La réforme démocratique de l`Etat en Equateur

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Faculté des sciences économiques, sociales, politiques et de communication (ESPO)
Ecole des Sciences Politiques et Sociales (PSAD)
La réforme démocratique de l’Etat en Equateur:
Une analyse des changements dans la structure du pouvoir exécutif au cours du
mandat du Président Rafael Correa
Mémoire réalisé par
María Imelda Robalino Gallegos
Promoteur
Prof. Christian de Visscher
Lecteur
Prof. Jean d Munk
Année académique 2013-2014
Master 120 en administration publique
Orientation Management et évaluation en politiques publiques
Résumé
Le travail de recherche que nous présentons ci-après a pour thème les réformes structurelles du pouvoir
exécutif en Equateur durant le mandat du Président Rafael Correa Delgado. Notre hypothèse de travail est
que la réforme du pouvoir exécutif part du rôle assigné à l’Etat dans le nouveau modèle de développement.
Par conséquent, afin de pouvoir expliquer les changements dans la structure, il est nécessaire de décrire le
modèle de développement actuel et notamment le rôle de l’Etat dans le développement.
Pour l’approche théorique, nous avons eu recours à deux théories : d’un côté la théorie de la contingence
structurelle proposée par Henry Mintzberg dans le cadre de la théorie des organisations afin d’être à même
de décrire la réforme au sein de pouvoir exécutif, et d’un autre côté la notion de « référentiel » de Bruno
Jobert et Pierre Muller (1987) pour expliquer le nouveau cadre conceptuel et normatif du gouvernement
actuel.
La stratégie méthodologique développée est l’étude de cas et les sources d’information sont de type
bibliographique et constituées d’entretiens. La recherche bibliographique comprend: (a) des documents
programmatiques, comme par exemple des plans de gouvernement et des plans de développement; (b)
des textes normatifs, principalement la Constitution, des lois et des décrets d’application; (c) des rapports et
des documents techniques; et, (d) des œuvres générales liées à la problématique. En outre, elle inclut
également la consultation des pages internet de toutes les organisations qui constituent le pouvoir exécutif.
La deuxième source d’information est constituée par des entretiens avec des ministres et des anciens
ministres du Cabinet présidentiel, ainsi qu’avec les fonctionnaires chargés de la réforme du pouvoir
exécutif.
En parvenant à la conclusion de notre recherche, nous avons pu vérifier l’hypothèse de départ. Le nouveau
référentiel du gouvernement de Correa explique au moins quatre points de la réforme du pouvoir exécutif:
(1) la création de nouvelles entités; (2) le renforcement des ministères sectoriels; (3) le recours à la
planification comme processus de médiation; et, (4) la mise en place de nouveaux mécanismes de
coordination.
Mots-clés : Equateur ; pouvoir exécutif ; structure ; référentiel ; réforme administrative.
Place Montesquieu, 1 bte L2.08.05, 1348 Louvain-la-Neuve, Belgique www.uclouvain.be/psad
Université catholique de Louvain
ÉCOLE DES SCIENCES POLITIQUES ET SOCIALES
La réforme démocratique de l’Etat en Equateur:
Une analyse des changements dans la structure du pouvoir exécutif au cours du mandat du Président
Rafael Correa
par María Imelda Robalino Gallegos
Promoteur : Prof. Christian de Visscher
Rapporteur : Prof. Jean d Munk
Mémoire présenté dans le cadre du
Master 120 en administration publique
Orientation Management et évaluation
en politiques publiques
Session de septembre 2014
Déclaration de déontologie
Je déclare sur l‟honneur que ce mémoire a été écrit de ma plume, sans avoir sollicité d‟aide extérieure
illicite, qu‟il n‟est pas la reprise d‟un travail présenté dans une autre institution pour évaluation, et qu‟il n‟a
jamais été publié, en tout ou en partie. Toutes les informations (idées, phrases, graphes, cartes, tableaux, …)
empruntées ou faisant référence à des sources primaires ou secondaires sont référencées adéquatement selon
la méthode universitaire en vigueur.
Je déclare avoir pris connaissance et adhérer au Code de déontologie pour les étudiants en matière
d'emprunts, de citations et d'exploitation de sources diverses et savoir que le plagiat constitue une faute
grave.
Signature :
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION GENERALE ………………………….…………………………………………………………
1
CHAPITRE I: CADRE THEORIQUE POUR EXPLIQUER LE CHANGEMENT DE LA STRUCTURE DU
POUVOIR EXECUTIF………………………………………………….………………………………..……...…..
7
1. La dimension descriptive…………………………………………..………………………………….……..….…
7
1.2 La différentiation et la liaison du travail entre départements……………..………………………....…………..…
9
2. La dimension compréhensive…………………………………………………………………….…….…....…….
10
2.1. Les causes du changement structurel………………………………………………………….………………….. 10
2.2. Le changement dans la structure organisationnelle comme une politique publique...………..…………………...
11
3. La dimension explicative………………………………………………………………….…………...……...…… 12
3.1. Base épistémologique…………………………………………………………………….………………………..
13
3.2. Le référentiel………………………………………………………..…………………………………..…….…… 15
CHAPITRE II: LA RÉFORME STRUCTURELLE DU POUVOIR EXECUTIF EN
17
EQUATEUR………………………………………………………………………………………………...…………
1. La départementalisation…………………………………..……………………………………………..…..…….
19
1.1 Les secrétariats nationaux……………………………………………………………………….….………..…….. 19
1.2 Los secteurs de coordination………………………………………………………………………..………...……
20
2. La différenciation horizontale et verticale entre les unités…………………………………………….….…….. 22
2.1 La différenciation horizontale……………………………………………………….……………………………..
22
2.2 La différenciation verticale………………………………....……………………………………………………… 24
3. Les mécanismes de coordination…………………………….……………………………..…………………...…
27
3.1 Mécanismes basés sur les relations interpersonnelles…………………………………………..…………...……..
28
3.2 La planification comme mécanisme de coordination……………………………………………....……...……….
31
3.3 La standardisation des normes et des valeurs comme une forme de coordination……..……….……………...….. 32
CHAPITRE III: LE REFERENTIEL DU GOUVERNEMENT DE RAFAEL
CORREA………………………………………………………………………………………………………..…...… 36
1. Le référentiel global………………………………………………………………….…...………………...……… 36
1.1. Les valeurs du référentiel global……………………………………………………………………..……...……. 37
1.2. Régime de développement: la norme du référentiel global…………………………….……………………..….. 39
1.3. La stratégie de développement : les algorithmes du référentiel global…………….……………...………….…… 40
2. Le référentiel sectoriel…………………………………………………………………………….….………….… 44
2.1. Le renforcement de l‟Etat……………...………………………………………………………….……………….
45
2.2. La démocratisation de l‟Etat……………………………………………………...……………….…….………… 46
3. Les médiateurs…………………………………………………………………………………...…….…………… 46
3.1. Le Secrétariat national pour la Planification et le Développement………………………...…………………...…. 47
3.2. La planification comme processus de médiation………………………………………………...…………….….. 48
CONCLUSIONS…………………………………………………………………….…………….………...………… 49
1. La structure du pouvoir exécutif……………………………………………………..…….…….…………..…… 49
2. Le référentiel du gouvernement de Correa……………………………………………………...……..…………. 52
2.1. Le référentiel global……………………………………………………………….…………………….………… 52
2.2. Le référentiel sectoriel……………………………………………………………………………………………..
54
2.3. Les médiateurs………………………………………...……………………………………………….…………... 54
3. Le nouveau référentiel et la réforme du pouvoir exécutif en Equateur ……………………………..……….… 55
3.1. La création de nouvelles entités ………………………………...……………….……………………...………… 55
3.2. Le renforcement des ministères sectoriels…………...…………………………………………….…………...… 56
3.3. L‟utilisation de la planification comme processus de médiation et mécanisme de coordination…………………. 57
3.4. La mise en place de nouveaux mécanismes de coordination……………………………………………....……… 57
4. L’application de la théorie au cas d’étude………………………………………………………………...……… 57
5. Limitations de notre étude…………………………………………………………………………………………. 58
Bibliographie ……………………………………………………………………….…………………..…...………… 59
Textes législatives……………………………………………………………………………………………………… 63
Entretiens……………………………………………………………………………………………………………….
65
Annexes…………………………………………………………………………………………………..………….
66
ANNEXE 1: Les secrétariats intersectoriels
ANNEXE 2: Loi des conseils nationaux pour l‟égalité: processus législatif et l‟état actuel
ANNEXE 3: Les facultés du pouvoir exécutif
ANNEXE 4: Les instituts du pouvoir exécutif
ANNEXE 5: Les entreprises publiques
ANNEXE 6: Les conseils sectoriels
ANNEXE 7: Les comités interinstitutionnels
INTRODUCTION GENERALE
Plusieurs études sur l‟Histoire de l‟Etat et de l‟administration publique en Amérique Latine nous montrent
que les programmes de réforme ont été un thème récurrent dans les agendas gouvernementaux et qu‟ils ont
fait l‟objet à plusieurs reprises de débats intellectuels, de confrontation politique et de mobilisation sociale.
L‟antécédent le plus proche des programmes de réforme administrative est constitué par les missions
Kemmerer1, parrainées par les Etats-Unis dans le cadre d‟une coopération pour le développement et menées
à bien dans les années vingt et trente dans des pays comme la Colombie (1923, 1930), le Chili (1925),
l‟Equateur (1926-1927), la Bolivie (1927) et le Pérou (1931). L‟objectif principal de ces missions fut de
conseiller les gouvernements dans différents aspects des politiques monétaire et financière, principalement
en ce qui concerne la création d‟organisations publiques chargées de l‟émission de la monnaie et du contrôle
budgétaire, alors inexistants (Spink, 1997 : 9)2.
Une deuxième période de réforme débute dans la décennie des années cinquante avec la participation de
plusieurs organismes internationaux et régionaux d‟assistance technique comme l‟Organisation des Nations
Unies (ONU), l‟Agence des États-Unis pour le Développement international (USAID) et la Commission
économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes (CEPAL) (Oslak, 1999 : 83). Et d‟ailleurs, ce fut la
CEPAL qui joua un rôle majeur dans le processus en tant que conceptrice de nouvelles visions sur le
développement, associant l‟initiative privée avec une action vigoureuse de l‟Etat (Salgado, 1989 : 255) qui
devait assumer des fonctions de promotion et de planification, et même la production directe de certains
biens et services (Cunil, 1997 : 201). De profonds changements furent également mis en œuvre concernant
les structures productives afin d‟inclure le savoir, d‟aller au-delà de la spécialisation dans l‟exploitation des
ressources naturelles, d‟encourager l‟industrialisation et de réduire les importations (Leiva, 2012 : 14-15).
En Equateur, c‟est sur la base des postulats de la CEPAL, et sous la responsabilité de la Banque Centrale,
que fut élaboré le premier Rapport sur le développement économique (1953) qui incluait une proposition de
réorganisation de l‟Etat pour stimuler et orienter le développement. Le Conseil national de Planification et
Coordination économique (1954) fut alors créé et chargé de l‟élaboration des plans quinquennaux et des
plans d‟électrification et industriels. Par la suite fut créé l‟Institut équatorien d‟Électrification (INECEL),
afin de centraliser l‟exploitation des ressources hydrauliques, et l‟Institut équatorien des Ressources
hydriques (INERHI) pour la gestion, la régulation et la mise en valeur de ces ressources.
1
L‟origine du nom des missions est liée à la personne en étant alors responsable, Edwin Walter Kemmerer
(Spink, 1997 : 8).
Comme résultats de la coopération Kemmer en Equateur, nous pouvons mentionner la création de la Banque centrale et de la
Contraloría General del Estado (Office central de Contrôle de l‟Etat).
2
Dans les années qui suivirent, fut formée une « administration publique pour le développement » (Cunil,
1997 : 200) qui comprenait des organisations comme le Conseil national pour le Développement
(CONADE), la Commission de Valeurs, qui devint par la suite la Corporation financière nationale (CFN), le
Centre pour le Développement (CENDES) pour la promotion et l‟assistance technique, le Service équatorien
de Formation professionnelle (SECAP) pour la formation des ressources humaines, l‟Institut équatorien de
Normalisation (INEN) en tant qu‟organisme responsable de la normalisation, de la métrologie et de la
réglementation technique, la Commission équatorienne pour les Biens d‟Équipement (CEBCA) chargée de
la production de biens d‟équipement, le Centre national pour les petites Industries (CENAPIA), et de
nouvelles fonctions furent attribuées à la Banque nationale de Développement afin qu‟elle soutienne
financièrement les petites industries et les artisans (Salgado, 1989 : 255-258).
Les politiques de développement mises en route durant la décennie des années cinquante portèrent leurs
fruits dans les années soixante-dix, lorsque l‟Equateur enregistra une croissance du PIB allant jusqu‟à 25%.
Cette grande disponibilité de ressources fiscales permit à l‟Etat de consacrer une part substantielle de ses
revenus à l‟investissement social,
nuançant ainsi quelque peu le modèle d‟Etat-développeur et se
rapprochant de l‟Etat-providence (Salgado, 1989 : 262 et 264). Malheureusement, l‟accroissement des
dépenses fut limité par la chute des prix du pétrole. Le schéma de développement ne parvint pas à produire
la richesse et l‟épargne nécessaires à sa durabilité et les besoins de recourir à la dette extérieure
augmentèrent (Garnier, 2000 : 2). Le déséquilibre économique initial déboucha sur une crise économique
régionale au début des années quatre-vingts, connue sous le nom de crise de la dette.
La crise contraignit les états à abandonner les politiques et les directives en faveur du développement
(Fontaine et Fuentes, 2011 : 252) non seulement en raison de la baisse des revenus mais aussi en raison de la
pression exercée par les créanciers qui exigeaient la mise en œuvre de politiques d‟ajustement structurel pour
garantir dans l‟avenir la capacité de remboursement des états concernant les obligations souscrites (Ramírez
M, 2009: 119-120).
Cette période coïncida avec le changement de paradigme dans la pensée économique des pays industrialisés,
un changement qui eut lieu à partir des années soixante-dix lorsque furent abandonnées les théories
keynésiennes au profit de certaines conceptions libérales définies dans le Consensus de Washington. Sur le
plan économique on prôna alors : la discipline budgétaire, les privatisations, la dérégulation, la libéralisation
commerciale et financière, les réformes fiscales, les changements dans les priorités de dépense, entre autres
thèmes (Ramírez M, 2009: 120).
Aux politiques de réajustement structurel s‟ajouta une nouvelle réforme de l‟Etat qui, sous le paradigme de
la modernisation, visa à en réduire la taille, qu‟il s‟agisse des structures ou du nombre de fonctionnaires
(Cunil, 1997: 217). En Equateur, le processus fut coordonné par le Conseil national pour la Modernisation
(CONAM), rattaché à la Présidence de la République et dont les objectifs furent « la rationalisation et la
simplification de la structure administrative et économique du secteur public, la décentralisation et la
déconcentration des activités administratives et des ressources du secteur public, la démonopolisation et la
privatisation des services publics et des activités économiques assumées par l‟Etat »
(Endara, 1999 : 129).
À la fin de cette période, la situation de l‟appareil étatique, loin de s‟améliorer, présenta de nouveaux
problèmesomme: (a) le déficit de personnel par rapport aux besoins pour accomplir les fonctions essentielles
de l‟Etat, (b) la réduction des salaires des fonctionnaires, (c) la décapitalisation des bureaucraties les plus
importantes et spécialisées suite à l‟exode des personnes les plus qualifiées3 et (d) la profonde détérioration
opérationnelle des entités publiques (Cunil, 1997 : 222-223).
Aux problèmes dans l‟administration publique s‟ajoutèrent l‟instabilité politique et l‟accentuation de la crise
financière. En Equateur, cette crise se traduisit par une série de disfonctionnements macroéconomiques
(inflation, surévaluation de la devise locale, dette extérieure supérieure au PIB, etc.) et par la faillite de
banques importantes (comme Banco del Progreso, Banco Popular et Filanbanco), placées par la suite sous la
tutelle de l‟Etat. La polarisation sociale s‟accentua avec l‟irruption sur la scène politique de nouvelles
organisations indiennes de résistance qui, par le biais d‟une série de révoltes populaires (1990, 1994, 1997 et
1999), entrainèrent le départ forcé des présidents Bucaram et Mahuad (Fontaine et Fuentes, 2011 : 254)4. La
décennie des années quatre-vingt-dix s‟achève alors sur une profonde perte de légitimité des politiques de
réajustement structurel et une demande de réforme réclamée par plusieurs secteurs. D‟ailleurs, même les
organismes internationaux qui avaient encouragé ces politiques recommandaient alors une nouvelle
génération de réformes qui visaient à améliorer la gouvernabilité par le biais du renforcement institutionnel
(Ramírez, 2009 : 119-125)5.
Paradoxalement, malgré l‟accord général sur la faible crédibilité des institutions et la nécessité de les
rénover, aucun consensus ne put être atteint en Equateur sur le contenu de la réforme ou sur la démarche à
suivre pour la mener à bien (Massal, 2006 : 135). Sa réalisation ne fut pas possible au cours du mandat du
Président Lucio Gutiérrez qui termina abruptement suite à une forte mobilisation citoyenne pour exiger son
3
En Equateur, l‟émigration qualifiée la plus importante eut lieu dans le secteur de la santé, et des centaines de médecins et
d‟infirmières partirent dans les années quatre-vingts et quatre-vingt-dix vers plusieurs pays, une des destinations les plus
importantes étant le Chili. Pour une analyse régionale du thème, nous recommandons de consulter : Lastra, Jorge (2006) “La
migración de médicos latinoamericanos a Chile en las últimas décadas” Dans: Revista chilena de salud pública Vol. 10. No.1 : 5259
4
On utilise l‟adjectif « forcé » pour qualifier les conditions juridiques dans lesquelles les changements ont été opérés: Bucaram a
été évincé par le Congrès pour « incapacité mentale » avec une majorité simple et non qualifiée, contrairement à ce qu‟exigeait la
Constitution et Mahuad a été contraint de quitter le gouvernement, ne voulant pas l‟abandonner, à cause de la perte du soutien de
l'armée (Massal, 2006: 133).
5
Une partie de ces recommandations figure dans le rapport sur le développement mondial publié par la Banque mondiale en 1997.
départ. Elle ne put non plus être menée à bien durant la présidence d‟Alfredo Palacio qui, malgré tous les
mécanismes de dialogue créés entre le gouvernement et les assemblées citoyennes, ne parvint pas à obtenir
le soutien du Congrès ou du Tribunal suprême électoral pour convoquer une nouvelle assemblée constituante
(Muñoz, 2006 : 10-12).
La proposition consistant à réformer l‟Etat fut reprise durant la campagne électorale de 2006. Le candidat à
la présidence Rafael Correa Delgado6 l‟inclut comme étant l‟une des «révolutions» de son plan de
gouvernement, la «Révolution constitutionnelle et démocratique » qui impliquait une consultation
populaire, la mise en place d‟une Assemblée nationale constituante et la rédaction d‟une nouvelle
constitution (Alianza PAIS, 2006 : 15-17).
Le projet politique remettait en outre en question le modèle de développement en vigueur et proposa une
stratégie alternative qui requérait une réforme de l‟Etat et du système politique dans son ensemble (Alianza
PAIS, 2006 : 15-17). La réforme commença dès l‟arrivée de Correa à la Présidence et son premier décret
d‟application fut la convocation d‟une consultation populaire.
Aujourd‟hui, sept ans après, plusieurs transformations de la structure administrative de l‟Etat ont eu lieu
entrainant la création, la réforme et la suppression de toute une série d‟organisations. Ce travail de recherche
se concentre notamment sur les réformes structurelles du pouvoir exécutif.
Notre hypothèse est que la réforme du pouvoir exécutif part du rôle assigné à l‟Etat dans le nouveau modèle
de développement (Prats, 2011: 589). Dans ce sens, il s‟avère nécessaire de décrire le modèle de
développement actuel et notamment le rôle de l‟Etat dans le développement pour pouvoir expliquer le
changement dans la structure.
Pour l‟approche théorique de notre problématique, nous avons sélectionné la notion de « référentiel »
utilisée par Bruno Jobert et Pierre Muller (1987) afin de désigner le système de représentation commune des
politiques agricoles françaises au cours des années 1950 – 1960, que les auteurs nommèrent « référentiel
modernisateur » (Hassenteufel, 2008 : 107).
Le choix de la théorie va imposer une doublé finalité à notre recherche : la première consiste à expliquer les
changements dans la structure du pouvoir exécutif durant la présidence de Rafael Correa, et la seconde à
6
Rafael Correa Delgado a fait irruption sur la scène publique en tant que Ministre de l‟Economie dans le gouvernement d‟Alfredo
Palacio. Sa désignation constituait à elle seule un signe de l‟avancée progressive des secteurs opposés au Consensus de
Washington : il était le premier ministre de l‟Economie qui, depuis le début des années quatre-vingt-dix, ne provenait pas des
milieux des affaires et n‟était pas lié au Fonds monétaire international. A partir de son poste, Correa prôna la réorientation des
excédents budgétaires, découlant des prix élevés du pétrole sur les marchés internationaux, vers une augmentation des dépenses
sociales. Cette décision fut accompagnée d‟une forte critique aux recommandations d‟austérité fiscale émises par les organismes
multilatéraux. Son style vindicatif et la radicalité de certaines de ses mesures l‟éloignèrent rapidement du cabinet ministériel mais
cependant sa participation à la scène politique demeura active. (Ramírez F. et Minteguiaga, 2007: 88)
appliquer la théorie de Jobert et Muller dans un secteur différent des politiques publiques à savoir la réforme
administrative.
