MINISTERE DES AFFAIRES ETRANGERES BUDAPEST No 3/2002 Lajos Kossuth (1802-1894) L ajos Kossuth naquit le 19 septembre 1802 à Monok dans le comitat de Zemplén. La famille Kossuth figurait parmi les plus anciennes de la noblesse moyenne de Haute-Hongrie. Le premier document d'archives la concernant date de 1263. Le père de Lajos Kossuth, László, était né en 1763 dans le comitat de Turóc. Dans les années 80 du 18e siècle, il s'installa dans le Zemplén, où il devint d'abord receveur de l'enregistrement, puis procureur du domaine des Andrássy à Monok. Il se maria relativement tard, aux alentours de 1800, et il épousa Karolina, la fille d'András Weber de Tyrling, maître de poste luthérien à Olaszliszka. Lajos Kossuth fit de brillantes études dans les villes de Sátoraljaújhely, Eperjes et Sárospatak. Plus tard, il travailla en tant que clerc d'avoué à Eperjes et à Pest. C'est également à Pest qu'il acquit ses premières expériences politiques. Lors de ses études, il avait appris le latin, l'allemand et le français et commencé l'anglais. Il obtint son diplôme d'avocat en septembre 1823, puis retourna dans le comitat de Zemplén pour y exercer son métier. En 1828-29, il participa au recensement des contribuables dans le comitat de Zemplén. En 1830-31, aux réunions du Conseil général, il intervint plusieurs fois comme membre de l'opposition réformiste, et il joua un rôle important dans la répression de la révolte du choléra. C'est grâce à la fermeté de son action que les paysans insurgés n'avaient pas dévasté la ville de Sátoraljaújhely. Dès cette époque, il se fit remarquer par les conservateurs locaux par ses déclarations en tant que membre de l'opposition. Au tournant des années 1831-32, à cause de sa négligence dans la gestion d'un legs, il perdit toute chance de réussir au niveau local. En 1832-36, il représentait plusieurs aristocrates du Zemplén à la Diète de Pozsony. En tant que délégué des absents (ablegatus absentium), il était placé à la Chambre basse où il prit la parole à plusieurs reprises. Pour informer ses mandants puis l'opinion publique nationale, Kossuth lança un journal manuscrit, Országgyûlési Tudósítások (Chroniques de la Diète). Diffusé par correspondance, ce journal fut le premier à communiquer, en déjouant la censure, des informations détaillées sur le fonctionnement de la Diète. C'était déjà suffisant pour s'attirer la colère des détenteurs du pouvoir de l'époque. C'est cette entreprise qui le fit connaître dans le pays et qui le mit en contact avec les personnages éminents de l'opposition, notamment Ferenc Kölcsey (1790-1838) et Miklós Wesselényi (1796-1850). En revanche, István Széchenyi (1791-1860), la plus importante figure de l'opposition, se montra réservé à l'égard de Kossuth. Après la clôture de la session de la Diète, Kossuth lança un autre journal manuscrit, intitulé Törvényhatósági Tudósítások (Chroniques des autorités territoriales), qui informait ses abonnés Kossuth et les premiers billets de banque hongrois sur le déroulement des réunions du Conseil général. C'est dans ce journal qu'il relata les protestations de l'opposition provoquées par les procès intentés contre les personnalités de l'opposition siégeant à la Diète de 183236. Le pouvoir réagit en sommant Kossuth de cesser ses activités, puis en décidant de le traduire en justice pour crime de lèsemajesté. Arrêté le 5 mai 1837, il fut condamné à plusieurs années de prison. L'arrestation de Kossuth suscita une consternation générale. L'intervention vigoureuse du régime provoqua toute une série d'actions protestataires. En prison, Kossuth ne passa pas tout son temps à élaborer sa défense. Peu après son arrestation, il demandait déjà à sa mère de lui envoyer des livres. Ainsi s'efforçait-il de rester en contact avec le monde extérieur. Il perfectionna aussi ses connaissances d'anglais. Il traduisit et adapta de l'allemand l'ouvrage de Samuel Wilderspin sur l'éducation des enfants en bas âge et commença aussi à traduire Macbeth de Shakespeare. Afin de se tenir au courant de la politique, il lisait régulièrement une demi-douzaine de journaux hongrois et allemands. Les lettres écrites à ses parents de sa prison constituent les pièces majeures de son uvre littéraire, certaines d'entre elles sont de véritables essais. La captivité ne brisa donc pas Kossuth et grâce aux changements politiques, il ne dut pas purger sa peine de quatre ans. Trois mois après sa condamnation, la nouvelle Diète se réunit le 2 juin 1839. Profitant d'une erreur politique commise par le gouvernement, la Chambre basse réclama dans une adresse la cessation des poursuites contre Wesselényi, Kossuth et László Lovassy (1815-1892), ainsi que leur libération. La Cour fut contrainte de céder, et le 10 mai 1840 Kossuth fut libéré. Le 9 juin 1840, à la réunion du Conseil général du comitat de Pest, Kossuth remercia la population du comitat de l'avoir soutenu avec tant de persévérance et d'efficacité. Durant sa captivité, il avait perdu son père László Kossuth, le 13 juin 1839. Désormais, il devait subvenir seul aux besoins de la famille Kossuth. Il se produisit encore un autre changement important dans la vie privée de Kossuth. En