Carta de amor Cierro los ojos, el mundo es indócil, te nombro, engendro el relámpago. Es inútil descifrar el enigma, desde siempre, desde siglos caídos en un minuto, perdido en el laberinto de tu nombre, caminando por la neblina extrema de la luz colonizada voy a tu nacimiento como a un presagio, voy por este río innominado que se interna por tu mirada y luego hipnotiza la muerte húmeda que se tiende a mirarnos. Palpo tu cara, arden pájaros en la nieve, me encadenas a un país inexpugnable, comes yerbas, hablas con el rocío, crece el mar en la evidencia de tu frente, ciertas arenas vienen de otra música, ciertos números cruzan por la estación relativa, ciertos tigres se obstinan en la sal del verano, la noche canta en su follaje de piedra, tendida eres una torre de centellas, se abre el jardín pausado de tu sexo, respiro entre sus doradas hojas de humo, la luna deja caer su carta de sangre, palpita el oro vivo de tu mirada, entro y salgo de tu piel, en los domos altos de tus pechos florecen cantado mis palabras, soy el que nace de tu espacio, más allá de puentes sin cielo pasa el mar pausado y vertical abriendo la puerta que da a la música de la cifra tendida, sólo él posee la clave que antaño embrujara la muerte enamorada, sólo él te rodea con la diáspora de sus reflejos, cuando leve e imperceptible respiras bajo mi piel. *** Es inútil descifrar el enigma, aquí navegas en una hoja de mi pensamiento, las horas resbalan por el humo de la luz, tu cabellera desata el axioma de su movimiento, nuestros cuerpos dialogan en el espejo, otros ecos, otros pasos, otros actos, pueblan palpando mi pensamiento, se afirman, se afrontan, se difuminan, allí me asomo a la cima de tu mirada : “Reflejos de armaduras despiadadas.” Mis pensamientos me esperan en tus orillas, allí madura la luz mezclando tu pelo y el día, me precipito al soliloquio del amante innumerable, veo petreles abandonar todo el tamaño del cielo, voy por las arenas móviles de tus labios se cierran los altos páramos nocturnos, Tú, animal de presa hozando, inmaculada y cruel, ejerces la monarquía insomne de las imágenes, tu cabellera enciende su ola de centellas, entro en el mar cálido de tu espalda, vagabundo trastabillando en el umbral del milagro doy al fin con la puerta de la última evidencia, allí la muerte nos sigue mirando hechizada. (…) Lettre d’amour Je ferme les yeux; le monde est indocile je te nomme, j’engendre l’éclair. Inutile de déchiffrer l’énigme, depuis toujours, depuis des siècles tombé dans une minute, perdu dans le labyrinthe de ton nom, marchant dans la brume extrême de la lumière colonisée, je vais vers ta naissance vers un présage, je vais sur ce fleuve innommé qui s’introduit par ton regard et ensuite hypnotise la mort humide qui s’allonge pour nous regarder. Je palpe ton visage, des oiseaux brûlent dans la neige, tu m’enchaînes à un pays inexpugnable, tu manges des herbes, tu parles avec la rosée, la mer grandit dans l’évidence de ton front, certains sables viennent d’une autre musique, certains nombres passent par des périodes relatives, certains tigres s’obstinent au sel de l’été, la nuit chante dans son feuillage de pierre, tendue tu es une tour d’étincelles, le jardin pausé de ton sexe s’ouvre, je respire entre ses feuilles de fumée dorée, la lune laisse tomber sa lettre de sang, l’or vif de ton regard palpite, j’entre et sors de ta peau sur les hauts dômes de tes seins mes mots fleurissent en chantant, je suis celui qui naît de ton espace, au delà des ponts sans ciel passe la mer pausée et verticale ouvrant la porte qui donne sur la musique du chiffre tendu, elle seule possède la clef qui jadis ensorcelait la mort amoureuse, elle seule t’enveloppe de la diaspora de ses reflets quand, légère et imperceptible, tu respires sous ma peau. *** Inutile de déchiffrer l’énigme ici tu navigues sur une feuille de ma pensée, les heures glissent sur la buée de la lumière, ta chevelure déroule l’axiome de son mouvement, nos corps dialoguent dans le miroir, d’autres échos, d’autres pas, d’autres actes, ici je me penche à la cîme de ton regard: “reflets d’armures impitoyables.” peuplent, palpent ma pensée, s’affirment, s’affrontent, s’estompent, Mes pensées m’attendent sur tes rives, ici la lumière mûrit mêlant tes cheveux et le jour, je me précipite dans le soliloque de l’amant innombrable, je vois des pétrels abandonner toute l’immensité du ciel, je vais sur les sables mouvants de tes lèvres les hautes plaines nocturnes se ferment, Toi, animal prédateur fouissant, immaculée et cruelle, tu exerces la monarchie insomniaque des images, ta chevelure allume sa vague d’étincelles, j’entre dans la mer chaude de ton dos, vagabond trébuchant au seuil du miracle, face enfin à la porte de la dernière évidence, où la mort continue à nous regarder ensorcelée. (…)