La stratégie méthodologique développée est l‟étude de cas et les sources d‟information sont de type
bibliographique et constituées d‟entretiens. La recherche bibliographique comprend: (a) des documents
programmatiques comme par exemple des plans de gouvernement et des plans de développement; (b) des
textes normatifs, principalement la Constitution, des lois et des décrets d‟application; (c) des rapports et des
documents techniques; et (d) des œuvres générales liées à la problématique. En outre, elle inclut également
la consultation des pages internet de toutes les organisations qui constituent le pouvoir exécutif. La
deuxième source d‟information est constituée par des entretiens avec des ministres et des anciens ministres
du Cabinet présidentiel, ainsi qu‟avec les fonctionnaires chargés de la réforme du pouvoir exécutif.
Le texte que nous présentons ci-après est organisé en trois chapitres: (1) le premier, de type théorique,
analyse la structure du pouvoir exécutif en se basant sur l‟approche de la contingence structurelle, proposée
par Henry Mintzberg dans le cadre de la théorie des organisations, et il explique son changement selon la
notion de référentiel de Jobert et Muller appliquée aux politiques publiques. (2) Le deuxième chapitre décrit
la réforme du pouvoir exécutif selon le modèle de Mintzberg, c‟est à dire la départementalisation, la
différentiation et la coordination au sein de l‟organisation. (3) Le troisième chapitre explique le changement
de référentiel aussi bien du modèle de développement (référentiel global) que du rôle de l‟Etat (référentiel
sectoriel). Finalement, dans les conclusions nous reprenons notre hypothèse de recherche et analysons le
nouveau référentiel comme étant la variable explicative du changement dans la structure du pouvoir exécutif.
CHAPITRE I:
CADRE THEORIQUE POUR EXPLIQUER LE CHANGEMENT DE LA STRUCTURE DU
POUVOIR EXECUTIF
Dans ce premier chapitre on va analyser, théoriquement, la structure du pouvoir exécutif en Equateur, afin de
répondre à deux questions: qu‟est-ce que la structure et, comment peut-on expliquer son changement. Pour
arriver à ce but, nous allons mobiliser trois perspectives complémentaires: la descriptive, la compréhensive
et l‟explicative.
D‟abord, la dimension descriptive doit permettre d‟identifier les éléments qui conforment la structure et leurs
différentes relations. La base théorique de cette dimension est l‟approche de la contingence structurelle,
proposée par Henry Mintzberg, dans le cadre de la théorie des organisations7.
Ensuite, la dimension compréhensive invite à identifier les changements structurels et leurs causes. Dans un
premier moment nous utiliserons la proposition de Ranson, Hinings et Greenwood (1980), de trois facteurs
causals: schémas cognitifs, relations de pouvoir et adaptation au contexte. Puis, nous définirons, comme une
politique publique, le changement dans la structure organisationnelle.
Finalement, la dimension explicative constitue la sélection d‟une variable indépendante qui permet
d‟expliquer le changement dans la structure du pouvoir exécutif en Equateur. Cette sélection a pour base
l‟approche cognitive, en particulier, la notion théorique du référentiel utilisée, par Bruno Jobert et Pierre
Muller (1987), pour analyser les politiques publiques.
1. La dimension descriptive
La structure organisationnelle, selon Mintzberg, peut être définie en fonction de deux variables: la division
du travail et la coordination de tâches (Nizet et Pichault, 1995 :29). D‟une façon plus précise, la structure
représente l'ensemble des activités et des relations qui déterminent formellement les fonctions que chaque
unité doit satisfaire et le mode de coordination entre elles. (Strategor, 1995 cité en Parra et Liz, 2009: 99). La
division et coordination du travail sont analysées, par Mintzberg, en deux niveaux: au niveau des opérateurs
ou travailleurs et au niveau de regroupements de ceux-ci en unités ou départements (Nizet et Pichault,
1995 :29).
1.1. La division du travail entre les opérateurs et la coordination
Les opérateurs sont les personnes qui réalisent le travail de production des biens ou des services proposés par
l‟organisation. L‟ensemble des opérateurs conforment le centre opérationnel, considéré par Mintzberg
comme la base de toute organisation. Dans le cas des opérateurs, la division du travail implique la répartition
des tâches assignées à chacun. Cette division peut être, soit horizontale, visant la spécialisation, ou soit
verticale, définissant clairement une séparation entre, d‟un côté, la conception et la préparation du travail et
d‟un autre côté son réalisation. (Nizet et Pichault, 1995 :29)8.
7
8
En particulier l‟ouvrage: Structure et dynamique des organisations (1982), recompilée et révisée par Nizet et Pichault (1995).
Pour exemplifier les la division du travail entre les opérateurs, nous pouvons utiliser deux modèles d‟organisation: le premier
c‟est le fordisme que, parmi la chaine de production, introduit une division technique du travail forte dans les usines, basée en une
série des opérations simples sur la ligne de montage, à être exécutées pour plusieurs ouvriers (De Coster, 1999 :61). Le deuxième
Par contre, la coordination désigne des actions et des procédures qui visent à rendre cohérents
et
compatibles les fonctions des opérateurs entre eux, et à l‟intérieur de l‟organisation (Alpe et al. 2013 :71).
Cette coordination peut se faire par le biais de plusieurs mécanismes, parmi lesquels Mintzberg propose
cinq: (1) l‟ajustement mutuel qui se réalise entre les opérateurs eux-mêmes; (2) la surveillance directe quand
un supérieur a la responsabilité du travail de plusieurs travailleurs et leur donne des consignes, des ordres en
contrôlant le travail qu‟ils effectuent; (3) la standardisation des procédés et des résultats, quand la
coordination se déroule sur la base de règlements, de machines ou de systèmes d‟information qui fixent les
tâches que les travailleurs doivent réaliser, et/ou les résultats qu‟ils doivent atteindre; (4) la standardisation
des qualifications, quand des travailleurs vont mettre en œuvre leurs compétences; et, (5) la standardisation
des normes, ou des valeurs auxquelles les travailleurs sont censées d‟adhérer (Nizet et Pichault, 2000 :43).
1.2 La différentiation et la liaison du travail entre départements
Le département: „„constitue une unité organisationnelle, regroupant un ensemble d‟opérateurs, disposant
d‟un ensemble de ressources et d‟outils placés sous une même autorité‟‟ (Nizet et Pichault, 1995:48). La
départementalisation ou regroupement des activités, ce n‟est pas le résultat du hasard, mais elle répond à de
différentes formes d'organisation de la production. Mintzberg propose donc, deux critères: la nature de
production (input) ou la nature de produits (output). La départementalisation par nature de production
(input), considère: l‟activité exercée; les qualifications et les compétences des opérateurs; les contraintes
techniques; ou, le séquences temporelles dans les entreprises qui travaillent en processus continus. Par
contre, la départementalisation par la nature de produits output est fondée sur: le type de produits fabriqués;
les clients visés; les marchés sur lesquels ont opère; ou, la localisation géographique des unités. En tout cas,
l‟organisation peut combiner les deux types de départementalisation, si l‟on trouve nécessaire (Nizet et
Pichault, 1995 :48-49).
1.2.1. Différentiation
La différentiation entre les unités, comme entre les opérateurs, est de type vertical et horizontal: „„La
différentiation verticale s‟apprécie en fonction du nombre d‟échelons hiérarchiques et la différentiation
horizontale se mesure à partir du nombre d‟unités ou de départements créés à l‟intérieur de l‟organisation‟‟
(Nizet et Pichault, 1995: 48). Dans le secteur public, la différentiation (ou spécialisation) peut être définie
comme la création de nouvelles organisations avec des objectifs limités et des tâches spécifiques (Laegreid
et Verhoest, 2010: 5). Egalement, il répond à deux dimensions: la verticale, qui détermine l‟identification de
c‟est le taylorisme qui cherche l‟organisation scientifique du travail à travers de: „„la distinction radicale entre, d‟une part, la
conception et la préparation du travail et, d‟autre part son exécution‟‟. C‟est-à-dire sur une forte division verticale (De Coster,
1999 :55).
la responsabilité entre les niveaux hiérarchiques; et, l‟horizontale qui correspond à la façon dont les tâches
et responsabilités sont réparties entre les différentes unités du même niveau hiérarchique (Laegreid et al.
2010: 21 et Rommel, et al. 2010: 68).
1.2.2. Mécanismes de liaison
La liaison est le résultat d‟un processus de coordination nécessaire, entre les différentes unités, pour assurer
l‟obtention de tous les buts de l‟organisation (Parra et Liz, 2009: 103). Selon Guy Peters, l‟objectif de la
coordination dans le secteur public: „„est de créer une plus grande cohérence en matière de politique et de
réduire la redondance, les lacunes et les contradictions au sein et entre les politiques‟‟ (Peters, 1996 cité en
Laegreid et Verhoest, 2010: 5). Pour garantir la coordination entre les unités, Mintzberg a proposé
de différents mécanismes de liaison, qui peuvent être classés en trois groupes, selon la base sur laquelle ils
reposent:
Le premier groupe correspond aux mécanismes de liaison reposant sur des relations interpersonnelles, parmi
lesquelles on peut trouver: (a) la création des postes de liaison chargés d‟améliorer la collaboration
entre départements; (b) la mise en place de groupes ou de comités permanents qui regroupent des
représentants de différentes unités; (c) la construction de groupes de projet, autour de problèmes spécifiques;
(d) la définition d‟une structure matricielle qui fusionne les deux types de départementalisation (soit l‟input
et l‟output) (Nizet et Pichault, 1995 :51).
Le deuxième groupe est conformé par les mécanismes qui reposent sur la formalisation et l‟utilisation d´un
système de planification des activités ou d´un système de contrôle des performances. C‟est-à-dire qui sont
basés sur la fixation d´objectifs ou sur la normalisation des résultats (Nizet et Pichault, 1995 :54-55).
Finalement, nous trouvons les mécanismes reposant sur des représentations mentales qui cherchent à la
standardisation des normes et des valeurs entre les unités, comme une forme de coordination (Nizet et
Pichault, 1995 :55-56).
2. La dimension compréhensive
2.1. Les causes du changement structurel
Bien que l‟approche de la contingence, proposée par Mintzberg permette d‟identifier les éléments
constitutifs de la structure organisationnelle, celle-ci est de type statique donc elle ne considère pas la
possibilité d‟un changement. En effet, pour expliquer le changement organisationnel il est nécessaire de
dépasser les idées de permanence, persistance et régularité, présentes dans la majorité des visions
traditionnelles des structures (Ranson, Hinings et Greenwood, 1980: 1).
Et voilà, le point de départ de Ranson, Hinings et Greenwood qui proposent trois catégories conceptuelles
interdépendantes comme les bases de la production structurelle: les schémas cognitifs, les relations de
pouvoir et l‟adaptation au contexte. En utilisant ce modèle, nous pouvons avoir trois approximations pour
comprendre les organisations: (1) soit, comme „provinces de sens‟ qui incorporent des schémas interprétatifs
de valeurs et d‟intérêts, pour établir l‟orientation et des fins stratégiques des organisations. (2) soit, comme
le produit du conflit et du rapport des forces dont la résolution est déterminée par des dépendances de
pouvoir et de domination. (3) soit, comme le résultat des contraintes contextuelles et de l'environnement
(1980: 4).
Cette triple compréhension des organisations va permettre l‟identification de trois facteurs qui expliquent le
changement dans leur structure: (1) le premier correspond à la révision des schémas interprétatifs de valeurs
et d‟intérêts qui constituent la base des organisations; (2) le deuxième facteur est le changement dans les
relations du pouvoir; et, (3) le dernier considère les exigences contextuels comme la taille, la technologie et
l‟environnement (Ranson, Hinings et Greenwood, 1980: 12-13).
Dans notre recherche, nous considérons les organisations comme un produit cognitif qui révèlent les
schémas interprétatifs, les valeurs et les intérêts des sujets et, à ce moment-là, le changement sera expliqué
en fonction de cette vision.
2.2. Le changement dans la structure organisationnelle comme une politique publique
Le changement dans la structure organisationnelle constitue une réforme de l‟administration (Pollitt et
Bouckaert, 2004: 8 citées en Dussauge Laguna, 2009: 449) et en tant que telle, une politique publique. Cette
conception a comme base la typologie proposée par Theodore Lowi (1964 et 1972) pour analyser les
politiques publiques.
L‟auteur a élaboré une typologie construite sur la base la coercition exercée par l´Etat, en fonction de deux
critères: le premier est l‟objet de la coercition, qui peut être l‟individu ou son entourage et le deuxième est le
mode la coercition: directe ou indirecte. Le résultat de la combinaison de ces deux critères est un modèle de
quatre politiques publiques: distributives, redistributives, régulatrices et constitutives. (Casella, 2010 : 658659).
D‟après cette typologie, la réforme administrative est une politique constitutive qui a pour but établir les
règles de la répartition des compétences dans un environnement social, générant des procédures pour la
adoption des décisions publiques ou en fixant les règles de répartition des pouvoirs et des capacités d‟action
des organismes à l‟intérieur de l‟Etat (Bezes, 2009 :15).
Autres acteurs utilisent la dénomination de „politiques institutionnelles‟ pour désigner les politiques qui
donne de conditions cadres pour garantir ou améliore le fonctionnement de l‟Etat (Knoepfel, Larrue et
Varon, 2006 :115). En ouvrant le débat plus loin, nous pouvons inclure la vision des politologues latinoaméricaines qui considèrent les politiques institutionnelles ou étatiques comme les représentations des
transformations de l‟Etat dans les sociétés capitalistes tardives (Oszlak et O‟Donnell, 2011 :563).
Dans ce cadre, notre analyse considère la réforme administrative comme une politique publique qui va:
„„transformer et imposer des principes ou des règles ou des instruments généraux à l‟administration dans son
ensemble, c‟est-à-dire aux organisations du système administratif étatique (ministères, boreux, cops) et à
tous les fonctionnaires d‟Etat‟‟ (Bezes, 2009 :15).
3. La dimension explicative
Les critères développés dans la dimension compréhensive constituent le point de départ et la justification du
choix de la théorie qui permettra d´expliquer le changement dans la structure du pouvoir exécutif en
Equateur, pendant le gouvernement de Rafael Correa.
En récapitulant, il faudra mobiliser deux idées : (1) comprendre les organisations comme un produit cognitif;
et, (2) concevoir le changement dans sa structure comme une politique publique. Alors la théorie à utiliser
doit être basée sur une approche cognitive dans le cadre d‟analyse des politiques publiques.
C‟est le cas de la notion de „référentiel‟ utilisée par Bruno Jobert et Pierre Muller (1987) pour désigner
l‟émergence d‟un système de représentation commun à l‟ensemble des politiques publiques en France
pendant les années 1950-1960, dont les acteurs l‟ont dé nombré le „référentiel modernisateur‟ (Hassenteufel,
2008: 107).
Dans leur analyse des politiques agricoles, Jobert et Muller partent d‟une conception alternative, aux travaux
de cette époque-là. Face à l‟idée d‟ensemble de moyens organisationnels, financiers, administratifs et
juridiques, les auteurs proposent voir les politiques publiques comme une image sociale (Jobert et Muller,
1987: 51) comme: „„des matrices d'interprétation du réel, au sein desquelles les différents acteurs publics et
privés pourront inscrire leur action‟‟ (Muller et Surel, 1998: 47).
Cette vision théorique devient un changement analytique qui, loin de l‟idée positiviste basée sur des choix
rationnels des acteurs, va insister sur les processus non rationnels qui déterminent la décision, plus
précisément sur le rôle de la cognition dans l‟action publique (Smith, 2010: 407). En effet, la vision de
Jobert et Muller s‟inscrit dans le cadre de l'approche cognitive qui cherche à expliquer la genèse et le
changement des politiques publiques à travers: „„des éléments de connaissance, des idées, des
représentations ou de croyances sociales‟‟ (Surel, 2010: 91).
3.1. Base épistémologique
La base épistémologique, de la notion de référentiel de Muller, est la notion du „paradigme‟ utilisée, par
Thomas Kuhn (1962), pour expliquer la construction sociale de la réalité scientifique.
Le paradigme représente le cadre de catégorisation cognitive que structurent les sciences dures, en fonction
de quatre éléments: les principes métaphysiques généraux, les hypothèses, les méthodologies et les
instruments (Smith, 2010: 405). Les principes métaphysiques généraux sont le substrat cognitif de toute
activité scientifique lesquels Kuhn assimile à une „vision du monde‟ (Surel, 1995 :129). Les hypothèses
représentent: „„des raisonnements qui établissent un lien entre le système symbolique et l‟univers concret‟‟
(Surel, 1995: 129), à travers l‟utilisation des énonces hypothético-déductifs qui assurent l‟opérationnalisation
des principes métaphysiques généraux et les valeurs, qui guident le travail scientifique, en normes d‟action
(Surel, 1998 :164). Les méthodologies constituent des moyens qui permettent la réalisation des valeurs et des
objectifs contenus dans le paradigme (Surel, 1998 :165). Finalement, les instruments spécifiques vont
faciliter l‟observation, l‟explication et l‟action (Surel, 1995 :135).
Le concept de paradigme suppose une vision dynamique de la réalité. En effet, Kuhn affirme que les
sciences sont une activité évolutive. Pour expliquer cette évolution, l‟auteur a développé un cycle de trois
phases: la période pré-scientifique; la phase de science normale; et, la phase de crise (Smith, 2010: 407). La
période pré-scientifique correspond à la phase d‟instabilité marquée par les désaccords, entre les acteurs
concernés, sur les problèmes à résoudre et les modes de solution, comme conséquence de la coexistence des
„visions‟ du monde totalement incompatibles (Surel, 1995 :137). Ensuite, nous trouvons la phase de science
normale ou de stabilité: „„qui correspond à l‟existence d‟un paradigme dominant où d‟une matrice
disciplinaire structurant le champ de la recherche scientifique‟‟ (Surel, 1995 :139). Enfin, arrive la phase de
crise où le sens interne et le pouvoir de rassembler du paradigme s‟épuisent, provoquant ainsi des nouveaux
désaccords (Smith, 2010: 407) et la nécessité d‟une reformulation de la matrice cognitive et normative et du
système d'acteurs, qui structuraient jusque-là l'activité scientifique (Muller et Surel, 1996: 93).
Le paradigme, représente aussi, les interactions et les jeux des acteurs à l‟intérieur d‟une communauté
scientifique. Comme toute construction sociale, le paradigme est constitué et modifié par les acteurs et pour
cela, est le résultat de l‟accord général, qui repose sur l‟équilibre des savoirs et des pouvoirs (Smith, 2010:
404). Comme affirme Surel: „„Loin d‟être de simples „révélations‟, les paradigmes sont au contraire le
produit, tout autant que le déterminant, des échanges entre des individus, des groupes et l‟État dans une
société donnée‟‟ (Surel, 1998 :167).
Le concept de Kuhn, de paradigme, au cours des années 1980, a été transposé et utilisé pour analyser le rôle
de la cognition dans l‟action publique (Smith, 2010: 407). Parmi de nombreux travaux, trois approches
peuvent être identifiées comme directement orientées par le schéma analytique de Kuhn: (1) premièrement
le paradigme de Hall, développé pour analyser les transformations des politiques macro-économiques en
Bretagne; (2) Puis, les systèmes des croyances de Sabatier qui expliquent la mise en œuvre des politiques
protégeant l´ environnement malgré les intérêts des industriels; et, (3) Enfin, les référentiels de Jobert et
Muller utilisés pour montrer l‟émergence d‟un paradigme modernisateur dans les politiques agricoles en
France (Surel, 2010: 91-92).
3.2. Le référentiel
Le référentiel, par analogie avec le concept mathématique, désigne l‟ensemble d'éléments qui constituent le
système de référence autour duquel
une politique publique va se structurer (Muller, 1995: 156). Le
référentiel est à la fois une structure cognitive et normative qui permet de comprendre le réel en limitant sa
complexité et qui donne des prescriptions en ce qui concerne la façon comme il doit être conçu (Muller,
1990: 62).
Le référentiel est construit en fonction de trois éléments: les valeurs, les normes et les algorithmes (Surel,
1998:163)9. Les valeurs sont les représentations les plus fondamentales sur ce qui est bien ou mal, désirable
ou rejetable. Elles déterminent le cadre global de l'action publique. Les normes définissent les écarts entre le
réel perçu et le réel souhaité. Finalement, les algorithmes sont des relations causales qui expriment une
théorie de l'action (Muller, 1990: 63-64).
En plus de la question cognitive, le référentiel, ajoute le pouvoir, comme un élément central, visible
principalement dans sa construction. En effet, „„La production d'une matrice cognitive n‟est donc pas un
simple processus discursif, mais une dynamique intimement liée aux interactions et aux rapports de force‟‟
(Muller et Surel, 1998: 52). Ainsi la construction d‟un référentiel sera à la fois une prise de parole et une
prise de pouvoir (Muller, 1990: 69).
La notion du référentiel cherche à expliquer le changement des politiques publiques, non par lui-même sinon
à travers du changement de la matrice cognitive, qui désigne: l'articulation avec un changement plus global
9
Comme montre Surel, le model de Jobert et Muller ne considère pas la catégorie des „instruments‟ selon la idée original de Kuhn
(1998: 163)
et l‟encadrement de l'action des acteurs (Muller, 2005: 178). Cette vision, combine: „„une approche par les
structures, qui permet de mettre en évidence les contraintes, et une approche par les acteurs, qui permet de
souligner la marge d'autonomie des agents participant au policy-making‟‟ (Muller, 2005: 158).