été 1840, il fit la connaissance de Terézia Meszlényi, originaire d'une famille catholique noble de Transdanubie. Peu de temps après, le 9 janvier 1841, Kossuth épousait sa fiancée. Après sa libération, il ne se retira point de la vie politique. A Vienne aussi, on préférait l'avoir à l'oeil; ainsi Lajos Landerer (1800-1854), propriétaire d'une imprimerie, fut-il autorisé à lui confier la rédaction du Pesti Hírlap (Journal de Pest). Il remplit cette fonction du 2 janvier 1841 au printemps de 1844. Dans de nombreux articles, il propagea des idées réformistes en démontrant le caractère intenable du régime féodal en place. Dans la rédaction du journal, il s'appuyait également sur les membres de l'opposition. C'est lui qui a écrit le premier éditorial de la presse hongroise, ce qui montre bien la modernité de son journal. (C'est encore lui qui a créé l'équivalent hongrois du mot éditorial.) Passé de 60 à 5000, le tirage de cette publication était le plus fort dans la monarchie des Habsbourg. Son poste de rédacteur permit aussi à Kossuth de consolider sa situation matérielle. C'est au sujet des articles parus dans Pesti Hirlap que s'engagea le grand débat entre Kossuth et Széchenyi sur la tactique à suivre par l'opposition réformiste. Széchenyi désapprouvait l'attitude trop ferme et trop critique de Kossuth et s'opposait à la détérioration des rapports avec l'Autriche. Il attaqua Kossuth dans son livre Kelet népe (Le Peuple de l'Est), puis dans une douzaine d'articles. « Lajos Kossuth veille au pays »- caricature Cependant Kossuth sortit vainqueur de la polémique en démontrant que la plupart des allégations de Széchenyi n'étaient pas pertinentes. La majorité de l'opposition soutint Kossuth dans le débat. A la fin de 1843, on en eut assez à Vienne des activités du journaliste Kossuth. Landerer reçut l'injonction de renvoyer son rédacteur. Il provoqua alors un conflit d'ordre financier, à l'issue duquel Kossuth démissionna et tenta d'obtenir, en vain, l'autorisation d'éditer un autre journal. Comme le régime la lui refusait, Kossuth dut se trouver d'autres activités. Il dut abandonner la propagation par écrit des idées réformistes. Ainsi devint-il le promoteur de différentes entreprises économiques. La plus importante était la Ligue nationale Országos Védegylet, fondée en 1844, qui cherchait à promouvoir le développement de l'industrie et du commerce nationaux par une politique douanière protectionniste. En effet, Kossuth craignait l'adhésion de l'Autriche à l'union douanière allemande (Zollverein) et, de ce fait, l'incompétitivité de l'industrie et du commerce hongrois face aux produits allemands de meilleure qualité. C'est la raison pour laquelle il préconisait une politique protectionniste. La plupart des initiatives économiques de Kossuth aboutirent à un échec ou à un succès modéré. Cependant, elles renforcèrent quand même l'organisation de l'opposition. Kossuth était convaincu que, pour l'instauration d'une société bourgeoise en Hongrie, il fallait abolir le servage. Selon lui, c'était le seul moyen d'éviter une guerre civile qui aurait mis en danger l'existence même de la noblesse et du pays. L'objectif du programme de conciliation des intérêts, élaboré en partie par Kossuth, consistait à réaliser l'instauration d'une société bourgeoise en Hongrie sous la direction de la noblesse hongroise et en maintenant l'indépendance du pays. Lorsque les conservateurs hongrois fondèrent leur propre parti, Kossuth décida d'organiser un parti d'opposition unifié et d'élaborer le programme de l'opposition, dans la rédaction duquel il joua un rôle important avec Ferenc Deák (1803-1876) . Lajos Batthyány (18061849) fut élu président du nouveau parti d'opposition. Kossuth participa à la Diète de 1847-1848 comme député du comitat de Pest. Le régime en place avait fait son possible pour empêcher l'élection de Kossuth, mais en vain. A la Chambre basse, l'opposition était majoritaire, mais la résistance de la Chambre haute ne lui permit pas de profiter de cette situation. L'opposition luttait pour la réalisation des passer un accord spécial avec Vienne, mais à la suite de l'intervention de Kossuth, l'union de l'opposition se rétablit rapidement. Les révolutions européennes de 1848 provoquèrent une situation favorable à la Kossuth prononce un discours de recrutement en automne 1848 réformes sous la direction de Kossuth à la Chambre basse, et sous celle de Batthyány à la Chambre haute. En janvier-février 1848, une partie de l'opposition aurait été prête à Hongrie. Les chefs radicaux de l'opposition, Kossuth et Batthyány, estimaient qu'il fallait profiter de l'affaiblissement de l'Empire des Habsbourg afin de réaliser le programme de Kossuth présente au Parlement, le 8 octobre 1848, les drapeaux pris à l'ennemi à Ozora ! l'opposition réformiste. Dès la fin de février, ils voulaient demander à l'Empereur d'inciter le gouvernement à ramener la paix et « de ne pas faire couler le sang hongrois pour opprimer la liberté italienne ». Pour ce faire, il devait doter les peuples d'une Constitution. Cette revendication illustrait à la fois le bon sens et la largeur d'esprit de l'opposition en matière de