ola, a la estrella, al pájaro, al reloj, a todo lo que huye, a todo lo que gime, a todo lo que rueda, canta o habla, preguntad qué hora es; y el viento, la ola, la estrella, el pájaro, el reloj os contestarán: «¡Es hora de embriagarse!» Para no ser los esclavos martirizados del Tiempo, embriagaos; ¡embriagaos sin cesar! De vino, de poesía o de virtud, como os plazca. Y si alguna vez os despertáis en la escalinata de un palacio, tumbados sobre la verde hierba de una cuenta o en la lóbrega soledad de vuestro cuarto, menguada o disipada ya la embriaguez, preguntadle al viento, a la ola, a la estrella, al pájaro, al reloj, a todo lo que huye, a todo lo que gime, a todo lo que rueda, canta o habla, preguntad qué hora es; y el viento, la ola, la estrella, el pájaro, el reloj os contestarán: 6.2.4.16. 1999: FRANCISCO TORRES MONREAL EMBORRACHAOS 83 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire Hay que estar siempre borracho. Ésa es la clave, ésa la única cuestión. Para no sentir la horrible carga del Tiempo que os rompe los hombros y os inclina hacia el suelo, tenéis que emborracharos sin tregua. ¿De qué? De vino, de poesía, de virtud, a vuestro antojo. Pero emborrachaos. Y si en algún momento, en las escalinatas de un palacio, sobre la verde hierba de un foso, en la soledad triste de vuestra habitación, os despertáis, la embriaguez menguada o desaparecida, preguntad al viento, a la ola, a la estrella, al pájaro, al reloj, a todo lo que huye, a todo lo que gime, a todo lo que rueda, a todo lo que canta, a todo lo que habla, preguntadles qué hora es; y el viento, la ola, la estrella, el pájaro, el reloj, os responderán: «¡Es la hora de emborracharse! Para no ser los esclavos martirizados del Tiempo, emborrachaos; ¡emborrachaos sin tregua! De vino, de poesía o de virtud: a vuestro antojo». Y si en algún momento, en las escalinatas de un palacio, sobre la verde hierba de un foso, en la soledad triste de vuestra habitación, os despertáis, la embriaguez menguada o desaparecida, preguntad al viento, a la ola, a la estrella, al pájaro, al reloj, a todo lo que huye, a todo lo que gime, a todo lo que rueda, a todo lo que canta, a todo lo que habla, preguntadles qué hora es; y el viento, la ola, la estrella, el pájaro, el reloj, os responderán 84 Anexos 6.2.4.17. 2006: MAURO ARMIÑO EMBRIAGAOS Hay que estar siempre ebrio. Todo está ahí: ésa es la única cuestión. Para no sentir el horrible fardo del Tiempo que rompe vuestras espaldas y os inclina hacia el suelo, tenéis que embriagaros sin tregua. Pero ¿de qué? De vino, de poesía o de virtud, lo que prefiráis. Pero embriagaos. Y si alguna vez, sobre la escalinata de un palacio, sobre la verde hierba de un foso, en la soledad sombría de vuestro cuarto, os despertáis, ya menguada o desaparecida la embriaguez, preguntad al viento, a la ola, a la estrella, al pájaro, al reloj, a todo lo que huye, a todo lo que gime, a todo lo que rueda, a todo lo que canta, a todo lo que habla, preguntadle qué hora es; y el viento, la ola, la estrella, el pájaro, el reloj, os responderán: «¡Es la hora de embriagarse! Para no ser los esclavos martirizados del Tiempo, ¡embriagaos sin cesar! De vino, de poesía o de virtud, lo que prefiráis». Y si alguna vez, sobre la escalinata de un palacio, sobre la verde hierba de un foso, en la soledad sombría de vuestro cuarto, os despertáis, ya menguada o desaparecida la embriaguez, preguntad al viento, a la ola, a la estrella, al pájaro, al reloj, a todo lo que huye, a todo lo que gime, a todo lo que rueda, a todo lo que canta, a todo lo que habla, preguntadle qué hora es; y el viento, la ola, la estrella, el pájaro, el reloj, 85 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire os responderán 6.2.4.18. 2008: PABLO OYARZÚN EMBRIAGAOS Hay que estar siempre ebrio. Todo está allí: es la única cuestión. Para no sentir el horrible fardo del Tiempo que quiebra vuestras espaldas y que os inclina hacia la tierra, tenéis que embriagaros sin tregua. Pero ¿de qué? De vino, de poesía o de virtud, a vuestra guisa. Pero embriagaos. Y si alguna vez os despertáis, sobre los peldaños de un palacio, sobre la verde hierba de una zanja, en la soledad sombría de vuestro cuarto, ya aminorada o desaparecida la embriaguez, preguntadle al viento, a la ola, a la estrella, al pájaro, al reloj, a todo lo que huye, a todo lo que gime, a todo lo que rueda, a todo lo que canta, a todo lo que habla, preguntadle qué hora es; y el viento, la ola, la estrella, el pájaro os responderán: “¡Es la hora de embriagarse! ¡Para no ser esclavos martirizados del Tiempo, embriagaos; embriagaos sin tregua! De vino, de poesía o de virtud, a vuestra guisa”. Y si alguna vez os despertáis, sobre los peldaños de un palacio, sobre la verde hierba de una zanja, en la soledad sombría de vuestro cuarto, ya aminorada o desaparecida la embriaguez, preguntadle al viento, a la ola, a la estrella, al pájaro, al reloj, a todo lo que huye, a todo lo que gime, a todo lo que rueda, a todo lo que canta, a todo lo que habla, preguntadle qué hora es; y el viento, 86 Anexos la ola, la estrella, el pájaro os responderán 6.2.4.19. 2009: MANUEL NEILA EMBRIAGAOS HAY que estar siempre borracho. Eso es todo: esa es la única cuestión. Para no sentir el horrible fardo del Tiempo, que destroza vuestros hombros y os inclina hacia el suelo, tenéis que embriagaros sin tregua. Pero ¿de qué? De vino, de poesía o de virtud, a vuestro antojo, pero embriagaos. Y si alguna vez, en la escalinata de un palacio, en la hierba verde de un foso, en la triste soledad de vuestro cuarto, os despertáis, disminuida o disipada ya la embriaguez, preguntad al viento, a la ola, a la estrella, al pájaro, al reloj, a todo cuanto huye, a todo lo que gime, a todo cuanto rueda, a todo lo que canta y a todo lo que habla, preguntadle qué hora es; y el viento, la ola, la estrella, el reloj os responderán: «¡Es hora de emborracharse! Para no ser los esclavos martirizados por el Tiempo, embriagaos, embriagaos sin cesar. De vino, de poesía o de virtud, a vuestro antojo.» Y si alguna vez, en la escalinata de un palacio, en la hierba verde de un foso, en la triste soledad de vuestro cuarto, os despertáis, disminuida o disipada ya la embriaguez, preguntad al viento, a la ola, a la estrella, al pájaro, al reloj, a todo cuanto huye, a todo lo que gime, a todo cuanto rueda, a todo lo que canta 87 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire y a todo lo que habla, preguntadle qué hora es; y el viento, la ola, la estrella, el reloj os responderán 88 Anexos ANEXO 14: TRADUCCIONES ESPACIALIZADAS DE XXXII – LE THYRSE 6.3.4.1. 1905: EUSEBIO HERAS El tirso A Frantz [sic.] Listz [sic.] ¿Qué es un tirso? Según el sentido moral y poético, es un emblema sacerdotal en mano de los sacerdotes ó de las sacerdotisas que celebran la divinidad de que son los intérpretes y siervos. Pero físicamente no es más que una varilla, simplemente una varilla, pértiga de lúpulo, tutor de vid, seca, dura y recta. En torno de esta varilla, en caprichosas revueltas, juegan y loquean tallos y flores, 89 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire aquéllos sinuosos y fugitivos, éstas inclinadas como campanas ó copas vueltas. Y una sorprendente gloria brota de aquella complejidad de luces y colores, chillones ó tiernos. ¿No se diría que la línea curva y la espiral hacen la corte á la línea y bailan en torno de la misma en muda adoración? ¿No se diría que todas aquellas corolas delicadas, todos aquellos cálices, explosiones de aromas y de colores, ejecutan un místico fandango en torno de la varilla hierática? ¿Y quién es, sin embargo, el mortal imprudente capaz de decidir si las flores y los pámpanos han sido hechos para la varilla, ó si la varilla no es más que el pretexto para mostrar la belleza de los pámpanos y las flores? 90 Anexos El tirso es la representación de la sorprendente cualidad de usted, maestro potente y venerado, querido Bacante de la Belleza misteriosa y apasionada. Nunca ninguna ninfa exasperada por el invencible Baco sacudió su tirso sobre las cabezas de sus compañeras enloquecidas con tanta energía y capricho como agita usted su genio sobre los corazones de sus hermanos. La varilla es su voluntad de usted, recta, firme é inquebrantable; las flores son el paseo de su fantasía en torno de su voluntad; es el elemento femenino ejecutando en torno del macho sus prestigiosas piruetas. Línea recta y línea arabesca, intención y 91 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire expresión, rigidez de la voluntad, sinuosidad de la palabra, unidad del fin, variedad de medios, amalgama omnipotente é indivisible del genio, ¿qué análisis tendrá el detestable valor de dividiros y separaros? Querido Liszt, á través de las brumas, del otro lado de los ríos, por encima de las ciudades donde los pianos cantan su gloria, donde la imprenta traduce su sabiduría, en cualquier lugar donde se encuentre usted, en los esplendores de la vida eterna ó en las brumas de los países soñadores que consuela Cambronus, [sic.] improvisando cantos de delectación ó de dolor inefable, ó confiando al papel sus meditaciones abstrusas, chantre de la Voluptuosidad y de la Augustia [sic.] eternas, filósofo, poeta y artista, ¡salúdole á usted en la inmortalidad! 92 Anexos 6.3.4.2. 1910?: PEDRO VANCES EL TIRSO A Franz Liszt ¿Qué es un tirso? Según el sentido moral y poético, es un emblema sacerdotal que los sacerdotes y sacerdotisas llevan en la mano y con el que solemnizan la divinidad, de la que son intérpretes y servidores. Pero, físicamente, no es más que una vara, una verdadera vara, una rama de viña, un rodrigón de vid, esbelto, seco y muy resistente. En torno de esta vara, alrededor de sus caprichosas sinuosidades, brotan y se revuelven tallos y flores, fugitivos y sinuosos 93 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire los unos, inclinadas las otras como campanas o copas del revés. Y un estupendo esplendor surge de esta complejidad de líneas y colores, delicados o resplandecientes. ¿No se diría que la línea curva y la espiral cortejan a la recta y, con muda adoración, en torno de ella danzan? ¿No se diría que todas esas sutiles corolas y todos esos cálices, explosiones de matices y perfumes, bailan un místico fandango alrededor de la hierática vara? ¿Y qué imprudente mortal osaría decir si las flores y los pámpanos se hicieron para la vara, o si la vara no es más que un pretexto para que se nos muestre la belleza de los pámpanos y las flores? 94 Anexos El tirso es la portentosa representación de vuestro sorprendente dualismo, poderoso y venerado maestro, Bacante de la misteriosa y apasionada Belleza. Jamás ninfa alguna, exasperada por el invencible Baco, agitó su tirso sobre las cabezas de sus enloquecidas compañeras con tanto poderío e imaginación tanta, como agitáis vuestro genio sobre los corazones de vuestros hermanos. La vara es vuestra voluntad erguida, firme e inquebrantable; las flores, el vuelo de vuestra fantasía en torno de vuestra voluntad, el elemento femenino que ejecuta alrededor del macho sus prestigiosas piruetas. Rectas y arabescos, 95 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire intención y expresión, rigidez de la voluntad, sinuosidades del verbo, unidad de miras, variedades de ejecución, amalgama todopoderosa e indivisible del genio, ¿qué espíritu analítico tendría el abominable [atrevimiento de dividiros y separaros? Querido Liszt, a través de las brumas, más allá de los ríos, por encima de las ciudades en las que los pianos cantan vuestra gloria o la imprenta traduce vuestra sabiduría, dondequiera que estéis, entre los esplendores de la Ciudad Eterna, o entre las brumas de los países meditabundos que Gambrinus consuela, ya improvisando cantos de delectación o de inefable pesadumbre, ya confiando al papel vuestras abstrusas meditaciones, cantor de la Voluptuosidad y de la Angustia eternas, 96 Anexos filósofo, poeta y artista, ¡os saludo en la inmortalidad! 6.3.4.3. 1918: JOSÉ FRANCÉS EL TIRSO A Franz Liszt. ¿Qué es un tirso? Según el sentido moral y poético, es un emblema sacerdotal en la mano de los sacerdotes y de las sacerdotisas, que exalta la dignidad de la cual son intérpretes y servidores. Pero físicamente no es más que un bastón, un trozo de palo que sirve para sostener las viñas, seco, duro y recto. En torno de este bastón juegan y se solazan en caprichosos meandros tallos y flores, sinuosos y 97 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire fugitivos aquéllos, inclinadas éstas como campanas o copas al revés. Y una gloria sombrosa surte de esta complejidad de líneas y colores suaves o chillones. ¿No parece que la línea curva y la espiral cortejan a la línea recta y danzan en torno de ella con muda adoración? ¿No parece que todas esas corolas, todos esos cálices, explosiones de perfumes de colores, ejecutan un místico fandango en torno del bastón hierático? ¿Quién será el mortal imprudente que se atreva a decidir si las flores y los pámpanos han sido hechos para esta vara o si la vara no es más que el pretexto para mostrar la belleza de los pámpanos y de las flores? El tirso es la representación de su portentoso dualismo, o maestro 98 Anexos venerado y potente, bacante de la belleza misteriosa y apasionada. Jamás ninfa alguna, exasperada por el invencible Baco, agitó su tirso sobre las cabezas de sus compañeras enloquecidas con tan caprichosa energía como vos agitáis vuestro genio sobre los corazones fraternos. La varita es vuestra voluntad, recta y firme e inquebrantable; las flores son el paseo de vuestra fantasía en torno de vuestra voluntad, son el elemento femenino ejecutando alrededor del macho sus piruetas fastuosas. Línea recta y arabesco, intención y expresión, rigidez de la voluntad, sinuosidad del verbo, 99 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire unidad de propósito, variedad de medios, amalgama omnipotente e indivisible del genio, ¿qué analista tendría el detestable valor de dividiros y separaros? A través de las brumas, querido Liszt, al otro lado de los ríos, por encima de las ciudades donde los pianos cantan vuestra gloria o la imprenta traduce vuestra sabiduría, estéis donde estéis, en los esplendores de la Ciudad Eterna o en las brumas de los países soñadores que Gambrinus consuela, improvisando cantos de delectación o de dolor inefable, confiando al papel vuestras meditaciones abstrusas, cantos de la voluptuosidad y de la angustia eterna, filósofo, poeta y artista, ¡yo os saludo en la inmortalidad! 100 Anexos 6.3.4.4. 1920: ENRIQUE DÍEZ-CANEDO EL TIRSO A Franz Liszt. ¿Qué es un tirso? Según el sentido moral y poético, es un emblema sacerdotal en manos de los sacerdotes o de las sacerdotisas que celebran a la divinidad, cuyos intérpretes y servidores son. Pero físicamente no es más que un palo, un sencillo palo, percha de lúpulo, rodrigón de viña, seco, duro y derecho. En derredor de ese palo, en meandros caprichosos, juegan como locos tallos y flores, sinuosas y huidizas éstas, inclinados 101 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire aquéllos como campanas o copas vueltas del revés. Una gloria asombrosa mana de tal complejidad de líneas y de colores, tiernas o brillantes. ¿No se diría que la curva y la espiral hacen la corte a la línea recta, bailando en torno suyo con adoración muda? ¿No se diría que todas esas corolas delicadas, todos esos cálices, explosiones de aromas y de color, ejecutan un fandango místico en derredor del palo hierático? ¿Y cuál es, sin embargo, el mortal imprudente que se atrevería a decidir si las flores y los pámpanos se han hecho para el palo, o si el palo no es más que el pretexto para mostrar la hermosura de pámpanos y flores? El tirso es la representación de vuestra asombrosa dualidad, maestro poderoso y venerando, [sic] caro bacante de la belleza 102 Anexos misteriosa y apasionada. Jamás la ninfa exasperada por Baco invencible, sobre las cabezas de sus compañeras enloquecidas sacudió el tirso con tanto vigor y capricho como vos agitáis vuestro genio sobre los corazones de vuestros hermanos. El palo es vuestra voluntad recta, firme e inquebrantable; las flores son el paseo de vuestra fantasía en derredor de vuestra voluntad; es el elemento femenino que ejecuta en redor [sic.] del macho sus prestigiosas piruetas. Línea recta y línea de arabesco, intención y expresión, rigidez de la voluntad, sinuosidad del verbo, 103 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire unidad del propósito, variedad de los medios, amalgama todopoderosa e indivisible del genio, ¿qué analítico tendrá el detestable valor de dividiros y separaros? ¡Querido Liszt: a través de las brumas y más allá de los ríos, por encima de las ciudades en que los pianos cantan vuestra gloria y la imprenta traduce vuestro saber, dondequiera que os halléis vos, en los esplendores de la ciudad eterna o en las nieblas de los países soñadores consolados por Gambrinus, improvisando cantos de deleite o de dolor inefable o confiando al papel vuestras meditaciones abstrusas, cantor del placer y de la angustia eternos, filósofo, poeta y artista, yo os saludo en la inmortalidad! 