3.4. Les composantes
Le référentiel d'une politique publique peut se décomposer en deux éléments: le référentiel global et le
référentiel sectoriel. La relation entre le deux forme le rapport global-sectoriel (Muller, 1990: 64). Le
référentiel global: „„est une représentation générale autour de laquelle vont s‟ordonner et se hiérarchiser les
différents représentations sectorielles‟‟ (Muller, 1990: 64). Il constitue l‟espace du sens qui délimite les
élections des acteurs sectoriels en contenant des valeurs, des normes et des relations causales qui s'imposent
comme un cadre cognitif et normatif général (Muller, 2005: 162). Tandis que, le référentiel sectoriel: „„est la
représentation que l'on fait du secteur concerné, ainsi que de sa place et de son rôle dans la société‟‟ (Jobert
et Muller, 1987: 63). Le référentiel sectoriel est la déclinaison des principes généraux à un secteur particulier
(Muller et Surel, 1998: 49).
La vision, en deux niveaux, du référentiel permet d‟articuler les structures sociales et les stratégies des
acteurs. Dans ce sens: „„la relation référentielle global-référentiel sectoriel exprime une relation de contrainte
sur les agents, cette relation prenant la forme de la domination croissante d'une forme de „vérité‟ de plus en
plus difficilement contestable, parce qu'elle se révèle la plus efficace pour donner du sens au monde vécu des
agents‟‟ (Muller, 2005: 172).
La construction d´ un référentiel et le rapport global-sectoriel sera nécessairement le résultat de l‟action des
acteurs. Face à: „„la question de la place des acteurs dans le processus de construction des cadres
d'interprétation du monde‟‟ (Muller, 2000: 201), Jobert et Muller proposent la figure du „médiateur‟. Les
médiateurs: „„sont les acteurs qui élaborent le référentiel sectoriel, déclinant dans un domaine spécifique de
l‟action publique le référentiel global, et qui par-là jouent un rôle d‟acteur dominant‟‟ (Hassenteufel, 2008:
199). Dans cette perspective, le rôle des médiateurs consiste à modifier et à légitimer une nouvelle hiérarchie
des normes qui souvent préexistent à la mise en place d'une nouvelle politique publique (Jober et Muller,
1987: 73).
Le jeu des acteurs aura lieu aux forums, concept développé par Jobert pour désigner: „„les lieux de
construction intellectuelle de l‟action publique où s‟élaborent des diagnostics sur la base desquels sont
proposées des orientations, des principes et des instruments de l‟action publique‟‟ (Hassenteufel, 2008:
199). Les forums permettent d´: „„incarner le référentiel global en contribuant à produire les cadres de
connaissance et d'action publique propres à une époque‟‟ (Muller, 2005: 179).
CHAPITRE II:
LA RÉFORME STRUCTURELLE DU POUVOIR EXECUTIF EN EQUATEUR
La structure actuelle du pouvoir exécutif est le résultat de la « réforme démocratique de l‟Etat », proposée
par le Secrétariat national au développement (SENPLADES) en 2007, c‟est à dire au début du gouvernement
de Rafael Correa10.
La proposition fut élaborée suite à un diagnostic des problèmes structuraux du pouvoir exécutif, ces derniers
pouvant être regroupés, selon les critères de Mintzberg, en cinq catégories : (1) la première fait référence à la
taille, où l‟on distingue la croissance « par rajout » du pouvoir exécutif (Marchán et Schubert, 1992: 91),
produit de la création arbitraire et conjoncturelle d‟entités publiques (SENPLADES, 2009a:8)11. (2) La
seconde concerne la départementalisation, preuve du caractère rigidement sectoriel des unités au sein de
l‟organisation (Brakars, 1990 : 15 cité en : Marchán et Schubert, 1992 : 92). (3) Par rapport à la division
verticale, on observe une faible direction des ministères dans le domaine des politiques publiques ainsi qu‟un
nombre excessif d‟entités disposant d‟une large marge discrétionnaire et d‟autonomie (SENPLADES, 2013:
91). (4) Il n‟existe pas de clarté dans la différenciation horizontale, ce qui provoque un dédoublement de
fonctions, de ressources et d‟interventions (SENPLADES, 2013: 91). (5) Il faut ajouter à ce qui vient d‟être
mentionné une coordination horizontale déficiente (Brakars, 1990 : 15 cité en: Marchán et Schubert, 1992 :
92) et le manque d‟espaces de délibération et d‟articulation entre les instances du pouvoir exécutif
(SENPLADES, 2009a : 8 et 2009b : 36).
Concernant les problèmes identifiés, trois grands objectifs de la réforme furent fixés : (1) la réorganisation et
la rationalisation de la structure du pouvoir exécutif, en prenant en compte les caractéristiques de chacun des
secteurs des politiques publiques (SENPLADES, 2011 : 17) et les différentes fonctions que chaque entité
réalise et devrait réaliser (SENPLADES, 2009a : 6). (2) L‟augmentation des niveaux de coordination et
d‟articulation sectorielles lors de la définition et de la mise en place des politiques publiques (SENPLADES,
2009b : 40). (3) La récupération des principales capacités d‟action publique (SENPLADES, 2011 : 5)12.
10
Il y eut cependant des initiatives antérieures qui, même si elles ne furent pas menées à bien, permirent d‟identifier plusieurs des
problèmes structuraux du pouvoir exécutif. Par exemple, le projet “Ecuador siglo XXI” réalisé par le Conseil national pour le
Développement (CONADE) et la Deutsche Gesellschaft fur Technische Zusammenarbeit (GTZ) de la République Fédérale
Allemande, au début des années quatre-vingt-dix (Marchán et Schubert, 1992).
11
Le SENPLADES parvint à identifier 18 catégories, parmi lesquelles étaient inclus : conseils, commissions, fonds, instituts et
organismes de développement régional (SENPLADES 2009a : 8-9).
12
Il convient de signaler que la plupart des entités avaient un caractère autonome et qu‟elles agissaient sans supervision des
ministères qui avaient perdu leurs capacités de planification, de coordination et de gestion. Furent également réduites les capacités
de planification de l‟Etat, et en réalité les cinq gouvernements qui se succédèrent entre 1997 et 2007 se déroulèrent sans plan
national et par conséquent sans politique nationale ou mécanismes qui regroupent les intérêts de différents secteurs dans un projet
commun (Ojeda, 2013 : 199).
La méthodologie de travail inclut d‟un côté une analyse exhaustive et approfondie de toutes les institutions
publiques existantes à la date d‟aujourd‟hui, et d‟un autre côté la détermination des points centraux et
stratégiques de l‟administration par l‟Exécutif et des secteurs requérant une action publique intersectorielle
(SENPLADES, 2011 : 17). Les produits obtenus à partir de cette analyse furent : une matrice de
différenciation fonctionnelle qui permet de visualiser chacune des institutions gouvernementales avec leurs
rôles respectifs afin d‟identifier les différences et les interrelations entre chaque institution et leurs espaces
de coordination (SENPLADES, 2009b : 42), ainsi qu‟un glossaire de termes dans lequel sont définis les
concepts et les particularités des entités publiques, leurs fonctions et facultés, et les espaces de délibération,
de dialogue et de consultation qui existent et pourraient exister pour l‟élaboration et la mise en place de la
politique publique (SENPLADES, 2009a : 15). Finalement, cette analyse indiqua en guise de conclusion la
nécessité de réorganiser le pouvoir exécutif, ce qui impliquait la réforme, la fusion ou la suppression de
plusieurs entités13.
Dans ce cadre, ce chapitre a pour objectif d‟analyser la nouvelle structure du pouvoir exécutif équatorien,
considéré comme une seule organisation qui comprend « la Présidence et la Vice-présidence de la
République, les ministères d‟Etat et les autres organismes et institutions nécessaires pour mener à bien, dans
le domaine de leurs compétences respectives, la direction, la planification, la réalisation et l‟évaluation des
politiques publiques nationales » (Constitution de République : article 141). Chacune de ces entités va
constituer une unité ou un service au sein de l‟organisation. L‟analyse, selon le cadre théorique décrit dans le
premier chapitre de notre recherche, aura lieu à partir de la théorie de la contingence structurelle, proposée
par Henry Mintzberg, dans le cadre de la théorie des organisations14, de telle sorte que nous réviserons les
critères de départementalisation, la différenciation horizontale et verticale entre les unités et les mécanismes
de coordination mis en place.
1. La départementalisation
Pour Mintzberg, un département «constitue une unité organisationnelle, regroupant un ensemble
d‟opérateurs, disposant d‟un ensemble de ressources et d‟outils placés sous une même autorité» (Nizet et
Pichault, 1995 : 48). Ce regroupement d‟opérateurs répond à différentes formes d‟organisation de la
production, parmi lesquelles Mintzberg en propose deux : la départementalisation selon la nature des
conditions de production (input) et la départementalisation selon la nature des produits (output).
13
Jusqu‟en juin 2011, existaient 191 entités du pouvoir exécutif, 79 furent éliminées, 59 autres durent transformées et 53 nouvelles
entités furent créées (SENPLADES, 2011 : 18).
14
En particulier l‟ouvrage: Structure et dynamique des organisations (1982), recompilé et révisé par Nizet et Pichault (1995).
Dans le cas du pouvoir exécutif équatorien, les deux critères sont mélangés, ce qui produit une structure
matricielle. La départementalisation selon les fonctions est la base de la formation des trois grands
secrétariats nationaux : le Secrétariat pour la Planification et le Développement, celui de l‟Administration
publique et celui de la Gestion de la Politique, alors que les autres entités sont regroupées en secteurs basés
sur la nature des produits, dans notre cas la nature des politiques publiques.
1.1. Les secrétariats nationaux
Le Secrétariat national pour la Planification et le Développement (SENPLADES) fut créé en 2004 (sous la
présidence de Lucio Gutiérrez), comme un organisme technique chargé de la planification nationale (Décret
d‟application N° 1372 : article 1). Son rôle dans le gouvernement actuel sera analysé dans le troisième
chapitre.
Le Secrétariat national de l‟Administration publique est issu du Secrétariat général de l‟Administration
publique, créé en 2002 (sous la présidence de Gustavo Noboa Bejarano) et il s‟agit de l‟entité du traitement
des affaires administratives de la Présidence de la République (Décret d‟application No. 2428 : article 13).
En plus, l‟actuel Secrétariat remplit d‟autres fonctions liées à l‟administration et à l‟innovation
institutionnelle ainsi qu‟à l‟amélioration de l‟efficacité, de la qualité et de la transparence de l‟administration
dans les entités et les organismes du pouvoir exécutif (ERJAFE : article 13).
Finalement, le Secrétariat national de la Gestion de la politique, tout juste créé en 2013 15, a pour fonctions
d‟élaborer les politiques de la gouvernabilité, les relations politiques avec les autres pouvoirs de l‟Etat, avec
les gouvernements autonomes décentralisés, le dialogue politique avec les acteurs sociaux et la coordination
politiques avec les représentants de l‟Exécutif sur la territoire (Décret d‟application N° 1522 : article 1).
1.2. Les secteurs de coordination
La départementalisation selon les produits peut s‟établir en fonction du type de produits fabriqués, des
marchés d‟opération ou de la localisation géographique des unités. L‟application de ce type de
départementalisation, concernant le thème de notre analyse, n‟est pas du tout évidente et nous considérons
donc nécessaire d‟introduire un concept complémentaire : le secteur des politiques publiques, en tant
qu‟élément organisateur de la division du travail gouvernemental (Muller, 2010 : 591).
15
Auparavant, ces fonctions étaient réalisées par deux entités différentes : le Ministère de coordination de la Politique et des
Gouvernements autonomes et décentralisés, et le Secrétariat national des Peuples, des Mouvements sociaux et des citoyens (Décret
d‟application N° 1522 : article 3).
Selon Muller, chaque politique tend à s‟inscrire dans un secteur de la société et dans un domaine spécifique
du savoir. Pour citer quelques exemples, nous pouvons mentionner les politiques sectorielles en matière
d‟éducation, de sécurité, de défense, de santé, entre autres (Muller, 2010: 591). Cependant, l‟action
gouvernementale ne peut être uniquement sectorielle dans la mesure où la majorité des problèmes publics
sont multiformes, ont des causes multiples, et requièrent une solution qui va au-delà de la spécialisation.
Pour son analyse, Muller nous propose deux concepts complémentaires : l‟intersectorialité qui implique la
participation d‟acteurs issus de différents secteurs, et la transectorialité qui est l‟intégration de l‟ensemble
des secteurs existants. Un exemple de politiques intersectorielles pourrait être celles consistant à prévenir la
délinquance où peuvent interagir les responsables des secteurs de l‟éducation, de l‟emploi, de la sécurité,
entre autres ; par contre, une politique de transectorialité serait celle visant à l‟égalité des genres ou à la
modernisation de l‟Etat qui implique tous les secteurs (Muller, 2010 : 597).
Dans le cas équatorien, nous trouvons en plus des secteurs de coordination qui regroupent plusieurs secteurs
de politiques publiques, organisés sous la figure d‟un Ministère de coordination. Actuellement, le pouvoir
exécutif est formé par six secteurs16 :
a. Production, emploi et compétitivité qui regroupe les politiques sectorielles : du travail, de l‟agriculture,
de l‟élevage, de l‟aquaculture et de la pêche, des industries et de la productivité, du tourisme, du
transport et des travaux publics, des affaires étrangères et de la mobilité humaine, du commerce
extérieur, des marchés publics et des douanes.
b. Politique économique : qui englobe les finances et le service des impôts
c. Développement social formé par les secteurs de la santé publique, de l‟insertion économique et sociale,
du développement urbain et du logement, et des sports.
d. Sécurité, formé par les secteurs de la défense et de la sécurité intérieure et extérieure.
e. Secteur stratégique, qui comprend : l‟énergie sous toutes ses formes, les télécommunications, les
ressources naturelles non renouvelables, la biodiversité et le patrimoine génétique, ainsi que l‟eau.
f. Savoir et ressources humaines, secteur qui regroupe l‟éducation, l‟enseignement supérieur, la science, la
technologie et l‟innovation, et la culture et le patrimoine.
Il existe en outre une organisation intersectorielle, chargée des secrétariats nationaux pour : (a) l‟éducation,
l‟enseignement supérieur, la science, la technologie et l‟innovation ; (b) la gestion des risques ; (c) l‟eau ; (d)
le renseignement ; (e) la communication, dont les thèmes vont au-delà de la couverture d‟un secteur de
l‟administration publique (SENPLADES, 2009a : 33)17.
16
La formation antérieure sera analysée par la suite.
Il faut signaler que tous les secrétariats intersectoriels ont été créés par le gouvernement actuel, comme indiqué dans l‟annexe 1
où figurent les normes de création et la mission de chaque secrétariat.
17
Finalement, l‟organisation transectorielle a pour objectif de garantir la complète application et l‟exercice des
droits accordés par la Constitution et par les instruments internationaux des droits humains, et elle est
également liée aux problématiques de genre, des handicaps, de la mobilité humaine, ethniques,
générationnelles et interculturelles (Constitution de la République : article 156). Les entités responsables de
cette transversalisation sont les conseils nationaux pour l‟égalité, qui font partie du pouvoir exécutif18.
2. La différenciation horizontale et verticale entre les unités
2.1. La différenciation horizontale
La différenciation horizontale des unités a pour base les facultés du pouvoir exécutif telles qu‟elles sont
prévues dans la Constitution de la République et qui correspondent à la direction, à la planification, à la mise
en œuvre et à l‟évaluation des politiques publiques nationales (Constitution de la République : article 141).
Ces facultés et pouvoirs ont été définis par le SENPLADES et par la suite intégrés au statut organique du
régime juridico-administratif du pouvoir exécutif (ERJAFE)19. De fait, un grand pas initial important de la
réforme démocratique de l‟Etat impliqua la définition des fonctions que doit réaliser le pouvoir exécutif afin
d‟éviter les doublons et les superpositions identifiés dans le diagnostic (SENPLADES, 2009a : 15).
En outre, il existe une typologie des entités publiques qui forment le pouvoir exécutif. Cette typologie, selon
le SENPLADES, reprend en grande partie la longue trajectoire du développement institutionnel de
l‟Etat équatorien tout en relevant quelques progrès et des innovations (SENPLADES, 2009a : 15).
Ces deux éléments sont la base de la matrice de différenciation fonctionnelle du pouvoir exécutif, au sein de
laquelle figure chacune des institutions gouvernementales avec leurs rôles respectifs, ce qui pour notre
analyse constitue la différenciation horizontale des unités à l‟intérieur de l‟organisation.
18
Cependant, jusqu‟à la date d‟aujourd‟hui la Loi régulant son organisation n‟a pas été promulguée et les entités antérieures
continuent à opérer en marge de la réforme. Je me réfère aux conseils nationaux pour l‟enfance et l‟adolescence, les handicaps, les
femmes, les peuples et nationalités indiennes, afro-équatoriennes et montubiennes. Le processus législatif et l‟état actuel du projet
de loi sont résumés dans l‟annexe 2.
19
Dans l‟annexe 3, sont résumées les facultés du pouvoir exécutif comme elles figurent dans l‟ERJAFE dont nous présentons ciaprès un court résumé : (a) Direction : promulguer les politiques publiques nationales ou de l‟Etat ; (b) Coordination : concerter les
efforts institutionnels multiples ; (c) Planification : définir et articuler des politiques, des stratégies, des objectifs et des actions ;
(d) Administration : administrer, fournir, prêter, mettre en œuvre et financer des biens et des services publics ; (e) Régulation :
définir des normes ; (f) Évaluation : déterminer la pertinence, l‟efficience, l‟efficacité., l‟effectivité et l‟impact d‟activités par
rapport aux objectifs programmés.
Graphique No. 1: Tableau de différentiation fonctionnelle du pouvoir exécutif en Equateur
Ministère de
coordination
Ministère
sectoriel
Secrétariat
intersectoriel
Agence de
régulation
Institut
Direction
Planification
Exécution
Evaluation
Coordination
Suivi
Régulation
Recherche
Source: SENPLADES, 2009a: 16
La spécialisation comme conséquence de la différenciation horizontale dans le pouvoir exécutif
Comme nous pouvons l‟observer dans la matrice de différenciation fonctionnelle, il existe différents degrés
de spécialisation dans les unités du pouvoir exécutif : celles dont la mission se limite à l‟exercice d‟une seule
compétence sont extrêmement spécialisées, comme c‟est le cas des agences de régulation ou des instituts qui
peuvent effectuer soit des recherches soit la mise en œuvre de politiques publiques ; dans un deuxième
groupe, nous trouvons les ministères de coordination qui remplissent les fonctions de coordination et de
suivi et qui pourraient être qualifiés comme moyennement spécialisés, et finalement nous avons les
ministères sectoriels et les secrétariats intersectoriels qui remplissent les fonctions de direction, planification,
mise en œuvre, suivi et évaluation des politiques publiques dont ils ont la responsabilité. Ces entités n‟ont
qu‟un faible niveau de spécialisation.
En plus des fonctions qu‟elles réalisent, un autre critère pour définir le degré de spécialisation pourrait être le
secteur des politiques publiques de leur ressort. Dans ce cas, nous observons un haut degré de spécialisation
si nous considérons que les unités sont compétentes dans un seul secteur. De fait, la création de plusieurs
nouvelles entités répond à une division en secteurs des politiques publiques, comme c‟est le cas du ministère
de la culture dont les fonctions étaient autrefois exercées par le ministère de l‟éducation (Décret
d‟application N° 5 : article 1).
2.2. La différenciation verticale
La différenciation verticale selon Mintzberg, permet d‟identifier les responsabilités des différents niveaux
hiérarchiques et leurs relations. L‟application de ce concept, dans notre cas d‟analyse, implique d‟une part
l‟étude des organismes proposés par le SENPLADES afin d‟identifier les niveaux hiérarchiques du pouvoir
exécutif et d‟autre part une analyse de personnalité juridique des unités afin de déterminer leur autonomie ou
leur tutelle administrative20.
2.2.1. Les niveaux hiérarchiques du pouvoir exécutif
L‟organigramme conçu par le SENPLADES nous montre pour l‟essentiel quatre niveaux hiérarchiques : (1)
la Présidence de la République, (2) la Vice-présidence de la République, (3) les Secrétariats nationaux, (4)
les ministères de coordination et (5) les ministères sectoriels. Les autres entités sont placées après les
ministères et dans la plupart des cas sous leur tutelle administrative (SENPLADES, 2011: 20).
À titre d‟exemple de la division hiérarchique du pouvoir exécutif en Equateur, nous prendrons le cas du
secteur de la santé. Les trois premiers niveaux hiérarchiques sont identiques dans tous les cas et sont : (1) La
Présidence de la République, (2) la Vice-présidence de la République, (3) les Secrétariats nationaux pour la
Planification et le Développement, celui de l‟Administration publique et celui de la Gestion de la Politique.
Au quatrième niveau hiérarchique se trouvent les ministères de coordination, ce qui dans notre exemple
correspondrait au Ministère du Développement social. Le cinquième niveau correspond au Ministère
sectoriel, c‟est-à-dire au Ministère de la Santé publique. Finalement, nous trouvons les entités qui sont
placées sous sa tutelle administrative, et dans ce cas il s‟agit de deux instituts et d‟une agence. Nous parlons
de l‟Institut national de Recherche en Santé publique, de l‟Institut national pour les dons et transplantations
d‟organes, de tissus et de cellules, et de l‟Agence national de Régulation, de Contrôle et de Surveillance
sanitaire.
2.2.2. Les ministères sectoriels
Jusqu‟en 2007, la plupart des entités qui composaient le pouvoir exécutif étaient autonomes ou se trouvaient
sous la tutelle de la Présidence de la République. Il existait environ quatre-vingt-quatorze entités nommées
selon le cas : conseils, commissions, fonds et instituts, et environ seize organismes de développement
régional avec des fonctions similaires à celles des ministères (SENPLADES 2011 : 8). De fait, les ministères
perdirent leur capacité d‟administration publique et de direction des politiques publiques dans leur domaine
de compétence (SENPLADES 2011 : 8).