politique extérieure. Batthyány et Kossuth savaient que la liberté de la Hongrie était liée à l'existence d'un régime constitutionnel dans les provinces héréditaires, car les intérêts divergents des différentes parties de l'Empire ne pouvaient être conciliés que dans le cadre d'un régime politique identique. La proposition de Kossuth fut alors rejetée même par la majorité de l'opposition. Or, l'intuition de Kossuth fut confirmée par la nouvelle de la révolution de Paris parvenue à Pozsony quelques jours plus tard, le 1er mars. Le 3 mars, Kossuth présenta une motion historique à la réunion régionale de la Chambre basse en exhortant la Diète à « élever sa politique au niveau des circonstances ». Il exigeait pour le moment à mots couverts la participation égale aux " La bataille de Kápolna, le 27 février 1849 charges publiques, un système politique représentatif, l'égalité des droits politiques et l'instauration d'un gouvernement national indépendant en Hongrie. Mais il ne s'arrêta pas là. Conscient de ce que c'étaient les changements survenus dans la situation politique extérieure qui avaient permis de formuler ces revendications, il exigea également une Constitution pour les provinces héréditaires de l'Empire des Habsbourg. Certes, les détenteurs du pouvoir étaient effrayés par les nouvelles de la révolution de Paris et la situation financière de l'Empire était critique ni pour la première, ni pour la dernière fois d'ailleurs , mais ils pouvaient toujours compter sur l'aide du tzar Nicolas Ier (1796-1855) et de son armée. Cependant, le discours de Kossuth, dans lequel il exigeait une Constitution pour les provinces héréditaires de l'Empire également, fut traduit et imprimé en allemand et provoqua une telle fermentation à Vienne qu'une réaction violente devint impossible. Le 13 mars, la révolution éclata à Vienne. Le chancelier omnipotent Klemens Metternich (1773-1859) dut démissionner et s'enfuir, tandis que l'empereur promettait une Constitution aux peuples de l'Autriche. La révolution de Vienne eut lieu au meilleur moment pour l'opposition libérale hongroise, car l'adresse formulée d'après le discours de Kossuth avait été mise de côté par la Chambre haute. De plus, les aristocrates fidèles à la Cour se rendirent en masse à Vienne pour empêcher la convocation de la Chambre haute. En sa qualité de délégué du roi et de fondé de pouvoir, István Széchenyi, adversaire impitoyable de Kossuth, proposa même d'employer la force militaire contre l'opposition réformiste. Toutefois, la révolution de Vienne changea la situation. Le 14 mars, les aristocrates adoptèrent le projet d'adresse de Kossuth qu'une délégation de la Diète porta à Vienne le lendemain. Le monarque et son entourage tentèrent de résister, mais le 17 mars Ferdinand V (1793-1855) accepta la nomination de Lajos Batthyány au poste de premier ministre. La révolution qui éclata à Pest le 15 mars influença, bien entendu, l'entérinement de cette nomination et la satisfaction des revendications hongroises. Après le retour de la délégation à Pozsony, la Diète adopta en quelques semaines les lois permettant l'instauration d'une société bourgeoise dans le pays. La mise en uvre rapide et ferme de ces cadres était facilitée aussi par des faux bruits selon lesquels Sándor Petõfi (1823-1849), chef de la révolution de Pest, campait sur le champ de Rákos à la tête de 40 000 paysans armés de faux. La promulgation des articles de la loi se heurtait cependant à de sérieux obstacles. A Vienne, les membres de la Conférence d'État essayaient de réduire le plus possible les compétences du ministère hongrois. Grâce à son excellente préparation aux négociations et au fait que les mouvements de masse soutenaient toujours ses revendications au meilleur moment, la délégation de la Diète hongroise réussit à vaincre l'autre partie sur la plupart des points essentiels. Kossuth joua un rôle important dans la formulation des lois d'avril, qui permirent à la Hongrie féodale de se transformer en un Etat de type bourgeois. Le 10 avril, le roi Ferdinand V nomma le gouvernement hongrois présidé par le comte Lajos Batthyány, et le lendemain il promulgua les articles de loi formulés par la Diète de Pozsony. Ces articles régissaient la formation d'un gouvernement indépendant et responsable, l'abolition du servage, l'introduction de la contribution égale aux charges publiques et de l'égalité des citoyens devant la loi, ainsi que la mise en place d'un Parlement représentatif. La création de la gestion financière indépendante est liée au nom de Kossuth, ministre des Finances du gouvernement. Le Trésor public était presque vide lorsque Kossuth entra en fonctions, mais il maîtrisa rapidement la situation. D'abord, il essaya de stabiliser la situation financière du pays par l'émission de bons du Trésor productifs d'intérêts, puis il eut recours à l'émission indépendante de billets de banque. Le 5 août 1848, la Banque de Commerce émit les premiers billets de deux forints. Ce billet, comme les autres coupures mises en circulation après septembre 1848, reçut le nom de "billet Kossuth". Le manque d'argent expliquait en partie pourquoi le gouvernement refusait de