6.3.4.5. 1942: AGUSTÍN ESCLASANS 104 Anexos EL TIRSO (A Franz Liszt) ¿Qué es un tirso? Según el sentido moral y poético, era un emblema sacerdotal, en manos de los sacerdotes o sacerdotisas que veneraban a sus divinidades, de las que eran los intérpretes o los servidores. Pero, físicamente, no era más que un bastón, un puro bastón, pértiga de lúpulo, tutor de viña, seco, duro y recto. Alrededor de este bastón, en meandros caprichosos, se enroscan y entretejen ramitas y flores, éstas sinuosas y fugitivas, aquéllas inclinadas como campanas o copas invertidas. 105 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire Y de esa complejidad de líneas y colores, tiernos y brillantes, brota una gloria sorprendente. ¿No se diría que las líneas curva y espiral hacen su corte a la línea recta y danzan a su alrededor, en muda adoración? ¿No se diría que todas esas corolas delicadas, todos esos cálices, explosiones de perfumes y colores, ejecutan un místico fandango alrededor del bastón hierático? ¿Y cuál es, sin embargo, el mortal imprudente que osaría decidir si las flores y los pámpanos han sido hechos para el bastón, o si el bastón sólo es el pretexto para mostrar la belleza de los pámpanos y las flores? El tirso es la representación de vuestra admirable dualidad, señor poderoso y venerado, 106 Anexos querido Bacante de la Belleza misteriosa y apasionada. Jamás ninfa exasperada por el invencible Baco sacudió su tirso sobre las cabezas de sus compañeras enloquecidas con tanta energía y tan caprichosamente como vos agitáis vuestro genio sobre los corazones de vuestros hermanos. El bastón es vuestra voluntad, recta, firme e inquebrantable; las flores son el paseo de vuestra fantasía alrededor de vuestra voluntad, son el elemento femenino que ejecuta alrededor del macho sus prestigiosas piruetas. Línea recta y línea arabesca, intención y expresión, rigidez de la voluntad, sinuosidad del verbo, 107 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire unidad del objeto, variedad de los medios, amalgama todopoderosa e indivisible del genio, ¿qué analista tendría el detestable valor de dividiros y repararos? [sic.] ¡Querido Liszt: a través de las brumas, más allá de los ríos, por encima de las ciudades, en las que los pianos cantan vuestra gloria, donde la imprenta traduce vuestra sapiencia, en cualquier lugar donde os halléis, entre los esplendores de la Villa Eterna o entre las brumas de los países soñadores que consuela Gambrinus, improvisando cantos de delectación o de inefable dolor, o confiando al papel vuestras meditaciones abstrusas, chantre de la Voluptuosidad y de la Angustia eternas, filósofo, poeta y artista, yo os saludo en la inmortalidad! 6.3.4.6. 1973: VICENTE GIL-VILACHE 108 Anexos EL TIRSO A Franz Liszt. ¿Qué es un tirso? Según el sentido moral y poético, es un emblema sacerdotal en la mano de los sacerdotes o de las sacerdotisas que celebran la divinidad de la que son interpretes y servidores. Pero físicamente no es más que una vara, una simple vara, pértiga de lúpulo, estaca de vis [sic.], seca, dura y recta. Alrededor de esa vara, en meandros caprichosos, juegan bromeando flores y tallos, éstos sinuosos y huidizos, aquéllas inclinadas como campanas o copas vueltas del revés. Y un asombroso esplendor se desprende de esta complejidad 109 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire de líneas y de colores delicados y resplandecientes. ¿No podría decirse que la línea curva y la espiral hacen la corte a la línea recta y danzan a su alrededor con muda adoración? ¿No podría decirse que todas esas corolas delicadas, todos esos cálices, explosiones de aroma y de colores ejecutan una mística danza alrededor de la hierática vara? ¿Y, sin embargo, qué mortal imprudente se atrevería a decidir si las flores y los pámpanos se hicieron para la vara o si ésta sólo es el pretexto para mostrar la belleza de los pámpanos de las flores? El tirso es la representación de vuestra asombrosa dualidad, maestro poderoso y venerado, querida Bacante, de la Belleza misteriosa y apasionada. 110 Anexos Nunca la ninfa exasperada por el invencible Baco sacudió el tirso sobre las cabezas de sus compañeras enloquecidas con tanta fuerza y capricho como vosotros agitáis vuestro genio sobre los corazones de vuestros hermanos. La vara es vuestra voluntad recta, sólida, inquebrantable; las flores son el paseo de vuestra fantasía en torno de vuestra voluntad, el elemento femenino que ejecuta alrededor del macho sus prestigiosas piruetas. Rectas y arabescos, intención y expresión, rigidez de la voluntad, sinuosidad del verbo, unidad de propósito, variedad de medios, amalgama todopoderosa e indivisible del genio, 111 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire ¿qué analista tendrá el detestable valor de dividiros y de separaros? Querido Liszt: a través de las brumas, más allá de los ríos, por encima de las ciudades donde los pianos cantan tu gloria, donde la imprenta traduce tu sabiduría, en el lugar que tú estés, en los esplendores de la Ciudad Eterna o en las brumas de los países soñadores a los que Gambrinus consuela improvisando cantos de delectación o de inefable dolor, o confiando al papel tus abstrusas meditaciones, chantre de la Voluptuosidad y de la Angustia eterna, filósofo, poeta y artista, ¡yo te saludo en la inmortalidad! 6.3.4.7. 1975: ALAIN VERJAT EL TIRSO a Franz Liszt ¿Qué es un tirso? Según el significado moral y 112 Anexos poético es un emblema sacerdotal en mano de los sacerdotes y sacerdotisas que celebran la divinidad de que son intérpretes y servidores. Pero físicamente no es más que un palo, un simple palo, vara para el lúpulo, tutor para la vid, seco, duro y recto. Alrededor de este palo, con caprichosos meandros, juegan y retozan tallos y flores, sinuosas y huidizas éstas, aquéllas inclinadas cual campanulas o copas invertidas. Y de estas líneas complejas y de estos colores pastel o deslumbrantes 113 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire brota una gloria asombrosa. ¿No se diría que la línea curva y la espiral cortejan la línea recta y bailan a su alrededor con callada adoración? ¿No se diría que todas estas delicadas corolas, todos estos cálices, explosiones de fragancias y colores, interpretan un místico fandango alrededor del hierático bastón? Y sin embargo, ¿cuál sería el imprudente mortal que se atrevería a decidir si las flores y los pámpanos fueron creados para el bastón, o si el bastón no es más que el pretexto para lucir la belleza de las flores y de los pámpanos? El tirso es la representación de vuestra sorprendente dualidad, maestro fecundo y venerado, querido Bacante de la Belleza misteriosa y apasionada. Nunca ninfa exasperada por el invencible Baco sacudió su tirso encima de las cabezas de sus compañeras con tanta 114 Anexos energía y caprichos como agitáis vuestro genio sobre la sensibilidad de vuestros semejantes. El bastón es vuestra voluntad, recta, firme e inquebrantable; las flores son el pasear de vuestra fantasía alrededor de vuestra voluntad; es el elemento femenino ejecutando alrededor del macho sus prestigiosas piruetas. Línea recta y línea arabesca, intención y expresión, rigidez de la voluntad, sinuosidad del verbo, unidad del fin, variedad de los medios, amalgama todopoderosa e indivisible del genio, ¿qué analista tendría el detestable valor de analizaros y 115 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire separaros? Querido Liszt, a través de las nieblas, más allá de los ríos, por encima de las ciudades donde los pianos cantan vuestra gloria, donde la imprenta se hace el eco de vuestra sabiduría, donde quiera que estéis, en medio del esplendor de la ciudad eterna o de las nieblas de los países soñolientos que Cambrino consuela, improvisando cantos deleitosos o inefablemente dolorosos, o confiando al papel vuestras meditaciones abstrusas, cantor de la voluptuosidad y de la angustia eternas, filósofo, poeta y artista, ¡os saludo en la inmortalidad! 6.3.4.8. 1979: EMILIO OLCINA AYA EL TIRSO A Franz Liszt. ¿Qué es un tirso? De acuerdo con el sentido moral y poético, es un emblema sacerdotal en manos de 116 Anexos los sacerdotes o las sacerdotisas que celebran la divinidad de la que son intérpretes y servidores. Pero físicamente no es más que un bastón, un mero bastón, estaca de lúpulo, tutor de vid, seco, duro y recto. Alrededor de este bastón, en caprichosos meandros, juguetean y retozan ramillas y flores, las primeras sinuosas y huidizas, las segundas inclinadas como campanas o copas invertidas. Y surge una gloria sorprendente de esa complejidad de líneas y de colores, tiernos o brillantes. ¿No se diría que la línea curva y la espiral 117 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire cortejan a la recta y danzan a su alrededor con muda adoración? ¿No se diría que todas esas corolas delicadas, todos esos cálices, explosiones de aromas y de colores, ejecutan un fandango místico alrededor del bastón hierático? Y, por lo demás, ¿qué mortal imprudente se atreverá a dictaminar si las flores y los pámpanos han sido hechos para el bastón, o si el bastón no es más que un pretexto para exhibir pámpanos y flores? El tirso es la representación de su sorprendente dualidad, querido bacante de la Belleza misteriosa y apasionada. Jamás ninguna ninfa exasperada por el invencible Baco sacudió su tirso sobre las cabezas de sus compañeras enloquecidas con tanta energía y capricho como agita usted su genio sobre los corazones de sus hermanos. 118 Anexos El bastón es su voluntad, recta, firme e inconmovible; las flores son el paseo de su fantasía alrededor de su voluntad; es el elemento femenino que ejecuta alrededor del macho sus prestigiosas piruetas. Línea recta y línea arabesca, intención y expresión, rigidez de la voluntad, sinuosidad del verbo, unidad del objetivo, variedad de los medios, amalgama todopoderosa e indivisible del genio, ¿qué analista tendrá el valor detestable de dividiros y separaros? Querido Liszt, a través de las brumas, más allá de los ríos, 119 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire por encima de las ciudades en que los pianos cantan vuestra gloria, en que la imprenta traduce vuestra sabiduría, sea donde sea que estéis, en los esplendores de la ciudad eterna o en las brumas de los países soñadores consolados por Cambrinus, improvisando cantos de deleite o de dolor inefable, o confiando al papel vuestras meditaciones abstrusas, cantor de la Voluptuosidad y de la Angustia eternas, filósofo, poeta y artista, ¡os saludo en la inmortalidad! 6.3.4.9. 1985: JAIME URIBE EL TIRSO A Franz Liszt. ¿Qué es un tirso? En el sentido moral y poético, es un emblema sacerdotal en manos de sacerdotes y sacerdotisas que alaban a la divinidad de la que son intérpretes y servidores. Pero físicamente 120 Anexos no es más que un bastón, un simple palo, una estaca, tutor de viña, seco, duro y recto. Alrededor de ese palo, en meandros caprichosos, juegan y retozan tallos y flores, éstas sinuosas y huidizas, aquellas colgantes como campanas o copas volcadas. Y una gloria sorprendente brota de esta complejidad de líneas y de colores, apagados o resplandecientes. ¿No parece que la línea curva y la espiral hacen la corte a la línea recta y danzan a su alrededor en muda adoración? ¿No se diría que todas esas corolas delicadas, todos esos cálices, explosiones de aromas y colores, 121 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire ejecutan un místico fandango alrededor del hierático palo? Y, sin embargo, ¿qué mortal imprudente osaría decidir si las flores y los pámpanos fueron hechos para el palo, o si el palo es tan sólo el pretexto para mostrar la belleza de los pámpanos y las flores? El tirso es la representación de vuestra asombrosa dualidad, maestro poderoso y venerado, amada Bacante de la Belleza misteriosa y apasionada. Jamás ninfa exasperada por el invencible Baco sacudió su tirso sobre las cabezas de sus compañeras enloquecidas con tanta energía y capricho como agitáis vuestro genio sobre los corazones de vuestros hermanos. El bastón es vuestra voluntad, recta, firme e inquebrantable; las flores 122 Anexos son el paseo de vuestra fantasía alrededor de vuestra voluntad; es el elemento femenino ejecutando alrededor del macho sus prestigiosas piruetas. Línea recta y arabesco, intención y expresión, rigidez de la voluntad, sinuosidad del verbo, unidad de objetivo, variedad de los medios, amalgama todopoderosa e indivisible del genio, ¿qué analista tendrá el detestable valor de dividiros y separaros? Amado Liszt, a través de las brumas, más allá de los ríos, por encima de las ciudades en que los pianos cantan tu gloria, en que la imprenta traduce tu sabiduría, dondequiera que estés, en los esplendores de la ciudad eterna o en las brumas de los países soñadores que consuela Gambrinus, improvisando cantos deleitosos o 123 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire de inefable dolor, o confiando al papel tus meditaciones abstrusas, cantor de Voluptuosidad y de la Angustia eternas, filósofo, poeta y artista, ¡te saludo en la inmortalidad! 6.3.4.10. 1986: JOSÉ ANTONIO MILLÁN ALBA EL TIRSO A Franz Liszt. ¿Qué es un tirso? Según el sentido moral y poético, un emblema sacerdotal y poético en la mano de los sacerdotes y sacerdotisas que celebran a la divinidad, de la que son intérpretes y servidores. Pero, físicamente, no es más que un bastón, un mero bastón, percha de lúpulo, tutor de viña, 124 Anexos seco, duro y recto. En torno a este bastón, formando unos caprichosos meandros, juegan y retozan tallos y flores, sinuosos y huidizos aquéllos, inclinadas éstas como campanas o copas invertidas. Y una asombrosa gloria brota de esta complejidad de líneas y de colores, tiernas o brillantes. ¿No diríamos que la línea curva y la espiral hacen la corte a la línea recta y danzan a su alrededor en muda adoración? ¿No diríamos que todas esas delicadas corolas, todos esos cálices, explosión de fragancias y de colores, ejecutan un místico fandango en torno al hierático bastón? Y sin embrago [sic.], ¿quién es el imprudente mortal que se atreverá a decir si flores y 125 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire pámpanos han sido hechos para el palo, o si éste es sólo el pretexto para mostrar la belleza de pámpanos y flores? El tirso es la representación de vuestra asombrosa dualidad, maestro venerado y poderoso, querida Bacante de la Belleza misteriosa y apasionada. Nunca ninfa alguna exasperada por el invencible Baco sacudió su tirso con tanto capricho y energía como agitáis vos vuestro genio sobre los corazones de vuestros hermanos. – El bastón es vuestra voluntad, recta, firme e inquebrantable; las flores son el paseo de vuestra fantasía en torno a vuestra voluntad; son el elemento femenino que ejecutan alrededor del macho 126 Anexos sus prestigiosas piruetas. Línea recta y línea arabesca, intención y expresión, rigidez de la voluntad, sinuosidad del verbo, unidad del fin, variedad de los medios, omnipotente e indivisible amalgama del genio; ¿qué analítico tendrá el detestable valor de dividiros y separaros? Querido Liszt, a través de las brumas, más allá de los ríos, por encima de las ciudades donde los pianos cantan vuestra gloria, donde la imprenta traduce vuestra sabiduría, cualquiera que sea el lugar en el que os encontréis, entre los esplendores de la ciudad eterna o entre las brumas de los países soñadores consolados por Gambrinus, improvisando cantos de deleite o de inefable dolor, o confiando al papel vuestras meditaciones abstrusas, cantor del Placer y de la Angustia eternos, filósofo, 127 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire poeta y artista, ¡yo te saludo en la inmortalidad! 6.3.4.11. 