Dans ce sens, un des points centraux de la réforme démocratique de l‟Etat fut le renforcement des ministères
sectoriels en tant que responsables de la direction, de la mise en œuvre et de l‟évaluation des politiques
20
Un autre critère de la hiérarchisation pourrait être l‟échelon salarial dans lequel est intégrée la plus haute autorité de chaque
entité. Cependant, l‟échelle de salaires des fonctionnaires de niveau supérieur du secteur public équatorien date de 2004 et bien
qu‟ayant été réformée plusieurs fois, elle n‟intègre pas complétement la différenciation verticale et horizontale qui existe dans le
pouvoir exécutif (Résolution N° 81).
publiques dans leur secteur d‟attribution. À cet effet, toutes ces entités qui possédaient des facultés de
direction fusionnèrent ou furent supprimées. Quant aux agences de régulation, aux instituts de recherche et
aux instituts chargés de la réalisation des politiques publiques, ils passèrent sous la tutelle administrative des
ministères sectoriels.
2.2.3. Les unités sous la tutelle des ministères
Il existe principalement deux types d‟unités sous la tutelle administrative des ministères, et nous nous
référons là aux agences de régulation et aux instituts.
Les agences de régulation sont des organismes techniques qui ont pour fonction la régulation des activités du
secteur. À l‟origine, elles furent prévues uniquement pour les secteurs stratégiques (SENPLADES, 2009a :
28), mais cependant d‟autres agences furent créées par la suite dans divers secteurs. Actuellement, il existe
six agences de régulation : (1) les agences de régulation et de contrôle des hydrocarbures et des mines sous
la tutelle du Ministère des Ressources naturelles non renouvelables, (2) l‟agence de garantie de la qualité de
l‟agro sous la tutelle du Ministère de l‟Agriculture, de l‟Élevage, de l‟Aquaculture et de la Pêche, (3) les
agences de la circulation routière et postales sous la responsabilité du Ministère des Transports et des
Travaux publics, et (4) l‟agence de régulation, de contrôle et de surveillance sanitaire sous la tutelle du
Ministère de la Santé publique.
De leur côté, les instituts sont des organismes publics créés pour l‟exercice de fonctions spécialisées dans les
domaines de la recherche, de la normalisation, de la certification, de l‟encouragement et de la mise en œuvre
des politiques publiques, tous placés sous la tutelle d‟un ministère sectoriel21. Cependant, au cours de notre
recherche nous avons identifié deux instituts qui ne respectent pas les fonctions décrites : le premier est
l‟Institut équatorien de la Propriété intellectuelle (IEPI) créé pour favoriser, promouvoir, encourager,
prévenir, protéger et défendre au nom de l‟Etat équatorien les droits de propriété intellectuelle reconnus par
la Loi en vigueur et par les traités et accords internationaux (Loi N° 13: article 3). Le deuxième est l‟Institut
pour les Prêts aux étudiants et les Bourses (IECE) qui a la faculté d‟accorder des prêts, des garanties et de
recevoir des dépôts à terme destinés à des études dans le pays ou à l‟étranger (Loi N° 24 : article 14).
2.2.4. Les services nationaux
Il s‟agit d‟organismes publics créés pour l‟exercice de la direction, du contrôle, de la régulation, de
l‟administration, de la promotion, de la mise en œuvre et du contrôle d‟activités spécialisées dans les
domaines suivants : fisc, marchés publics, marchés pour la réalisation d‟infrastructures, gestion immobilière
21
Dans l‟annexe 4, nous présentons les instituts du pouvoir exécutif, les activités qu‟ils réalisent et le secteur auquel ils
appartiennent.
et douanes (ERJAFE : article 10-1). Il y a peu de documents sur le sujet et l‟étude des textes normatifs ne
permet pas de réaliser une différenciation pertinente de ce type d‟entités par rapport à d‟autres comme les
ministères, les instituts ou les entreprises publiques.
2.2.5. Les entreprises publiques
Ce sont des entités de droit public avec une personnalité juridique, une autonomie financière économique,
administrative et de gestion, qui ont pour objectif l‟administration de secteurs stratégiques, la prestation de
services publics, l‟exploitation durable des ressources naturelles ou de biens publics, et d‟une manière
générale le développement d‟activités économiques qui correspondent à l‟Etat (SENPLADES, 2009ª : 32).
La plupart des entreprises publiques correspondent aux secteurs stratégiques et on distingue parmi elles les
entreprises créées pour l‟administration et le développement des nouveaux projets hydro-électriques “Coca
codo Sinclair” et “ Multipropósito Baba”22.
Une faible différenciation verticale
La structure actuelle du pouvoir exécutif en Equateur n‟est en réalité pas très hiérarchisée et il existe une
faible différenciation verticale entre les niveaux hiérarchiques supérieurs, c‟est à dire entre : les secrétariats
nationaux, les ministères de coordination, les ministères sectoriels, les secrétariats intersectoriels et les
services nationaux. Même si le SENPLADES les place à différents niveaux, tous les responsables de ces
entités ont rang de ministre et par conséquent se situent au même degré de l‟échelon des fonctionnaires du
niveau supérieur du secteur public équatorien (Résolution N° 81).Ce fait, analysé à partir de la théorie de la
contingence structurelle met en évidence le fait que la coordination entre les unités n‟a pas pour mécanisme
la supervision directe mais plutôt une sorte d‟ajustement mutuel qui s‟ajoute à d‟autres mécanismes de
coordination que nous analyserons par la suite.
3. Les mécanismes de coordination
Comme nous l‟avons signalé au début de ce chapitre, un des objectifs de la réforme démocratique de l‟Etat
fut l‟augmentation des niveaux de coordination et d‟articulation sectorielle et intersectorielle dans la
définition et la mise en place des politiques publiques (SENPLADES, 2009b : 40). Cet objectif répond à ce
que Mintzberg définit comme les mécanismes de liaison, mécanismes pouvant être basés sur les relations
interpersonnelles, la planification, ou bien sur des normes et des valeurs.
22
Dans l‟annexe 5 figurent toutes les entreprises publiques du pouvoir exécutif classées selon les secteurs auxquels elles
appartiennent.
Dans le cas qui fait l‟objet de ce travail, se trouvent : (a) comme mécanismes de liaison basés sur les
relations interpersonnelles : les ministères de coordination, comme unités créées spécifiquement dans ce but,
les conseils sectoriels en tant qu‟espaces de regroupement des unités qui appartiennent à un même secteur et
les comités interinstitutionnels fonctionnant comme des groupes de projet pour la résolution de problèmes
spécifiques, (b) le système national de planification publique en tant que mécanisme de coordination et (c)
finalement, nous trouvons les mécanismes reposant sur des représentations mentales qui visent à la
standardisation des normes et des valeurs entre les unités, comme une forme de coordination (Nizet et
Pichault, 1995 : 55-56).
3.1. Mécanismes basés sur les relations interpersonnelles
3.1.1. Les ministères de coordination
Les ministères de coordination sont les unités du pouvoir exécutif qui ont pour but de concerter et de
coordonner la formulation et la mise en œuvre des politiques et des actions qu‟adoptent les différentes
entités qui composent leurs domaines ou secteurs de travail (ERJAFE : article 17-3)23.
Au début, six ministères de coordination virent le jour pour les secteurs de : (1) la production, l‟emploi et la
compétitivité ; (2) la politique économique ; (3) le développement social ; (4) la sécurité; (5) le patrimoine
naturel et culturel ; et (6) la politique et les gouvernements autonomes décentralisés (Décret d‟application N°
117A : article 1). S‟y ajoutèrent le ministère de coordination des secteurs stratégiques, créé en 2008 (Décret
d‟application N° 849 : article 1) ; et le ministère de coordination du savoir et des ressources humaines, né en
2011 (Décret d‟application N° 726).
C‟est en 2013 qu‟eut lieu la réforme la plus récente. D‟un côté le Ministère de coordination de la politique et
des gouvernements autonomes décentralisés fusionna par absorption avec le Secrétariat national de
l‟Administration de la politique qui dès lors se mit à exercer ses prérogatives et compétences (Décret
d‟application N° 1522 : article 2) ; et d‟un autre côté, le Ministère de Coordination du Patrimoine fut
supprimé et ses compétences furent réparties à divers secteurs : ce qui avait à voir avec l‟environnement
passa à secteurs stratégiques, ce qui avait un rapport avec la culture passa à savoir et ressources humaines et
ce qui avait trait au sport échut au développement social (Décret d‟application N° 1507 : articles 1-2).
L‟évolution et les réformes dans les ministères de coordination mettent en évidence la difficulté pour définir
l‟objet de la coordination qui, comme nous l‟avons précédemment analysé, correspond à un secteur des
23
Cette forme d‟organisation eut comme antécédent la Secrétariat technique du front social, créé en 2002 (Uquillas, entretien
2014), dans le but d‟articuler la politique sociale du gouvernement. Ce front fut intégré par les Ministères de l‟Education et de la
Culture, de la Santé publique, du Travail et des Ressources humaines, du Bien-être social et du Développement urbain et du
Logement (Décret d‟application N° 614 : articles 1 et 4).
politiques publiques sous la direction du pouvoir exécutif. Un clair exemple en est le Ministère de
coordination de la politique, créé afin de concerter les politiques et les actions des institutions suivantes :
Ministère de l‟Intérieur et de la Police, Secrétariat général de l‟Administration publique, Secrétariat général
juridique de la Présidence de la République, Secrétariat général de la Communication, Secrétariat national de
la Planification et du Développement (Décret N°117-A : article 17.2). Autrement dit un super-ministère qui
devait coordonner les politiques intersectorielles (comme la communication) et transectorielles (ce qui
pourrait être le cas de la planification publique) du pouvoir exécutif, un objectif qui put être atteint. En
réalité, sa mission originelle fut totalement modifiée et le ministère finit par coordonner le travail du pouvoir
exécutif avec : d‟autres fonctions de l‟Etat24, avec les différents niveaux de gouvernement25, et même avec
les organisations sociales et la citoyenneté en général (Accord ministériel N° 1 : article 6).
Un autre problème des ministères de coordination, tout au moins dans leur étape initiale, fut d‟assumer des
fonctions distinctes de ce qui motiva leur création. Je me réfère principalement à la mise en œuvre des
politiques publiques, ce qui correspond aux ministères sectoriels et aux secrétariats intersectoriels. Comme
exemple, je mentionnerai le cas du Ministère de Coordination du Développement social qui, jusqu‟en 2011,
fut chargé d‟une série de programmes d‟inclusion économique comme : le programme de soutien aux petits
producteurs, de l‟inclusion économique à travers les marchés publics, de l‟inclusion économique à travers
des petites entreprises sociales intégratrices, et du programme national de finances populaires,
entrepreneuriat et économie. (Ministère de Coordination du Développement social 2011). Tous ces
programmes sont actuellement mis en œuvre par l‟Institut d‟économie populaire et solidaire.
3.1.2. Les conseils sectoriels
Les conseils sectoriels sont des instances destinées à la révision, à l‟articulation, à la coordination, à
l‟harmonisation et à l‟approbation de la politique ministérielle et interministérielle dans leur domaine de
compétence (Décret d‟application N° 726 : article 10). Font partie des conseils sectoriels le Ministère de
coordination qui le préside, les membres de plein droit, associés et invités, pour chaque secteur26, et dans
tous les cas, y participent le Secrétariat national de l‟Administration publique, le Secrétariat national pour la
Planification et le Développement, et le Secrétariat national de Gestion de la Politique (Décret d‟application
N° 726 : article 11)27.
24
À savoir : législative, judiciaire, électorale et de contrôle.
Nous nous référons aux conseils des paroisses civiles rurales, aux conseils municipaux, aux conseils métropolitains, aux conseils
provinciaux et aux conseils régionaux.
25
26
La différence entre membres à part entière et associés est due au lien complet ou partiel de leur gestion à un secteur déterminé.
Dans les deux cas, leur participation est obligatoire et permanente. Par contre, les membres invités assistent uniquement si le
Ministre de coordination le considère pertinent.
27
L‟annexe 6 présente les composantes des conseils sectoriels.
Outre la coordination des directives de la politique ministérielle et intersectorielle de leur domaine de
compétence, les conseils sectoriels remplissent des fonctions de planification et de suivi. De fait, ils ont
comme faculté l‟approbation des agendas sectoriels de la planification, le contrôle et l‟évaluation des plans,
des programmes et des projets qui correspondent aux compétences de leurs membres (Décret d‟application
N° 726 : article 26).
3.1.3. Les comités interinstitutionnels
Les comités sont des corps collégiaux interinstitutionnels fonctionnant comme des groupes de projet pour la
résolution de problèmes spécifiques. (ERJAFE: article 10-1). Il existe sept comités interinstitutionnels pour
des thèmes divers comme : administration publique, simplification des démarches, changement de la matrice
de production, éradication de la pauvreté, changement climatique, maritime et prévention d‟établissements
humains illégaux28.
La plupart de ces comités disposent d‟un Secrétariat technique pour la coordination, le suivi et l‟évaluation
de la mise en place des stratégies, des plans, des programmes et des projets liés au thème. C‟est-à-dire une
unité supplémentaire rattachée à un ministère29.
3.2. La planification comme mécanisme de coordination
En Equateur, la planification constitue à la fois un mécanisme de coordination des politiques publiques et un
mécanisme d‟orientation de la gestion administrative pour parvenir à l‟obtention de résultats (Code
organique de planification et des finances publiques : article 20). L‟instrument principal est le Plan national
de développement que doivent suivre les politiques, les programmes et les projets publics, la programmation
et la mise en œuvre du budget de l‟Etat, et l‟investissement et assignation des ressources. Le suivre à la lettre
est obligatoire pour le secteur public et indicatif pour les autres secteurs (Constitution de la République :
article 280).
Le Plan contient les politiques du gouvernement, les objectifs, les buts et leurs indicateurs de réussite (Code
organique de planification et des finances publiques : article 36). Il se caractérise par le fait qu‟il est
28
A ce sujet, lors de l‟entretien avec René Ramírez, actuel Secrétaire national pour l‟Education supérieure, la Science, la
Technologie et l‟innovation, et ancien responsable du SENPLADES, ce dernier a exprimé son désaccord avec la création de deux
comités interinstitutionnels : celui pour l‟éradication de la pauvreté et celui pour le changement de la matrice de production. En
principe, Ramírez considère erroné de séparer la pauvreté du changement du patron d‟accumulation, et plus encore l‟idée
d‟assistanat de la politique sociale. Un autre argument donné est la superposition de compétences par rapport au ministère sectoriel
pour le développement social et au ministère pour la production, de l‟emploi et de la compétitivité (Ramírez, entretien 2014).
29
Les sept comités interinstitutionnels, leur mission et les unités qui les composent, figurent dans l‟annexe 7 .
intersectoriel et qu‟il privilégie les relations, la coordination et la coopération en fonction des grands
objectifs nationaux (SENPLADES, 2009b : 61).
L‟actuel plan de développement30 contient douze objectifs organisés autour de trois axes : (1) changement
dans les relations de pouvoir afin de construire le pouvoir populaire, (2) droits, libertés et capacités pour le
Bien-Vivre, et (3) transformation économico-productive à partir du changement de la matrice de production.
Chaque objectif présente un ensemble de buts et d‟indicateurs qui permettent son suivi et son évaluation
(SENPLADES, 2013 : 80-83). De plus, le Plan intègre une matrice de responsabilités pour chaque objectif
qui définit dans tous les cas les entités directement responsables ou co-responsables de l‟atteinte de cet
objectif (SENPLADES, 2013 : 545-577).
Afin d‟illustrer cette organisation, nous prendrons l‟exemple N° 1 « Consolider l‟Etat démocratique et la
construction du pouvoir populaire » qui vise à la fois à récupérer l‟Etat pour les citoyens et à encourager
l‟action collective de la société en elle-même (SENPLADES, 2013 : 85). Une des politiques dans le cadre de
cet objectif – elles sont treize au total – est : « 1.3. Renforcer l‟institutionnalité de l‟Etat démocratique pour
le Bien-Vivre » et une de ses stratégies consiste à « affirmer le caractère public des entités de l‟Etat,
renforçant la régulation et l‟établissement de limites aux groupes d‟intérêt et de pression afin d‟éliminer les
pratiques rentières de l‟Etat bourgeois (SENPLADES, 2013 : 85). Cette stratégie s‟identifie avec l‟Objectif
1.4 « Eliminer le corporatisme dans 100% des instances de l‟Etat de décisions publiques ». Le responsable
direct chargé d‟atteindre cet objectif est le SENPLADES lui-même, tandis que les co-responsables sont le
Secrétariat national de l‟Administration publique, le Secrétariat national de la Gestion de la Politique, le
Ministère coordinateur du Savoir et des Ressources humaines, le Secrétariat national pour l‟Education
supérieure, la Science, la Technologie et l‟Innovation, et les entreprises publiques.
3.3. La standardisation des normes et des valeurs comme une forme de coordination
Nous pouvons identifier plusieurs principes qui régissent l‟administration publique équatorienne en général
et le pouvoir exécutif en particulier. La Constitution de la République tout comme la Loi organique du
service public (LOSEP) font référence aux principes de : efficacité, efficience, qualité, hiérarchie,
déconcentration, décentralisation, coordination, participation, planification, transparence et évaluation. Tous
sont rassemblés dans le Code d‟éthique du pouvoir exécutif récemment promulgué. Cependant, nous en
considérons trois comme étant les plus importants : la qualité, la transparence et le service au citoyen.
3.3.1. La qualité
30
Au cours de la présidence de Rafael Correa, trois plans pour le développement ont été élaborés correspondants aux mandats de
gouvernement (2007-2008, 2009-2013 et 2014-2017).
La qualité dans l‟administration publique est liée au principe d‟efficacité, perçu comme l‟atteinte des
objectifs, des buts et des standards orientés vers la satisfaction des besoins et des expectatives du citoyen
(CLAD, 2008 : 11). Pour le gouvernement, la qualité de l‟administration dépend de la formation des
fonctionnaires de l‟Etat, de l‟amélioration des processus administratifs et de l‟innovation technologique pour
rendre transparents et accélérer les démarches publiques (SENPLADES, 2013 : 92).
Dans le pouvoir exécutif, la qualité est la base du « modèle de restructuration » dont les composantes sont :
(1) la planification de l‟organisation, (2) le gouvernement sur résultats, (3) la gestion de plans, de
programmes et de projets, (4) la gestion de processus et (5) la gestion et l‟optimisation des ressources
humaines (Accord ministériel 996 : article 10).
3.3.2. La transparence
Dans le gouvernement actuel, la transparence est conçue comme étant l‟axe de l‟administration publique et
des relations entre l‟Etat et les citoyens (SENPLADES, 2013 : 95). Une administration transparente doit être
ouverte au regard public, tolérante face à la critique et perméable aux propositions d‟amélioration et de
changement formulées par les citoyens (CLAS, 2008 : 9). Cette vision normative de la transparence possède
plusieurs éléments : (a) la publicité et l‟accès à l‟information publique, (b) la participation des citoyens aux
décisions publiques, et (c) le contrôle de la société sur l‟administration publique.
La publicité et l‟accès à l‟information est un thème travaillé en Equateur au cours des dix dernières années et
cela commença avec la Loi organique sur la transparence et l‟accès à l‟information publique (LOTAIP) en
2004. La LOTAIP, entre autres dispositions, prévoit l‟information minimale actualisée qui doit être diffusée
dans les pages Web des entités publiques. Cette information comprend : (a) la structure organique
fonctionnelle, la base légale qui la régit, les régulations et les procédures internes applicables à l‟entité, les
objectifs et les buts des unités administratives conformément à leurs programmes opératifs, (b) la
distribution du personnel
et la rémunération mensuelle selon le poste, (c) le budget annuel géré par
l‟institution, en spécifiant les rentrées, les dépenses, le financement et les résultats opératifs, (d) les
processus précontractuels, contractuels, d‟adjudication et de liquidation, concernant la mise en œuvre des
marchés publics, l‟acquisition de biens ou de prestations de services, (h)les résultats des audits de gestion
entre autres (LOTAIP, : article 7).
Dans le cas du pouvoir exécutif, la participation citoyenne a pour espace les conseils citoyens sectoriels qui
constituent un mécanisme pour la discussion des normes et le suivi de l‟évolution des politiques
ministérielles. Les citoyens et les organisations de la société civile interviennent également dans la
planification sectorielle et dans l‟élaboration du budget (Loi organique sur la participation citoyenne :
articles 52 et 71).
Finalement, la transparence en termes de contrôle social est liée à l‟obligation des pouvoirs publics
d‟informer et de se soumettre à l‟évaluation de l‟ensemble des citoyens pour les actions ou les omissions
ayant eu lieu durant l‟exercice de leur administration et dans les gestion des ressources publiques (Loi
organique sur la participation citoyenne : article 89)
3.3.3. L’administration comme un service au citoyen
La charte ibéro-américaine de qualité de la fonction publique signale que les administrations doivent être au
service des citoyens et par conséquent elles privilégieront la satisfaction de leurs besoins et de leurs
expectatives (CLAD, 2008 : 9). Dans le cas équatorien, ce principe ne se rapporte pas uniquement à la
qualité mais plutôt à l‟élimination du corporatisme dans l‟Etat (Long, entretien 2014)31.
Dans le diagnostic du pouvoir exécutif réalisé par le SENPLADES, il apparut que 69% des institutions
autonomes et
rattachées avaient un caractère corporatiste avec une participation directe des groupes
économiques dans les directoires, les conseils, et dans les processus de décision concernant les politiques
nationales (SENPLADES, 2011 : 8). Pour cette raison, une des grandes lignes directrices de la réforme
démocratique de l‟Etat consista à éliminer les corps collégiaux corporatistes qui opéraient au sein des entités
du pouvoir exécutif. (SENPLADES, 2013: 92).