participer au déficit astronomique de l'État autrichien. Il estimait en effet que la Hongrie n'avait pas été consultée pour les dépenses et qu'elle n'en avait pas été bénéficiaire. Kossuth fut le porte-parole du gouvernement lors de la session du Parlement représentatif en juillet 1848. C'est là qu'il connut un de ses plus grands succès était d'avis que la nation devait se préparer à une offensive de la part de la réaction. Lorsque le gouvernement Batthyány démissionna le 11 septembre 1848, Kossuth garda son portefeuille, mais le lendemain il soutenait déjà Lajos Batthyány, nommé de nouveau premier ministre. Entre le 16 et le 21 septembre, il fut élu membre de la commission parlementaire qui devint par la suite le Comité de Défense nationale, à laquelle devait rendre des comptes le premier ministre. Après son élection le 24 L'Empereur d` Autriche et le tzar de Russie achèvent l'hydre de la révolution en tant qu'orateur. Le 11 juillet, c'est à la suite de son intervention que le Parlement offrit 200 000 soldats et 40 millions de forints pour la défense du pays. Kossuth septembre, il alla recruter des soldats dans l'Alföld (la Grande Plaine). Lors de ses deux tournées de recrutement, il prononça des discours devant des foules énormes. # C'est probablement à ce moment-là que naquit la chanson populaire sur Kossuth, ainsi que le culte qu'on lui voua. Le 27 septembre 1848, c'est à la suite de son intervention que le Parlement qualifia d'illégale la nomination de Ferenc Lamberg (1791-1848) au poste de chef de l'armée et l'invalida. Après l'assassinat de Lamberg et la démission du premier ministre Batthyány, Kossuth fut élu par le Parlement président du Comité de Défense nationale. A partir d'octobre 1848, c'est cet organe qui exerça le pouvoir exécutif, et Kossuth devint le dirigeant politique du pays. Pendant la deuxième moitié du mois d'octobre 1848, il recruta des soldats dans la région transdanubienne, puis convainquit l'armée hongroise de franchir la Leitha. Après la défaite militaire de Schwechat, c'est lui qui nomma le général Artúr Görgei (1818-1916) commandant en chef du gros de l'armée hongroise. En automne et en hiver 1848, Kossuth joua un rôle important dans l'organisation de l'armée. Après l'offensive de l'armée impériale, c'est lui qui proposa de transférer le Parlement et l'administration dans la ville de Debrecen. Son travail d'organisateur contribua grandement à maintenir la résistance hongroise en hiver 1849 et à faire triompher l'armée hongroise au printemps 1849. Lorsque Kossuth apprit que FrançoisJoseph Ier (1830-1916) avait scindé la Hongrie en plusieurs parties dans la Constitution d'Olmütz dite « octroyée » promulguée le 4 mars 1849, Kossuth décida de proclamer l'indépendance de la Hongrie et de détrôner la Maison des Habsbourg. (Par la Constitution d'Olmütz, c'est surtout aux Hongrois que le monarque voulait imposer ses aspirations centralisatrices et germanisatrices. Le roi avait pour objectif le renouveau de l'Empire d'Autriche, puis l'obtention d'un rôle dirigeant, dominant pour l'Autriche au sein de l'unité allemande.) Ce sont les victoires de la campagne de printemps qui permirent d'envisager l'indépendance et le détrônement. Le 14 avril 1849, sur l'initiative de Kossuth, le Parlement les proclama. Kossuth fut élu présidentgouverneur du pays, et jusqu'à sa démission du 11 août il remplit les fonctions de chef d'État. (La Hongrie restait un royaume malgré les efforts de la majorité des forces politiques qui aspirait à la proclamation de la république, à l'encontre de Kossuth qui $ Kossuth fait ses adieux à la Hongrie en août 1849 alléguait des raisons de politique européenne.) C'est Kossuth qui pressentit la plupart des membres du nouveau gouvernement, et le 1er mai 1849, il confia les fonctions de premier ministre à Bertalan Szemere (1812-1869), précédemment ministre dans le gouvernement Batthyány. Kossuth espérait que les grandes puissances européennes allaient reconnaître la Hongrie indépendante, mais il n'en fut rien. A la mi-juin 1849, une nouvelle offensive de l'armée impériale fut lancée contre le pays. Dans cette campagne, l'Autriche bénéficiait du soutien de 200000 soldats russes. Kossuth s'affola. Il avança des plans stratégiques successifs. Il proposa le haut commandement de l'armée à presque tous les généraux hongrois importants. A l'issue de la défaite décisive infligée par les unités impériales à Temesvár, le 9 août 1849, Kossuth perdit tout espoir et renonça à poursuivre la lutte. L'arrivée de Kossuth à Sumen Le 11 août, à la demande de Görgei, il démissionna de son poste de gouverneur et prit le chemin de l'exil. La démission de Kossuth signifiait également la fin de la guerre d'indépendance hongroise. Kossuth et la plupart des hommes politiques hongrois se réfugièrent en territoire turc. Ils allèrent d'abord à Vidin et à Sumen en Bulgarie. La Russie et l'Autriche exigèrent l'extradition des réfugiés hongrois. La Cour ottomane, soutenue par l'Angleterre et la France, refusa et le conflit risquait de dégénérer en guerre continentale. L'Autriche et la Russie finirent par céder, néanmoins les réfugiés hongrois et polonais les plus