1989: ENRIQUE LÓPEZ CASTELLÓN El tirso A FRANZ LISZT. ¿Qué es un tirso? Según su sentido moral y poético, es lo que llevan en la mano, como emblema de su función, los sacerdotes o las sacerdotisas cuando veneran a la divinidad de la que son intérpretes y servidores. Pero físicamente no es más que un palo, un simple palo –vara para el lúpulo, tutor para la vid–, seco, duro y recto. Alrededor de este palo, en caprichosos meandros, retozan y juegan entre sí 128 Anexos tallos y flores, aquéllos sinuosos y huidizos, éstas colgantes como campanas o copas invertidas. Y este complejo de líneas y de colores mates o brillantes desprende un nimbo asombroso. ¿No cabría decir que la línea curva y la espiral cortejan a la línea recta y bailan a su alrededor con callada adoración? ¿No cabría decir que todas esas corolas delicadas, todos esos cálices –explosión de aromas y colores– interpretan un místico fandango alrededor del hierático bastón? Y, sin embargo, ¿qué imprudente mortal se atreverá a decidir si las flores y los pámpanos fueron hechos para ese palo, o si el palo no es más que un pretexto para exhibir la belleza 129 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire de los pámpanos y de las flores? El tirso es la representación de vuestra sorprendente dualidad, poderoso y variado maestro, querido bacante de la Belleza misteriosa y apasionada. Jamás ninfa alguna, exasperada por el invencible Baco, sacudió su tirso sobre las cabezas de sus compañeras enloquecidas con tanta energía y tanto capricho como vos agitáis vuestro genio sobre los corazones de vuestros hermanos. El bastón es vuestra voluntad, recta, firme e inquebrantable; las flores son el rondar de vuestra fantasía en torno a vuestra voluntad; es el elemento femenino ejecutando alrededor del macho sus prestigiosas piruetas. Línea recta y arabesco, 130 Anexos intención y expresión, rigidez de la voluntad y sinuosidad del verbo, unidad del fin y variedad de los medios, amalgama omnipotente e indivisible del genio, ¿qué analista tendrá el detestable valor de dividiros y separaros? Querido Liszt, a través de las brumas, más allá de los ríos, por encima de las ciudades cuyos pianos cantan vuestra gloria, donde la imprenta traduce vuestra sabiduría, entre los esplendores de la Ciudad Eterna o entre las brumas de los países soñadores que consuela Gambrinus, improvisando cantos de deleite o de inefable dolor, o confiando al papel vuestras abstrusas meditaciones, cantor de la voluptuosidad y de la angustia eternas, filósofo, poeta y artista, ¡os saludo en la inmortalidad! 131 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire 6.3.4.12. 1990: MARGARITA MICHELENA El tirso A Franz Liszt. ¿QUÉ ES UN TIRSO? Según el sentido moral y poético, es un emblema sacerdotal en manos de los sacerdotes y las sacerdotisas que celebran a la Divinidad de la cual son intérpretes y servidores. Pero físicamente no es más que un bastón, sólo un bastón, un mero bastón, garrocha de lúpulo, tutor de viña, seco, duro y recto. Alrededor de este báculo, en meandros caprichosos, juegan y se rozan tallos y flores, ésos sinuosos y 132 Anexos huyentes, éstas colgadas como campanas o copas volcadas. Y una gloria sorprendente salta de esa complejidad de líneas y colores, suaves o estallantes. ¿No se diría que la línea curva y la espiral hacen la corte a la línea recta y danzan en su derredor en muda admiración? ¿No se diría que todas esas corolas delicadas, esos cálices, explosión de aromas y colores, ejecutan un místico fandango en torno del bastón hierático? ¿Y cuál es, entre tanto, el mortal imprudente que osará decir si las flores y los pámpanos han sido hechos para el bastón, o si el bastón no es más que el pretexto para mostrar la belleza de las flores y los pámpanos? El tirso es 133 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire la representación de vuestra asombrosa dualidad, maestro poderoso y venerado, caro bacante de la Belleza misteriosa y apasionada. Jamás ninfa exasperada por el invencible Baco sacudió su tirso sobre la cabeza de sus compañeras enloquecidas con tanta energía y capricho como vos agitáis vuestro genio sobre el corazón de vuestros hermanos. El bastón es vuestra voluntad, recta, firme e inquebrantable; las flores son el paseo alrededor de vuestra voluntad; son el elemento femenino que ejecuta en torno al masculino sus prestigiosas piruetas. Línea recta y línea arabesca, intención y expresión, rigidez de la voluntad, sinuosidad del verbo, 134 Anexos variedad de los medios, unidad en el fin, amalgama todopoderosa e invisible del genio, ¿qué analista tendrá el detestable valor de dividiros y separaros? Querido Liszt, a través de las brumas, más allá de los ríos, por encima de las ciudades donde los pianos cantan vuestra gloria, donde la imprenta traduce vuestra sabiduría, en cualquier lugar donde os encontréis, en los esplendores de la ciudad eterna o en las nieblas de los países brumosos que consuela Gambrino, improvisando cantos de delectación o de inefable dolor, o confiando al papel vuestras meditaciones abstrusas, cantor de la Voluptuosidad y la angustia eternas, filósofo, poeta y artista, ¡yo os saludo en la inmortalidad! 6.3.4.13. 1993: PEDRO GANDÍA BULEO 135 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire El Tirso A Franz Liszt. ¿Qué es un tirso? Según el sentido moral y poético, es un emblema sacerdotal en la mano de los sacerdotes o las sacerdotisas que celebran a la divinidad de la que son intérpretes y servidores. Pero físicamente no es más que un palo, un simple palo, estaca de lúpulo, rodrigón de viña, seco, duro y recto. Alrededor de este palo, en meandros caprichosos, se ríen y juguetean tallos y flores, aquéllos sinuosos y huidizos, éstas colgadas como campanas o copas invertidas. 136 Anexos Y una gloria asombrosa brota de esta complejidad de líneas y colores, suaves o vivos. ¿No se diría que la línea curva y la espiral hacen la corte a la línea recta y bailan a su alrededor en muda adoración, y que todas esas corolas delicadas, todos esos cálices, explosiones de fragancias y colores, ejecutan un fandango místico en torno al hierático palo? Y, sin embargo, ¿qué mortal imprudente se atreverá a decidir si las flores y los pámpanos se han hecho para el palo, o si el palo no es más que el pretexto para mostrar la belleza de los pámpanos y las flores? El tirso es la representación de vuestra asombrosa dualidad, maestro poderoso y venerado, querido bacante de la belleza misteriosa y apasionada. Jamás 137 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire ninguna ninfa exasperada por el invencible Baco sacudió su tirso sobre las cabezas de sus compañeras enloquecidas con tanta energía y capricho como vos agitáis vuestro genio sobre los corazones de vuestros hermanos. El palo es vuestra voluntad recta, firme e inquebrantable; las flores son el paseo de vuestra fantasía en torno a vuestra voluntad; es el elemento femenino ejecutando alrededor del macho sus prestigiosas piruetas. Línea recta y línea de arabesco, intención y expresión, rigidez de la voluntad, sinuosidad del verbo, unidad del objetivo, variedad de los medios, amalgama omnipotente e 138 Anexos indivisible del genio, ¿qué analista tendrá el detestable valor de dividiros y separaros? Querido Liszt, a través de las brumas, más allá de los ríos, por encima de las ciudades donde los pianos cantan vuestra gloria y la imprenta traduce vuestra sabiduría, en cualquier lugar que estéis, en los esplendores de la ciudad eterna o en las brumas de los países soñadores consolado pro [sic] Cambrinus, improvisando cantos de deleite o de inefable dolor, o confiando al papel vuestras meditaciones abstrusas, cantor del placer y de la angustia eternos, filósofo, poeta y artista, yo os saludo en la inmortalidad. 6.3.4.14. 1997: JOAQUÍN NEGRÓN EL TIRSO A Franz Liszt. ¿Qué es un tirso? En el sentido moral y 139 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire poético, es un emblema hierático que sostienen en su mano sacerdotes o sacerdotisas en loor de la divinidad de la que son intérpretes y servidores. Pero físicamente no es más que una vara, una simple vara, rodrigón de lúpulo, tutor de vid, seco, duro y recto. Y alrededor de esa vara, dibujando caprichosos meandros, retozan y juguetean tallos y flores, sinuosos y huidizos aquéllos, inclinadas éstas como campanas o copas invertidas. Y un prodigioso esplendor nace de esa complejidad de líneas y colores, tenues o deslumbrantes. 140 Anexos ¿No parece como si la línea curva y la espiral cortejaran a la línea recta y bailaran en derredor en una muda adoración? Y todas esas corolas delicadas, esos cálices, estallido de fragancias y colores, ¿no parecen interpretar un místico fandango alrededor de la vara hierática? ¿Y qué imprudente mortal osaría discernir si las flores y los pámpanos están hechos para la vara, o si la vara no es sino el pretexto para exaltar la belleza de los pámpanos y las flores? El tirso es la representación de vuestra asombrosa dualidad, maestro poderoso y venerado, querido Bacante de la Belleza misteriosa y apasionada. Jamás hubo ninfa exasperada por el invencible Baco que agitara su tirso sobre las cabezas de sus enloquecidas compañeras con tanto 141 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire vigor y fantasía como vos blandís vuestra genialidad por sobre los corazones de vuestros hermanos. La vara, es vuestra voluntad, recta, firme, inquebrantable; las flores, son la divagación de vuestra fantasía en torno a vuestra voluntad, son el elemento femenino efectuando alrededor del macho sus prestigiosas piruetas. Línea recta y arabesco, intención y expresión, rigor de la voluntad, sinuosidad del verbo, unidad del fin, diversidad de medios, todopoderosa e indivisible amalgama fruto de la genialidad, ¿qué detestable analista osará escindiros y separaros? 142 Anexos Querido Liszt, a través de las brumas, allende los ríos, por encima de las ciudades donde los pianos cantan vuestra gloria, donde la imprenta traduce vuestra sabiduría, dondequiera que estéis, en los esplendores de la ciudad eterna o entre las brumas de los países soñadores que consuela Gambrinus, improvisando cantos de delectación o de inefable dolor, o confiando al papel vuestras meditaciones abstrusas, cantor del Placer y la Angustia eternos, filósofo, poeta y artista, ¡yo os saludo en la inmortalidad! 6.3.4.15. 1999: FRANCISCO TORRES MONREAL El tirso A Franz Liszt. ¿Qué es un tirso? Un emblema sacerdotal –en su significación moral y poética– en mano de sacerdotes y sacerdotisas 143 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire que celebran a la divinidad de la que son sus intérpretes y servidores. Pero físicamente es sólo un trozo de leño, un simple bastón, vara para el lúpulo, tutor de vid, seco, duro, recto. Alrededor de este palo, en meandros caprichosos, juegan y retozan tallos y flores, sinuosas y huidizas éstas, inclinados aquéllos como campanillas o como copas boca abajo. Y una gloria asombrosa surge de esta complejidad de líneas y de colores, tiernos y estallantes. ¿Sería aventurado decir que la línea curva y la espiral hacen la corte a la línea recta y 144 Anexos bailan a su alrededor, en muda adoración? ¿Sería aventurado decir que estas delicadas corolas, estos cálices, explosiones de olores y colores, ejecutan un místico fandango en torno al bastón jerárquico? ¿Y qué mortal habrá tan imprudente que ose decidir si las flores y los pámpanos han sido hechos para el bastón o si el bastón no es otra cosa que pretexto para mostrar la belleza de los pámpanos y de las flores? El tirso es la representación de vuestra asombrosa dualidad, maestro poderoso y venerado, querido Bacante de la Belleza apasionada y misteriosa. Jamás ninfa alguna, exasperada por el invencible Baco, sacudió su tirso sobre las cabezas de sus compañeras alocadas con tanta energía y capricho como vos agitáis vuestro genio 145 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire sobre los corazones de vuestros hermanos. – El bastón es vuestra voluntad, recta, firme, inquebrantable; las flores, el paseo de vuestra fantasía en torno a vuestra voluntad, el elemento femenino que ejecuta en torno al masculino sus prestigiosas piruetas. Línea recta y arabesco, intención y expresión, rigidez de la voluntad, sinuosidad del verbo, unidad del fin, variedad de los medios, amalgama todopoderosa e indivisible del genio, ¿qué analista tendrá el detestable valor para dividiros y separaros? ¡Querido Liszt, a través de las brumas, del otro lado de los ríos, por encima de las ciudades 146 Anexos en las que los pianos cantan vuestra gloria, en las que la imprenta traduce vuestra sabiduría, en cualquier lugar en donde estéis, en los esplendores de la ciudad eterna o en las nieblas de los países de ensueño que consuela Gambrinus, improvisando cantos de delectación o de inefable dolor, o confiando al papel vuestras meditaciones abstrusas, chantre de la Voluptuosidad y de la Angustia eternas, filósofo, poeta y artista, yo os saludo en la inmortalidad! 6.3.4.16. 2008: PABLO OYARZÚN El Tirso A Franz Liszt. ¿Qué es un tirso? De acuerdo al sentido moral y poético, es un emblema sacerdotal en la mano de los sacerdotes o de las sacerdotisas que celebran a la divinidad de la que son intérpretes y servidores. Pero 147 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire físicamente no es sino un bastón, un simple bastón, una vara de lúpulo, un rodrigón de vid, seco, duro y recto. Alrededor de este bastón, en caprichosos meandros, se entrelazan jugueteando tallos y flores, aquellos sinuosos y fugitivos, pendiendo éstas como campanas o copas inversas. Y una gloria asombrosa brota de esta complejidad de líneas y de colores, tiernas o boyantes. ¿No se diría que la línea curva y la espiral le hacen la corte a la línea recta y danzan a su derredor en adoración muda? ¿No se diría que todas esas corolas delicadas, todos esos cálices, 148 Anexos explosión de aromas y de colores, ejecutan un fandango místico en torno al bastón hierático? ¿Y quién será, sin embargo, el mortal imprudente que osará decidir si las flores y los pámpanos fueron hechos para el bastón, o si el bastón no es sino el pretexto para mostrar la belleza de los pámpanos y las flores? El tirso es la representación de vuestra asombrosa dualidad, poderoso y venerado maestro, querido Bacante de la Belleza misteriosa y apasionada. Ninguna ninfa exasperada por el invencible Baco sacudió su tirso nunca sobre las cabezas de sus compañeras enloquecidas con tanta energía y capricho como vos agitáis vuestro genio sobre los corazones de vuestros hermanos. 149 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire – El bastón es vuestra voluntad, recta, firme e inquebrantable; las flores son el paseo de vuestra fantasía alrededor de vuestra voluntad; son el elemento femenino que ejecuta en torno al macho sus prestigiosas piruetas. Línea recta y línea arabesca, intención y expresión, rigidez de la voluntad, sinuosidad del verbo, unidad del fin, variedad de los medios, amalgama omnipotente e indivisible del genio, ¿qué analista tendrá el detestable coraje de dividiros y separaros? ¡Querido Liszt, a través de las brumas, más allá de los ríos, por sobre las ciudades 150 Anexos en que los pianos cantan vuestra gloria, donde traduce la imprenta vuestra sabiduría, doquiera que estéis, en los esplendores de la ciudad eterna o en las brumas de los soñadores países que consuela Gambrinus, improvisando cantos de deleite o de dolor inefable, o confiando al papel vuestras meditaciones abstrusas, cantor de la Voluptuosidad y de la Angustia eternas, filósofo, poeta y artista, os saludo en la inmortalidad! 6.3.4.17. 2009: MANUEL NEILA EL TIRSO A Franz Liszt. ¿Qué es un tirso? Según el sentido moral y poético, es un emblema sacerdotal en la mano de los sacerdotes y las sacerdotisas que celebran a la divinidad, de la que son intérpretes y servidores. 151 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire Pero físicamente no es más que una vara, una simple vara, soporte para el lúpulo, rodrigón de viña, seco, duro y recto. Alrededor de esta vara, en meandros caprichosos, juegan y retozan cañas y flores, sinuosas y huidizas unas, inclinadas como campanas o copas invertidas otras. Y una gloria asombrosa brota de esta complejidad de líneas y de colores, suaves o resplandecientes. ¿No cabría decir que la línea curva y la espiral hacen la corte a la línea recta y danzan a su alrededor en muda adoración? ¿No cabría decir que todas esas corolas delicadas, todos esos cálices, 152 Anexos explosión de fragancias y de colores, ejecutan un místico fandango en torno a la vara hierática? Y no obstante, ¿quién es el mortal imprudente que se atrevería a decir si las flores y los pámpanos han sido creados para la vara, o si ésta no es más que el pretexto para mostrar la belleza de pámpanos y de flores? El tirso es la representación de vuestra sorprendente dualidad, maestro venerado y poderoso, caro Bacante de la Belleza misteriosa y apasionada. Jamás ninfa alguna exasperada por el invencible Baco sacudió su tirso sobre las cabezas de sus compañeras con tanta energía y tanto capricho como agitáis vuestro genio sobre los corazones de vuestros hermanos. La vara es vuestra voluntad, recta 153 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire firme e inquebrantable; las flores son el paseo de vuestra fantasía en torno a vuestra voluntad; son el elemento femenino que ejecuta en torno al macho sus prestigiosas piruetas. Línea recta y línea arabesca, intención y expresión, rigidez de la voluntad, sinuosidad del verbo, unidad del fin, variedad de los medios, amalgama todopoderosa e indivisible del genio; ¿qué analista tendría el detestable valor de dividiros y separaros? Querido Liszt, a través de las brumas, más allá de los ríos, por encima de las ciudades donde los pianos cantan vuestra gloria, donde la imprente traduce vuestra sabiduría, donde quiera que os encontréis, entre los esplendores de la ciudad eterna o entre las brumas de los países soñadores consolados por Cambrinus, 154 Anexos improvisando cantos de gozo o de inefable dolor, o confiando al papel vuestras meditaciones abstrusas, cantor de la Voluptuosidad y de la Angustia eternas, filósofo, poeta y artista, ¡os saludo en la inmortalidad! 