Au cours de ce processus, furent identifiées quatre-vingt-trois entités intégrées aussi bien par des délégués de
l‟Etat que par des représentants de groupes d‟intérêt, de chambres patronales, de mouvements et de
corporations professionnelles32. Jusqu‟à aujourd‟hui, soixante-trois de ces entités
ont été réformées
(SENPLADES, 2013 : 92) et l‟élimination du corporatisme dans les vingt entités restantes est un des
objectifs du mandat actuel du gouvernement (SENPLADES, 2013: 106)33.
31
Pour Long: « Les acteurs n‟ont pas été des individus avec leurs droits respectifs et leurs responsabilités mais des acteurs avec
des intérêts qui s‟agglutinent à travers des groupes, des lobbies ou des corporations qui vont du syndicat jusqu‟aux chambres
patronales et qui au lieu de s‟articuler en tant qu‟individus agissent comme des groupes de pression pour obtenir du profit, une
rentabilité ou obtenir des prébendes par le biais de pratiques qui sont fondamentalement corporatistes” (entretien, 2014).
32
Long signale comme exemple l‟ancien Conseil national de l‟Education supérieure (CONESUP) formé par les recteurs des
universités, nombre d‟entre étant membres du Mouvement populaire démocratique MPD. Selon les termes de l‟interrogé : « c‟était
un concile de recteurs où les régulateurs du système étaient aussi les régulés, un conflit d‟intérêt évident où les juges étaient à la
fois juges et parties » (entretien, 2014).
33
Une vision constructiviste à ce sujet peut être celle de Beatriz Zepeda dans son analyse de la “Patrie” dans le discours du
Président Correa. Zepeda identifie l‟emploi de tropes relatifs à la patrie surtout au cours des premiers mois du mandat : « Il devient
ainsi impératif de “recommencer à avoir une patrie » parce qu‟elle avait été perdue ; et si « la Patrie revient » c‟est parce qu‟elle
avait été absente, « séquestrée » « par des groupes » ; et si « la Patrie est maintenant à tout le monde » c‟est parce qu‟elle a cessé
« d‟avoir des propriétaires exclusifs » (Zepeda, 2010 : 174-175).
CHAPITRE III:
LE REFERENTIEL DU GOUVERNEMENT DE RAFAEL CORREA
Ce chapitre cherche à expliquer le nouveau modèle de développement mis en place, en Equateur, durant le
mandat de Rafael Correa et le rôle assigné à l‟Etat dans le développement. Notre objectif, dans le cadre de
l‟analyse des politiques publiques, n‟est pas de réaliser une étude ou une caractérisation économique du
modèle mais plutôt de décrire ses bases normatives et axiologiques afin d‟étayer l‟hypothèse de notre
recherche et de mettre en évidence comment le changement de référentiel influe sur la réforme du pouvoir
exécutif.
La notion de référentiel, de Jobert et Muller (1987) est justement la base théorique et l‟axe moteur de notre
analyse. Pour l‟appliquer au cas présent, nous avons formulé deux questions: quel est le modèle de
développement et quel est le rôle assigné à l‟Etat dans le nouveau modèle. Ces questions nous ont permis de
définir deux composantes : le référentiel global et le référentiel sectoriel. Afin d‟identifier les médiateurs, la
troisième composante du référentiel, nous avons analysé les entités publiques chargées des réformes
administratives dans le pouvoir exécutif en utilisant comme critère de base la compétence administrative.
En résumé, le texte que nous présentons ci-après se compose de trois parties : (1) la première consiste en une
analyse du modèle de développement, vu comme le référentiel global du gouvernement actuel, (2) la
deuxième s‟axe sur le référentiel sectoriel, c‟est à dire le rôle de l‟Etat dans le nouveau modèle et (3)
finalement nous analysons les médiateurs, responsables de l‟élaboration du référentiel sectoriel.
1. Le référentiel global
Le référentiel désigne l‟ensemble des éléments qui constituent le système de référence autour duquel une
politique publique va se structurer (Muller, 1995 : 156). Le référentiel est à la fois une structure cognitive et
normative qui permet de comprendre le réel en limitant sa complexité et qui donne des prescriptions en ce
qui concerne la façon dont il doit être conçu (Muller, 1990: 62).
Le référentiel global: « est une représentation générale autour de laquelle vont s‟ordonner et se hiérarchiser
les différentes représentations sectorielles » (Muller, 1990 : 64). Il constitue l‟espace du sens qui délimite les
choix des acteurs sectoriels en contenant des valeurs, des normes et des relations causales qui s'imposent
comme un cadre cognitif et normatif général (Muller, 2005 : 162).
Dans le cas qui fait l‟objet de notre étude, le cadre cognitif et normatif qui structure les politiques publiques
du gouvernement de Correa est l‟actuel modèle de développement tel qu‟il est défini dans la Constitution de
la République, les plans de développement et les plans de gouvernement. Les valeurs du nouveau modèle,
c‟est-à-dire les représentations fondamentales, sont: le socialisme du Bien-Vivre, la justice, la
plurinationalité et la durabilité environnementale. Tandis que le régime de développement constitue la norme
qui oriente son devoir-être. Finalement, nous avons les algorithmes qui identifient les relations causales et
les mécanismes de l‟action publique qui, dans notre cas, correspondent à la stratégie de développement
essentiellement axée sur quatre points : le changement des matrices de production et énergétique, le
développement de la science, la technologie et l‟innovation, et le renforcement de l‟investissement public.
Nous analysons ci-après chacun de ces éléments.
1.1. Les valeurs du référentiel global
1.1.1.
Socialisme du Bien-Vivre
Le gouvernement de la Révolution citoyenne propose une vision du développement axée sur l‟être humain et
non sur la croissance économique, l‟objectif final étant d‟atteindre le sumak kawsay ou Bien-Vivre (Larrea,
2012: 31). Le sumak kawsay implique l‟amélioration de la qualité de vie de la population, le développement
de ses capacités et de ses potentiels, disposer d‟un système économique qui prône l‟égalité à travers la
redistribution sociale et territoriale des bénéfices issus du développement, encourager la participation
effective des citoyens dans tous les domaines d‟intérêt public, établir une vie en commun harmonieuse avec
la nature, garantir la souveraineté nationale, promouvoir l‟intégration latino-américaine et protéger et
promouvoir la diversité culturelle (Larrea, 2012 : 33).
Par conséquent, le développement ne se limite pas à l‟augmentation de la richesse, mais englobe l‟expansion
des capacités (cognitives, émotionnelles, imaginatives) et l‟épanouissement des facultés, en garantissant la
satisfaction des besoins intrinsèques de l‟être humain. Cela implique comprendre que la satisfaction des
besoins, l‟égalité des chances et l‟encouragement de l‟exercice des capacités sont des facteurs fondamentaux
pour le développement endogène et la croissance économique (SENPLADES, 2007 : 55).
1.1.2.
La justice
La seconde valeur est la justice, perçue depuis différents environnements: justice sociale, économique,
intergénérationnelle, participative et transnationale.

La justice sociale et économique se conçoit comme la base de l‟exercice des droits universels
(SENPLADES, 2007: 44). Au sein d‟une société juste, toutes et chaque personnes bénéficient du même
accès aux biens matériels, sociaux et culturels nécessaires à une vie satisfaisante (SENPLADES, 2013 :
24).

La justice intergénérationnelle se réfère à la relation entre les générations présentes et futures. Dans une
société intergénérationnelle juste, les actions et les plans du présent doivent prendre en compte les
générations futures (SENPLADES, 2007 : 44).

La justice démocratique participative accorde à tous les citoyens le même pouvoir pour participer au
contrôle collectif des décisions politiques qui influent sur leur destin commun, ce qui implique pouvoir
défendre les principes d‟égalité politique, la participation et le pouvoir collectif démocratique
(SENPLADES, 2013 : 24).

Finalement, la justice transnationale signifie que l‟Etat doit établir des relations, collaborer, coopérer et
s‟intégrer avec d‟autres pays et des peuples dans un plan d‟égalité et de complémentarité (SENPLADES,
2013 : 25).
1.1.3.
Etat démocratique, plurinational, pluraliste et laïc
La vision d‟un Etat plurinational vise à obtenir la reconnaissance politique de la diversité ethnique et
régionale, et mise sur la création d‟une société capable de promouvoir de multiples façons d‟appartenir à la
communauté politique (SENPLADES, 2007: 52). Le nouvel Etat assume l‟idée d‟une multiplicité d‟identités
qui dialoguent entre elles, et qui dans une interaction continuelle reproduisent une série de relations
complexes avec la nation. De cette manière, la figure du citoyen comme titulaire individuel de droits
s‟articule pour donner lieu également à la notion de droits de titularité collective : langage, culture, justice et
territoire. Une telle diversité se reflète institutionnellement dans une architecture de l‟Etat ayant un caractère
flexible où la décentralisation, l‟autonomie et d‟autres circonscriptions territoriales spéciales passent au
premier plan (comme par exemple les circonscriptions territoriales indiennes). (Ramírez R. 2010 : 68).
1.1.4.
Durabilité environnementale
La nouvelle vision du développement reconnait que le Bien-Vivre des personnes est intimement lié à
l‟environnement naturel (SENPLADES, 2010 : 124). Il est obligatoire de respecter le patrimoine naturel,
d‟administrer stratégiquement les ressources naturelles et d‟améliorer la planification environnementale des
centres urbains. Tout cela constitue une nouvelle éthique de développement et renforce le principe de justice
intergénérationnelle (SENPLADES, 2007 : 65).
1.2. Régime de développement: la norme du référentiel global
La Constitution de la République définit le régime de développement comme « l‟ensemble organisé, durable
et dynamique des systèmes économique, politiques, socio-culturels et environnementaux qui garantissent la
réalisation du Bien-Vivre, du sumak kawsay » (Article 275). À cet effet, le régime de développement définit
plusieurs objectifs parmi lesquels figurent:

La construction d‟un système économique social et solidaire basé sur la distribution équitable des
bénéfices du développement, des moyens de production et sur un travail digne et stable (Constitution de
la République : article 276). Cet objectif implique en outre l‟incorporation de la notion de diversité dans
la composition du système financier, dans l‟organisation de la production, dans les types de propriété et
dans les formes de travail (Larrea, 2012 : 34).

Améliorer la qualité et l‟espérance de vie, et augmenter les capacités et les potentiels de tous les
individus pour qu‟ils puissent choisir en autonomie, de manière individuelle ou associée, leurs objectifs
vitaux (SENPLADES, 2007 : 57).

Promouvoir un aménagement du territoire équilibré et équitable qui permettra de réduire les inégalités.
(Ramírez, 2009 : 69)

Récupérer et conserver la nature et maintenir un environnement sain et durable qui garantira aux
personnes et aux collectivités l‟accès équitable, permanent et de qualité, à l‟eau, à l‟air et au sol, et aux
bénéfices des ressources du sous-sol et du patrimoine naturel (Constitution de la République : article
276).

Garantir la souveraineté nationale, promouvoir l‟intégration latino-américaine et stimuler une insertion
stratégique dans le contexte international pour contribuer à un système mondial démocratique et
équitable (Constitution de la République: article 276). Les objectifs de développement requièrent des
relations internationales orientées vers la pleine récupération de la souveraineté nationale, avec une
stratégie commerciale pragmatique, définie à partir du besoin de développement harmonieux de toutes
les régions du pays (SENPLADES, 2007 : 43).
1.3. La stratégie de développement : les algorithmes du référentiel global
1.3.1. Changement de matrice productive
Le gouvernement national s‟est attelé à une redéfinition de la formation socioéconomique actuelle et de ses
conditionnements institutionnels pour réussir la transition d‟une structure économique productrice de matière
première non transformée vers une économie générant une forte valeur ajoutée, par le biais de la création
constante de savoir et l‟innovation sociale et technologique (SENPLADES, 2013 : 62).
L‟alternative est un patron de spécialisation axé sur la production secondaire et tertiaire, un patron qui crée
et ajoute de la valeur et qui développe le marché intérieur sans cesser pour autant de profiter des avantages
du commerce extérieur. Cette emphase sur la production des secteurs secondaire et tertiaire est associée à un
ensemble de mesures d‟encouragement visant à accroitre la main d‟œuvre spécialisée, tendant à augmenter
les salaires réels dans l‟économie, et par conséquent cherchant à augmenter la capacité de la demande
intérieure (SENPLADES, 2009 : 103)
C‟est dans ce but que seront encouragés l‟industrie chimique productrice de médicaments génériques, le
tourisme et l‟écotourisme communautaire, comme des alternatives pour exporter de la conservation.
L‟industrie pétrochimique sera reconstituée ainsi que d‟autres branches stratégiques (SENPLADES, 2007 :
63). Est également promotionnée l‟offre de biens et de services dans des domaines d‟activité qui incluent de
nombreux composants de technologie de pointe, comme par exemple la pharmaceutique, la biochimie et
l‟industrie des logiciels, qui présentent des avantages comparatifs statiques et dynamiques et qui peuvent être
développés à partir de programmes de protection stricts, définis à long terme, (SENPLADES, 2007 : 63).
Finalement, ce patron de spécialisation de l‟économie, de par ses caractéristiques, permet d‟accroitre la
participation sur le marché d‟industries naissantes, permet la création de clusters qui renforcent les
enchaînements productifs, augmente l‟échelle de production et permet d‟atteindre des rendements croissants
(SENPLADES, 2009 : 104)
1.3.2. Changement de matrice énergétique
L‟énergie est la base du système productif, d‟où l‟importance d‟augmenter la représentativité de l‟énergie
obtenue à partir de sources renouvelables, de renforcer le stock énergétique national non renouvelable et
d‟établir une gestion adéquate de la demande en énergie afin d‟atteindre la durabilité dans le temps et de
minimiser ainsi le risque de problèmes quant à l‟approvisionnement énergétique pour la productivité
systémique (SENPLADES, 2013 : 74).
La production hydroélectrique, basée entre autres sur les grands projets actuels (Coca Codo Sinclair,
Sopladora, Toachi-Pilatón, Delsitanisagua, Minas-San Francisco et autres), mais aussi la production de
sources renouvelables alternatives comme l‟énergie éolienne, solaire, la biomasse et la géothermie,
permettront d‟inverser la situation actuelle pour parvenir à une structure de production énergétique
essentiellement renouvelable (SENPLADES, 2013 : 75).
1.3.3. Savoir, technologie et innovation
La stratégie d‟accumulation, de distribution et de redistribution, le développement des forces productives, se
centrent sur la formation des ressources humaines et sur la génération de savoir, d‟innovation, de nouvelles
technologies, de bonnes pratiques et de nouveaux outils de production avec une emphase sur le biosavoir et
son application à la production de biens et de services écologiquement durables (SENPLADES, 2013 : 67)
La possibilité d‟atteindre une structure productive basée sur le savoir technologique dépend, en grande
partie, de l‟investissement dans la recherche, dans le développement et dans l‟innovation (SENPLADES,
2013 : 67). Cet investissement doit être mené à bien dans le cadre du renforcement des mécanismes
institutionnels et de planification afin d‟améliorer l‟articulation et de dynamiser l‟interaction entre le système
éducatif, d‟autres institutions créatrices de savoir, les processus d‟innovation technologique et les secteurs
productif et commercial (SENPLADES, 2013 : 68).
1.3.4. Le renforcement de l’investissement public
L‟investissement public est un des principaux instruments de la stratégie de développement car il permet le
respect de conditions requises, en ce qui concerne les capacités et les opportunités, et soutient la capacité
mise en place pour la création de valeur dans l‟économie, à travers la mobilisation et l‟accumulation de
capital vers les créneaux qui augmentent la puissance des chaînes de production et permettent ainsi
d‟atteindre des rendements toujours plus importants dans la production.
La mise en place des conditions requises concernant les capacités pour le Bien-Vivre s‟obtient par le biais de
l‟investissement orienté vers la satisfaction de la dotation en biens et en services de base et faire en sorte
qu‟elle devienne réalité (comme par exemple la santé et l‟éducation). Tandis que les conditions requises
concernant les opportunités s‟obtiennent en créant les conditions d‟accès nécessaires pour que les capacités
sociales et individuelles puissent monter en puissance dans la pratique. Les exemples en sont les
investissements orientés vers la création d‟emploi, destinés à faciliter l‟accès au crédit, à la création
d‟information, au pré-investissement, etc. (SENPLADES, 2009 : 117).
La seconde fonction économique de l‟investissement public est l‟accumulation de capital dans les secteurs
producteurs qui génèrent de la valeur. Les investissements qui permettent ce type d‟accumulation peuvent
être regroupés en deux catégories : pour l‟infrastructure de soutien à la productivité systémique (production
d‟électricité, télécommunications, pétrochimie, transport spécialisé, industrie métallurgique et mécanique,
logiciel, électronique, informatique, plateformes de recherche et de développement, laboratoires de
recherche, entre autres) et pour la spécialisation de la capacité existante (recherche en sciences et
technologie, formation industrielle spécialisée, éducation technique et supérieure spécialisée, transfert de
technologie, innovation technologique, entre autres) (SENPLADES, 2009 : 117).
1.3.5. Phases de mise en place de la stratégie de développement
La stratégie de développement proposée par le gouvernement répond à des lignes directrices de planification
à moyen et long terme, avec un horizon d‟achèvement allant de 16 à 20 ans, et divisé en quatre phases :
a. La première phase est celle de transition en termes d‟accumulation, dans le sens de dépendance vis-à-vis
des biens primaires pour soutenir l‟économie ; il n‟en est pas ainsi en termes de (re)distribution,
considérée comme le point central durant cette période, et en général de la stratégie dans son ensemble.
C´est par le biais d‟un processus de substitution sélective des importations, d‟une stimulation du secteur
touristique et de l‟investissement public stratégique qui encourage la productivité systémique, que sont
posées les bases pour construire l‟industrie nationale et produire des changements substantiels dans la
matrice énergétique, moteurs de la création de richesses durant cette période (SENPLADES, 2009: 96).
b. Dans la seconde phase, le poids relatif de la nouvelle industrie nationale augmente face à la base
primaire, et l‟on vise à consolider un excédent énergétique, essentiellement à travers la production et la
consommation d‟énergie propre et de bioénergie. Étant lié aux industries naissantes, l‟investissement
dans la recherche et le développement est priorisé en tant que stratégie grâce à une judicieuse alliance
tripartite entre universités, industries (publiques et privées) et instituts publics de recherche ou centres
technologiques de recherche. Dans ce panorama, la consolidation d‟un système d‟éducation supérieure
de troisième cycle et de centres d‟excellence en recherche appliquée deviendra prioritaire.
(SENPLADES, 2009: 97).
c. La troisième phase consolide une stratégie de diversification et de substitution des exportations. On
espère alors que l‟industrie nationale parvienne à satisfaire la demande intérieure et produise des
excédents destinés à l‟exportation. De la même manière, la stratégie cherche à remplacer les exportations
par des exportations de biens à forte valeur ajoutée et qui ne dépendent plus seulement de procédés
d‟extraction (SENPLADES, 2009: 97).
d. Au cours de la quatrième phase, la stratégie a pour objectif l‟expansion des bio-services et leur
application technologique. Le but est que la taille relative de ce type de services – essentiellement liés au
savoir – et des services touristiques ait un poids supérieur à celui du secteur primaire. Les services liés au
savoir et à son application seront parrainés et liés aux industries naissantes qui ont été encouragées au
cours de la première phase (SENPLADES, 2009 : 97).
2. Le référentiel sectoriel
Il ne peut y avoir de changement du modèle de développement
si on ne transforme pas en même temps
les bases institutionnelles et les principes d’action de l´Etat
(SENPLADES, 2011: 5)
Sous les prémisses de que tout changement dans la stratégie de développement suppose une transformation
du modèle d‟Etat, de nombreux pays de la région font face au défi de modifier leurs structures étatiques et de
récupérer quelques-unes des facultés perdues ou affaiblies au cours des décades quatre-vingts et quatrevingt-dix suite à l‟application des standards du Consensus de Washington (Muðoz, 2007 : 63).
En Equateur, comme l‟affirme Boaventura de Susa Santos, nous assistons à un processus de « refondation de
l‟Etat » dont le sens politique découle du projet de pays tel qu‟il est défini dans la Constitution et de
l‟application du principe du Bien-Vivre comme paradigme normatif de l‟aménagement social et économique
(Santos, 2010 : 89-90).
Refonder l‟Etat ne signifie pas l‟éliminer ; au contraire, cela présuppose de reconnaître en lui les capacités
d‟ingénierie sociale qu‟il possède et les récupérer (Santos, 2010 : 74). C‟est là le sens de la stratégie de
transformation de l‟Etat entreprise par le Gouvernement équatorien qui vise à récupérer les principales
capacités d‟action de l‟Etat (la direction, la planification, la régulation et le contrôle) et la mise en marche
d‟un modèle de gestion décentralisé et participatif (SENPLADES, 2011 : 9).
Cette stratégie de transformation de l‟Etat devient le référentiel sectoriel de la politique publique, et dans
notre cas le référentiel de la réforme du pouvoir exécutif. Pour l‟analyser nous retiendrons deux thèmes : (a)
le renforcement des capacités de l‟Etat et (b) la démocratisation des relations avec les citoyens et les
territoires.
2.1. Le renforcement de l’Etat
La réforme de l‟Etat, plus que prétendre en réduire la taille, se concentre sur son renforcement. Pour Cunil,
la force de l‟Etat dépend de son degré d‟autonomie, c‟est à dire de l‟existence d‟une structure institutionnelle
différenciée et cohérente, avec une capacité d‟action indépendante par rapport au système social, et avec une
capacité institutionnelle afin de faire en sorte que le comportement des citoyens soit guidé par un ordre
normatif établi par l‟Etat selon les règles démocratiques. Un Etat fort, quelle que soit la taille de ses
bureaucraties, est celui qui parvient à établir efficacement cette légalité et qui n‟est pas perçu par la majorité
de la population simplement comme un terrain pour satisfaire des intérêts privés. La force de l‟Etat en ellemême se réfère à sa capacité d‟agir avec indépendance vis-à-vis des groupes ou des classes dominantes
(Cunil, 1997 : 229-231).