illustres furent internés en Asie Mineure, à Kütahya. C'est là qu'en avril 1851 Kossuth élabora son législation. Sur les territoires où vivaient plusieurs nationalités (comme dans la plupart des régions frontalières de Hongrie), les nationalités, usant de leur droit d'association, devaient se rassembler dans "des associations publiques nationales", disposant seulement de compétences collégiales et non pas territoriales. Ainsi, la représentation des intèrêts des nationalités pouvait être réalisée sans l'application du principe d'autonomie territoriale. Les différentes communes déterminaient elles-mêmes la langue utilisée dans l'administration, mais la minorité ethnique avait droit à sa propre langue dans la gestion de ses affaires. Il en était de même pour les réunions du Conseil du comitat composé L'exécution de Lajos Batthyány le 6 octobre 1849 projet de Constitution sur la réorganisation démocratique de la Hongrie basée sur l'autonomie. Ce projet réalisait l'égalité de droit des nationalités sans porter atteinte à l'intégrité territoriale de la Hongrie. Kossuth estimait que le suffrage universel ne garantissait pas les libertés individuelles et collectives si la souveraineté du peuple relevait uniquement du Parlement et si le gouvernement était doté de pouvoirs trop importants. Par conséquent, le principe de la souveraineté du peuple devait être associé au principe de l'autonomie. Chacun des droits individuels devait être énoncé dans la Constitution et ils ne pouvaient être modifiés ni abolis par la des délégués des communes. Le pouvoir législatif se composerait de deux chambres: celle des députés élus par l'ensemble de la population du pays dans les circonscriptions électorales et celle des sénateurs délégués par les Conseils du comitat dans chaque comitat. Le pouvoir exécutif ne pourrait pas donner des ordres directement aux conseillers des comitats, et il ne pourrait communiquer ses ordonnances qu'au Conseil du comitat habilité à formuler des objections. Kossuth pensait que ces garanties étaient suffisantes et rendaient inutile l'instauration d'un fédéralisme intérieur en Hongrie. Néanmoins, il se disait prêt à reconnaître, le cas échéant, la sécession de la Croatie et de la Slavonie. A propos de la Transylvanie, il estimait qu'il n'existait pas de nationalité transylvaine et que, par conséquent, la révision de l'Union avec la Transylvanie n'était nullement justifiée. En revanche, pour calmer les inquiétudes des Saxons, Kossuth souhaitait doter les districts saxons (et aussi sicules) d'une autorité de comitat. Quant à la revendication des Serbes au sujet de la Voïvodine dans le sud de la Hongrie, Kossuth était d'avis que, sur le territoire en question, les Serbes n'avaient même pas la majorité relative et que les traditions historiques non plus ne justifiaient pas la création d'une Voïvodine indépendante. (Dans une nouvelle version de son projet de Constitution, élaborée en 1859, Kossuth aurait accepté que les habitants de Transylvanie décident du maintien ou du rejet de l'union dans un référendum, mais même au cas de l'indépendance de la Transylvanie, il préconisait un lien d'union personnelle avec la Hongrie. Dans cette version du projet, Kossuth aurait également accepté une Voïvodine réunissant la population de nationalité serbe.) Ce projet constituait l'un des antécédents idéologiques du projet sur la Confédération danubienne publié en 1862. Kossuth et ses compagnons purent quitter Kütahya en automne 1851. Le premier se rendit d'abord en Angleterre, puis en Amérique, où il tenta d'éveiller la sympathie envers la Hongrie. Ses discours prononcés en anglais eurent beaucoup de succès. Il voulait convaincre les gouvernements anglais et américain d'adopter le principe de « l'ingérence pour la non-intervention ». Autrement dit, il voulait que ces États empêchent par exemple l'intervention de la Russie au cas d'une nouvelle guerre d'indépendance de la Hongrie. Ses discours d'Amérique exercèrent une influence même sur une personnalité telle qu'Abraham Lincoln. Nous retrouvons la conception de Kossuth sur la démocratie dans le discours de Lincoln prononcé en 1863 à Gettysburg: « La démocratie est l'esprit de notre époque. Tout pour le peuple et tout par le peuple. Aucune décision sur le peuple sans le peuple. Voilà le sens de la démocratie et de l'esprit de notre époque. » L'un des objectifs de Kossuth était de prendre en main la direction des émigrés. Cependant, la plupart des expatriés se % L'arrivée de Kossuth au port de Southampton en octobre 1851 Carte postale à la mémoire du voyage de Kossuth en Amérique & détachèrent de lui à cause de son arrogance. Par ailleurs, dans les premières années de son exil, Kossuth se berçait de nombreuses illusions. Il fut l'instigateur d'une une série de conspirations secrètes qui se soldèrent toutes par un échec. Ceci fit enfin comprendre à Kossuth qu'il n'était pas possible de mettre fin à la domination autrichienne en Hongrie par de tels moyens. Déjà durant la guerre de Crimée en 1853-55, Kossuth espérait que l'Autriche allait intervenir dans le conflit. Dans ce cas, les grandes puissances auraient peut-être fait appel aux émigrés