155 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire ANEXO 15: TRADUCCIONES DE XVIII – L’INVITATION AU VOYAGE 1890: JULIÁN DEL CASAL (HERNANI) Cfr. [ANEXO 6] 1905: EUSEBIO HERAS La invitación al viaje Hay, según me han dicho, un país soberbio, un país de Jauja, que pienso visitar con una vieja amiga. País singular, oculto en las brumas de nuestro Norte, y que podría llamar el Oriente de Occidente, la China de Europa, tanto en él ha corrido la ardiente y caprichosa fantasía, tan paciente y tercamente le ha ilustrado con sus sabias y delicadas vegetaciones. Un verdadero país de Jauja, donde todo es bello, rico, tranquilo, honrado; donde el lujo tiene el placer de mirarse en el desorden; donde la vida es amplia y se aspira dulcemente; donde el desorden, la turbulencia y lo imprevisto no existen; donde la dicha va unida al silencio; donde la cocina misma es poética, substanciosa y excitante á la vez; donde todo parécese á usted, angel [sic.] mío. ¿Conoces esa enfermedad febril que se apodera de nosotros en las frías miserias, la nostalgia del país que no se vió, la angustia de la curiosidad? Es una comarca que se te asemeja, donde todo es bello, rico, tranquilo y honrado; donde la fantasía ha construído y decorado una China occidental, donde la vida transcurre dulcemente, donde la dicha va unida al silencio. Sí, allí es donde se ha de ir á respirar, á soñar y á prolongar las horas por lo infinito de las sensaciones. Un músico ha escrito la Invitación al vals. ¿Quién compondría la Invitación al viaje para ofrecerla á la mujer amada, á la hermana elegida? Sí, en esta atmósfera es donde se viviría bien; allá abajo, donde las horas más lentas contienen más pensamientos, donde los relojes dejan oir la hora e la dicha con una más profunda y más significativa soledad. En lienzos relucientes, ó sobre cueros dorados de una sombría riqueza, viven discretamente pinturas beatas, tranquilas y profundas, como las almas de los artistas que las crearan. Los soles ponientes, que con tanta riqueza coloran el comedor ó el salón, pasan al través de bellas telas ó por esas altas ventanas labradas que el plomo divide en numerosos compartimientos. Los muebles son vastos, curiosos, raros, armados de cerraduras y de secretos como almas refinadas. Los espejos, los metales, las telas, la orfebrería y las porcelanas, tocan para los ojos una sinfonía muda y misteriosa; y de todas partes, 156 Anexos de todos los rincones, de las fisuras de los cajones y de los pliegues de las telas se escapa un perfume singular, un volved aquí de Sumatra, que es como el alma de la habitación. Un verdadero país de Jauja, te lo repito, donde todo está limpio y reluce, como una bella conciencia, como una magnífica batería de cocina, como una espléndida orfebrería, como una joyería multicolor. Los tesoros del mundo afluyen allí, como van á la casa del hombre laborioso y que mucho ha merecido del mundo entero. País singular, superior á los otros, como el Arte lo es á la Naturaleza, donde ésta es reformada por el sueño, donde es corregida, embellecida, refundida. ¡Que busquen, que busquen sin cesar, que amplíen constantemente los límites de su dicha esos alquimistas de la horticultura! ¡Que propongan precios de sesenta y cien mil florines para quien resuelva sus ambiciosos problemas! ¡Yo encontré ya mi tulipa negra y mi dalia azul! Flor incomparable, tulipa recobrada, alegórica dalia, ahí, ¿no es verdad?, en ese delicioso país tan tranquilo y soñador, es donde se quisiera vivir y florecer. ¿No estarías entonces dentro del marco que mereces, y no podrías mirarte, hablando como los místicos, en tu propia correspondencia? ¡Sueños! ¡siempre sueños! Y cuanto más ambiciosa y delicada es el alma, más los sueños la alejan de lo posible. Cada hombre lleva en sí su dosis de opio natural, incesantemente secretada y renovada, y, del nacimiento á la muerte, ¿cuántas horas contamos llenas por el goce positivo, por la acción afortunada y decidida? ¿Viviremos nunca, pasaremos nunca á ese cuadro que ha pintado mi imaginación, á ese cuadro que se te asemeja? Esos tesoros, esos muebles, ese lujo, eso perfumes, esas flores milagrosas, todo eso eres tú, y tú estás también en esos grandes ríos y esos tranquilos canales. Esos enormes navíos que llegan cargados de riquezas y de los que se desprenden los monótonos cantos de la maniobra, son mis pensamientos que duermen ó se mueven en tu seno .Lesconduces [sic.] poco á poco hacia el mar, que es el Infinito, reflejando las profundidades del cielo en la limpidez de tu alma bella; y cuando, fatigados por la ola y hartos de los productos de Oriente, regresan al puerto natal, son siempre mis pensamientos enriquecidos que el Infinito vuelven á tí. 1910?: PEDRO VANCES IX LA INVITACIÓN AL VIAJE Sueño visitar, con una antigua amiga, un admirable país, un país al que llaman Jauja, extraño país ahogado en nuestras brumas norteñas, y que podría llamarse el Oriente de Occidente, la China de Europa: de tal modo allí ha dado rienda suelta a sus deseos la cálida y caprichosa fantasía y tan por lo pertinaz y paciente la ha enriquecido con sabias y delicadas vegetaciones. Verdadera Jauja, en la que todo es bello, abundante, apacible, justo; en la que el lujo se complace contemplándose en el orden; en la que la vida es fácil y dulce de vivir; en la que el desorden, la turbulencia y lo imprevisto no existen; en la que la felicidad se ha desposado con el silencio; en la que 157 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire incluso la cocina es poética, abundante y excitante, a la vez; en la que todo, mi ángel querido, se te parece. ¿Conoces esa febril enfermedad que se apodera de nosotros en las heladas miserias, esa nostalgia del país ignorado, esa angustia de la curiosidad? Es una comarca que se te parece, en la que todo es bello, abundante, apacible y justo; en la que la fantasía ha construído y decorado una China occidental, en la que la vida es dulce de vivir, en la que la felicidad se ha desposado con el silencio. Es preciso ir a vivir, es preciso ir a morir a ese paraje. Sí, a ese paraje es preciso encaminarse para vivir, soñar y alargar las horas en lo infinito de las sensaciones. Un músico ha compuesto La invitación al vals; ¿qué músico compondrá La invitación al viaje, que pueda ser ofrecida a la mujer amada, a la hermana de elección? Sí, en esa atmósfera se viviría agradablemente, allá abajo, donde las más lentas horas contienen más pensamientos, donde los relojes dan la hora de la dicha con una más significativa y más profunda solemnidad. En lienzos brillantes o en guadamaciles de una sombría riqueza, viven beatíficas pinturas, con apacible y ensimismada discreción, como las almas de los artistas que las crearon. Los moribundos soles que tan ricamente colorean el corredor o el salón, pasan al través de magníficas telas o de altos y realzados ventanales que el plomo divide en numerosos compartimientos. Los muebles son amplios, sorprendentes, singulares, con cerraduras y secretos como almas refinadas. Los espejos, los metales, las telas, la orfebrería y la porcelana, representan allí, para los ojos, una muda y misteriosa sinfonía. Y de todos los objetos y de todos los rincones, por las ranuras de los cajones y de los pliegues de las telas, se escapa un singular perfume, un revenez-y de Sumatra, que es como el alma de la morada. Una verdadera Jauja, te digo, en la que todo es rico, limpio y brillante, como una hermosa conciencia, como una magnífica batería de cocina, como una orfebrería espléndida, como una abigarrada bisutería; los tesoros mundanales afluyen allí, como en la casa de un hombre laborioso que se hubiera hecho acreedor a la estima del mundo entero. Extraño país, superior a los otros, como el arte lo es a la Naturaleza, en el que la Naturaleza ha sido reformada por la imaginación, reformada y corregida, embellecida y refundida. ¡Que los alquimistas de la horticultura, los que incesantemente amplían las fronteras de su felicidad, busquen y rebusquen aún! ¡Que ofrezcan premios de sesenta y cien mil florines a los que resuelvan sus problemas ambiciosos! ¡Yo, ya he encontrado mi tulipán negro y mi dalia azul! Flor incomparable, descubierto tulipán, alegórica dalia, ¿no es cierto que deberíamos vivir y florecer en ese tan soñador y apacible lugar? ¿No estarías allí en tu apropiado marco y no podrías–como dicen los místicos–contemplarte en tu propia correspondencia? ¡Sueños!, ¡siempre sueños!, y mientras más ambiciosa y sutil es el alma, más se alejan los sueños de lo posible. Cada hombre oculta en sí mismo su natural dosis de opio, incesantemente esparcida y renovada. ¿Cuántas horas hemos gozado–desde el nacimiento hasta la muerte– henchida [sic.] por el gozo positivo, por la victoriosa y decidida acción? ¿Viviremos alguna vez, penetraremos alguna vez en ese cuadro que se te asemeja? 158 Anexos Esos tesoros, esos muebles, ese lujo, ese orden, esos perfumes, esas flores milagrosas, todo eso eres tú. Y tu [sic.] eres, también, esos grandes ríos y esos apacibles canales. Y esos navíos inmensos que ellos arrastran, y de los que emergen los monótonos cantos de las maniobras, son mis pensares que duermen o se deslizan por tu seno. Tú los conduces suavemente al mar que es el Infinito, reflejando las celestes profundidades en la transparencia de tu hermosa alma; y cuando, cansados de la mar y repletos de orientales productos, regresan al puerto patrio, siguen siendo mis enriquecidos pensares que a ti vuelven desde el Infinito. 1918: JOSÉ FRANCÉS LA INVITACIÓN AL VIAJE Yo sueño visitar con una vieja amiga un país soberbio, ese país que llaman de Jauja. País singular, ahogado en las brumas de nuestro Norte y que podría llamarse el Oriente de Occidente, la China de Europa, tal como la cálida y caprichosa fantasía se ha obstinado pacientemente en ilustrarle con sabias y delicadas vegetaciones. Verdadero país de Jauja, donde todo es bello, rico, tranquilo y honrado; donde el lujo se complace en verse reflejado en el orden; donde la vida es cómoda y dulce de respirar; de donde se han excluido el desorden, la turbulencia y lo imprevisto; donde la felicidad se ha desposado con el silencio; donde la cocina, incluso, es poética y excitante a la vez, donde todo se te parece, ángel querido. ¿Tú conoces esa febril dolencia que se apodera de nosotros en las frías miserias, esa nostalgia del país ignorado, esa angustia de la curiosidad? Es una comarca que se parece a ti, donde todo es bello, rico, tranquilo y honrado, donde la fantasía ha construido y decorado una China occidental, donde la vida es dulce de respirar y donde la felicidad se ha desposado con el silencio. Es preciso ir a vivir allí, es preciso ir a morir allí. Sí; allí debemos ir a respirar, a soñar y alargar las horas en lo infinito de las sensaciones. Si un músico ha escrito La invitación al vals, ¿quién compondrá La invitación al viaje para ofrecerla a la mujer amada, a la hermana de elección? En este ambiente sería bueno vivir; allá donde las horas más lentas contienen más pensamientos, donde la dicha suena en los relojes con más profunda y más significativa solemnidad. Sobre lucientes paneles o sobre dorados cueros de una sombría riqueza viven discretamente beatas pinturas, tranquilas y profundas, como las almas de los artistas que las crearon. Los soles ponientes que colorean con tanta riqueza el comedor o el salón pasan tamizados por ricas telas o por esas altas ventanas complicadas que el plomo divide en numerosos compartimentos. Los muebles son amplios, curiosos, extraños, armados de cerraduras y secretos como almas refinadas. Los espejos, los metales, las telas, la orfebrería y las fayenzas ejecutan para los ojos una sinfonía muda y 159 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire misteriosa. Y de todas las cosas y de todos los ángulos, de las ranuras de los cajones y de los pliegues de las telas, se escapa un perfume singular, un revenez-y de Sumatra que es como el alma de la casa. Un verdadero país de Jauja, donde todo es rico, limpio y luciente como una hermosa conciencia, como una magnífica batería de cocina, como una espléndida orfebrería, como una bisutería abigarrada, donde afluyen los tesoros del mundo como en la casa de un hombre laborioso que mereciese el mundo entero. País singular, superior a los demás, como el arte lo es a la naturaleza, y donde ésta ha sido reformada por el ensueño, donde ésta aparece corregida, embellecida, refundida. ¡Ya pueden buscar y rebuscar los que retroceden incesantemente en los límites de su felicidad, esos alquimistas de la horticultura! ¡Que propongan premios de sesenta y de cien mil florines para los que resuelvan sus ambiciosos problemas! Yo ya he encontrado mi tulipán negro y mi dalia azul. Flor incomparable, hallado tulipán, alegórica dalia, ¿no es cierto que debemos ir a vivir y a florecer en ese hermoso país tan plácido y tan soñador? ¿No estarías allí enmarcada en tu analogía y no podrías contemplarte –como dicen los místicos– en tu propia correspondencia? ¡Sueños! ¡Siempre sueños! Conforme el alma es más ambiciosa y delicada, se alejan los sueños de la posibilidad. Cada hombre lleva en sí su dosis de opio natural constantemente secrecionada [sic.] y renovada. Desde que nacemos hasta que morimos, ¿cuántas horas podríamos contar llenas del goce positivo, de la acción victoriosa y definida? ¿Viviremos alguna vez, entraremos alguna vez en ese cuadro que ha pintado mi espíritu, en ese cuadro que se parece a ti? Esas flores milagrosas, esos tesoros, esos muebles, ese lujo, ese orden, esos perfumes, eres tú. Y eres tú esos grandes ríos y esos canales tranquilos, los enormes navíos cargados de riquezas de donde ascienden los cantos monótonos de las maniobras; son mis pensamientos que duermen o que ruedan en tu seno. Tú les conduces dulcemente hacia el mar, que es el infinito, reflejando las profundidades del cielo en la limpidez de tu alma hermosa. Y cuando fatigados por las marejadas e hinchados de los productos de Oriente retornan al puerto natal, siguen siendo mis pensamientos enriquecidos que vuelven del infinito hacia ti. 1920: ENRIQUE DÍEZ-CANEDO XVIII LA INVITACIÓN AL VIAJE Hay una país soberbio, un país de Jauja –dicen–, que sueño visitar con una antigua amiga. País singular, anegado en las brumas de nuestro Norte, y al que se pudiera llamar el Oriente del Occidente, la China de Europa; tanta carrera ha tomado en él la cálida y caprichosa fantasía; tanto la ilustró paciente y tenazmente con sus sabrosas y delicadas vegetaciones. Un verdadero país de Jauja, en el que todo es bello, rico, tranquilo, honrado; en que el lujo se refleja a placer en el orden; en que la vida es crasa y suave de respirar; de donde están excluidos el 160 Anexos desorden, la turbulencia y lo imprevisto; en que la felicidad se desposó con el silencio; en que hasta la cocina es poética, pingüe y excitante; en que todo se te parece, ángel mío. ¿Conoces la enfermedad febril que se adueña de nosotros en las frías miserias, la ignorada nostalgia de la tierra, la angustia de la curiosidad? Un país hay que se te parece, en que todo es bello, rico, tranquilo y honrado, en que la fantasía edificó y decoró una China occidental, en que la vida es suave de respirar, en que la felicidad se desposó con el silencio. ¡Allí hay que irse a vivir, allí es donde hay que morir! Sí, allí hay que irse a respirar, a soñar, a alargar las horas en lo infinito de las sensaciones. Un músico ha escrito la Invitación al vals; ¿quién será el que componga la invitación al viaje [sic] que pueda ofrecerse a la mujer amada, a la hermana de elección? Sí, en aquella atmósfera daría gusto vivir; allá, donde las horas más lentas contienen más pensamientos, donde los relojes hacen sonar la dicha con más profunda y más significativa solemnidad. En tableros relucientes o en cueros dorados con riqueza sombría viven discretamente unas pinturas beatas, tranquilas y profundas, como las almas de los artistas que las crearon. Las puestas de sol, que tan ricamente colorean el comedor o la sala, tamizadas están por bellas estofadas o por esos altos ventanales labrados que el plomo divide en numerosos compartimientos. Vastos, curiosos, raros son los muebles, armados de cerraduras y de secretos, como almas refinadas. Espejos, metales, telas, orfebrería, loza, conciertan allí para los ojos una sinfonía muda y misteriosa; y de todo, de cada rincón, de las rajas de los cajones y de los pliegues de las telas se escapa un singular perfume, un vuélvete de Sumatra, que es como el alma de la vivienda. Un verdadero país de Jauja, te digo, donde todo es rico, limpio y reluciente como una buena conciencia, como una magnífica batería de cocina, como una orfebrería espléndida, como una joyería policromada. Allí afluyen los tesoros del mundo, como a la casa de un hombre laborioso que mereció bien del mundo entero. País singular, superior a los otros, como lo es el Arte a la Naturaleza, en que ésta se reforma por el ensueño, en que está corregida, hermoseada, refundida. ¡Busquen, sigan