En d‟autres termes, il s‟agit d‟enquêter sur le problème de « l‟autonomie relative de l‟Etat » dans la
perspective d‟observer son engagement à assurer le bien commun et pas seulement celui de certains intérêts
particuliers. Les liens entre le pouvoir démocratique et des groupes d‟intérêt déterminés, grands ou petits,
économiques ou politiques, incrustés dans les institutions publiques elles-mêmes ou exerçant des pressions à
partir de l‟extérieur, apparaissent comme un premier ensemble de relations devant être réformées (Ramírez
F. 2012 : 33). C‟est de là que part la réforme de l‟Etat et la récupération de ses capacités de régulation, de
planification, de direction et de mise en œuvre des politiques publiques en fonction de l‟intérêt général.
2.2. La démocratisation de l’Etat
Le Programme de Gouvernement 2013-2017 définit comme idée structurale du projet de Révolution
citoyenne: (1) le renforcement d‟un Etat démocratique du Bien-Vivre dans le territoire national et (2) le
renforcement et la consolidation des processus de participation citoyenne, de développement du pouvoir
populaire et d‟une culture civico-participative (Movimiento Alianza PAIS, 2012).
Est alors proposée une structure territoriale nationale polycentrique, articulée et complémentaire.
L‟autonomie des gouvernements décentralisés est reconnue et la création de gouvernements autonomes
intermédiaires et de régions autonomes est encouragée (Ramírez R., 2010 : 63). En parallèle, un profond
processus de déconcentration de l‟Exécutif dans les différents territoires et de décentralisation vers des
gouvernements autonomes décentralisés est lancé (SENPLADES, 2009 : 354).
La démocratisation du pouvoir politique vise également à donner de la puissance à l‟organisation autonome
des divers segments de la société civile et à promouvoir la participation citoyenne dans les processus de
planification, de gestion et de contrôle de la gestion réalisée par l‟Etat (SENPLADES, 2007 : 43).
3. Les médiateurs
Selon Pierre Muller, l‟application du référentiel global à un secteur spécifique de l‟action publique requiert
un processus de médiation. D‟où la figure du médiateur en tant qu‟acteur chargé de mener la vision du
référentiel global vers une politique publique déterminée. Les médiateurs sont par conséquent des acteurs qui
élaborent le référentiel sectoriel et réforment les politiques publiques.
Dans notre cas d‟étude, l‟entité publique chargée de la conception du référentiel sectoriel est le Secrétariat
national pour la Planification et le Développement (SENPLADES), et la planification devient donc le
processus de médiation.
3.1.Le Secrétariat national pour la Planification et le Développement
Le SENPLADES fut créé en 2004, en tant qu‟organisme technique chargé de la planification nationale, sous
la tutelle administrative de la Présidence de la République (Décret d‟application 1372). Le secrétariat actuel,
bien qu‟il conserve sa dénomination originelle, est pratiquement une entité différente, le produit de deux
grandes réformes: la première au début du gouvernement du Président Correa et la deuxième en 2008, avec
la proclamation de la nouvelle Constitution de la République.
La première réforme, mise en œuvre par un décret d‟application, fusionne le Conseil national pour la
Modernisation (CONAM) et le Secrétariat national pour les objectifs de développement du millénaire
(SODEM) avec le SENPLADES qui acquiert dès lors de nouvelles compétences (Décret d‟application N°
103 : articles 1-2). En ce qui concerne les objectifs du millénaire, il est désormais chargé de superviser et
d‟évaluer la mise en œuvre des politiques mises en place pour atteindre ces objectifs, et de coordonner les
institutions concernées (Décret d‟application N° 294 : article 3). D‟un autre côté, il devient l‟entité chargée
de diriger, de coordonner et de superviser les processus de modernisation de l‟Etat (Loi sur la modernisation
de l‟Etat : article 8). S‟ajoute à cette réforme le redimensionnement du SENPLADES qui cesse d‟être une
entité sous la tutelle administrative de la Présidence de la République et devient un grand Secrétariat national
totalement autonome et avec diverses responsabilités.
La deuxième réforme du SENPLADES est contenue dans deux corps normatifs : le premier est la nouvelle
Constitution de la République qui crée le système national décentralisé de planification participative et le
deuxième est le Code organique de Planification et de Finances publiques qui place le SENPLADES comme
Secrétariat technique du système et définit ses fonctions selon cette qualité, parmi lesquelles figurent : (1)
préparer la proposition du Plan national de Développement (PND) ; (2) intégrer et coordonner la
planification nationale avec la planification sectorielle et territoriale décentralisée ; (3) favoriser la cohérence
des politiques publiques nationales et de l‟investissement public avec le PND ; (4) mettre en œuvre le suivi
et l‟évaluation de l‟accomplissement des objectifs du PND ; (5) garantir l‟articulation et la complémentarité
de la coopération internationale non remboursable avec le PND ; (6) diriger le système national
d‟information pour la planification et (7) coordonner avec le secteur public les processus de décentralisation
de l‟Etat (Code organique de Planification et de Finances publiques : article 26).
Les réformes mentionnées produisirent une division structurelle du SENPLADES en deux axes: toutes les
unités qui interviennent dans la planification sont placées sous un vice-ministère et celles responsables de la
transformation de l‟Etat dans un autre. Les sous-secrétariats qui sont sous la houlette du vice-ministère pour
la planification sont les sous-secrétariats pour la planification, l‟investissement, le suivi, l‟évaluation et
l‟information. Parallèlement les sous-secrétariats pour le changement institutionnel, la déconcentration et la
décentralisation sont sous la tutelle du vice-ministère pour la transformation de l‟Etat (Accord ministériel N°
91).
3.2.La planification comme processus de médiation
Dans notre second chapitre, nous avons abordé la planification come mécanisme de coordination des unités
du pouvoir exécutif dans la mesure où il s‟agit d‟une de ses fonctions. Selon la CEPAL, la planification
gouvernementale doit en outre exercer une coordination politique qui passe par la construction d‟une vision
stratégique (Leiva, 2012 : 47). De cette manière, la coordination permet non seulement de rendre
compatibles certaines actions gouvernementales mais aussi cela implique en plus l‟intégration des
différentes décisions et actions du gouvernement dans le cadre d‟une seule vision de l‟ensemble (Garnier,
2000: 10).
La vision stratégique est la définition de l‟Etat que l‟on cherche à atteindre par le biais du développement à
partir de la réalité existante. Conjointement à la vision stratégique il convient d‟analyser en outre : les
alternatives de trajectoires d‟action pour l‟atteindre, la détermination de priorités, les grands objectifs et buts
et la définition des actions qui seront réalisées pour atteindre ces objectifs (Leiva, 2012: 48).
Cette conception est similaire à la vision traditionnelle de la planification qui propose un processus de
formulation du plan en deux étapes : l‟élaboration d‟un diagnostic et la construction de l‟image de l‟objectif.
Le diagnostic permet de décrire la situation actuelle, d‟interpréter cette situation et d‟orienter l‟image de
l‟objectif souhaité. Par contre l‟image de l‟objectif est une construction idéologique qui dérive du projet
politique et qui doit être présentée par le « planificateur » en termes de concepts, de dimensions, de variables
et d‟indicateurs propres à la planification (Lira, 2006 : 16-18).
Pour résumer, la planification constitue un
processus de médiation qui implique : l‟élaboration d‟un
diagnostic de la situation actuelle, la construction d‟une vision stratégique, - ou image de l‟objectif - et la
détermination de priorités, de buts et d‟objectifs. Dans notre cas d‟études, ce même processus de médiation
est utilisé par le SENPLADES dans l‟élaboration du Plan national de développement (code organique de
Planification et des Finances publiques : article 36).
CONCLUSIONS
1. La structure du pouvoir exécutif
Ce travail de recherche a eu pour objectif d‟analyser les réformes structurelles du pouvoir exécutif
équatorien durant le mandat du Président Correa. Pour ce faire, nous avons utilisé la théorie de la
contingence structurelle proposée par Mintzberg, axée essentiellement sur trois critères : la
départementalisation, la différentiation verticale et horizontale entre les unités et les mécanismes de
coordination mis en place.
Nous avons pu mettre en évidence que le pouvoir exécutif en Equateur revêt une structure matricielle, c‟est à
dire qu‟il combine les deux critères de départementalisation. D‟un côté, nous avons la division par fonctions,
qui correspond aux secrétariats nationaux de planification, d‟administration publique et de gestion de la
politique ; et d‟un autre côté, nous trouvons les autres entités du pouvoir exécutif organisées selon les
secteurs des politiques publiques qui relèvent de leur compétence.
La différentiation horizontale des unités est basée sur les facultés du pouvoir exécutif telles qu‟elles sont
prévues dans la Constitution de la République et qui correspondent à la direction, à la planification, à la
réalisation et à l‟évaluation des politiques publiques nationales. De plus, il existe une typologie des entités
publiques qui forment le pouvoir exécutif. Ces deux éléments sont la base de la matrice de différentiation
fonctionnelle du pouvoir exécutif.
La matrice de différentiation fonctionnelle nous a permis d‟observer les différents degrés de spécialisation
au sein des unités du pouvoir exécutif. Les agences de régulation ou les instituts apparaissent comme étant
extrêmement spécialisés puisque leur mission se limite à l‟exercice d‟une seule faculté, tandis que les
ministères sectoriels et les secrétariats sectoriels, qui exercent les fonctions de direction, de planification, de
mise en œuvre, de suivi et d‟évaluation ses politiques publiques sous leur responsabilité possèdent un faible
niveau de spécialisation.
En ce qui concerne la différentiation verticale, nous avons pu définir cinq niveaux hiérarchiques: (1) la
Présidence de la République, (2) la Vice-présidence de la République, (3) les secrétariats nationaux, (4) les
ministères de coordination et (5) les ministères sectoriels, les secrétariats intersectoriels et les services
nationaux. Les autres entités se trouvent après les ministères et dans la plupart des cas sous leur tutelle
administrative. En fait, la structure actuelle du pouvoir exécutif en Equateur n‟est pas tellement hiérarchisée
et il existe une faible différentiation verticale entre les niveaux hiérarchiques supérieurs, et même si le
SENPLADES les place à différents niveaux, tous les responsables de ces entités ont rang de ministre et se
trouvent donc placés au même échelon de la fonction publique équatorienne en tant que hauts fonctionnaires.
En ce qui concerne la différentiation verticale et horizontale, nous pouvons conclure que : (1) la réforme du
pouvoir exécutif est plus axée sur la différentiation horizontale, c‟est-à-dire sur la délimitation des
compétences de chaque entité alors que la différentiation verticale n‟est pas très claire. (2) La division
verticale renforce les ministères, qu‟il s‟agisse de secrétariats nationaux, de secrétariats intersectoriels, de
ministères sectoriels ou de ministères de coordination, et place les autres entités sous leur tutelle
administrative.
Finalement, concernant la coordination, nous avons mis en évidence une série de mécanismes basés sur les
relations interpersonnelles : les ministères de coordination, comme des unités créées spécifiquement dans ce
but. Les conseils sectoriels en tant qu‟espaces de regroupement des unités qui appartiennent à un secteur, et
les comités interinstitutionnels à la manière de groupes de projet pour la résolution de problèmes spécifiques.
Les ministères de coordination, en plus de coordonner la formulation et la mise en œuvre des politiques
publiques, sont la base de l‟organisation structurelle du pouvoir exécutif. Chacun d‟entre eux forme un
«secteur de coordination» au sein duquel se regroupent plusieurs secteurs des politiques publiques. La
division actuelle correspond à six secteurs : (1) production, emploi et compétitivité, (2) politique
économique, (3) développement social, (4) sécurité, (5) secteurs stratégiques et (6) savoir et ressources
humaines.
Un autre mécanisme de coordination est formé par les comités qui sont des corps collégiaux
interinstitutionnels, avec des fonctions de coordination de l‟Etat pour des thèmes spécifiques. Sept comités
interinstitutionnels existent sur des thèmes divers comme : gestion publique, simplification des démarches,
changement de la matrice productive, éradication de la pauvreté, changement climatique et maritime et
prévention des établissements humains illégaux. Bien que nous n‟ayons pu étudier en profondeur le thème,
nous pouvons mettre en évidence, à partir de l‟analyse de la documentation disponible et des entretiens
réalisés, deux problèmes concernant les comités: (1) le premier est
la difficulté à les situer
hiérarchiquement, car même s‟ils sont sous la tutelle administrative d‟un ministère sectoriel leur fonction de
coordination interinstitutionnelle leur octroie une hiérarchie distincte. (2) Le dédoublement de fonctions qui
peuvent exister entre les comités et les ministères de coordination, précisément dans le cas des comités de
changement de la matrice productive et d‟éradication de la pauvreté dont les fonctions correspondent
respectivement à celles du ministère de coordination de la production, de l‟emploi et de la compétitivité et à
celles du ministère du développement social.
Finalement, nous analysons la planification qui constitue en Equateur un mécanisme aussi bien de
coordination des politiques publiques que d‟orientation de la gestion administrative vers l‟obtention de
résultats. L‟instrument principal en est le Plan national de développement que doivent respecter les
politiques, les programmes et les projets publics, la programmation et la réalisation du budget de l‟Etat, et
l‟investissement et l‟assignation des ressources. Le respecter est obligatoire pour le secteur public et indicatif
pour les autres secteurs.
2. Le référentiel du gouvernement de Correa
2.1.Le référentiel global
Dans le cas faisant l‟objet de notre étude, le cadre cognitif et normatif qui structure les politiques publiques
du gouvernement de Correa est l‟actuel modèle de développement, énoncé dans la Constitution de la
République, dans les plans de développement et les plans de gouvernement.
Les valeurs du nouveau modèle, c‟est à dire les représentations fondamentales, sont : le socialisme du BienVivre, la justice, la plurinationalité et la durabilité environnementale. Est alors proposée une vision du
monde axée sur l‟être humain et non sur la croissance économique, l‟objectif final étant de parvenir au
sumak kawsay ou Bien-Vivre. Le développement comprend, plus que l‟augmentation de la richesse,
l‟expansion des capacités (cognitives, émotionnelles, imaginatives) et l‟épanouissement des facultés,
garantissant la satisfaction des besoins intrinsèques de l‟être humain
Le second élément du référentiel global est le régime de développement qui constitue la norme orientant son
devoir-être. Parmi les objectifs du régime de développement se trouvent: (a) la construction d‟un système
économique social et solidaire basé sur la distribution équitable des bénéfices du développement, des
moyens de production et sur la génération de travail digne et stable. (b) Améliorer la qualité et l‟espérance
de vie, et augmenter les capacités et les potentialités de tous les individus. (c) Promouvoir un aménagement
territorial équilibré et équitable qui permet de réduire les inégalités. (d) Récupérer et conserver la nature et
maintenir un environnement sain. (5) Garantir la souveraineté nationale, encourager l‟intégration latinoaméricaine et stimuler une insertion.
Finalement, nous avons les algorithmes qui identifient les relations causales et les mécanismes de l‟action
publique qui, dans notre cas, correspondent à la stratégie de développement principalement axée sur quatre
points : le changement des matrices productives et énergétiques, le développement de la science, de la
technologie et de l‟innovation, et le renforcement de l‟investissement public.
Le gouvernement national s‟est attelé à une redéfinition de la formation socio-économique actuelle et de ses
conditionnements institutionnels afin de réussir la transition d‟une structure économique primaire
productrice de matières premières vers une économie qui générerait une forte valeur ajoutée, par le biais de
la constante création de savoir et par le biais de l‟innovation sociale et technologique. L‟alternative est un
patron de spécialisation axé sur la production secondaire et tertiaire, créatrice et génératrice de valeur ajoutée
qui développera le marché intérieur sans cesser pour autant de profiter des avantages du commerce extérieur.
Dans cette redéfinition jouent un rôle important : (a) le changement de matrice énergétique. (b) La formation
des ressources humaines et la génération de savoir, d‟innovation, de nouvelles technologies, de bonnes
pratiques et de nouveaux outils de production. (c) Le renforcement de l‟investissement public afin de
garantir l‟accomplissement de conditions pré-requises, concernant capacités et opportunités, et de soutenir la
capacité installée pour la création de valeur dans l‟économie.
2.2.Le référentiel sectoriel
Le référentiel sectoriel correspond dans notre cas à la stratégie de transformation de l‟Etat du gouvernement
équatorien qui se base sur : (1) le renforcement des principales capacités d‟action de l‟Etat (la direction, la
planification, la régulation et le contrôle) et (2) la mise en marche d‟un modèle de gestion décentralisé et
participatif (SENPLADES, 2011 : 9).
Le renforcement de l‟Etat se réfère à sa capacité d‟action indépendamment des groupes ou des classes
dominantes. Un Etat fort, quelle que soit la taille de ses bureaucraties, est celui qui parvient à établir
efficacement cette légalité et qui n‟est pas perçu par la majorité de la population simplement comme un
terrain pour satisfaire des intérêts privés. La force de l‟Etat en elle-même se réfère à sa capacité d‟agir avec
indépendance vis-à-vis des groupes ou des classes dominantes (Cunil, 1997 : 229-231).
Concernant le modèle de gestion, le Programme de Gouvernement 2013-2017 propose : (1) le renforcement
d‟un Etat démocratique du Bien-Vivre dans le territoire national et (2) le renforcement et la consolidation
des processus de participation citoyenne, de développement du pouvoir populaire et d‟une culture civicoparticipative (Movimiento Alianza PAIS, 2012).
2.3. Les médiateurs
Selon Pierre Muller, l‟application du référentiel global à un secteur spécifique de l‟action publique requiert
un processus de médiation. D‟où la figure du médiateur en tant qu‟acteur chargé de mener la vision du
référentiel global vers une politique publique déterminée. Dans notre cas d‟étude, l‟entité publique chargée
de la conception du référentiel sectoriel est le Secrétariat national pour la Planification et le Développement
(SENPLADES).
Le SENPLADES devient l‟organisme chargé de la réforme de l‟Etat après avoir absorbé le Conseil national
de Modernisation (CONAM), entité chargée de diriger, de coordonner et de superviser le processus de
modernisation de l‟Etat.
De plus, le SENPLADES agit comme médiateur, par le biais du processus de planification et de conception
du Plan national de Développement qui implique : l‟élaboration d‟un diagnostic de la situation actuelle, la
construction d‟une vision stratégique, - ou image de l‟objectif - et la détermination de priorités, de buts et
d‟objectifs.
3. Le nouveau référentiel et la réforme du pouvoir exécutif en Equateur
L‟hypothèse posée dans notre recherche fut que la réforme du pouvoir exécutif part du rôle assigné à l‟Etat
dans le nouveau modèle de développement (Prats, 2011 : 589). Cela revient à dire que le nouveau référentiel
constitue la variable explicative du changement de sa structure. Cette hypothèse se vérifie au moins dans
quatre points : (1) la création de nouvelles entités, (2) le renforcement des ministères sectoriels, (3)
l‟utilisation de la planification comme processus de médiation et (4) la mise en place de nouveaux
mécanismes de coordination.
3.1.La création de nouvelles entités
Le nouveau référentiel suppose de nouveaux espaces d‟action publique que l‟Etat doit assumer. Cela
explique la création de différentes entités au sein du pouvoir exécutif.
Au début, la redéfinition du développement en termes de capacités cognitives, émotionnelles et imaginatives
exige de l‟Etat la production d‟une série de biens relationnels ainsi que l‟augmentation des possibilités de
contemplation dont chaque être humain dispose tout au long de sa vie (Ramírez R, 2012 : 25). Vont dans ce
sens les créations du Ministère de coordination du Savoir et des Ressources humaines (2001), le Ministère
sectoriel de la Culture et du Patrimoine (2007), le Ministère sectoriel du Sport (2007), l‟entreprise publique
des Chemins de fer (2010) et l‟entreprise publique des Parcs naturels et des Espaces publics (2011).
Les valeurs du nouveau référentiel influencent elles aussi la création de nouvelles entités. C‟est le cas du
Ministère de la Justice, des Droits humains et des Cultes (2010) et de l‟Institut des Langues, des Sciences et
des Savoirs ancestraux (2011) dans la ligne d‟un Etat plurinational et laïc. Dans le cadre du principe de
durabilité environnementale, nous pouvons trouver le Comité interinstitutionnel sur le Changement
climatique (2009), le Secrétariat intersectoriel de l‟Eau (2008) et le Comité interinstitutionnel de la Mer
(2012). Finalement en ce qui concerne la justice transnationale, deux nouvelles entités ont été créées durant
le gouvernement actuel : nous faisons allusion au Ministère sectoriel du Commerce extérieur (2013) et à
l‟Institut de Promotion des exportations et des Investissements (2010), qui avec le Ministère des Affaires
étrangères sont chargés de la politique étrangère équatorienne.
En plus, nous avons toutes les entités créées pour atteindre les objectifs et les stratégies du nouveau régime
de développement. Pour la construction d‟un système économique et solidaire ont été créés au sein du
pouvoir exécutif : l‟Institut national d‟Économie populaire et solidaire (2011) et l‟Agence équatorienne de
Garantie de la qualité des produits agricoles (2008). Dans le domaine du savoir, de la technologie et de
l‟innovation nous avons: le Secrétariat national pour l‟Education supérieure, la Science, la Technologie et
l‟Innovation (2010), l‟Entreprise publique Yachay (2013), l‟Institut spatial équatorien (2012) et l‟Institut de
Recherche en Santé publique (2013). Pour le changement de la matrice productive un Comité
interinstitutionnel (a été créé en 2013 ainsi que le Ministère de coordination de l‟Emploi et de la
Compétitivité (2009). Finalement, nous pouvons citer toutes les entités créées pour mener à bien le
changement de matrice énergétique, parmi lesquelles le Ministère de coordination des Secteurs stratégiques
(2008), le Ministère sectoriel de l‟électricité et de l‟énergie renouvelables (2007), l‟Institut national
d‟Efficacité énergétique et des énergies renouvelables (2012) et les entreprises publiques Petroamazonas
(2010), Coca codo sinclair (2010) et Hidrolitora (2010).