hongrois, et elles auraient soutenu le rétablissement de l'indépendance de la Hongrie. Or l'Autriche ne prit pas part à cette guerre. La première occasion sérieuse se présenta en 1859, lorsque l'empereur de France Napoléon III (1808-1873) s'associa avec le royaume italien du Piémont. Kossuth fut également associé aux négociations dirigées contre l'Autriche. Par la suite Kossuth, László Teleki (1811-1861) et György Klapka (1820-1892) constituèrent la Direction nationale hongroise (Magyar Nemzeti Igazgatóság). Ils espéraient que Napoléon III ne se contenterait pas de la défaite de l'Autriche, mais qu'il restaurerait aussi l'indépendance de la Hongrie. C'est pourquoi Kossuth ne voulait proclamer une nouvelle guerre d'indépendance en Hongrie qu'après l'arrivée des troupes françaises dans le pays. L'alliance franco-piémontaise vainquit l'armée impériale à Solférino. Cependant, Napoléon III ne tarda pas à conclure un traité de paix avec l'Autriche. Durant la guerre, une légion hongroise s'était formée aux côtés des Italiens, mais la conclusion rapide du traité de paix ne permit pas de l'engager. Pourtant, Kossuth ne perdait toujours pas l'espoir de réussir. Il tenta de libérer la Hongrie de la domination des Habsbourg en s'alliant au mouvement pour l'unité des Italiens, puis des Allemands. En 1862, Klapka et Kossuth rédigèrent le projet de l'alliance des peuples danubiens, c'est-àdire d'une Confédération danubienne. Cet État aurait été une alliance basée sur l'égalité des membres entre la Hongrie, la Transylvanie, la Croatie, la Roumanie et la Serbie. Il aurait assuré l'indépendance intérieure de chaque État membre, mais il les aurait protégés des attaques extérieures en tant que grande puissance. Les antécédents idéologiques de cette conception remontaient à la fin du 18e siècle et étaient liés à deux facteurs. Premièrement, l'équilibre intérieur de l'Empire des Habsbourg s'était ébranlé à cause de la formation des nations bourgeoises. Deuxièmement, en cas de désintégration ou de réorganisation de l'Empire des Habsbourg ou à cause de la fin de l'Empire Turc, il aurait fallu créer la confédération des peuples de l'Europe centrale et orientale pour assurer le rôle que remplissaient dans l'équilibre européen l'Empire des Habsbourg et l'Empire Turc. C'est uniquement ainsi qu'on pouvait contrebalancer les aspirations de la grande puissance russe. Les projets de confédération peuvent être classés en deux catégories. Dans la première, on retrouve ceux qui préconisaient la réorganisation intérieure, fédérative de l'Empire des Habsbourg, alors que les partisans de la deuxième envisageaient l'intégration à la confédération de certains territoires situés en dehors de l'Empire des Habsbourg. La première conception de ce type fut développée en 1794 par les jacobins hongrois, puis par Miklós Wesselényi dans son ouvrage "Appel en faveur des nationalités hongroise et slaves" en 1843. La conception de Kossuth fait partie de la deuxième catégorie. En effet, il avait déclaré dès février 1848 que l'avenir de la Hongrie était inconcevable sans une coopération avec les peuples slaves du Sud. En 1848, la conception nommée « Grande Hongrie » du gouvernement Batthyány envisageait au cas de l'adhésion des provinces de langue allemande de l'Empire des Habsbourg à l'unité des Allemands l'unification des autres territoires de l'Empire avec la Hongrie comme centre, la restitution de l'indépendance de la Pologne, ainsi que l'extension des intérêts impériaux aux territoires roumains et slaves du Sud. En 1849, László Teleki mena à Paris des négociations avec des hommes politiques polonais, roumains et tchèques sur la réorganisation fédérative intérieure de la Hongrie. C'est aussi Teleki qui eut l'idée d'une confédération entre la Hongrie et les petits Etats d'Europe centrale et orientale, notamment la Valachie, la Moldavie, la Serbie, la Bulgarie, la Bohême et la Moravie. Les représentants des émigrés roumains exprimèrent un avis encore plus radical pour résoudre le problème des nationalités en Hongrie: le rattachement des territoires de Hongrie habités par des nationalités à leur mère patrie voisine. Selon Kossuth, la seule solution aux problèmes des nationalités consistait à créer la confédération de la Hongrie avec les nations et les Etats voisins. Dans son projet élaboré en 1850, il esquissa la confédération des territoires hongrois, polonais, tchèques, croates, slavons, dalmates et roumains. Cette confédération aurait été basée sur une obligation de défense commune, une ligne douanière et une diplomatie communes, avec l'autonomie intérieure totale des États membres. Le centre de la confédération aurait été en Hongrie. Les États auraient été représentés au prorata de leur population et de leur territoire dans le Conseil fédéral. Kossuth estimait aussi qu'il était nécessaire ' d'obtenir l'approbation de l'Empire Turc pour créer la confédération, en raison des principautés serbe et roumaine relevant de l'autorité des Turcs. A son avis, pour résoudre le problème des nationalités, la division en comitats de la Hongrie devrait correspondre, si possible, à la répartition des nationalités. Cela s'intégrait dans