buscando, alejen sin cesar los límites de su felicidad esos alquimistas de la horticultura! ¡Propongan premios de sesenta y de cien mil florines para quien resolviese sus ambiciosos problemas! ¡Yo ya encontré mi tulipán negro y mi dalia azul! Flor incomparable, tulipán hallado de nuevo, alegórica dalia, allí, a aquel hermoso país tan tranquilo, tan soñador, es adonde habría que irse a vivir y a florecer, ¿no es verdad? ¿No te encontrarías allí con tu analogía por marco y no podrías mirarte, para hablar, como los místicos, en tu propia correspondencia? ¡Sueños! ¡Siempre sueños!, y cuanto más ambiciosa y delicada es el alma tanto más la alejan de lo posible los sueños. Cada hombre lleva en sí su dosis de opio natural, incesantemente segregada y renovada y, del nacer al morir, ¿cuántas horas contamos llenas del goce positivo, de la acción bien lograda y decidida? ¿Viviremos jamás, estaremos jamás en ese cuadro que te pintó mi espíritu, en ese cuadro que se te parece? Estos tesoros, estos muebles, este lujo, este orden, estos perfumes, estas flores milagrosas son tú. Son tú también estos grandes ríos, estos canales tranquilos. Los enormes navíos que arrastran, cargados todos de riquezas, de los que salen los cantos monótonos de la maniobra, son mis pensamientos, que 161 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire duermen o ruedan sobre tu seno. Tú los guías dulcemente hacia el mar, que es lo infinito, mientras reflejas las profundidades del cielo en la limpidez de tu alma hermosa; y cuando, rendidos por la marejada y hastiados de los productos de Oriente, vuelven al puerto natal, son también mis pensamientos, que tornan, enriquecidos de lo infinito, hacia ti. 1942: AGUSTÍN ESCLASANS LA INVITACIÓN AL VIAJE Existe un país magnífico, un país de Cucaña, según dicen, que deseo visitar con una antigua amiga. País singular, anegado por las brumas de nuestro Norte, y que podríamos llamar el Oriente del Occidente, la China de Europa, por lo mucho que la cálida y caprichosa fantasía se ha desatado sobre él, tanto como por lo que lo ha ilustrado con sus sabias y delicadas vegetaciones. Un verdadero país de Cucaña, en el que todo es bello, rico, tranquilo, honesto; en el que el lujo encuentra placer en contemplarse en orden; en el que la vida es dulce y sabrosa para respirarla; del que se hallan excluídos el desorden, la turbulencia y lo imprevisto; en el que la felicidad se une con el silencio; en el que hasta la cocina es poética, abundante y excitante a la vez; en el que todo se os asemeja, ¡querido ángel mío! ¿Conoces ya esta enfermedad febril que se apodera de nosotros en las frías miserias, esta nostalgia del país ignorado, esta angustia de la curiosidad? Hay un país que se te parece, en el que todo es bello, rico, tranquilo y honesto, en el que la fantasía ha construído y decorado una China occidental, en el que la vida es suave al respirarla, en el que la felicidad se une al silencio. ¡Es allí donde hay que ir a vivir, es allí donde hay que ir para morir! Si. Es allí donde hay que ir a respirar, soñar y alargar las horas por el infinito de las sensaciones. Un músico ha escrito la Invitación al vals. ¿Cuál será el que componga la Invitación al viaje, para ofrecerlo [sic.] a la mujer amada, a la hermana de elección? Sí, es en esta atmósfera donde daría gusto vivir–allá lejos, donde las horas más lentas contienen más pensamientos, donde los relojes suenan la felicidad con una solemnidad más profunda y significativa. Sobre tableros relucientes o sobre cueros dorados y de una riqueza sombría, viven discretamente pinturas beatas, serenas y profundas, como las almas de los artistas que las crean. Los soles ponientes, que coloran tan ricamente el comedor o el salón, son tamizados por bellas telas o por esas altas ventanas labradas que el plomo divide en numerosos compartimietos. Los muebles son vastos, curiosos, extraños, llenos de cerraduras y de secretos, como almas refinadas. Los espejos, los metales, los tejidos, la orfebrería y la loza de arte suenan para los ojos una sinfonía muda y misteriosa; y de todas las cosas, de todos los rincones, de las rendijas de los cajones y de los pliegues de los tejidos, sale un perfume singular, un volved de Sumatra, que parece el alma de la habitación. Un verdadero país de Cucaña, créeme, en el que todo es rico, limpio y reluciente, como una bella conciencia, como una magnífica batería de cocina, como una espléndida orfebrería, como una joyería 162 Anexos abigarrada. Los tesoros del mundo afluyen allí, como en la casa de un hombre laborioso, y que ha merecido el agradecimiento del mundo entero. País singular, superior a los demás, como el Arte lo es a la Naturaleza, en el que ésta es modificada por el sueño, que la corrige, embellece y refunde. ¡Que busquen, que busquen más, que cada vez ensanchen más los límites de su felicidad esos alquimistas de la horticultura! ¡Que ofrezcan premios para quien resuelva sus ambiciosos problemas! ¡Yo he encontrado ya mi tulipán negro y mi dalia azul! Flor incomprable, tulipán redescubierto, alegórica dalia, ¿es allí, verdad, en aquel bello país sereno y soñador, donde hay que ir a vivir y a florecer? ¿No estarías encuadrada en tu analogía, y no podrías mirarte, para hablar como los místicos, en tu propia correspondencia? ¡Sueños! ¡Siempre sueños! Y cuanto más delicada y ambiciosa es el alma, más los sueños la alejan de lo posible. Cada hombre se trae su dosis de opio natural, incesantemente segregada y renovada. Del nacimiento a la muerte, ¿cuántas horas contamos que puedan ser llenadas por el goce positivo, por la acción lograda y decidida? ¿Viviremos nunca, figuraremos nunca en ese cuadro que ha pintado mi espíritu, ese cuadro que se te parece? Esos tesoros, esos muebles, ese lujo, ese orden, esos perfumes, esas flores milagrosas, son tú. También son tú esos grandes ríos y esos canales tranquilos. Esos enormes navíos que por ellos navegan, cargados de riquezas, y de los que suben los cantos monótonos de la maniobra, son mis pensamientos que duermen o que brotan en su seno. Tú los guías suavemente hacia ese mar del Infinito, reflejando las profundidades del cielo en la limpidez de tu bella alma; y cuando, fatigados por la marejada y cargados de productos del Oriente, vuelven a entrar en el puerto natal, son otra vez mis pensamientos enriquecidos los que regresan del infinito hacia ti. 1973: VICENTE GIL-VILACHE XVIII LA INVITACIÓN AL VIAJE Hay un país soberbio, un país de Jauja –dicen– que sueño visitar con una vieja amiga. País singular, ahogado en las brumas de nuestro Norte y que se podría llamar el Oriente de Occidente, la China de Europa, tanto en él la cálida y caprichosa fantasía ha tomado allí carrera, tanto lo enriquecieron, pacientemente, sus sabias y delicadas vegetaciones. Un verdadero país de Jauja, donde todo es bello, rico, tranquilo, honesto, donde el lujo se contempla con placer en el orden, donde la vida es crasa y suave de respirar, en donde el desorden, la turbulencia y lo imprevisto están excluidos; donde la felicidad está desposada con el silencio, donde la misma cocina es poética, crasa y excitante a la vez, donde todo se te parece, mi querido ángel. ¿Conoces tú esa enfermedad febril que se adueña de nosotros en las frías miserias, esa nostalgia del país que se ignora, esa angustia de la curiosidad? Es una región que se te parece, donde todo es bello, rico, tranquilo y honesto, donde la fantasía ha edificado y decorado una China occidental, donde la vida 163 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire es dulce respirar, donde la felicidad está desposada con el silencio. ¡Es allí donde hay que ir a vivir, es allí donde hay que ir a morir! Sí, es allí donde hay que ir a respirar, a soñar y a prolongar las horas con lo infinito de las sensaciones. Un músico ha escrito la Invitación al vals; ¿quién compondrá la Invitación al viaje para ofrecerla a la mujer amada, a la hermana elegida? Sí, es en esta atmósfera donde sería bueno vivir, allá lejos, donde las horas más lentas contienen más pensamientos, donde los relojes dan la dicha con una profundidad y una significación más solemne. Sobre tableros brillantes o cueros dorados de una riqueza sombría, viven discretamente pinturas plácidas, calmas y profundas, como las almas de los artistas que las crearon. Los atardeceres que colorean tan ricamente el comedor o el salón están tamizados por bellas estofas o por esas altas ventanas trabajadas que el plomo divide en numerosos compartimentos. Los muebles son amplios, curiosos, raros. Armados de cerraduras y de secretos como unas almas refinadas. Los espejos, los metales, las telas, la orfebrería y la loza, juegan allí para los ojos una sinfonía muda y misteriosa; y de todas las cosas, de todos los rincones, de las fisuras de los cajones y de los pliegues de las telas se escapa un perfume singular, un vuelve de Sumatra que es como el alma de la vivienda. Un verdadero país de Jauja, donde todo es rico, limpio y brillante, como una hermosa conciencia, como una magnífica batería de cocina, como una espléndida orfebrería, como una joyería abigarrada. Allí afluyen los tesoros del mundo como en la casa de un hombre trabajador que ha merecido bien del mundo entero. País singular, superior a los otros, como el Arte lo es a la Naturaleza, en el que ésta está reformada por el sueño, en que está corregida, embellecida, refundida. ¡Que busque, que busquen todavía, que alejen sin cesar los límites de su dicha, esos alquimistas de la horticultura! ¡Que propongan premios de sesenta y cien mil florines para quien resuelva sus ambiciosos problemas! ¡Yo he encontrado mi tulipán negro y mi dalia azul! Flor incomparable, tulipán encontrado de nuevo, alegórica dalia, ¿es ahí, no es verdad, en ese país tan tranquilo y soñador que habría que ir a vivir y a florecer? ¿No estarías tú allí encuadrada en su analogía y no podrías mirarte para hablar con los místicos en tu propia correspondencia? ¡Sueños, siempre sueños! Y cuanto más ambiciosa y delicada es el alma, más los sueños la alejan de lo posible. Cada hombre lleva en sí su dosis de opio natural, incesantemente segregado y renovado, y, desde el nacimiento hasta la muerte ¿cuántas horas podemos contar llenas de goce positivo y de acción triunfante y decidida? ¿No viviremos nunca, no pasaremos nunca en ese cuadro que ha pintado mi espíritu, ese cuadro que se te parece? Esos tesoros, esos muebles, ese lujo, ese orden, esos perfumes, esas flores milagrosas, son tú misma. Son también tú esos grandes ríos y esos canales tranquilos. Esos enormes navíos que se arrastran cargados de riquezas, y de donde suben los cantos monótonos de la maniobra, son mis pensamientos que duermen o que ruedan sobre tu seno. Tú los conduces suavemente hacia el mar, que es lo infinito, reflejando las profundidades del cielo en la limpidez de tu hermosa alma, y cuando, fatigados por la marejada y hartos de los productos de Oriente, vuelven al puerto natal, son también mis pensamientos enriquecidos quienes vuelven de lo infinito hacia ti. 164 Anexos 1975: ALAIN VERJAT IV INVITACIÓN A VIAJAR Dicen que hay un país magnífico, un país de Cucaña; anhelo visitarlo con una vieja amiga. Curioso país, anegado en las brumas de nuestra región norteña, y que podría llamarse el Oriente de Occidente, la China de Europa, por lo mucho que allí llegó a desarrollarse la cálida y caprichosa fantasía, por lo mucho que estas fantasías la adornó paciente y tozudamente con su sabia y delicada flora. Un verdadero país de Cucaña en el que todo es hermoso, abundante, tranquilo, honrado; donde el lujo disfruta contemplándose en el orden; donde la vida resulta agradable y rica de respirar; donde el desorden, la turbulencia y lo imprevisto están excluidos; donde la felicidad ha maridado el silencio; donde la mismísima cocina resulta poética, pesada y excitante a la vez; donde todo se os parece, ángel mío querido. ¿Conoces esta enfermedad febril que se apodera de nosotros en medio de las frías miserias, aquella nostalgia del país desconocido, aquella angustia de la curiosidad? Hay una comarca que se te parece, donde todo es hermoso, rico, tranquilo y honrado, donde la fantasía edificó y adornó una China Occidental, donde la vida resulta dulce de respirar, donde la felicidad ha maritado el silencio. ¡Allá hay que ir a vivir, allá hay que ir a morir! Sí, es allá donde hay que ir a respirar, soñar y alargar las horas con sensaciones infinitas. Un músico ha compuesto la Invitación al Vals, ¿cuál compondrá la Invitación a Viajar que se pueda ofrecer a la mujer amada, a la hermana elegida? Sí, es en aquella atmósfera donde resultaría agradable vivir – allá, donde las horas más lentas contienen más pensamientos, donde los relojes dan la felicidad con una solemnidad más profunda y significativa. En paneles brillantes, o en cueros dorados y de sombría riqueza, viven discretamente pinturas beatas, tranquilas y profundas, cual las almas de los artistas que las crearon. Los soles ponientes, que colorean tan ricamente el comedor o el salón, quedan tamizados por hermosas colgaduras o por aquellas altas ventanas que el plomo divide en numerosos compartimentos como en las vidrieras. Los muebles son espaciosos, curiosos, raros; los defienden cerrojos o mecanismos ocultos cual almas refinadas. Los espejos, los metales, los tejidos, la orfebrería y la loza interpretan para la vista una sinfonía muda y misteriosa; y de todas las cosas, de todos los rincones, de las fisuras de los cajones y de los pliegues de los tejidos se desprende un perfume singular, un Revenez-y de Sumatra, que es algo como el alma del piso. Un verdadero país de Cucaña, te digo, donde todo es rico, limpio y brillante, como una hermosa conciencia, como una orfebrería espléndida, como joyas multicolores. Los tesoros del mundo entero se concentran allí, como en la casa de un hombre laborioso y que se ha hecho acreedor del mundo entero. Curioso país, diferente de los demás, superior a los demás, como el arte lo es a la Naturaleza, donde ésta queda reformada por el sueño, corregida, embellecida, refundida. 165 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire ¡Que busquen, que busquen más, que echen más atrás los límites de su felicidad, aquellos alquimistas de la horticultura! ¡Que propongan precios de sesenta y cien mil florines a quien resuelva sus ambiciosos problemas! ¡Yo ya tengo mi tulipán negro y mi dalia azul! Flor sin par, tulipán encontrado de nuevo, alegórica dalia, ¿es allá, verdad, en aquel hermoso país tan quieto y propenso al soñar donde se tendría que ir a vivir y florecer? ¿Acaso no estarías enmarcada en tu analogía, y no podrías mirarte, para hablar como los místicos, en tu propia correspondencia? ¡Sueños, siempre sueños! Y cuanto más ambiciosa y delicada es el alma, más los sueños la alejan de lo posible. Cada hombre lleva en si su dosis de opio natural, renovada y secretada sin descanso, y, desde el nacer hasta el morir, cuantas horas llenas de fruición positiva podemos contar? ¿Llegaremos a vivir algún día, entraremos algún día, en este cuadro que pintó mi madre, aquel cuadro que se te parece? Estos tesoros, estos muebles, este lujo, este orden, estos perfumes, estas flores milagrosas, eres tú. Y tú también, aquellos grandes ríos y aquellos canales tranquilos que trajinan aquellos enormes navíos, todos cargados de riquezas, y de los que brotan los monótonos cantos de la maniobra; tales son mis pensamientos que duermen o van rodando en tu pecho. Los llevas dulcemente hacia el mar que es el Infinito, reflejando al mismo tiempo las profundidades del cielo en la nitidez de tu bella alma; – y cuando agotados por el oleaje y rebosando de los productos del Oriente, vuelven al puerto natal, otra vez son mis pensamientos enriquecidos que desde el Infinito vuelven hacia ti. 1979: EMILIO OLCINA AYA XVIII LA INVITACIÓN AL VIAJE Existe un país soberbio, un país de Jauja según dicen, que sueño con visitar junto con una vieja amiga. Un país singular, sumido en las brumas de nuestro Norte, al que se podría llamar el Oriente de occidente, la China de Europa, hasta tal punto tiene libre curso en él la cálida y caprichosa fantasía y hasta tal punto lo ha ilustrado paciente y obstinadamente con sus vegetaciones sabias y delicadas. Un auténtico país de Jauja, donde todo es hermoso, rico, tranquilo, honrado; donde el lujo encuentra placer al contemplarse en el orden; donde la vida es regalada y dulce al respirarla; del que están excluidos el desorden, la turbulencia y lo imprevisto; donde la felicidad se ha desposado al silencio; donde incluso la cocina es poética, a la vez grasa y excitante; donde todo se te parece, ángel mío. ¿Conoces esa enfermedad febril que se apodera de nosotros en las frías miserias, esa nostalgia del país ignorado, esa angustia de la curiosidad? Existe una tierra que se te parece, donde todo es hermoso, rico, tranquilo y honrado, donde la fantasía ha construido y decorado una China occidental, donde la vida es dulce al respirarla, donde la felicidad se ha desposado al silencio. ¡Es allí donde hay que ir a vivir, es allí donde hay que ir a morir! 