3.2. Le renforcement des ministères sectoriels
Dans notre cas d‟étude, le référentiel sectoriel a besoin du renforcement de l‟Etat en termes d‟autonomie et
d‟indépendance concernant sa capacité d‟action face à des groupes ou des classes dominantes. Ce cadre
conceptuel et normatif fut une des lignes programmatiques de la réforme démocratique de l‟Etat. Son
application peut être constatée dans deux aspects : d‟un côté nous avons l‟élimination du corporatisme dans
les entités du pouvoir exécutif et de l‟autre le renforcement des ministères sectoriels en tant que responsables
de la direction des politiques publiques, exerçant l‟attribution de rectoría étatique qui consiste en la capacité
publique à générer des politiques pour tous et toutes, d‟une manière planifiée sans que des intérêts privés
soient avantagés (SENPLADES, 2013 : 92).
3.3.L’utilisation de la planification comme processus de médiation et mécanisme de coordination
Le référentiel global du gouvernement de Correa est une feuille de route vers le développement qui a des
objectifs définis et même des phases de mise en place. Par conséquent, son application requiert un processus
de planification qui coordonnera de manière stratégique l‟action des diverses entités de l‟Etat et garantira
son respect. De là l‟importance du SENPLADES en tant que médiateur du processus et entité chargée de la
planification nationale.
3.4.La mise en place de nouveaux mécanismes de coordination
Dans le diagnostic, prérequis à la réforme du pouvoir exécutif, fut mise en évidence l‟absence de
mécanismes de coordination, de délibération et d‟articulation entre les unités qui le composent
(SENPLADES, 2009a : 8 et 2009b : 36 et Marchán et Schubert, 1992 : 92). Un fait qui motiva la création
d‟une série d‟entités destinées à remplir cette fonction, parmi lesquelles nous avons analysé les ministères de
coordination, les conseils sectoriels et les comtés interinstitutionnels. Leur travail, tout comme le
SENPLADES, est de coordonner de manière stratégique l‟action publique dans un secteur déterminé et
garantir ainsi le respect des objectifs du référentiel global.
4. L’application de la théorie au cas d’étude
La notion de référentiel de Jobert et Muller (1985) nous a permis de trouver les éléments qui forment la
cadre conceptuel et normatif du gouvernement de Rafael Correa, de les classer et de les décrire. Cependant
leur application dans une politique publique qui n‟est pas la politique agricole, mais dans notre cas une
politique constitutive comme la réforme du pouvoir exécutif, s‟est avérée être une tâche plus complexe. Afin
d‟identifier le référentiel sectoriel, nous avons donc eu recours à une bibliographie complémentaire,
essentiellement des auteurs latino-américains qui ont étudié les réformes administratives de la région et qui
ont ainsi orienté notre analyse.
Concernant les médiateurs, nous considérons que la théorie présente quelques limitations. La première est
liée à l‟analyse. Muller propose la simple identification de l‟acteur et ne parvient pas à élaborer une
proposition pour analyser sa participation ou ses motivations. Cette lacune, même si elle pourrait être
comblée par une étude à partir de la sociologie de l‟action, est évidente dans la théorie originale. Un second
point est la figure du médiateur comme unique acteur responsable de l‟élaboration du référentiel sectoriel,
excluant la possibilité d‟un processus participatif dans lequel pourraient intervenir une multitude d‟acteurs,
c‟est à dire une analyse dans le cadre de la sociologie de la traduction.
5. Limitations de notre étude
Notre recherche s‟est concentrée sur la structure du pouvoir exécutif mais cependant une partie
fondamentale de la réforme est liée au modèle de gestion. Bien que nous ayons mentionné le thème dans le
référentiel sectoriel nous ne sommes pas parvenus à analyser la participation, la décentralisation ou la
déconcentration du pouvoir exécutif.
Une autre limitation de notre étude est liée à la temporalité. Notre analyse englobe les trois mandats du
Président Correa mais le fait de manière synchronique, sans mettre en évidence l‟évolution, les changements
et sans essayer de réaliser des comparaisons diachroniques entre les mandats.
Finalement, nous reconnaissons la limitation posée par la conjoncturalité de l‟objet de notre recherche. La
réforme du pouvoir exécutif est un thème qui continue dans l‟agenda politique du gouvernement.
Actuellement, on débat sur le Code monétaire et financier qui modifie certaines des entités qui composent la
banque publique, sous la responsabilité du Ministère de coordination de la politique économique, et crée un
Conseil de Régulation, formé dans son intégralité par des ministres d‟Etat.
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Registro Oficial Suplemento No. 599, del 19 de diciembre.
Secretaría nacional de planificación y desarrollo (2014) Acuerdo ministerial No.91, publicado en el Registro
Oficial Suplemento No. 97, del 22 de enero.
Entretiens
Long, Guillaume
Ministro de coordinación de conocimiento y talento humano
Páez, Pedro
Superintendente de control de poder del Mercado
Ex-Ministro de coordinación de política económica
Ponce, Ximena
Asambleísta nacional
Ex-Ministra de inclusión económica y social
Ramirez, René
Secretario nacional de educación superior, ciencia, tecnología e
innovación
Ex-Secretario nacional de planificación y desarrollo (SENPLADES)
Uquillas, Oscar
Subsecretario de cambio institucional, SENPLADES
ANNEXES
ANNEXE 1: Les secrétariats intersectoriels
DENOMINACIÓN
Secretaría nacional
de educación
superior, ciencia,
tecnología e
innovación;
NORMA DE
CREACIÓN
Ley No. 0
PUBLICACIÓN
(No. y fecha del RO)
Registro Oficial
Suplemento No. 298,
de 12 de octubre de
2010.
MISIÓN
Observaciones
– En el Estatuto del Regimen Jurídico y Administrativo de la
Función Ejecutiva el nombre de esta secretaría es Secretaría de
Art. 1.- Misión de la Secretaría Nacional de Educación
Educación Superior, Ciencia, Tecnología e Innovación lo cual
Superior, Ciencia, Tecnología e Innovación.- Ejercer
difiere con el nombre que consta en la Ley; Secretaría Nacional
la rectoría de la política pública en el campo de la
de Educación Superior, Ciencia, Tecnología e Innovación
educación superior, la ciencia, tecnología, innovación
– La Misión fue extraida del Estatuto Orgánico de Gestión
y los saberes ancestrales, coordinando y articulando
Organizacional por Procesos de la Secretaría Nacional de
las acciones entre el sector público y los sectores
Educación Superior, Ciencia, Tecnología e Innovación, emitido
productivos públicos y privados.
mediante Acuerdo Ministerial No. 4, publicado en el Registro
Oficial Suplemento No. 150, de 24 de mayo de 2011.
Secretaría nacional
de gestión de
riesgos
Decreto
Registro Oficial No.
Ejecutivo No. 31, de 22 de
42
septiembre de 2009.
Liderar el Sistema Nacional Descentralizado de
Gestión de Riesgos para garantizar la protección de
personas y colectividades de los efectos negativos de
desastres de origen natural o antrópico, mediante la
generación de políticas, estrategias y normas que
promuevan capacidades orientadas a identificar,
analizar, prevenir y mitigar riesgos para enfrentar y
manejar eventos de desastre; así como para
recuperar y reconstruir las condiciones sociales,
económicas y ambientales afectadas por eventuales
emergencias o desastres.
Secretaría nacional
del agua
Decreto
Registro Oficial No.
Ejecutivo No. 346, de 27 de mayo
1088
de 2008.
Dirigir la gestión integral e integrada de los recursos
hídricos en todo el territorio nacional a través de
políticas, normas, control y gestión desconcentrada
para generar una eficiente administración del uso y
aprovechamiento del agua.
– En el Estatuto del Regimen Jurídico y Administrativo de la
Función Ejecutiva el nombre de esta secretaría es Secretaría de
Gestión de Riesgos, lo cual difiere con el nombre que consta en el
Decreto; Secretaría Nacional de Gestión de Riesgos
– La misión fue extraida de la página web de la Secretaría
– Esta Secretaríatiene sus origenes en el Instituto Ecuatoriano de
Recursos Hidricos, creado mediante Decreto Supremo No. 1551,
publicado en el Registro Oficial No. 158, de 11 de noviembre de
1966.
– La misión fue extraida de la página web de la Secretaría
Secretaría nacional
de inteligencia
Secretaría nacional
de comunicación
Ley No. 0
Art. 9.- Misión:
Registro Oficial
Ser el órgano rector del Sistema Nacional de
Suplemento No. 35,
Inteligencia, que contribuye a la seguridad integral, a
del 28 de septiembre través de la producción de información e inteligencia
de 2009
para los fines de la conducción del Estado y la
planificación estratégica nacional
Registro Oficial
Decreto
Suplemento No. 14,
Ejecutivo No.
de 13 de junio de
3
2013.
Art. 1.- MISION DE LA SECRETARIA NACIONAL DE
COMUNICACION.- La Secretaría Nacional de
Comunicación diseña, dirige, coordina y ejecuta las
políticas y estrategias de comunicación e
información del Gobierno Nacional.
– Si bien la Ley es de creación, en realidad es de cambio de
denominación por la Dirección Nacional de Inteligencia, creada
mediante Decreto Supremo No. 275, publicada en el Registro
Oficial No. 892 de 9 de agosto de 1979.
– La Misión fue extraida del Estatuto Orgánico de Gestión
Organizacional por Procesos de la Secretaría Nacional de
Inteligencia, emitido mediante Resolución No. 51, publicado en
el Registro Oficial Suplemento No. 65, del 24 de agosto de 2010.
– Si bien el Decreto es de creación en realidad es de cambio de
denominación de la Secretaría de Comunicación, creada
mediante Decreto Ejecutivo No. 386, publicado en el Registro
Oficial No. 55, de 23 de mayo de 2000.
– La Misión fue extraida del Estatuto Orgánico de Gestión
Organizacional por Procesos de la Secretaría Nacional de
Comunicación, emitido mediante Acuerdo Ministerial No. 3,
publicado en el Registro Oficial Suplemento No. 55, de 30 de
septiembre de 2013.
ANNEXE 2: Loi des conseils nationaux pour l’égalité: processus législatif et l’état actuel
Proyecto
Fecha de
presenta
Presentación
do por
President
30 de mayo
e de la
de 2012
República
Calificación
CAL
1.er Debate
2.do Debate
Aprobación
del Pleno
Ejecutivo
Objeción Parcial
5 de julio de
2012
13 de agosto de
2013
6 de mayo de 2014
6 de mayo de
2014
4 de junio de
2014
24 de junio
de 2013
(Se reasigna
a otra
Comisión)
15 de agosto de
2013
Fuente: Página web de la Asamblea Nacional de la República del Ecuador
Elaboración propia
Objeción Total
Texto
Definitivo
Registro
Oficial
Estado
En
proceso
Annexe 3: Les facultés du pouvoir exécutif
Dirección
Coordinación
Planificación
Gestión
Control
Control técnico
Emitir políticas públicas nacionales o de Estado que orientan las acciones para el logro de
los objetivos y metas del desarrollo
Definir sistemas, áreas y proyectos estratégicos de interés nacional, en función de su
importancia económica, social, política o ambiental.
Concertar los esfuerzos institucionales múltiples o individuales para alcanzar las metas
gubernamentales y estatales
Establecer y articular políticas, estrategias, objetivos y acciones en el diseño, ejecución y
evaluación de planes, programas y proyectos
Administrar, proveer, prestar, ejecutar y financiar bienes y servicios públicos, a través de
políticas, planes, programas y proyectos
Comprobación, fiscalización, supervisión y vigilancia ejercida con la finalidad de velar por
el interés general y el cumplimiento del ordenamiento jurídico
Garantizar el cumplimiento de las normas técnicas, así como los estándares de calidad y
eficiencia en el ejercicio de las competencias y en la prestación de los servicios públicos.
Regulación
Emitir normas para el adecuado y oportuno desarrollo y cumplimiento de la política
pública y la prestación de los servicios, con el fin de dirigir, orientar o modificar la
conducta de los agentes regulados.
Evaluación
Determinar, de manera sistemática y objetiva, la pertinencia, eficacia, eficiencia, efectividad
e impacto de actividades, en relación a los objetivos programados y en base a un sistema
de indicadores de gestión y resultado.
Fuente: Artículo 10-A del ERJAFE
ANNEXE 4: Les instituts du pouvoir exécutif
Denominación
Función
Misión
Tulado por Norma de creación
Certificación
Art. 1.- Misión.- La misión del Instituto Nacional de
Decreto Ejecutivo No.
Secretaría
Preinversión es: "Coordinar, ejecutar y certificar los procesos y
1263, publicado en el
nacional de
estudios de preinversión que generen entidades de derecho
Registro Oficial No.
planificación
público del país en los sectores estratégicos conforme al Plan
413, del 28 de agosto
y desarrollo
Nacional de Desarrollo".
de 2009.
Instituto nacional
de donación y
transplante de
organos, tejidos y
células
Ejecución de
políticias
públicas
Ejecutar las políticas públicas de donación y trasplante de
órganos, tejidos y células, mediante la regulación,
coordinación, promoción, provisión, control, vigilancia y
evaluación de la actividad de donación, extracción,
preservación, asignación y trasplantes de órganos, tejidos y
células, fortaleciendo el Sistema Nacional Integrado de
Donación y Trasplantes con los más altos estándares técnicos,
en el marco del respeto de los principios bioéticos, de equidad
y transparencia.
Instituto para el
ecodesarrollo
regional
amazónico
Ejecución de
políticias
públicas
Diseñar y ejecutar una estrategia consensuada con los actores
locales, nacionales e internacionales, basada en un sistema de
evaluación y rendición de cuentas, para alcanzar el desarrollo
humano sustentable de la Región Amazónica Ecuatoriana.
Instituto
oceanográfico
Militar
Ejecución de
políticias
públicas
Instituto nacional
de preinversión
Instituto nacional
de estadísticas y
censos
Investigación
Ministerio de
salud pública
Observaciones
La Misión fue extraida del Estatuto Orgánico
de Gestión Organizacional por Procesos del
Instituto Nacional de Estadística y Censos,
emitido mediante Resolución No. 110,
publicado en el Registro Oficial Suplemento
No. 181, del 16 de agosto de 2011.
Decreto Ejecutivo No.
1205 publicado en el
La misión fue extraida de la página zeb
Registro Oficial No.
http://www.donaciontrasplante.gob.ec
745, del 13 de julio de
2012
Codificación No. 1
publicada en el
Ministerio
Registro Oficial No.
del ambiente
222, de 1 de diciembre
de 2003.
Decreto Supremo No.
Ministerio de 642 publicada en el
defensa
Registro Oficial No.
nacional
108, del 25 de julio de
1972.
Gestionar y ejecutar las actividades técnicas y administrativas
relacionadas con el Servicio de Hidrografía, Navegación,
Oceanografía, Meteorología, Ciencias del Mar, Señalización
Náutica, así como la administración del material especializado
con su actividad.
Art. 3.- MISION DEL INEC- Producir, analizar y difundir la
información estadística oficial y cartográfica con fines
Decreto Supremo No.
estadísticos de manera oportuna, confiable y de calidad para la
Secretaría
323, publicado en el
toma de decisiones pública y privada, que permita validar el
nacional de
Registro Oficial No. 82,
desarrollo integral de la sociedad y de la economía; así como
planificación
del 07 de mayo de
articular el Sistema Estadístico Nacional para que norme,
y desarrollo
1976.
avale, integre, sistematice y evalúe la estadística generada en el
Ecuador.
La misión fue extraida de la página zeb
institucional:
www.desarrolloamazonico.gob.ec
La misión fue extraida de la página web del
Instituto: www.inocar.mil.ec
La Misión fue extraida del Estatuto Orgánico
de Gestión Organizacional por Procesos del
Instituto Nacional de Preinversión, emitido
mediante Resolución No. 16, publicado en el
Registro Oficial Suplemento No. 197, del 27 de
septiembre de 2011.
Instituto nacional
de investigación
en salud pública
Instituto nacional
de investigación
geológico minero
y metalurgico
Instituto nacional
de eficiencia
energética y
energías
renovables
Instituto
geográfico militar
Investigación
Investigación
Generar, transferir y difundir conocimientos científicos y
tecnológicos en salud mediante la ejecución de investigaciones,
desarrollo e innovación tecnológica, y la gestión de
laboratorios de referencia nacional que proveen servicios
especializados en salud pública; con la finalidad de obtener
evidencias que contribuyan al fortalecimiento de políticas
públicas en salud.
Art. 1.- MISION: Generar, sistematizar y administrar la
información científica y tecnológica: geológico-minerametalúrgica a nivel nacional, para coadyuvar a un
ordenamiento territorial orientado al desarrollo sostenible y
sustentable de los recursos minerales, así como a la gestión
preventiva ante las amenazas geológicas en las actividades de
la comunidad.
Decreto Ejecutivo No.
1291 publicaod en el
Ministerio de Registro Oficial
salud pública Suplemento No. 788,
del 13 de septiembre
de 2013
La misión fue extraida de la página zeb
institucional: http://www.inspi.gob.ec/
Ley No. 45 publicado
Ministerio de
en el Registro Oficial
recursos
Suplemento No. 517,
naturales no
del 29 de enero de
renovables
2009
La Misión fue extraida del Estatuto Orgánico
de Gestión Organizacional por Procesos del
Instituto nacional de investigación geológico
minero y metalurgico, emitido mediante
Resolución No. 3, publicado en el Registro
Oficial Suplemento No. 120, del 17 de febrero
de 2011.
Investigación
Art. 1.- misión del Instituto Nacional de Eficiencia Energética y
Energías Renovables.- Contribuir al desarrollo sostenible de la
Ministerio de
sociedad ecuatoriana, a través de la investigación científica y
electricidad
tecnológica, brindando insumos que faciliten la masificación de
y energía
las mejores prácticas y la implementación de políticas y
renovable
proyectos, en el campo de la eficiencia energética y las energías
renovables.
Decreto Ejecutivo No.
1048 publicado en el
Registro Oficial No.
649, del 28 de febrero
de 2012
Investigación
Gestionar y ejecutar las actividades de investigación,
generación y control de geoinformación y transferencia de
conocimiento y tecnología en los ámbitos de geodesia,
Ministerio de
geomática, cartografía y desarrollo tecnológico, siendo
defensa
partícipes en líneas de invesitgación de las ciencias de la tierra;
nacional
así como en seguridad documentaria en apoyo a la defensa y
desarrollo nacional.
Decreto Supremo No.
2686 publicado en el
La misión fue extraida de la página web del
Registro Oficial No.
Instituto: www.igm.gob.ec
643, del 4 de agosto de
1978.
Instituto antártico
ecuatoriano
Investigación
Instituto espacial
ecuatoriano
Investigación
La Misión fue extraida del Estatuto Orgánico
de Gestión Organizacional por
ProcesosInstituto Nacional de Eficiencia
Energética y Energías Renovables, emitido
mediante Resolución No. 11, publicado en el
Registro Oficial No. 920, del 26 de marzo de
2013.
Decreto Ejecutivoo No.
Ministerio de 1610 publicado en el
defensa
Registro Oficial No.
No se registra la misión del Instituto
nacional
326, del 3 de mayo de
2004.
Decreto Ejecutivo No.
Mantener e impulsar la investigación científica y desarrollo
Ministerio de 1246 publicado en el
La misión fue extraida de la página web del
tecnológico espacial y el incremento de la cultura aeroespacial,
defensa
Registro Oficial No.
Instituto: www.institutoespacial.mil.ec
que contribuyan a la Defensa y Desarrollo Nacional.
nacional
759, del 2 de agosto de
2012.
Organismo técnico nacional, eje principal del Sistema
Ecuatoriano de la Calidad en el país, competente en
Normalización, Reglamentación Técnica y Metrología, que
Instituto
contribuye a garantizar el cumplimiento de los derechos
ecuatoriano de
Normalización ciudadanos relacionados con la seguridad; la protección de la
normalización
vida y la salud humana, animal y vegetal; la preservación del
medio ambiente; la protección del consumidor y la promoción
de la cultura de la calidad y el mejoramiento de la
productividad y competitividad en la sociedad ecuatoriana.
Art. 154.- Misión.- El Instituto tendrá como misión el fomento y
promoción de las personas y organizaciones sujetas a esta Ley,
Instituto nacional
en el contexto del sistema económico social y solidario
de economía
previsto en la Constitución de la República y consistente con el
Promoción
popular y
Plan Nacional de Desarrollo, con sujeción a las políticas
solidaria
dictadas por el Comité Interinstitucional, para lo cual ejercerá
las funciones que
constarán en el Reglamento de la presente Ley.
Art. 1.- Misión del Instituto Nacional de la Meritocracia:
Promover la excelencia, eficiencia y efectividad en las
instituciones públicas a través de soluciones estratégicas que
Instituto nacional
Promoción
construyan sistemas de gestión del talento humano para
de la meritocracia
identificar, atraer y retener a personas que por sus logros,
profesionalismo y calidad humana merecen servir a los
ecuatorianos.
Instituto de
promoción de
exportaciones e
inversiones
(Proecuador)
Promoción
Art. 8.1. MISION
Promover la oferta exportable de bienes y servicios del
Ecuador con énfasis en la diversificación de productos,
mercados y actores; y la atracción de inversión extranjera,
cumpliendo con los objetivos del plan nacional del Buen Vivir.
Decreto Supremo No.