la l'indépendance totale de la Croatie et de la Transylvanie. En 1862, c'est également lui qui formula l'idée d'une confédération danubienne au sujet de laquelle Kossuth lui fit part de ses réflexions. Elles furent ensuite rendues publiques et représentent, de nos jours encore, la conception la plus connue de la Confédération Danubienne. Selon le projet conception d'une fédération intérieure de la Hongrie, sans porter atteinte à l'intégrité territoriale du pays. Les détails de ce plan figuraient dans le projet de constitution de Kütahya en 1851. En 1855, György Klapka esquissa le projet d'une confédération hungaro-serboroumaine, tout en étant prêt à reconnaître signé par Kossuth, la confédération englobait la Hongrie, la Transylvanie, la Roumanie, la Croatie et, en cas de désintégration de l'Empire Turc, la Serbie et les autres pays slaves du Sud. La protection du territoire fédéral serait commune, ainsi que la politique extérieure, la diplomatie, le système commercial, la douane, les grands axes de la circulation, l'argent, les poids et les mesures. Les questions relatives aux forces militaires terrestres et maritimes, aux forteresses et aux ports militaires seraient également réglementées par l'autorité fédérale. Les États n'auraient pas le droit d'envoyer leurs propres représentants aux puissances étrangères. Le Parlement pourrait se composer d'une ou de deux chambres. Dans ce dernier cas, la Chambre des députés serait élue au prorata de la population des États, alors que le Sénat comprendrait un même nombre de sénateurs pour chaque État. Le pouvoir exécutif serait exercé par le Conseil fédéral élu par le Parlement. La langue officielle de la confédération serait déterminée par la législature, mais les États membres pourraient décider eux-mêmes de leur propre langue. L'administration fédérale siégerait alternativement dans chacune des capitales des États membres. Le chef de l'État accueillant l'administration remplirait aussi le poste de président de la confédération. Les États bénéficieraient d'une autonomie totale dans la gestion de leurs affaires intérieures, mais leur constitution devrait être conforme aux principes adoptés par la fédération. Le contingent militaire des États serait défini dans l'accord fédéral, mais ils pourraient cependant disposer de forces armées supplémentaires. En temps de paix, aucune force armée n'aurait le droit de stationner sur le territoire d'un autre État, et l'administration fédérale ne pourrait pas en retirer ses propres forces armées. Les forteresses fédérales seraient désignées par l'administration fédérale, mais les forces militaires d'un autre État ne pourraient y stationner qu'en cas de guerre. Les membres du corps législatif fédéral seraient élus par les Parlements des États membres. Les résolutions du pouvoir exécutif fédéral devraient être appliquées par le gouvernement de chaque État. Kossuth proposait le français comme langue officielle de la confédération. Le projet de Kossuth fut désapprouvé aussi bien par l'opinion publique hongroise que par celle des États concernés. Pour la plupart des hommes politiques hongrois, le projet contenait trop de concessions, alors que selon les hommes politiques serbes et roumains, il n'en contenait pas suffisamment. L'opinion publique de Hongrie penchait de plus en plus pour un compromis avec l'Autriche. Les échecs politiques de Kossuth étaient aggravés par des tragédies personnelles. Le 22 avril 1862, à Nervi, la fille de Kossuth, Vilma, mourut d'une tuberculose dont elle souffrait depuis des années. Elle fut enterrée à Gênes, au cimetière anglais de San Benignon. Le 1er septembre 1865 à Turin, Terézia Meszlényi, la femme de Kossuth, mourait à son tour. Elle fut enterrée dans la tombe où reposait sa fille. Après la mort de sa femme, Kossuth écrivit toutes ses lettres, jusqu'à sa mort, sur un papier bordé de noir. L'échec des efforts de Kossuth visant à allier les peuples d'Europe centrale et à contrecarrer le compromis austro-hongrois s'explique par le fait que la plupart des grandes puissances européennes prenaient position pour le maintien de l'unité de la Monarchie des Habsbourg. Entre-temps, la situation avait changé en Hongrie aussi. L'idée du compromis, représentée par Ferenc Deák, avait de plus en plus de partisans. Les négociations sur le compromis furent accélérées par la nouvelle défaite militaire de l'Autriche. En été 1866, la Prusse et l'Italie entrèrent en guerre contre l'Autriche. Les Prussiens infligèrent alors une défaite cuisante à l'armée autrichienne à Königgrätz. Cependant, Deák et ses partisans ne demandaient pas plus après la défaite qu'avant. Kossuth avait beau mener une campagne de presse contre le compromis en préparation. Il avait beau dire que la Hongrie voulait s'allier à un empire voué à l'échec. Le pays était derrière Deák. La plupart des émigrés se déclaraient également satisfaits du compromis, Kossuth était de plus en plus isolé. Il ne revint pas en Hongrie, même après le Compromis austro-hongrois de 1867. Dans la dernière période de sa vie, il ne cessa de critiquer le régime du Compromis. Ses longues lettres révélèrent que, de Turin, il voyait mieux