166 Anexos Sí, allí es donde hay que ir a respirar, a soñar y a prolongar las horas por lo infinito de las sensaciones. Un músico compuso la Invitación al vals; ¿cuál será el que componga la Invitación al viaje que podamos ofrecer a la mujer amada, a la hermana de elección? Sí, es en esa atmósfera en la que sería grato vivir, allí, donde las horas más lentas encierran más pensamientos, donde los relojes dan las campanadas de la felicidad con una solemnidad más profunda y significativa. Sobre las tablas relucientes, o sobre cueros dorados y de sombría riqueza, viven discretamente pinturas piadosas, tranquilas y profundas como las almas de los artistas que las crearon. Las puestas de sol, que colorean con tanta riqueza el comedor o el salón, están tamizadas por telas hermosas o por esas altas ventanas labradas que el plomo divide en numerosos compartimentos. Los muebles son grandes, curiosos, extraños, y están provistos de cerraduras y de secretos como almas refinadas. Los espejos, los metales, las telas, la orfebrería y la loza interpretan para los ojos una sinfonía muda y misteriosa; y de todas las cosas, de todos los rincones, de las rendijas de los cajones y de los pliegues de las telas, emana un perfume singular, un regresad de Sumatra, que es como el alma del apartamento. ¡Un auténtico país de Jauja, te repito, donde todo es rico, limpio y reluciente como una hermosa conciencia, como una magnífica batería de cocina, como una orfebrería espléndida, como un abigarramiento de joyas! Allí afluyen los tesoros del mundo, como en la casa de un hombre trabajador respetado por el mundo entero. Un país singular, superior a los demás, como lo es el Arte a la Naturaleza, donde ésta ha sido reformada por el sueño, donde ha sido corregida, embellecida, refundida. ¡Que busquen, que sigan buscando, que alejen incesantemente los límites de su felicidad, esos alquimistas de la horticultura! ¡Que ofrezcan premios de sesenta y de cien mil florines para el que resuelva sus ambiciosos problemas! ¡Yo he encontrado mi tulipán negro y mi dalia azul! Flor incomparable, tulipán reencontrado, alegórica dalia, ¿es allí, no es cierto, en ese hermoso país tan tranquilo y tan soñador, donde habría que ir a vivir y a florecer? ¿No te verías enmarcada en tu analogía, no podrías mirarte, por hablar como los místicos, en tu propia correspondencia? ¡Sueños! ¡Siempre sueños! Y cuanto más ambiciosa y delicada es el alma, tanto más los sueños la alejan de lo posible. Cada hombre lleva consigo su dosis de opio natural, incesantemente segregada y renovada, y, desde el nacimiento hasta la muerte, ¿cuántas horas contamos llenadas por el goce positivo, por la acción lograda y decidida? ¿Viviremos alguna vez, entraremos alguna vez en ese cuadro que ha pintado mi espíritu, ese cuadro que se te parece? Esos tesoros, estos muebles, este lujo, este orden, estos perfumes, estas flores milagrosas, eres tú. También eres tú, estos grandes ríos y estos canales tranquilos. Estos enormes navíos que ellos arrastran, repletos de riqueza, y de los que ascienden los cantos monótonos de la maniobra, son mis pensamientos que duermen o se balancean en tu seno. Tú los guías dulcemente hacia el mar, que es el Infinito, mientras reflejas las profundidades del cielo en la limpidez de tu alma hermosa; y cuando, fatigados del oleaje y rebosantes de los productos de Oriente, vuelven al puerto natal, siguen siendo mis pensamientos enriquecidos que regresan del Infinito a ti. 167 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire 1985: JAIME URIBE XVIII LA INVITACIÓN AL VIAJE Existe un país soberbio, un país de Jauja, según dicen, que sueño visitar con una vieja amiga. País singular, ahogado en las brumas de nuestro norte, y que se podría llamar el Oriente del Occidente, la China de Europa, de tal manera se ha dado rienda suelta en él a la cálida y caprichosa fantasía, tan paciente y tenazmente la ha ilustrado con sus sabias y delicadas vegetaciones. Un verdadero país de Jauja, donde todo es bello, rico, tranquilo, honesto; donde el lujo se complace en mirarse en el orden; donde la vida es fértil y se respira dulce; de donde se han excluido el desorden, la turbulencia y lo imprevisto; donde la dicha ha desposado al silencio; donde hasta la cocina es poética, a la vez abundante y excitante; donde todo se te parece, ángel querido. ¿Conoces esa enfermedad febril que se apodera de nosotros en la fría miseria, esa nostalgia del país que se ignora, esa angustia de la curiosidad? Hay una comarca que se te parece, donde todo es rico, tranquilo y honesto, donde la fantasía ha construido y decorado una China occidental, donde se respira una dulce vida, donde la dicha ha desposado al silencio. ¡Allí hay que ir a vivir, allí hay que ir a morir! Sí, allí hay que ir a respirar, soñar y alargar las horas por el infinito de las sensaciones. Un músico escribió la Invitación al vals; ¿quién compondrá la Invitación al viaje, que se pueda ofrecer a la mujer amada, a la hermana que uno elija? Sí, sería bueno vivir en esa atmósfera; allí, donde las horas más lentas contienen más pensamientos, donde los relojes dan la hora de la felicidad con solemnidad más profunda y significativa. Sobre tablas relucientes o sobre cueros dorados de oscura riqueza, viven discretamente pinturas beatíficas, plácidas y profundas, como las almas de los artistas que las crearon. Los soles ponientes que colorean tan ricamente el comedor o el salón son tamizados por hermosos tejidos o por esas altas ventanas labradas que el plomo divide en numerosos compartimentos. Los muebles son amplios, curiosos, raros, armados de cerraduras y secretos como almas refinadas. Los espejos, los metales, las telas, la orfebrería y la porcelana interpretan para los ojos una sinfonía muda y misteriosa. Y de todas las cosas, de todos los rincones, de las fisuras de los cajones y de los pliegues de los tejidos se escapa un perfume singular, un recuerdo deleitoso de Sumatra, que es como el alma de la casa. ¡Un verdadero país de Jauja, te dije, donde todo es rico, limpio y reluciente, como una buena conciencia, como una magnífica batería de cocina, como una espléndida orfebrería, como un surtido de joyas! Los tesoros del mundo afluyen allí como a la casa de un hombre laborioso que se ha hecho digno del aprecio de todo el mundo. País singular, superior a los demás, como lo es el Arte a la Naturaleza, donde ésta es reformada por el sueño, donde es corregida, embellecida, refundida. ¡Que busquen, que busquen todavía, que hagan retroceder incesantemente los límites de su dicha, los alquimistas de la horticultura! ¡Que ofrezcan premios de sesenta y de cien mil florines a quien resuelva sus ambiciosos problemas! ¡Yo ya he encontrado mi tulipán negro y mi dalia azul! 168 Anexos Flor incomparable, tulipán recuperado, alegórica dalia, ¿no es allí, a ese hermoso país, tan pacífico y soñador, donde habría que ir a vivir y florecer? ¿No estarías en un marco análogo a ti y no podrías contemplarte, hablando como los místicos, en tu propia correspondencia? ¡Sueños!, ¡siempre sueños! Y cuanto más ambiciosa y delicada es el alma, más la alejan los sueños de lo posible. Cada hombre lleva en sí su dosis de opio natural, incesantemente segregado y renovado y, desde el nacimiento hasta la muerte, ¿cuántas horas tenemos llenas de gozo positivo, de acción realizada y decidida? ¿Viviremos alguna vez, pasaremos alguna vez por ese cuadro que ha pintado mi espíritu, ese cuadro que se te parece? Esos tesoros, esos muebles, ese lujo, ese orden, esos perfumes, esas flores milagrosas, eres tú. Tú también eres esos grandes ríos y esos canales tranquilos. Esos enormes navíos que los recorren cargados de riquezas, y de donde suben los cantos monótonos de la maniobra, son mis pensamientos que duermen o que ruedan en tu seno. Tú los conduces dulcemente hacia el mar que es el Infinito, reflejando las profundidades del cielo en la limpidez de tu hermosa alma. Y cuando, fatigados por el oleaje y atiborrados de productos del oriente regresan al puerto natal, también son mis pensamientos enriquecidos que vuelven del Infinito hacia ti. 1986: JOSÉ ANTONIO MILLÁN ALBA 18 LA INVITACIÓN AL VIAJE HAY un país soberbio, un país de Jauja –dicen– que sueño con visitar en compañía de una antigua amiga. País singular, ahogado por las brumas de nuestro Norte, y que cabría llamar el Oriente del Occidente, la China de Europa, tanto cuerpo ha tomado en él la cálida y caprichosa fantasía, con tanta paciencia y tenacidad lo he ilustrado de sabias y delicadas vegetaciones. Un verdadero país de Jauja, donde todo es bello, rico, tranquilo, honrado; donde el lujo gusta contemplarse en el orden; donde la vida es crasa y dulce de respirar; de donde el desorden, la turbulencia, y lo imprevisto están excluidos; donde la felicidad está unida al silencio; donde la misma cocina es poética, grasa y excitante a la vez, donde todo se os parece, querido ángel mío. ¿Conoces esa enfermedad febril que se adueña de nosotros en las frías miserias, esa nostalgia del país que se ignora, esa angustia de la curiosidad? Hay una región que se te parece, donde todo es bello, rico, tranquilo y honrado, donde la fantasía ha construido y decorado una China occidental, donde la vida es suave de respirar, donde la felicidad está unida al silencio. ¡Es allí donde hay que ir a vivir, es allí donde hay que ir a morir! Sí, allí es donde hay que ir a respirar, ensoñar y alargar las horas mediante lo infinito de las sensaciones. Un músico ha escrito la Invitación al Vals: ¿quién es aquel que comprenderá la Invitación al viaje, que puede ofrecerse a la mujer amada, a la hermana de elección? 169 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire Sí; es en esa atmósfera donde daría gusto vivir, allá, donde las horas más lentas contienen más pensamientos, donde los relojes hacen sonar la felicidad con más profunda y significativa solemnidad. En relucientes paneles, o en dorados cobres de sombría riqueza, viven discretamente felices pinturas, calmas y profundas, como las almas de los artistas que las crearon. Las puestas de sol, que con tanta riqueza colorean el comedor o el salón, están tamizadas por hermosas telas o por esos altos ventanales labrados que el plomo divide en numerosos compartimentos. Los muebles son amplios, curiosos, raros, armados de cerraduras y de secretos, como almas refinadas. Los espejos, los metales, los tejidos, la orfebrería y la loza interpretan para los ojos una sinfonía muda y misteriosa; y de toda cosa, de todos los rincones, de las fisuras de los cajones y de los pliegues de las telas se escapa un perfume singular, un vuélvete de Sumatra que es como el alma de la casa. Un auténtico país de Jauja, te digo, donde todo es rico, limpio y luminoso, como una conciencia limpia, como una magnífica batería de cocina, como una espléndida orfebrería, como una abigarrada joyería. Los tesoros del mundo afluyen a él, como en la casa de un hombre laborioso digno de merecer el mundo entero. Singular país, superior a cualquier otro, como el Arte lo es respecto de la Naturaleza; en aquél ésta es reformada por el sueño, es corregida, embellecida, refundida. ¡Que esos alquimistas de la horticultura continúen buscando, que alejen los límites de su felicidad! ¡Que propongan precios de setenta y cinco mil florines para quien resuelva sus ambiciosos problemas! ¡Yo ya he encontrado mi tulipán negro y mi dalia azul! Flor incomparable, tulipán reencontrado, dalia alegórica, es allí, ¿no es cierto?, en ese bello país tan calmo y tan soñador donde habría que ir a vivir y a florecer. ¿No quedarías enmarcada por tu analogía, y no podrías mirarte, para hablar como los místicos, en tu propia correspondencia? ¡Sueños! ¡Siempre sueños! Y mientras más ambiciosa y delicada es el alma, más los sueños la alejan de lo posible. Cada hombre lleva en sí su dosis de opio natural, incesantemente segregada y renovada y, desde el nacimiento a la muerte ¿cuántas horas podemos contar que hayan sido colmadas por el gozo positivo, por la acción lograda y decidida? ¿Viviremos alguna vez, alguna vez pasaremos a ese cuadro que ha pintado mi espíritu, ese cuadro que se te parece? Esos tesoros, esos muebles, ese lujo, ese orden, esos perfumes, esas flores milagrosas eres tú. Eres también tú esos grandes ríos y esos tranquilos canales. Esos enormes navíos de carga, totalmente cargados de riquezas, y de donde suben los monótonos cantos de la maniobra, son mis pensamientos que duermen o que ruedan sobre tu seno. Tú los conduces suavemente hacia el mar, que es lo Infinito, reflejando a la vez las profundidades del cielo en la limpidez de tu hermosa alma; y, cuando, cansados por la marejada y ahítos de los productos del Oriente, vuelvan al puerto natal, siguen siendo mis pensamientos enriquecidos que regresan de lo Infinito hacia ti. 1989: ENRIQUE LÓPEZ CASTELLÓN 18 Invitación al viaje 170 Anexos Hay un país soberbio, un país de Jauja, según dicen, que ansío visitar con una vieja amiga. Un país singular, perdido entre las brumas que se extienden al norte de nosotros y que se podría considerar el oriente de occidente, la China de Europa, por lo mucho que se ha dado rienda suelta a la febril y caprichosa fantasía respecto a él, por lo mucho que ésta lo ha adornado paciente y tenazmente con su sabia y delicada vegetación. Un verdadero país de Jauja, donde todo es hermoso, rico, tranquilo, honrado; donde el lujo disfruta mirándose en el orden; donde se respira una vida fértil y dulce; donde se hallan excluidos el desorden, la inquietud y lo imprevisto; donde la felicidad se ha desposado con el silencio; donde hasta la cocina es poética, jugosa y excitante a la vez; donde todo se parece a ti, ángel mío. ¿Conoces esa enfermedad febril que se apodera de nosotros en las frías miserias, esa nostalgia de un país ignorado, esa angustia de la curiosidad? Es una tierra que se te parece, donde todo es hermoso, rico, tranquilo y honrado; donde la fantasía ha edificado y decorado una China occidental, donde se respira una vida dulce, donde la felicidad se ha desposado con el silencio. ¡Allí hay que ir a vivir, allí hay que ir a morir! Sí, allí hay que ir a respirar, a soñar y a alargar las horas con infinitas sensaciones. Un músico ha compuesto la Invitación al vals27, ¿cuál será el que componga la Invitación al viaje, que podamos ofrecer a la mujer amada, a la hermana de elección? Sí, sería admirable vivir en esa atmósfera, allí donde las horas más lentas contienen más pensamientos, donde los relojes dan la hora de la dicha con una solemnidad más honda y significativa. En brillantes tablas o en cueros relucientes y de sombría riqueza, viven discretamente pinturas religiosas, serenas y profundas, como las almas de los artistas que las crearon. Las puestas de sol, que iluminan con tan ricos colores el comedor o el salón, están tamizadas por hermosos tejidos o por esas altas ventanas trabajadas que el plomo divide en diferentes trozos. Los muebles son amplios, curiosos, raros, armados de cerraduras y de secretos28, como las almas refinadas. Los espejos, los metales, los tejidos, la orfebrería y la porcelana interpretan allí para los ojos una sinfonía muda y misteriosa, y de todos los objetos, de todos los rincones, de las rendijas de los cajones y de los pliegues de los tejidos, emana un perfume singular, un Revenez-y29 de Sumatra, que es como el alma de la vivienda. Un verdadero país de Jauja, te lo aseguro, donde todo es rico, limpio y reluciente como una hermosa conciencia, como una magnífica batería de cocina, como una espléndida orfebrería, como una abigarrada joyería. Allí afluyen los tesoros del mundo, como a la casa de un hombre trabajador, que ha merecido el reconocimiento del mundo entero. Singular país, superior a los otros, como el arte lo es la naturaleza, donde ésta queda transformada por la imaginación, donde es corregida, embellecida, refundida. ¡Que busquen, que sigan buscando, que amplíen sin cesar los límites de su felicidad esos alquimistas de la horticultura! ¡Que ofrezcan premios de sesenta y de cien mil florines30 a quien resuelva sus ambiciosos problemas! Porque yo ya he dado con mi tulipán negro y mi dalia azul. Flor incomparable, tulipán descubierto de nuevo, alegórica dalia, ¿no es verdad que habría que ir a vivir y a florecer en ese país tan sereno y tan soñador? ¿No estarías encuadrada en tu analogía? ¿No podrías contemplarte, como dirían los místicos, en tu propia correspondencia?31. 