BISSOT Pauline (S192664) 1ère année de bachelier en sciences politiques, orientation générale Travail rédigé le 9 décembre Logique et théorie de l’argumentation juridique et politique (PHIL0084-2) Evaluation d’un raisonnement (travail facultatif) 1. Introduction Le raisonnement trouvé vient d’un communiqué de presse écrit le 6/11/19 par J. Bardella, député au Parlement européen et vice-président du Rassemblement National. Il est disponible sur le site internet dudit parti, sous le titre “Politique migratoire : les Français attendaient la rupture, ils auront la continuité !” en annexe et au lien suivant : https://rassemblementnational.fr/communiques/politique-migratoire-lesfrancais-attendaient-la-rupture-ils-auront-la-continuite/ Dans ce communiqué, Mr Bardella s’exprime à propos d’une mesure migratoire annoncée par le premier ministre Edouard Philippe, à savoir l’instauration de quotas annuels concernant l’immigration économique. Voici un extrait du communiqué (ne reprenant que l’essentiel) : “Les commentateurs médiatiques ont tôt fait de donner un label de fermeté à Emmanuel Macron affirmant qu’il ferait « du Sarkozy ». Or, nul n’a mieux incarné l’opposition entre la dureté des mots et la faiblesse des actes que le président Sarkozy pour ce qui est de l’immigration…Il n’y a bien désormais plus aucun doute à avoir sur les motivations d’Emmanuel Macron : il n’a aucunement l’intention d’opérer une révolution totale et globale en matière d’immigration.” 1 BISSOT Pauline (S192664) 1ère année de bachelier en sciences politiques, orientation générale Travail rédigé le 9 décembre 2. Analyse de ce raisonnement Je procéderai à l’analyse de ce raisonnement sous l’angle de deux arguments : l’autorité de l’expert et l’exemple. Premièrement, l’argument de l’autorité de l’expert consiste à affirmer que puisque quelqu’un peut faire valoir des compétences particulières dans le champ de savoir dont relève l’information en cause, c’est forcément la vérité. C’est bien le cas ici : Bardella appuie toute son inférence sur la capacité et le savoir de ces “commentateurs” à déterminer si Macron fait “du Sarkozy”. Deuxièmement, l’argument de l’exemple consiste à s’appuyer sur un exemple pour constituer implicitement une règle d’après laquelle il conviendra de juger une autre situation. La règle créée par l’exemple est ici le comportement de N. Sarkozy : il a eu des actes forts et des mots faibles. Donc, E. Macron, faisant “du Sarkozy”, suivra la même ligne de conduite. 3. Réplique argumentée Pour mon analyse critique, j’emploierai quelques questions : ● Les commentateurs médiatiques sont-ils fiables et en mesure de savoir que Macron suivra le même exemple que Sarkozy ? Le problème de l’inférence de Bardella réside tout d’abord dans son manque de sources. Nous ne sommes pas en mesure de savoir si les sources sur lesquelles il se base sont fiables et objectives, ni leur couleur politique, ni leur degré d’information sur le sujet. Le terme “commentateurs médiatiques” est très vague : sont-ce des politiques, des journalistes, des blogueurs, des chroniqueurs polémistes ? Les commentateurs médiatiques ne peuvent dans ce cas que procéder à une comparaison, qui n’autorise pas Mr. Bardella à en tirer une conclusion prédictive : rien ne nous dit que Macron ne prendra pas d’autres mesures dans la suite de son mandat. ● Cette conclusion est-elle plausible ? 2 BISSOT Pauline (S192664) 1ère année de bachelier en sciences politiques, orientation générale Travail rédigé le 9 décembre Personne n’étant en mesure de prédire l’avenir et en particulier le respect de promesses politiques, cette conclusion n’est pas plausible. De plus, ce n’est pas forcément parce que telle source dit quelque chose que c’est forcément vrai. Le fait que Macron propose une mesure déjà sur la table dans le gouvernement Sarkozy en 2007 n’influe en rien sur la capacité de Macron à suivre sa propre voie, indépendamment de celle de son prédécesseur. ● Le nouveau cas est-il bien similaire aux anciens cas sur tous les aspects significatifs pour la propriété concernée ? Dans cette affaire, la différence principale réside dans la mesure en ellemême : sous la présidence de Sarkozy, elle n’a pas été appliquée et, selon Mr Bardella, s’est soldée par un échec. Par contre, Macron l’envisage la même selon une autre approche : pas de liste figée par nationalités mais une liste évolutive, adaptée chaque année et avec un nombre de postes à pourvoir par secteur. On ne parlera plus de “quotas” mais “d'objectifs chiffrés”. De plus, au stade de cet article, on ne sait pas encore comment s’opérera la concrétisation de ce projet (si cette mesure sera appliquée ou pas) et ce serait s’aventurer dans l’inconnu que de prétendre voir l’avenir. 4. Conclusion En conclusion, ce raisonnement est non-déductivement valide, d’une part, par son argument d’autorité et de l’autre son argument de l’exemple. En effet, monsieur Bardella se livre à une analyse sans sources et non-fondée sur un sujet sur lequel nous n’avons aucune certitude, à savoir la mise en oeuvre des projets. 3 BISSOT Pauline (S192664) 1ère année de bachelier en sciences politiques, orientation générale Travail rédigé le 9 décembre 5. Annexe Le communiqué de presse : Jordan Bardella, “Politique migratoire : les Français attendaient la rupture, ils auront la continuité !”, https://rassemblementnational.fr/communiques/politique-migratoire-lesfrancais-attendaient-la-rupture-ils-auront-la-continuite/, publié le 6 novembre 2019 Communiqué de Jordan Bardella, député français au Parlement européen, vice-président du Rassemblement national Le Premier ministre Édouard Philippe vient de présenter une série de mesures censées remédier au chaos migratoire que subit la France depuis des décennies, en affirmant vouloir « reprendre le contrôle » en la matière. La mesure phare annoncée est l’instauration de quotas annuels en matière d’immigration économique. D’aucuns s’empressent d’invoquer des secteurs d’activité « sous tension » pour justifier leur idéologie immigrationniste : c’est oublier que près de six millions de nos compatriotes sont au chômage, dont de nombreux jeunes Français qui, si les moyens et la volonté politique étaient au rendez-vous (formations, attractivité des filières professionnelles, salaires), assureraient les métiers dont on prétend qu’ils ne voudraient pas. Concernant les aides sociales et médicales auxquelles peuvent prétendre les étrangers, le regroupement familial que ce gouvernement a encore étendu par sa loi « asile et immigration » de 2018, ou encore la politique d’asile, il est illusoire de ne cibler que les détournements ou les abus : c’est tout ce qui est aujourd’hui autorisé et permis par la loi qui est au cœur même du problème ! Les commentateurs médiatiques ont tôt fait de donner un label de fermeté à Emmanuel Macron affirmant qu’il ferait « du Sarkozy ». Or, nul n’a mieux incarné l’opposition entre la dureté des mots et la faiblesse des actes que le président Sarkozy pour ce qui est de l’immigration… Il n’y a bien désormais plus aucun doute à avoir sur les motivations d’Emmanuel Macron : il n’a aucunement l’intention d’opérer une révolution 4 BISSOT Pauline (S192664) 1ère année de bachelier en sciences politiques, orientation générale Travail rédigé le 9 décembre totale et globale en matière d’immigration. Nous attendions des annonces d’Edouard Philippe la réponse à la question que des millions de Français se posent : le gouvernement va-t-il poursuivre ou arrêter la folle politique migratoire qu’ils subissent ? Le gouvernement a tranché : ce sera la continuité. 5