les événements politiques hongrois que ses contemporains vivant dans le pays. Dans l'une de ses dernières lettres, il incitait les chefs de l'opposition nationale à voter des projets de loi concernant l'introduction du registre d'état civil, ainsi que la séparation de l'État et de l'Église. En raison de la dégradation de sa situation financière, Kossuth fut de nouveau contraint de travailler pour gagner sa vie. Dans les années 1880 parurent les trois premiers volumes de ses écrits nés pendant les années d'exil. Plus tard, il vendit sa bibliothèque. Il travailla jusqu'à sa mort survenue en 1894. Après son décès, son enterrement fut également un événement politique, une manifestation muette de l'opposition contre le régime dualiste. Déjà de son vivant, Kossuth est devenu l'objet de mythes et de légendes. A l'époque des réformes et durant la guerre d'indépendance, l'absolutisme et le dualisme, plusieurs centaines de poèmes ont été écrits à son sujet ou lui étaient adressés. Parmi les poètes, il y avait, à part les Hongrois, des Allemands, des Français, des Anglais et des Américains. Des centaines de chansons et de légendes populaires perpétuent son activité de 1848-49. Il n'existe aucun autre homme politique à qui le peuple hongrois soit si attaché. Aussi tous ses objets personnels sontils devenus des reliques, tout comme le billet Les funérailles de Kossuth de banque portant son nom et sa signature. On a donné le nom de Kossuth à sa coupe de barbe et à son chapeau, voire même aux armoiries sans couronne de la Hongrie. Le début de ce culte se situe au printemps de 1848. C'est l'affranchissement des serfs qui l'a alors fait connaître et l'a rendu populaire dans tout le pays. Un autre tournant se situe en septembre-octobre 1848, lorsque plusieurs dizaines de milliers de personnes découvrirent son talent d'orateur exceptionnel à ses trois tournées de recrutement. Son culte fut renforcé même par l'ennemi qui, dans ses manifestes, attribuait tous les changements survenus en Hongrie à Kossuth et à ses compagnons. Après 1849, la majorité de la société hongroise estimait que le retour de Kossuth pourrait résoudre les problèmes du pays. Après 1867, on essaya même de concilier ce culte avec la fidélité à François-Joseph Ier. Après la mort de Kossuth, le culte s'estompa de plus en plus et il reçut un coup presque fatal lorsque la dictature des années 1950 rangea Kossuth parmi ses saints officiels. Les statues de Kossuth, érigées dans la deuxième moitié du siècle dernier, sont les manifestations durables de ce culte. La rue principale de centaines de communes hongroises porte son nom. Des centaines de biographies scientifiques et vulgarisatrices, de livres et de romans de gare conservent le souvenir du "Moïse de Hongrie". Kossuth est considéré à juste titre comme l'un des créateurs de la Hongrie moderne. Dans son dernier écrit majeur, il a désigné sa propre place dans l'histoire de la Hongrie du 19e siècle avec une précision stupéfiante: « Les aiguilles d'une horloge ne règlent pas le cours du temps, elles ne font que l'indiquer; mon nom est une aiguille d'horloge; il indique le temps qui viendra, qui doit venir si le destin réserve encore un avenir à la nation hongroise. Cet avenir s'appellera: patrie libre pour les citoyens libres de la Hongrie, cet avenir s'appellera: indépendance nationale. » Les enseignements de la vie et de l'oeuvre de Kossuth sont innombrables. Il était un vrai polygraphe de la vie publique et s'intéressait à tout ce qui touchait la politique, qu'il s'agît d'économie politique, de diplomatie, d'éducation, de culture ou de science militaire. Il existe cependant un Tableau allégorique à la mémoire de la révolution et de la guerre d'indépendance hongroises de 1848-1849. En bas, on voit Sándor Petõfi, Lajos Kossuth, István Széchenyi, Lajos Batthyány, Ferenc Deák, János Jeszenák et Zsigmond Perényi enseignement que l'on peut tirer de sa vie et de son uvre et dont on parle moins souvent. En effet, Kossuth fut peut-être le premier politique de carrière de l'époque, un homme pour qui les affaires publiques étaient non seulement une raison de vivre, mais aussi une vocation. Chacun de ses compagnons de route ou de ses adversaires aurait pu trouver sa place dans la société hongroise de l'époque sans s'occuper de politique. Széchenyi, Wesselényi et Batthyány en tant que grands propriétaires terriens, Kölcsey et Deák comme propriétaires plus modestes. Pour Kossuth, la politique n'était pas qu'une passion, mais aussi une source de revenus. Il est cependant important de souligner que ce sont les idéaux qui ont mené Kossuth vers la politique et non pas l'inverse. Il n'était pas seulement l'homme des grands idéaux, mais aussi un véritable politique capable de les réaliser. Il ne restait pas attaché à des idées devenues irréalisables, mais il avait des idéaux qu'il n'a jamais sacrifiés au nom du pragmatisme, notamment l'autonomie, l'autodétermination et l'égalité devant la loi. Des idéaux qui symbolisaient la Hongrie indépendante et démocratique. Róbert Herman L'adresse Internet du Ministère des Affaires étrangères de la République de Hongrie est la suivante: http://www.kum.hu