171 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire ¡Sueños, siempre sueños! Y cuanto más delicada y ambiciosa es el alma, más la alejan los sueños de lo posible. Cada hombre lleva en sí su dosis de opio natural, sagrada y renovada de continuo, y desde el nacimiento hasta la muerte, ¿con cuántas horas de goces positivos y de acciones decididas y realizadas contamos? ¿Viviremos algún día, entraremos algún día en ese cuadro que mi espíritu ha pintado, en ese cuadro que se te parece? Tú eres esos tesoros, esos muebles, ese lujo, ese orden, esos perfumes, esas flores maravillosas. También eres tú esos grandes ríos y esos canales tranquilos. Y esos enormes navíos repletos de riquezas que arrastra su corriente, y de los que ascienden los monótonos cantos de la maniobra, son mis pensamientos que duermen o que rondan en tu pecho. Tú los llevas suavemente hacia el mar que es el infinito, reflejando plenamente la profundidad del cielo en la limpidez de tu alma hermosa, y cuando, cansados por el oleaje y rebosantes de productos de oriente, vuelven a su puerto de origen, son también mis pensamientos enriquecidos que desde el infinito vuelven a ti. 1990: MARGARITA MICHELENA XVIII La invitación al viaje HAY UN PAÍS SOBERBIO, un país de Jauja, se dice, que sueño visitar con una vieja amiga. País singular, anegado en las brumas de nuestro Norte y que podríamos llamar el Oriente del Occidente, la China de Europa, tanto la cálida y caprichosa fantasía se ha abierto campo, tanto, paciente y tercamente, ha ilustrado con sus sabias y delicadas vegetaciones. Un verdadero país de Cucaña donde todo es bello, fino, tranquilo, honesto; donde el lujo se complace en mirarse en el orden; donde la vida es muelle y dulce de respirar; del que el desorden, la turbulencia y lo imprevisto se hallan excluidos; donde la dicha está desposada con el silencio; donde la cocina misma es poética, opulenta y excitante a la vez; donde todo se te parece, mi querido ángel. ¿Conoces esta enfermedad febril que se apodera de nosotros en las frías miserias, esa nostalgia del país que se ignora, esa angustia de la curiosidad? Es un paraje que se te parece, donde todo es bello, rico, tranquilo y honesto, donde la fantasía ha construido y decorado una China occidental, donde la vida es dulce de respirar, donde la dicha está esposada a la dicha. Es allí donde hay que vivir, es allí donde hay que ir a morir. Sí, es allí donde hay que ir a respirar, soñar y alargar las horas por lo infinito de las sensaciones. Un músico ha escrito la “Invitación al vals”. ¿Quién será el que componga la “Invitación al viaje” que se pueda ofrecer a la mujer amada, a la hermana de elección? Sí, en esa atmósfera sería hermoso vivir... allá lejos, donde las horas más lentas contienen más pensamientos, donde los relojes suenan la dicha, con una solemnidad más profunda y significativa. Sobre los paneles relucientes o sobre los cueros dorados de una riqueza sombría viven discretamente las pinturas beatíficas, serenas y profundas como las almas de los maestros que las crearon. 172 Anexos Los soles ponientes, que colorean tan ricamente el comedor o el salón, están tamizados por bellas telas o por esas altas ventanas labradas que el plomo divide en numerosos compartimientos. Los muebles son vastos, curiosos, extravagantes, armados de cerraduras secretas como almas refinadas. Los espejos, los metales, las telas, la orfebrería y la cerámica ejecutan para los ojos una sinfonía muda y misteriosa y de todas las cosas, de todos los rincones, de las fisuras de las gavetas y de los pliegues de los tejidos se escapa un perfume singular, un recuerdo de Sumatra, que es como el alma del apartamento. Un país de Jauja, te digo, donde todo es rico, limpio y reluciente como una conciencia limpia, como una hermosa batería de cocina, como una espléndida orfebrería, como una joyería abigarrada. Los tesoros del mundo afluyen allí como a la morada de un hombre laborioso que ha merecido el bien del mundo entero. País singular, superior a los otros, como el Arte es superior a la Naturaleza, donde ésta se halla reformada por el sueño, donde está corregida, embellecida, refundida. ¡Que busquen, que vuelvan a buscar, que hagan retroceder los límites de su dicha, esos alquimistas de la horticultura! ¡Que propongan premios de sesenta y de cien mil florines para quien resuelva sus ambiciones problemas! ¡Yo he encontrado mi tulipán negro y mi dalia azul! Flor incomparable, tulipán recobrado, alegórica dalia, ¿no es verdad que es allí, en ese bello país tan tranquilo y soñador, al que habría que ir a vivir y florecer? ¿No estarás tú encuadrada en tu analogía, y no podrías mirarte, por hablar como los místicos, en tu propia correspondencia? ¡Sueños! ¡Siempre sueños! Y cuanto más es el alma ambiciosa y delicada, más la alejan los sueños de lo posible. Cada hombre lleva en sí su dosis de opio natural, incesantemente secretada y renovada y, del nacimiento a la muerte, ¿cuántas horas contamos colmadas de regocijo positivo, por la acción resuelta y decidida? ¿Viviremos alguna vez, pasaremos alguna vez en ese cuadro que ha pintado mi espíritu, el cuadro que se te parece? Esos tesoros, los muebles, el lujo, el orden, los perfumes, las flores milagrosas, son tú. Son otra vez tú los grandes ríos y los canales tranquilos. Esos enormes navíos que las corrientes arrastran, cargados de riquezas, y de los que suben los cantos monótonos de la maniobra, son mis pensamientos que duermen o que se balancean sobre tu seno. Tú los conduces suavemente hacia el mar que es el Infinito, en tanto se reflejan las profundidades del cielo en la limpidez de tu bella alma; y cuando, fatigados por la ola y colmados de productos de Oriente, vuelven al puerto natal, son de nuevo mis pensamientos enriquecidos que regresan del Infinito hacia ti. 1993: PEDRO GANDÍA BULEO XVIII La invitación al viaje Hay un país soberbio, un país de Jauja, dicen, que sueño visitar con una vieja amiga. País singular, sumergido en las brumas de nuestro Norte, y que podría llamarse el Oriente de Occidente, la 173 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire China de Europa, hasta tal punto tiene libre curso allí la cálida y caprichosa fantasía, y hasta tal punto lo ha adornado con paciencia y tenacidad de sabias y delicadas vegetaciones. Un verdadero país de Jauja, donde todo es bello, rico, tranquilo, honrado; donde el lujo gusta de mirarse en el orden; donde la vida es abundante y suave al respirarla; donde la felicidad está unida al silencio; donde incluso la cocina es poética, pingüe y excitante a la vez; donde todo se te parece, ángel mío. ¿Conoces esa enfermedad febril que se adueña de nosotros en las frías miserias, esa nostalgia del país que se ignora, esa angustia de la curiosidad? Hay una tierra que se te parece, donde todo es bello, rico, tranquilo y honesto, donde la fantasía ha edificado y decorado una China occidental, donde la vida es suave de respirar, donde la felicidad está unida al silencio. ¡Es allí donde hay que ir a vivir, es allí donde hay que ir a morir! Sí, es allí donde hay que ir a respirar, a soñar, a alargar las horas por lo infinito de las sensaciones. Un músico escribió La invitación al vals11; ¿quién compondrá La invitación al viaje, que pueda ofrecerse a la mujer amada, a la hermana de elección? Sí, es en aquella atmósfera donde daría gusto vivir; allá lejos, donde las horas más lentas contienen más pensamientos, donde los relojes hacen sonar la dicha con una más profunda y significativa solemnidad. En paneles relucientes o sobre cueros dorados y de riqueza sombría, perduran discretamente unas pinturas dichosas, tranquilas y profundas, con las almas de los artistas que las crearon. Las puestas de sol, que colorean con tanta riqueza el comedor o el salón, están tamizadas por bellas estofas o por esos altos ventanales labrados que el plomo divide en numerosos compartimentos. Los muebles son amplios, curiosos, extraños, provistos de cerraduras y secretos como almas refinadas. Los espejos, los metales, las telas, la orfebrería y la loza interpretan allí para la vista una sinfonía muda y misteriosa; y de todas las cosas, de todos los rincones, de las rendijas de los cajones y de los pliegues de las telas se escapa un perfume singular, un regresad12 de Sumatra, que es como el alma de la vivienda. Un auténtico país de Jauja, te digo, donde todo es rico, limpio y reluciente, como una buena conciencia, como una magnífica batería de cocina, como una espléndida orfebrería, como una joyería abigarrada. Allí afluyen los tesoros del mundo como a la casa de un hombre laborioso que bien se mereció el mundo entero. País singular, superior a los demás, como el Arte lo es a la Naturaleza, donde ésta se halla reformada por el sueño, se halla corregida, embellecida, refundida. ¡Qué [sic] busquen, que sigan buscando, que alejen incesantemente los límites de su felicidad esos alquimistas de la horticultura! ¡Qué [sic.] ofrezcan premios de sesenta y de cien mil florines para quien resuelva sus ambiciosos problemas! Yo ya he encontrado mi tulipán negro y mi dalia azul13. Flor incomparable, tulipán reencontrado, alegórica dalia, ¿no es allí, en aquel bello país tan calmo y soñador, donde habría que ir a vivir y a florecer? ¿Acaso no quedarías enmarcada en tu analogía y podrías mirarte, para hablar como los místicos14, en tu propia correspondencia? ¡Sueños! ¡Siempre sueños! Y cuanto más ambiciosa y delicada es el alma, tanto más la alejan de lo posible los sueños. Cada hombre lleva en sí su dosis de opio natural, incesantemente segregada y renovada, y, desde el nacimiento a la muerte, ¿cuántas horas podemos contar colmadas del goce positivo, 174 Anexos de la acción acertada y decidida? ¿Es que jamás viviremos, jamás estaremos en ese cuadro que ha pintado mi espíritu, ese cuadro que se te parece? Esos tesoros, esos muebles, ese lujo, ese orden, esos perfumes, esas flores milagrosas eres tú. Tú eres, además, esos grandes ríos y esos canales tranquilos. Esos enormes navíos de acarreo, repletos de riquezas, y de los que ascienden los monótonos cantos de la maniobra, son mis pensamientos que duermen o que ruedan por tu seno. Tú los conduces dulcemente hacia el mar, que es lo Infinito, reflejando las profundidades del cielo en la limpidez de tu alma pura; y cuando rendidos por el oleaje y saciados de los productos del Oriente, vuelven al puerto natal, siguen siendo mis pensamientos enriquecidos que regresan de lo Infinito hacia ti. 1997: JOAQUÍN NEGRÓN XVIII LA INVITACIÓN AL VIAJE Existe un país maravilloso, una auténtica Jauja, como suele decirse, que sueño con visitar en compañía de una vieja amiga. Un país sin igual, anegado en las brumas de nuestro Norte y que podría bautizarse como el Oriente de occidente, la China de Europa, por cómo la cálida y caprichosa fantasía ha alzado sobre él su libre vuelo y por la tenacidad y la paciencia con que ha sabido ilustrarlo con su flora sabia y delicada. Una auténtica Jauja en donde todo es belleza, esplendor, calma, honestidad, en donde el lujo se deleita contemplándose en el orden, en donde la vida es fecunda y se respira dulzura, de donde el desorden, el tumulto y lo imprevisto están desterrados, en donde la dicha se hermana con el silencio, en donde hasta la cocina es poética, suculenta y excitante a la vez, en donde todo se asemeja a vos, querido ángel mío. ¿Has padecido alguna vez esa enfermedad febril que se adueña de nuestras almas en las frías miserias, esa nostalgia de un país ignorado, esa desazón de la curiosidad? Sé de un lugar hecho a tu imagen, en donde todo es belleza, esplendor, calma, honestidad, en donde la fantasía ha erigido y decorado una China occidental, en donde la dulzura de vivir se respira, en donde la dicha se hermana con el silencio. ¡Partamos hacia ese hermoso lugar para vivir, hacia ese hermoso lugar para morir! Refugiémonos allí para respirar, soñar y eternizar las horas merced a la infinitud de las sensaciones. Un músico compuso la Invitación al vals, ¿quién será el que componga la Invitación al viaje, con la que obsequiar a la mujer amada, a esa hermana libremente elegida? Sí, marchémonos allí donde el ambiente es siempre ideal para vivir, allí donde las horas, más lentas, encierran más pensamientos, donde los relojes marcan el compás de la felicidad con una solemnidad más significativa, más honda. 175 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire En lustrosas tablas o en cueros dorados de obscura riqueza, viven discretamente pinturas plácidas, serenas y profundas, como las almas de los artistas que las crearon. Altas ventanas labradas que el plomo divide en numerosos compartimentos, o hermosas telas, tamizan la luz de los atardeceres y tiñen de ricos colores el comedor y el salón. Los muebles son vastos, curiosos, extraños, provistos de un sinfín de cerraduras y de secretos, como almas refinadas. Los espejos, los metales, las telas, las piezas de orfebrería y de loza interpretan para los ojos una sinfonía muda y misteriosa. Y de cada objeto, de cada rincón, de las rendijas de los cajones y de los pliegues de las telas se desprende un perfume singular, un levísimo aroma que nos transporta a Sumatra y que viene a ser como el alma del apartamento. Una auténtica Jauja, como te digo, en donde todo es rico, diáfano y resplandeciente, como una conciencia pura, como una magnífica batería de cocina, como una espléndida labor de orfebrería, como la sinfonía de colores de una joya de pedrería. Confluyen en él los tesoros del mundo, como en la morada de un hombre laborioso a quien el mundo entero tributara una merecida recompensa. Un país sin igual, superior a los demás como el Arte lo es a la Naturaleza, en donde ésta se ve remodelada por el sueño, que la corrige, la embellece, la refunde. ¡Que busquen y busquen en vano, que se alejen más y más los límites de la felicidad para esos alquimistas de la horticultura! ¡Que ofrezcan sumas de sesenta o cien mil florines a quien resuelva sus ambiciosos problemas! ¡Yo he hallado al fin mi tulipán negro y mi dalia azul! Flor incomparable, tulipán recobrado, alegórica dalia, ¿no es verdad que ese país tan sereno y soñador es el lugar ideal para vivir y florecer? ¿No estarías enmarcada en tu analogía y no podrías contemplar tu imagen, por hablar como los místicos, en tu propia correspondencia? ¡Sueños!, ¡siempre sueños!; y cuanto más ambiciosa y delicada es el alma, más la alejan los sueños de lo posible. Cada hombre lleva dentro de sí su dosis de opio natural, segregado sin cese y sin cese renovado, y, desde el nacimiento hasta la muerte, ¿cuántas son en realidad las horas colmadas por el goce absoluto, por la acción emprendida con decisión y llevada a cabo con éxito? ¿Alcanzaremos alguna vez la dicha de vivir o de perecer en ese paisaje pintado por mi imaginación, en ese lienzo hecho a tu imagen? Esos tesoros, esos muebles, ese lujo, ese orden, esos perfumes, esas flores milagrosas, todo eso eres tú. Tú eres también esos grandes ríos y esos canales tranquilos. Y los enormes navíos que surcan sus aguas cargados de riquezas, deslizándose al son de los cantos monótonos de los marineros, son mis pensamientos que duermen o que ruedan por tu seno. Tú los conduces suavemente hacia el mar del Infinito, reflejando las profundidades del cielo en la limpidez de tu bella alma; y cuando, extenuados por el oleaje y repletos de productos de Oriente, vuelven al puerto natal, son nuevamente mis pensamientos que, enriquecidos, regresan a ti desde el Infinito. 