Ministerio de
357 publicado en el
Industrias y
Registro Oficial No. 54,
Productivida
del 7 de septiembre de
d
1970
Ley orgánica de la
economía popular y
Ministerio de solidaria y del sector
inclusión
financiero popular y
económica y solidario publicada en
social
el Registro Oficial No.
444, del 10 de mayo de
2011
Decreto Ejecutivo No.
Ministerio de
737 publicado en el
relaciones
Registro Oficial No.
laborales
441, del 05 de mayo de
2011
La Misión fue extraida del Estatuto Orgánico
de Gestión Organizacional por Procesos del
Instituto Nacional de la Meritocracia, emitido
mediante Resolución No. 1, publicado en el
Registro Oficial Suplemento No. 238, de 31 de
enero de 2012.
Ley No. 0 publicada en
Ministerio de
el Registro Oficial
Comercio
Suplemento No. 351,
Exterior
del 29 de diciembre de
2010
La Misión fue extraida del Estatuto Orgánico
de Estructura Organizacional de Gestión por
Procesos del Instituto de Promoción de
Exportaciones e Inversiones Extranjeras,
emitido mediante Resolución No. 20,
publicado en el Registro Oficial Suplemento
No. 331, del 13 de septiembre de 2012.
ANNEXE 5: Les entreprises publiques
Denominación
Sector
Objeto
Norma de creación
Empresa pública
YACHAY
Desarrollar todas las actividades económicas relacionadas a la administración y
gestión del Proyecto Ciudad del Conocimiento “YACHAY”, incluida la creación,
Conocimeinto y gestión y administración de la Zona Especial de Desarrollo Económico –
talelnto humano Tecnológico buscando la transferencia, generación, desagregación, desarrollo e
innovación en la ciencia y tecnología en procura del cambio en la matriz
productiva
Empresa pública
ENFARM
Desarrollo
social
Desarrollar investigaciones para la elaboración de medicamentos o fármacos de
uso humano, veterinario y agroforestal; la producción de medicamentos y
fármacos genéricos o de marca registrada o patentada en general
Decreto de creación
181 30/12/2009
Empresa pública
de parques
naturales y
espacios públicos
Desarrollo
social
Diseñar, construir, administrar, comercializar, y aprovechar sustentablemente
los bienes, servicios y recursos que ofrecen los parques urbanos y espacios
público; en base a la definición de modelos de gestión y políticas de estado, con el
involucramiento efectivo de los diferentes actores públicos y privados.
Decreto Ejecutivo No.
830 publicado en el
Registro Oficial No.
502, del 29 de julio de
2011
Empresa pública
de ferrocarriles
Producción,
empleo y
competitividad
Empresa Pública
de Exploración y
Explotación de
Hidrocarburos
(Petroamazonas
EP)
Empresa nacional
minera
Sectores
estratégicos
Sectores
estratégicos
Desarrollar el sector minero mediante la prospección, exploración, explotación,
beneficio, fundición, refinación, comercialización y cierre de minas de manera
segura, eficiente, sustentable, con responsabilidad social y ambiental para
contribuir con el desarrollo económico e integral del Estado Ecuatoriano.
Observaciones
Decreto de creación
1457 17/06/2013
Decreto Ejecutivo No.
314 publicado en el
Registro Oficial
Suplemento No. 171,
14 de abril 2010
No se registra misión de la Empresa
Decreto Ejecutivo No.
203 publicado en el
Registro Oficial No.
108, de 14 de enero
2010
La misión fue extraída de la página web de la
Empresa
Empresa Pública
de Hidrocarburos
del Ecuador
EP Petroecuador
Sectores
estratégicos
Generar riqueza y desarrollo sostenible para el Ecuador, con talento humano
comprometido, gestionando rentable y eficientemente los procesos de
transporte, refinación, almacenamiento y comercialización nacional e
internacional de hidrocarburos, garantizando el abastecimiento interno de
productos con calidad, cantidad, oportunidad, responsabilidad social y ambiental
Decreto Ejecutivo No.
315 publicado en el
Registro Oficial
Suplemento No. 171,
de 14 de abril 2010
La misión fue extraida de la página web de la
Empresa: www.eppetroecuador.ec
– En el Decreto se menciona que la
Compañía Hidroeléctrica Coca Codo Sinclair
S. A., se constituyó como sociedad anónima
mediante Escritura Pública, suscrita el 7 de
febrero de 2008, ante el Dr. Remigio Poveda
Vargas, Notario Décimo Séptimo del Cantón
Decreto Ejecutivo No.
Quito, debidamente inscrita en el Registro
370 publicado en el
Art. 6.- De la Misión.- Construir la Central Hidroeléctrica Coca Codo Sinclair de
Mercantil de Quito el 18 de febrero de 2008,
Registro Oficial
1.500 MW, en el plazo establecido, en óptimas condiciones técnicas, con
bajo el No. 0006 del Registro Industrial,
Suplemento No. 206,
Responsabilidad Social y Ambiental.
Tomo 40
del 03 de junio de
– La Misión fue extraida del Estatuto
2010
Orgánico de Gestión Organizacional por
Procesos de la Empresa Pública Estratégica
Coca Codo Sinclair, emitido mediante
Resolución No. 0, publicado en el Registro
Oficial Suplemento No. 362, del 12 de
noviemnre de 2012.
– Si bien el Decreto es de cración com
Decreto Ejecutivo No. Empresa Pública, ésta institución fie creada
Correos del Ecuador CDE E.P. integra al país y al mundo a través de la prestación
324 publicado en el
como , mediante Decreto Supremo No. 3683,
de productos y servicios postales oportunos y eficientes, siempre comprometidos
Registro Oficial No.
publicado en el Registro Oficial No. 888, de 3
con la calidad, la excelencia, la responsabilidad social; amparados en principios y
184, de 03 de mayo de de agosto de 1979 .
valores superiores.
2010.
– La misión fue extraída de la página web de
la Corporación
Empresa pública
estratégica coca
codo sinclair
Sectores
estratégicos
Empresa pública
correos del
ecuador
Sectores
estratégicos
Empresa Pública
CELEC EP
Sectores
estratégicos
Provisionar de servicio eléctrico, bajo sus principales actividades : la generación,
Decreto de creación
transmisión, distribución, comercialización, importación y exportación de
22011/02/2010
energía eléctrica
Empresa pública
nacional de
telecomunicacion
es
Sectores
estratégicos
Desarrollar los servicios de telecomunicaciones tales como: telefonía fija local y
de larga distancia nacional e internacional, telefonía móvil, transmisión de datos
y televisión por suscripción entre otros
Decreto de creación
218 03/02/2010
Empresa pública
FLOPEC EP
Sectores
estratégicos
Transportar hidrocarburos por vía marítima desde y hacia los puertos
nacionales y extranjeros; prestación de servicios de transporte comercial
marítimo y fluvial de hidrocarburos y sus derivados; y demás actividades
relacionadas
Decreto de creación
1117 12/04/2012
Empresa pública
HIDROLITORA
Sectores
estratégicos
Administrar el proyecto multipropósito Baba. La empresa tiene como objetivo la
generación, comercialización, importación y exportación de energía eléctrica
Decreto de creación
400 06/07/2010
ANNEXE 6: Les conseils sectoriels
Consejo
sectorial
Miembros plenos
Miembros asociados
Producción,
Empleo
Competitividad
a) Ministerio de transporte y obras públicas;
b) Ministerio de turismo;
c) Ministerio de industrias y productividad;
d) Ministerio de agricultura, ganadería, acuacultura y pesca;
e) Ministerio de relaciones laborales;
f) Ministerio de comercio exterior;
g) Secretaría técnica de capacitación y formación
profesional.
h) Agencia de regulación y control de tránsito, transporte
terrestre y seguridad vial;
i) Servicio ecuatoriano de capacitación profesional;
j) Instituto nacional de contratación pública;
a) Banco de fomento;
b) Corporación financiera nacional;
c) Corporación aduanera ecuatoriana;
d) Servicio de rentas internas; y,
e) Empresas públicas creadas por la función ejecutiva en el
ámbito productivo.
e-1) Instituto de propiedad intelectual
e-2) la Secretaría nacional de educación superior, ciencia,
tecnología e innovación
a) Ministerio de finanzas;
b) Banco central del ecuador;
c) Banco ecuatoriano de la vivienda;
d) Banco nacional de fomento;
e) Banco del Pacífico;
f) Banco del Estado;
g) Banco del instituto ecuatoriano de seguridad social;
h) Corporación financiera nacional;
j) Corporación aduanera ecuatoriana;
k) Servicio de rentas internas; y,
l) Corporación de seguro de depósitos.
a) Instituto de economía popular y solidaria;
b) Programa nacional de microfinanzas; y,
c) Ministerio de comercio exterior.
c-1) El Instituto Ecuatoriano de cédito educativo y becas.
Política
económica
Miembros invitados
a) Unidad de inteligencia financiera;
b) Superintendencia de bancos y seguros; y,
c) Superintendencia de compañías.
a) Ministerio de salud pública;
b) Ministerio de inclusión económica y social;
c) Ministerio de desarrollo urbano y vivienda;
d) Viceministerio de gestión educativa del Ministerio de
educación;
Desarrollo social
e) Viceministerio de movilidad humana
f) Instituto de economía popular y solidaria; y,
g) Programa nacional de finanzas populares,
emprendimiento y economía solidaria.
h) Ministerio del deporte.
Seguridad
Sectores
estratégicos
a) Vicepresidencia de la República;
b) Ministerio de agricultura, ganadería, acuacultura y pesca;
c) Ministerio de relaciones laborales;
d) Ministerio del deporte;
e) Secretaría nacional de educación superior, ciencia y
tecnología e innovación;
f) Secretaría técnica de capacitación y formación
profesional;
g) Secretaría técnica de plan ecuador;
h) Servicio ecuatoriano de capacitación profesional;
i) Instituto ecuatoriano de crédito educativo y becas;
j) Instituto ecuatoriano de propiedad intelectual; y,
k) Las empresas públicas creadas por la Función Ejecutiva
para la gestión del sector social;
a) Ministerio de justicia, derechos humanos y cultos;
b) Ministerio de defensa nacional;
c) Ministerio del interior;
d) Ministerio de relaciones exteriores comercio e
integración;
e) Secretaría nacional de gestión de riesgos;
f) Secretaría nacional de inteligencia;
g) Secretaría técnica de plan ecuador;
a) Secretaría nacional de transparencia.
a-1) Agencia de regulación y control de tránsito, transporte
terrestre y seguridad vial;
a) Ministerio de electricidad y energías renovables;
b) Ministerio de recursos naturales no renovables;
c) Ministerio de telecomunicaciones;
d) Ministerio del ambiente; y,
e) Secretaría nacional del agua.
a) Ministerio del ambiente;
b) Ministerio de transporte y obras públicas;
c) Registro civil; y,
d) Las empresas públicas creadas por la función ejecutiva
para la gestión de los sectores estratégicos.
a) Ministerio de educación;
b) Secretaría nacional de educación superior, ciencia,
tecnología e innovación;
c) Instituto nacional de la meritocracia;
Talento humano d) Instituto ecuatoriano de propiedad intelectual;
y el
e) Instituto ecuatoriano de crédito educativo y becas;
conocimiento f) Viceministerio de servicio público;
g) Viceministerio de la sociedad de la información;
h) Ministerio de cultura y patrimonio; y,
i) Todos los institutos de investigación de la función
ejecutiva.
a) Ministerio de industrias y productividad;
b) Secretaría técnica de capacitación y formación
profesional; y,
c) Servicio ecuatoriano de capacitación profesional.
a) Instituto ecuatoriano de seguridad social;
b) Instituto de seguridad social de las fuerzas
armadas; y,
c) Instituto de seguridad social de la policía
a) Instituto de altos estudios nacionales.
ANNEXE 7: Les comités interinstitutionnels
DENOMINACIÓN
NORMA DE
CREACIÓN
R.O.
COMITE
INTERINSTITUCIO
NAL DEL MAR
Decreto
Ejecutivo
990
Registro
Oficial
617 de
12-ene2012
COMITE DE
GESTION PUBLICA
INTERINSTITUCIO
NAL
Decreto
Ejecutivo
729
Registro
Oficial
439 de
03-may2011
OBJETIVO
INSTITUCIONES PARTE
Art. 2.- Créase el Comité
Interinstitucional del Mar, como
Art. 2.- Créase el Comité Interinstitucional
ente de aprobación de política
del Mar, como ente de aprobación de política
pública
pública intersectorial del mar, articulación y
intersectorial del mar, articulación y
seguimiento, en el marco de la planificación
seguimiento, en el marco de la
y desarrollo nacional.
planificación y desarrollo
nacional.
Art. 1.- Créase el Comité de Gestión Pública
Interinstitucional, con el fin de coordinar la
Art. 3.- El Comité de Gestión Pública
implementación del modelo de
Interinstitucional estará
reestructuración de la gestión pública
conformado por:
institucional en la Función
a) El Secretario o Secretaria
Ejecutiva y mantener un solo
Nacional de la Administración
direccionamiento estratégico
Pública, quien lo presidirá;
interinstitucional, garantizando una
b) El Secretario o Secretaria
gestión pública sustentada en los principios
Nacional de Planificación y
de la Administración Pública establecidos en
Desarrollo; y,
la
c) El Ministro o Ministra de
Constitución y enfocada en el cambio de
Relaciones Laborales.
cultura institucional y la satisfacción del
ciudadano.
SERETARÍA TÉCNICA
Art. 5.- Créase la Secretaría Técnica del Mar, como
entidad adscrita a la Secretaría Nacional de Planificación
y Desarrollo, con autonomía administrativa y financiera,
para la coordinación de la implementación y el
seguimiento de la política de desarrollo del territorio
marino costero.
COMITE
INTERINSTITUCIO
NAL PARA CAMBIO
DE LA MATRIZ
PRODUCTIVA
Decreto
Ejecutivo
1505
Registro
Oficial
958 de
21-may2013
Art. 1.- Créase el Comité Interinstitucional
para el Cambio de la Matriz Productiva, con
la finalidad de
planificar, coordinar, articular y dar
seguimiento a las políticas y acciones que
desarrollen las
distintas instituciones que conforman la
Función Ejecutiva y tengan relación con el
cambio de la
matriz productiva, en el marco de la
planificación y desarrollo nacional.
Art. 2.- El Comité interinstitucional
para el Cambio de la Matriz
Productiva estará conformado por
los siguientes miembros
permanentes, quienes actuarán con
voz y voto:
a) El Vicepresidente de la República
o su delegado permanente, quien lo
presidirá y tendrá voto dirimente;
b) El Secretario Nacional de
Planificación y Desarrollo o su
delegado permanente;
c) El Ministro Coordinador de
Producción, Empleo y
Competitividad o su delegado
permanente;
d) El Ministro Coordinador de
Política Económica o su delegado
permanente;
e) El Ministro Coordinador de
Sectores Estratégicos o su delegado
permanente;
f) El Ministro Coordinador de
Conocimiento y Talento Humano o
su delegado permanente;
g) El Ministerio de Comercio
Exterior o su delegado permanente;
y,
h) El Secretario Nacional de
Educación Superior, Ciencia,
Tecnología e Innovación
(SENESCYT) o su delegado
permanente.
El Secretario Técnico actuará como
secretario del Comité con voz y sin
voto
Art. 4.- Créase la Secretaria Técnica del Comité
Interinstitucional para el Cambio de la Matriz
Productiva, como entidad adscrita a la Vicepresidencia
de la República, para la coordinación,
seguimiento y evaluación de la implementación de las
estrategias, planes, programas y proyectos
relacionados con el cambio de matriz productiva.
El Secretario Técnico será nombrado por el
Vicepresidente de la República.
COMITE
INTERINSTITUCIO
NAL PARA
ERRADICACION DE
LA POBREZA
COMITE DE
PREVENCION DE
ASENTAMIENTOS
HUMANOS
IRREGULARES
Decreto
Ejecutivo
1517
Decreto
Ejecutivo
1227
Art. 2.- El Comité estará conformado
por los siguientes miembros
permanentes, quienes actuarán
con voz y voto:
a) El Secretario Nacional de
Planificación y Desarrollo
(SENPLADES), o su delegado
permanente, quien lo presidirá y
tendrá voto dirimente;
b) El Ministro Coordinador de
Art. 1.- Créase el Comité Interinstitucional
Desarrollo Social (MCDS), o su
Registro para la Erradicación de la Pobreza, que tiene delegado permanente;
Oficial como
c) El Ministro Coordinador de la
Suplemen finalidad coordinar y articular las políticas,
Política Económica (MCPE), o su
to 4 de lineamientos y acciones que permitan la
delegado permanente;
30-may- implementación conjunta de la Estrategia
d) El Ministro Coordinador de la
2013
Nacional para la Igualdad y Erradicación de Producción, Empleo y
la Pobreza.
Competitividad (MCPEC), o su
delegado permanente;
e) El Ministro Coordinador de
Conocimiento y Talento Humano
(MCCTH), o su delegado
permanente;
f) El Ministro de Inclusión
Económica y Social (MIES), o su
delegado permanente; y,
g) El Secretario Nacional de la
Política, o su delegado permanente.
Art. 2.- El Comité Interinstitucional
de Prevención de Asentamientos
Humanos Irregulares estará
Art. 1.- Créase el Comité Interinstitucional
integrado por:
de Prevención de Asentamientos Humanos
1. El Ministro de Desarrollo Urbano
Irregulares,
y Vivienda, quien lo presidirá y
Registro
con la finalidad de proponer política pública tendrá voto dirimente;
Oficial
para prevenir, ordenar y controlar los
2. El Ministro Coordinador de
747 de
asentamientos
Desarrollo Social;
17-julhumanos irregulares; coordinar la ejecución 3. El Ministro Coordinador de
2012
interinstitucional de dicha política; y evaluar Seguridad;
sus
4. El Ministro de Agricultura,
resultados.
Ganadería, Acuacultura y Pesca;
5. El Ministro de Justicia;
6. El Gerente General del Banco del
Estado; y,
Art. 4.- Créase la Secretaría Técnica del Comité
Interinstitucional para la Erradicación de la Pobreza,
como entidad adscrita a la Secretaría Nacional de
Planificación y Desarrollo SENPLADES, para la
coordinación, seguimiento y evaluación de la
implementación de la Estrategia Nacional para la
Igualdad y la Erradicación de la Pobreza.
Art. 3.- El Comité contará con una Secretaría Técnica con
personalidad jurídica, autonomía administrativa y
financiera, adscrita al Ministerio de Desarrollo Urbano y
Vivienda, para lo cual dicho Ministerio deberá adecuar
su estructura orgánica.
El Secretario Técnico, nombrado por el Ministro
Coordinador de Desarrollo Social, será responsable de
coordinar la ejecución de la política intersectorial que
provenga del Comité y tendrá la representación legal,
judicial y extrajudicial del Comité.
Para el cumplimiento de sus atribuciones, el Comité
podrá solicitar a las distintas entidades públicas la
información y asesoría técnica que fuere necesaria.
7. El Presidente de la Asociación de
Municipalidades del Ecuador.
Comité de
Simplificación de
Trámites
Interinstitucional
Decreto
Ejecutivo
149
Art. 9.- Conformación del Comité.- El
Comité de Simplificación de
Trámites Interinstitucional estará
Art. 8.- Del Comité de Simplificación de
integrado por:
Trámites Interinstitucional.- Créase el
a) El/la Secretario/a Nacional de la
Comité de Simplificación de Trámites
Administración Pública o su
Interinstitucional, como un cuerpo colegiado
Registro
delegado, quién presidirá el Comité;
interinstitucional que tendrá la finalidad de
Oficial
b) El/la Secretario/a Nacional de
coordinar, fomentar y cooperar en la
Suplemen
Planificación y Desarrollo o su
eliminación, reducción, optimización,
to 146 de
delegado;
simplificación y automatización de trámites
18-dicc) El/la Ministro/a del Ministerio
en la Administración Pública Central,
2013
Coordinador de la Producción,
Institucional, y que depende de la Función
Empleo y Competitividad o su
Ejecutiva, así como también en otras
delegado; y,
instituciones del sector público o en otros
d) El/la Ministro/a de
niveles de gobierno.
Telecomunicaciones y de la
Sociedad de la Información o su
delegado.
Comité
Interinstitucional
de Cambio
Climático
Decreto
Ejecutivo
1815
Registro
Oficial
636 de
17-jul2009
Art. 2-A.- Créase el Comité
Interinstitucional de Cambio
Climático; y que estará conformado
por los
siguientes miembros:
a) Secretario/a Nacional de
Planificación o su delegado/a;
Art. 2-B.- El Comité Interinstitucional de
b) Ministro/a de Coordinación de
Cambio Climático, tendrá como atribuciones Patrimonio o su delegado/a;
iniciales, las
c) Ministro/a del Ambiente o su
siguientes:
delegado/a, quien lo presidirá;
a) Coordinar, dictar y facilitar la ejecución
d) Ministro/a de Coordinación de
integral de las políticas nacionales
Sectores Estratégicos o su
La Subsecretaría de Cambio Climático del Ministerio del
pertinentes al cambio climático, la Estrategia delegado/a;
Ambiente actuará como Secretaría Técnica del Comité
Nacional de Cambio Climático y los
e) Ministro/a de Coordinación de la
compromisos asumidos respecto a la
Producción, Empleo y
aplicación y participación en la Convención Competitividad o su delegado/a;
Marco de las Naciones Unidas sobre el
f) Ministro/a de Coordinación de
Cambio Climático y sus instrumentos ...
Desarrollo Social o su delegado/a;
g) Ministro/a de Relaciones
Exteriores, Comercio e Integración o
su delegado/a;
h) Secretario/a Nacional del Agua o
su delegado/a; e,
i) Secretario/a Nacional de Gestión
de Riesgos o su delegado/a.
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