1999: FRANCISCO TORRES MONREAL XVIII. Invitación al viaje 176 Anexos Cuentan que existe un país magnífico, un país de Cucaña que sueño visitar con una antigua amiga. País singular, anegado en las brumas de nuestro Norte, que podríamos llamar el Oriente de Occidente, la China de Europa, que a tal punto la cálida y caprichosa fantasía allí se ha dado libre curso, que a tal punto lo ha ilustrado, con ingenio y con paciencia, de sabias y delicadas flores. Un verdadero país de Cucaña, donde todo es bello, rico, tranquilo, honesto; donde el lujo siente el placer de contemplarse en el orden; donde la vida es rica y es dulce respirarla; donde el desorden, la turbulencia y lo imprevisto están excluidos; donde la dicha se ha desposado con el silencio; donde hasta la cocina es poética, grasa y excitante a un tiempo; donde todo se os parece, ángel amado. ¿No conoces la enfermedad febril que se apodera de nosotros en las frías miserias, la nostalgia del país que se ignora, la angustia de la curiosidad? Una región existe que se te parece, en la que todo es bello, rico, tranquilo, honesto; en la que la fantasía ha construido y decorado una China occidental, en la que se hace dulce respirar la vida, en la que la dicha está desposada con el silencio. ¡Allí es preciso ir a vivir, allí es preciso ir a morir! Sí, es preciso ir allí: para respirar, para soñar, para alargar las horas con lo infinito de las sensaciones. Un músico ha escrito la Invitación al vals; ¿qué músico compondrá la Invitación al viaje, para ofrendarla a la mujer amada, a la hermana de elección? Sí, en esa atmósfera resultaría el vivir grato; allí, donde las horas, más lentas, contienen más pensamientos, donde los relojes dan las horas de la dicha con más significativa y honda solemnidad. En paneles brillantes, o en cueros dorados y de una belleza sombría, viven discretamente pinturas beatíficas, profundas y tranquilas como las almas de los artistas que las crearon. Con qué profusión los atardeceres, tamizados por las hermosas colgaduras o por las altas ventanas labradas que el plomo divide en numerosos compartimentos, llenan de color el comedor y el salón. Los muebles son amplios, curiosos, extraños, provistos, como las almas refinadas, de cerraduras y secretos. Los espejos, los metales, los paños, la orfebrería y la porcelana interpretan para los ojos una sinfonía muda y misteriosa; y de todas las cosas, de todos los rincones, de las fisuras de los cajones y de los pliegues de los tejidos se desprende un perfume singular, un Volved aquí de Sumatra, que es como el alma de la casa. Un verdadero país de Cucaña, te digo, en donde todo es rico, limpio, brillante como una hermosa conciencia, como una magnífica batería de cocina, como una espléndida orfebrería, como joyas multicolores. Allí afluyen los tesoros del mundo, como a la casa de un hombre laborioso que de todos se ha hecho acreedor. País singular, superior a los demás, como el arte a la Naturaleza, en el que ésta es reforzada por el sueño, corregida, embellecida, refundida. ¡Que busquen, que sigan buscando, que retrasen sin cesar los límites de su felicidad todos esos alquimistas de la horticultura! ¡Que propongan premios de sesenta y de cien florines a quien solucione sus ambiciosos problemas! ¡Yo ya he encontrado mi tulipán negro y mi dalia azul! Flor sin par, tulipán reencontrado, alegórica dalia, ¿no es allí, a ese país tan tranquilo y tan ensoñador adonde sería preciso ir a vivir y a florecer? ¿No estarías allí encuadrada en tu analogía, y no podrías contemplarte, para hablar el lenguaje de los místicos, en tu propia correspondencia? ¡Sueños!, ¡siempre los sueños! ¡Que cuanto más ambiciosa y delicada es el alma, más la alejan los sueños de lo posible! Cada hombre lleva consigo su dosis de opio natural, incesantemente segregada y 177 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire renovada, y, desde el nacimiento hasta la muerte, ¿con cuántas horas contamos, con cuántas horas llenas por el goce positivo, por la acción lograda y decidida? ¿Viviremos alguna vez, entraremos alguna vez en ese cuadro que ha pintado mi espíritu, en ese cuadro que se te parece? Estos tesoros, estos muebles, este lujo, este orden, estos perfumes, estas flores milagrosas... eres tú. Y tú también esos ríos caudalosos, y esos canales tranquilos. Y los enormes navíos que los ríos y canales acarrean colmados de riquezas y de los que ascienden los cantos monótonos de la maniobra son mis pensamientos que duermen o que ruedan por tu seno. Tú los conduces suavemente hacia el mar que es el Infinito, sin dejar de reflejar las alturas del cielo en la limpidez de tu hermosa alma; y cuando, cansados por la marejada y saciados de los productos de Oriente, vuelven al puerto natal, aún siguen siendo mis pensamientos enriquecidos que vuelven hacia ti del Infinito. 2006: MAURO ARMIÑO LA INVITACIÓN AL VIAJE Hay un país soberbio, un país de Jauja, dicen, que sueño visitar con una vieja amiga. País singular, anegado por las brumas de nuestro Norte, y que cabría llamar el Oriente de Occidente, la China de Europa, tanta rienda suelta se ha dado en él la cálida y caprichosa fantasía, tanto lo ha vuelto ilustre ésta, paciente y tenazmente, con sus sabias y delicadas vegetaciones. Un verdadero país de Jauja, donde todo es hermoso, magnífico, tranquilo, honrado; donde el lujo se complace en mirarse en el orden; donde la vida es fértil y dulce de respirar; del que el desorden, la turbulencia y lo imprevisto están excluidos; en el que la dicha está maridada al silencio; donde hasta la cocina misma es poética, ubérrima y excitante a la vez; donde todo se te parece, mi querido ángel. ¿Conoces esa enfermedad febril que se apodera de nosotros en las frías miserias, esa nostalgia del país que ignoramos, esa angustia de la curiosidad? Es una comarca que se te parece, donde todo es hermoso, magnífico, tranquilo y honrado, donde la fantasía ha construido y decorado una China occidental, donde la vida es dulce de respirar, donde la dicha está maridada al silencio. ¡Allí hay que ir a vivir, allí hay que ir a morir! Sí, allí es adonde hay que ir a respirar, soñar y alargar las horas con lo infinito de las sensaciones. Un músico ha escrito la Invitación al vals; ¿quién será el que componga la Invitación al viaje que pueda ofrecer uno a la mujer amada, a la hermana de elección? Sí, es en esa atmósfera dónde [sic] sería grato vivir –allá, donde las horas más lentas, contienen más pensamientos, donde los relojes dan la dicha con una solemnidad más profunda y más significativa. Sobre paneles relucientes, o sobre cueros dorados y de sombría riqueza viven discretamente pinturas plácidas, serenas y profundas, como las almas de los artistas que las crearon. Los soles ponientes, que colorean de forma tan magnífica el comedor o el salón, están tamizados por bellas colgaduras o por esas altas ventanas labradas que el plomo divide en numerosos compartimentos. Los muebles son 178 Anexos enormes, curiosos, raros, armados de cerraduras y secretos como almas refinadas. Los espejos, los metales, los paños, la orfebrería y la cerámica conciertan para los ojos una sinfonía muda y misteriosa; y de todas las cosas, de todos los rincones, de las fisuras de las gavetas y de los pliegues de las telas escapa un perfume singular, un volved de Sumatra, que es como el alma del piso. ¡Un verdadero país de Jauja, te digo, donde todo es magnífico, limpio y reluciente como una bella conciencia, como una magnífica batería de cocina, como una espléndida orfebrería, como una bisutería abigarrada! Los tesoros del mundo afluyen a él, como a la casa de un hombre laborioso y que ha merecido bien el mundo entero. País singular, superior a cualquier otro, como el arte lo es a la Naturaleza, en el que ésta está reformada por el sueño, donde está corregida, embellecida, refundida. ¡Que busquen, que sigan buscando, que hagan retroceder sin tregua los límites de su dicha esos alquimistas de la horticultura! ¡Que propongan premios de sesenta y de cien mil florines para quien resuelva sus ambiciosos problemas! ¡Yo ya he encontrado mi tulipán negro y mi dalia azul! Flor incomparable, tulipán recobrado, alegórica dalia, ¿no es cierto que es ahí, a ese hermoso país tan sereno y tan soñador, a donde habría que ir a vivir y a florecer? ¿No estarías tú encuadrada en tu analogía, y no podrías mirarte, para hablar como los místicos, en tu propia correspondencia? ¡Sueños! ¡Siempre sueños! Y cuanto más ambiciosa y delicada es el alma, más la alejan de lo posible los sueños. Cada hombre lleva en sí su dosis de opio natural, incesantemente secretada y renovada, y, del nacimiento a la muerte, ¿cuántas horas colmadas por el gozo positivo, por la acción lograda y decidida podemos contar? ¿Viviremos alguna vez, pasaremos alguna vez a ese cuadro que ha pintado mi espíritu, ese cuadro que se te parece? Esos tesoros, esos muebles, ese lujo, ese orden, esos perfumes, esas flores milagrosas son tú. Siguen siendo tú esos grandes ríos y esos canales tranquilos. Esos enormes navíos que arrastran, totalmente cargados de riqueza, y de donde suben los cantos monótonos de la maniobra, son mis pensamientos que duermen o que ruedan sobre tu seno. Tú los guías dulcemente hacia el mar que es el Infinito, mientras se reflejan las profundidades del cielo en la limpidez de tu bella alma; y cuando, fatigados por el oleaje y atiborrados de productos de Oriente, retornan al puerto natal, siguen siendo mis pensamientos enriquecidos que vuelven del infinito hacia ti. 2008: PABLO OYARZÚN XVIII La Invitación al viaje Hay un país soberbio, un país de Jauja, se dice, que sueño visitar con una vieja amiga. País singular, sumido en las brumas de nuestro Norte, y que se podría llamar el Oriente del Occidente, la China de Europa, tanta rienda suelta se ha dado la cálida y caprichosa fantasía, tanto la ha ilustrado, paciente y tenaz, con sus sabias y delicadas vegetaciones. 179 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire Un verdadero país de Jauja, donde todo es bello, rico, tranquilo, honesto; donde el lujo disfruta mirándose en el orden; donde la vida es feraz y dulce de respirar; donde están excluidos el desorden, la turbulencia y lo imprevisto; donde la dicha está desposada con el silencio; donde hasta la cocina es poética, ubérrima y excitante a la vez; donde todo se te parece, querido ángel mío. ¿Conoces esta enfermedad febril que se apodera de nosotros en las frías miserias, esta nostalgia del país que se ignora, esta angustia de la curiosidad? Es una región que se te parece, donde todo es bello, rico, tranquilo y honesto, donde la fantasía ha edificado y decorado una China occidental, donde la vida es dulce de respirar, donde la dicha está desposada con el silencio. ¡Es allí donde hay que ir a vivir, es allí donde hay que ir a morir! Sí, es allí donde hay que ir a respirar, a soñar y prolongar las horas con el infinito de las sensaciones. Un músico ha escrito la Invitación al vals; ¿cuál será el que componga la Invitación al viaje, que se pueda ofrecer a la mujer amada, a la hermana electiva? Sí, es en esa atmósfera donde haría bien vivir –allá, donde las horas más lentas contienen más pensamientos, donde los relojes tocan a la dicha con una solemnidad más profunda y más significativa. Sobre paneles relucientes, o sobre cueros dorados de sombría riqueza, discretamente viven pinturas beatas, calmas y profundas, como las almas de los artistas que las crearon. Los soles en ocaso, que colorean tan ricamente el comedor o el salón, son tamizados por telas hermosas o por esos altos ventanales labrados que el plomo divide en numerosos compartimentos. Los muebles son amplios, curiosos, extravagantes, armados de cerraduras y secretos, como almas refinadas. Los espejos, los metales, las telas, la orfebrería y la loza interpretan para los ojos una sinfonía muda y misteriosa; y de todas las cosas, de todas las esquinas, de las fisuras de los cajones y de los pliegues de las telas escapa un perfume singular, un revenez-y de Sumatra, que es como el alma de la habitación. ¡Un verdadero país de Jauja, te digo, donde todo es rico, limpio y reluciente, como una bella conciencia, como una magnífica batería de cocina, como una espléndida orfebrería, como una joyería abigarrada! Los tesoros del mundo afluyen, como a la casa de un hombre laborioso que bien ha merecido el mundo entero. País singular, superior a los demás, como el Arte a la Naturaleza, donde ésta ha sido reformada por el sueño, donde está corregida, embellecida, refundida. ¡Que busquen, que sigan buscando, que hagan retroceder sin cesar los límites de su dicha, esos alquimistas de la horticultura! ¡Que ofrezcan premios de sesenta y de cien mil florines para el que resuelva sus ambiciosos problemas! ¡Yo he encontrado mi tulipa negra y mi dalia azul! Flor incomparable, tulipa reencontrada, alegórica dalia, ¿no es allí, acaso, en ese bello país tan sereno y tan soñador, donde habría que ir a vivir y a florecer? ¿No estarías enmarcada en tu analogía, y no podrías tú mirarte, para hablar como los místicos, en tu propia correspondencia? ¡Sueños! ¡Siempre sueños! Y mientras más ambiciosa y delicada es el alma, más la alejan los sueños de lo posible. Cada hombre lleva en sí su dosis de opio natural, secretada y renovada incesantemente, y, del nacimiento a la muerte, ¿cuántas horas contamos colmadas por el gozo positivo, por la acción lograda y decidida? ¿Viviremos jamás, entraremos jamás a ese cuadro que ha pintado mi espíritu, ese cuadro que se te parece? Esos tesoros, esos muebles, ese lujo, ese orden, esos perfumes, esas flores milagrosas, eres tú. Y también eres tú, esos grandes ríos y esos canales tranquilos. Esos enormes navíos que discurren por ellos, 180 Anexos cargados de riquezas, y de donde suben los cantos monótonos de la maniobra, son mis pensamientos que duermen o que ruedan sobre tu seno. Tú los llevas suavemente hacia el mar que es el Infinito, reflejando las profundidades del cielo en la limpidez de tu hermosa alma; –y cuando, fatigados por el oleaje y ahítos de los productos del Oriente, regresan al puerto natal, son también mis pensamientos enriquecidos que del Infinito vuelven a ti. 2009: MANUEL NEILA XVIII LA INVITACIÓN AL VIAJE HAY un país soberbio, un país de Jauja, según dicen, que sueño visitar con una vieja amiga. País singular, anegado en las brumas de nuestro Norte, y que cabría llamar el Oriente de Occidente, la China de Europa, hasta tal punto se ha dado rienda suelta a la cálida y caprichosa fantasía, hasta tal punto ella lo adornó paciente y obstinadamente con sus sabias y delicadas vegetaciones. Un verdadero país de Jauja, donde todo es hermoso, abundante, tranquilo, honrado; donde el lujo gusta contemplarse en el orden, donde la vida es abundosa y agradable de respirar; donde el desorden, la turbulencia y lo imprevisto están excluidos; donde la felicidad está desposada con el silencio; donde la misma cocina es poética, abundante y excitante a la vez, donde todo se os parece, querido ángel mío. ¿Conoces esa enfermedad febril que se adueña de nosotros en medio de las frías miserias, esa nostalgia del país que se ignora, esa angustia de la curiosidad? Hay una región que se te parece, donde todo es hermoso, abundante, tranquilo y honrado, donde la fantasía edificó y decoró una China Occidental, donde la vida es agradable de respirar, donde la felicidad está desposada con el silencio. ¡Allá hay que ir a vivir, allá hay que ir a morir! Sí, allá es adonde hay que ir a respirar, soñar y prolongar las horas mediante lo infinito de las sensaciones. Un músico ha compuesto la Invitación al Vals: ¿quién compondrá la Invitación al viaje que puede ofrecerse a la mujer amada, a la hermana elegida? Sí; es en esa atmósfera donde daría gusto vivir –allá lejos, donde las horas más lentas contienen más pensamientos, donde los relojes hacen sonar la felicidad con más profunda y más significativa solemnidad. En paneles lustrosos, o en cueros dorados y de sombría riqueza, viven discretamente pinturas beatas, tranquilas y profundas, como las almas de los artistas que las crearon. Las puestas de sol, que colorean tan ricamente el comedor o el salón, quedan tamizadas por hermosas telas o por esos altos ventanales labrados que el plomo divide en numerosos compartimentos. Los muebles son amplios, curiosos, raros, armados de cerraduras y de secretos, como almas refinadas. Los espejos, los metales, los tejidos, la orfebrería y la loza interpretan para los ojos una sinfonía muda y misteriosa; y de cualquier cosa, de todos los rincones, de las fisuras de los cajones y de los pliegues de las telas se desprende un perfume singular, un Revenez-y de Sumatra que es como el alma de la vivienda. 181 La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire Un auténtico país de Jauja, te digo, donde todo es abundante, limpio y luminoso, como una buena conciencia, como una magnífica batería de cocina, como una espléndida orfebrería, como una joyería abigarrada. Los tesoros del mundo afluyen a él, como en la casa de un hombre laborioso que se hubiera hecho merecedor del mundo entero. País singular, superior a cualquiera otro, como el Arte lo es respecto de la Naturaleza, donde ésta queda modificada por el sueño, donde ella queda corregida, embellecida, refundida. ¡Que busquen, que sigan buscando, que alejen sin pausa los límites de su felicidad esos alquimistas de la horticultura! ¡Que propongan precios de setenta y cinco mil florines para quien resuelva sus ambiciosos problemas! ¡Yo ya he encontrado mi tulipán negro y mi dalia azul! Flor incomparable, tulipán encontrado de nuevo, alegórica dalia, es allá, a aquel hermoso país tan tranquilo y tan soñador adonde habría que ir a vivir y a florecer, ¿no es verdad? ¿Acaso no tendría por marco tu propia analogía, y no podrías mirarte, para hablar como los místicos, en tu propia correspondencia? ¡Sueños! ¡Siempre sueños! Y cuanto más ambiciosa y delicada es el alma, más la alejan los sueños de lo posible. Cada hombre lleva en sí su dosis de opio natural, incesantemente segregada y renovada y, desde el nacimiento a la muerte, ¿cuántas horas podemos contar que hayan sido colmadas por el gozo positivo, por la acción lograda y decidida? ¿Llegaremos a vivir alguna vez, accederemos alguna vez a ese cuadro que pintó mi espíritu, a ese cuadro que se te parece? Estos tesoros, estos muebles, este lujo, este orden, estos perfumes, estas flores milagrosas, todo ello eres tú. Eres esos grandes ríos y esos canales tranquilos. Esos enormes navíos que se arrastran cargados de riquezas, y de los que llegan los monótonos cantos de la maniobra, son mis pensamientos que duermen o que avanzan sobre tu pecho. Tú los conduces suavemente hacia el mar que es lo Infinito, reflejando al mismo tiempo las profundidades del cielo en la limpidez de tu hermosa alma; y cuando, rendidos por la marejada y ahítos de los productos de Oriente, vuelven al puerto natal, siguen siendo mis pensamientos enriquecidos que regresan de lo Infinito hacia ti. 182